Les Etats-Unis comptent des milliers d’intoxications, parfois mortelles, à cette nouvelle drogue de synthèse, injustement considérée comme « douce » et bien loin de la marijuana naturelle

Le cannabis synthétique, drogue addictive et mortelle
Le cannabis synthétique provoque crises d’angoisses, hallucinations, paranoïa voire extrême violence…©

AFP JUAN MABROMATA
Il porte des noms exotiques -K2, Spice, Bizarro ou Stoopid- et se vend en petits paquets d’aspect inoffensif, mais le cannabis synthétique et son« effet zombie » alarment les autorités sanitaires aux Etats-Unis. »On le voit partout dans le pays », selon Chuck Rosenberg, le patron par intérim de la DEA, l’agence fédérale chargée de la lutte contre le trafic de drogue, à la radio publique. « Les dosages varient. Les produits chimiques varient. Vous et moi pourrions acheter et utiliser le même paquet et avoir des réactions très différentes au produit ».

  • Les intoxications en hausse

Depuis le début de l’année, les centres antipoison à travers tout le pays ont reçu 5 200 appels pour des incidents liés au cannabis synthétique. La hausse est spectaculaire. En 2014, le nombre d’appels était de 3 680 et seulement de 2 668 un an plus tôt, selon les statistiques de l’Association nationale des centres antipoison.

« Le cannabis synthétique peut causer une anxiété extrême, de la paranoïa, des crises d’angoisse, des dissociations, un épisode psychotique et des hallucinations « , met en garde le site internet k2zombiedc.com, qui est géré par la ville de Washington DC, et à destination des jeunes. « Ces comportements ont été surnommés ‘l’effet zombie' », souligne le site.

  • Addictif et mortel

Le cannabis synthétique peut ressembler à première vue à de la marijuana naturelle mais il est parfois addictif et mortel en raison de la forte concentration de produits destinés à imiter le tetrahydrocannabinol(THC), le principe actif qui fait planer.

L’effet de ces produits chimiques sur les récepteurs cérébraux peut être « 100 fois plus puissants que le THC », explique Marilyn Huestis, qui est chercheuse à l’Institut National américains sur l’abus des drogues.

Parce que la réglementation n’arrive pas à suivre, le produit peut-être trouvé tout à fait légalement sur des présentoirs dans de petites épiceries de quartier, des stations-essence mais surtout sur l’internet. Un petit coup de moteur de recherche et une carte de crédit suffisent.

  • Des centaines de mélanges inconnus

Selon un sondage réalisé en 2012 par l’Université du Michigan, le cannabis synthétique était la deuxième drogue la plus consommée par les jeunes de terminale, juste après le cannabis naturel. « C’est un problème monstrueux », a déclaré Marilyn Huestis.

« Tout le monde pense qu’il s’agit d’une seule drogue, comme il n’y a qu’une cocaïne ou qu’une métamphétamine », souligne Mark Ryan, directeur du centre antipoison de Louisiane.  « Nous savons qu’il y a plus de 300 types de drogue différents qui sont en circulation au moment ou je vous parle ».

  • Difficile à identifier

Qui plus, est il est quasiment impossible d’identifier les produits chimiques avec les tests standards à disposition des forces de l’ordre. « Nous avons procédé à 65 arrestations ces deux derniers mois d’acheteur et de vendeurs de ce produit », a expliqué la chef de la police de Washington DC, Cathy Lanier. « Et nous ne pouvons pas les poursuivre ».

  • Des consommateurs incontrôlables

Début août, des policiers ont fait feu et blessé une jeune femme de 22 ans, qui sous l’emprise de cannabis synthétique, brandissait un couteau et menaçait de frapper. En juin, il a fallu hospitaliser d’urgence 9 personnes qui avaient fait une overdose devant l’un des plus grand centre pour SDF de la capitale.

L’Etat de New York a pour sa part enregistré 1 900 visites aux urgences liées à la prise de la substance entre avril et juin de cette année.

Et le risque d’addiction est réel comme le prouvent les témoignages rassemblés sur le site SpiceAddictionSupport.org .

« Tout ce qui m’importait c’était de fumer du Spice », peut-on y lire. « Les effets de manque étaient sévères… je n’étais tellement plus moi que j’étais juste couché en train de planer à regarder ma vie passer devant moi comme si j’étais au cinéma ».

Source