par le Professeur Jean Costentin, Président du Centre National de Prévention, d’Etudes et de Recherches sur les Toxicomanies (CNPERT)
Une radio nationale (pas moins) et pendant cinq minutes (pas moins), nous a infligé le discours d’un économiste justifiant, en termes économiques, la légalisation du cannabis. Il faisait abstraction de toutes autres considérations.
Utilisant sa seule calculette, son cerveau en bandoulière, il nous asséna le message suivant : La politique répressive contre le cannabis est un échec.
Traquer les contrevenants, trafiquants et consommateurs, est inopérant et de surcroît très couteux (policiers, magistrats, personnels pénitentiaires…) ; cela obère le budget
de la nation d’un milliard d’euros.
Aussi, la dépénalisation ferait l’économie de ce milliard.
Il ne faut pas s’arrêter là ; il faut légaliser cette drogue afin de pouvoir la taxer.
Démarche oh combien opportune dans une période de grand déficit budgétaire. Son mentor, Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de la Californie, avait imaginé cela, bien avant lui, pour redresser les comptes de son Etat. Il alla même jusqu’à soumettre par référendum cette idée à ses administrés (ce qui nous fut très abondamment
présenté) ; lesquels s’y sont largement opposés (ce qui nous a été à peine communiqué).
Au-delà de la dépénalisation du cannabis, « notre » économiste génialement propose sa légalisation….. lire la suite de l’article
4 août 2011 at 18:25
Voilà la chronique que j’avais préparée pour mon site québécois, sans concertation avec Jean Costentin:
« Cannabis et psychose
Comme le serpent de mer, le problème de la légalisation du cannabis est constamment évoqué par les médias aujourd’hui en France. Hier, l’argument était sécuritaire: on nous certifiait que la légalisation supprimerait les trafics des banlieues.
Ce matin, c’est un économiste, Pierre Kopp, qui nous certifie qu’une telle mesure rapporterait 1 milliard d’euros à la république. Lors d’une précédente chronique, je vous avais signalé que le gouverneur de la Californie, Schwartzeneger, avait ainsi pensé à renflouer les caisses vides de son Etat. Mais ses électeurs consultés dans un référendum, organisé alors, avait refusé cette proposition.
Face à cette levée de boucliers, je lis un tout petit article qui ne fera pas de bruit. Je vous le livre :
« Sous la plume du Dr Alain Cohen, dans l’actualité médicale du JIM (Journal International de Médecine), les conditions de développement d’épisodes psychotiques chez les toxicomanes au cannabis se précisent. Plus personne ne conteste le lien de causalité entre la prise de cannabis et l’apparition d’un syndrome psychotique. La question est de savoir si le cannabis provoque ou révèle une psychose.
Un groupe d’auteurs des Pays-Bas a rassemblé des patients psychotiques ayant entre eux des liens de parenté et parallèlement des membres de leurs familles, indemnes .L’étude a porté sur la sensibilité de ces derniers au cannabis : ils présentent une sensibilité accrue aux effets du cannabis, 15 fois supérieure à celle d’une population témoin sans lien de parenté avec les familles précédentes.
Pratiquement, la notion de synergie entre une prédisposition aux épisodes psychotiques et la prise de cannabis se confirme. Les auteurs « estiment que le risque génétique de troubles psychotiques peut être en partie exprimée…par la sensibilité aux effets du cannabis ».
Cette étude suggère que le cannabis peut révéler une psychose chez certains sujets. On attend la suite .Peut-il aussi la provoquer ? La question n’est pas tranchée ; il faut se rappeler qu’en matière de recherche causale, il ne faut jamais s’arrêter à une seule explication : une cause peut très bien en cacher une autre.
Comme le fait remarquer le rapporteur, cette étude a été faite dans un pays où la législation est beaucoup plus permissive que chez nous.
Ce n’est pas un hasard mais la conséquence d’une utilisation sans limite de la drogue.
( Jean-Paul Tillement – Juillet 2011)
Alors, le cannabis provoque-t-il ou révèle-t-il une psychose ? »
Cette question souvent posée, m’a toujours interpelée. Car enfin, pour savoir si elle existe, une maladie doit s’être exprimée. On sait qu’il y a davantage de manifestations psychotiques chez les fumeurs de cannabis que chez les non-fumeurs. Et c’est déjà un indice. Qui me dit que s’il n’y avait pas eu la consommation, la maladie aurait été détectée ?
On dirait que personne ne veut entendre ce lien entre cannabis et psychose ? Pourtant, certains le signalent depuis longtemps.
Ainsi la thèse du docteur Chamayou dans sa conclusion n°4 :
Le cannabis…..
« IV- Multiplie par 4 le risque de maladie mentale grave. Certains cas existent avec une seule prise. Le problème peut survenir n’importe quand. »
Et 18 :
XVIII- Présente une variabilité imprévisible de ses effets psychiatriques dans le temps et selon les personnes :
– schizophrénie : peut la créer, la révéler, l’aggraver
– idées paranoïaques : conviction que tout le monde vous en veut et qu’on est innocent, que c’est la faute des autres, aboutissant à un comportement agressif pour se défendre de cette illusion
– dépression nerveuse (surtout chez les femmes)
– défenestrations, chutes
– suicide
– bouffées d’angoisse
– hallucinations
– désinsertion sociale
– baisse du rendement scolaire
– échec scolaire
– négligence pour tout, les choses et les gens
– enfermement sur soi-même avec confusion entre ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas, aboutissant à ne pas donner plus d’importance à l’autre que l’importance que peut avoir un personnage de jeu vidéo lorsqu’on se trouve en situation de frustration »
Il suffit de se rendre sur Internet pour comprendre que ce lien existe.
Alors, pourquoi le taire ?
Ce n’est pas diaboliser le cannabis que d’en parler !
Non, mon fils n’était pas schizophrène avant de fumer ses pétards.
Avant de se battre pour légaliser un produit, ne vaudrait-il pas mieux s’assurer qu’il ne sera pas dévastateur pour ses utilisateurs ?
20 août 2011 at 16:25
Je comprends votre réaction à la lecture de cet article qui doit vous donner l’impression « d’enfoncer une porte ouverte » sans rien apporter de nouveau. En effet, vous comme moi, sommes persuadés de la nocivité du cannabis et des maladies graves qu’il peut provoquer dont la schizophrénie.
Pourtant, le moins qu’on en puisse dire est que cette vérité n’est pas partagée par tous, tant s’en faut. Il me parait donc utile de continuer à marteler nos convictions avec de nouveaux arguments.
La notion d’inégalité devant les drogues n’est pas nouvelle mais apprendre que chez certains sujets, des accidents sévères peuvent survenir dés les premières doses peut faire hésiter.
Apprendre en outre qu’il y a des familles à risque, en d’autres termes qu’imiter son grand frère peut être très dangereux me parait utile.
L’hypothèse d’une susceptibilité génétique est intéressante car si elle se confirme, elle peut permettre une détection précoce, une prévention et une surveillance particulière qui, je l’imagine, peut être …dissuasive.
Enfin, ce travail financé par les autorités de santé des Pays- Bas est le signe d’un changement de politique. Après le tout libéralisme, ils multiplient les mises en garde.