Après 9 mois sans alcool, les tentations de trinquer après la naissance de bébé sont parfois grandes. Alors, les femmes qui allaitent doivent-elles vraiment se priver de ce plaisir ? L’alcool passe-t-il directement dans le lait maternel ? Est-il nocif pour le bébé ? Doit-on jeter son lait après avoir bu un verre ? Carole Hervé, consultante en lactation IBCLC répond à toutes ces questions que les jeunes mamans se posent.

Sommaire
- L’alcool passe-t-il dans le lait maternel ?
- Peut-on boire occasionnellement de l’alcool et allaiter ?
- Alcool dans le lait maternel
- Alcool pendant l’allaitement : les conséquences et risques pour bébé
- Est-il préférable de mettre en place un allaitement mixte quand on boit régulièrement ?
- La bière est-elle conseillée pendant l’allaitement ?
Boire ou allaiter : faut-il choisir ? Non, pas forcément ! Mais si on peut boire occasionnellement pendant l’allaitement, il est néanmoins souhaitable d’adopter quelques règles pour que le bébé n’en pâtisse pas.
L’alcool passe-t-il dans le lait maternel ?
Est-ce que l’alcool bu par la jeune maman passe dans son lait ? C’est une question que toute femme allaitante s’est posée et la réponse est oui. Tout comme la nicotine, la caféine et la plupart des polluants absorbés par la maman, l’alcool se retrouve dans son sang. « Cet alcool se retrouve ensuite dans le lait maternel dans les même proportion que que dans son sang », explique Carole Hervé.
Il faut cependant bien différencier l’alcool pendant la grossesse – qui traverse la barrière placentaire pour conférer au bébé le même taux d’alcoolémie que la mère, avec de graves conséquences – et pendant l’allaitement au cours duquel l’alcool passe dans le lait puis dans une moindre mesure dans le sang du bébé.
Ainsi, une maman qui boit un verre d’alcool, voit son alcoolémie monter à environ 0,2 g d’alcool par litre de sang, ainsi que son lait qui va lui aussi titrer 0,2 g d’alcool par litre. Si cette quantité d’alcool est faible dans l’absolu, il reste toujours préférable que le bébé n’en absorbe pas du tout, d’où l’intérêt pour la maman de patienter quelques temps avant d’allaiter de nouveau son bébé.À lire aussi
Peut-on boire occasionnellement de l’alcool et allaiter ?
Les professionnels de l’allaitement s’accordent sur le fait qu’une consommation occasionnelle et modérée d’alcool peut s’inscrire dans un allaitement sans impacter la santé du nourrisson. Ils précisent néanmoins qu’il est souhaitable de respecter quelques règles pour que l’ingestion d’alcool par le bébé soit proche de zéro. Pour cela, il est important de comprendre de quelle façon et à quelle vitesse l’alcool passe dans le sang de la maman, puis dans son lait, pour ensuite en être éliminé naturellement.
« Je déconseille néanmoins aux jeunes mamans de boire de l’alcool les premiers jours après la naissance, lorsque le sein produit le colostrum, dont le volume est très faible mais qui est très riche en éléments indispensables au bébé », explique la consultante en lactation.
Le volume de ce colostrum étant très réduit, le taux d’alcool sera forcément plus élevé car plus concentré, et le nourrisson de quelques jours à peine risque d’avoir plus de difficultés à le métaboliser.
Alcool dans le lait maternel
Lorsqu’une personne boit un verre de vin, son alcoolémie – taux d’alcool dans le sang – passe de zéro à 0,2 g par litre de sang. La nature étant bien faite, des études ont montré que la réponse à l’ingestion d’alcool était différente chez la femme allaitante. Son pic sanguin serait en effet moins élevé et son élimination plus rapide que ceux de la femme non allaitante, afin que l’alcool soit le plus rapidement possible éliminé du sang de la maman allaitante et surtout de son lait.
Est-ce que l’alcool reste dans le lait maternel ?
De la même façon que l’alcool s’élimine naturellement du sang avec le temps, il s’élimine également du lait maternel. Le seul moyen de faire baisser la quantité d’alcool dans le lait est donc d’attendre le temps nécessaire à l’élimination de l’alcool en fonction de la quantité ingérée. « Le métabolisme et les pics d’alcoolémie varient d’une personne à l’autre, en fonction du poids, de la taille et de la consommation d’aliments », précise Carole Hervé.
Tableau du temps d’élimination de l’alcool dans le lait : combien de temps attendre après avoir bu ?
Tout d’abord, on recommande à la maman allaitante d’allaiter – ou de tirer son lait si le moment ne correspond pas à une tétée – juste avant de consommer de l’alcool. Cela permettra de laisser passer un peu de temps avant la tété suivante, soit en laissant à l’enfant le temps d’avoir à nouveau faim, soit en lui proposant un biberon de lait maternel.
« On considère qu’il faut environ 2 h à l’alcool contenu dans un verre de vin pour être métabolisé par une personne moyenne », explique Carole Hervé. C’est donc le temps idéal que la maman devra attendre après la prise d’alcool, avant d’allaiter son enfant. « Ce temps passe à 3 à 4 heures pour deux verres », indique l’experte.
Pour plus de précision, on peut se baser sur un tableau canadien qui indique, selon le poids de la maman et le nombre de verres qu’elle a absorbés, le temps nécessaire pour l’élimination de l’alcool de son lait maternel.
Si la maman a un doute, elle peut se procurer des alcootests du lait maternel (existent sous la marque Milkscreen®) : « Ils se présentent comme des petites bandelettes en carton, sur laquelle on dépose une goutte de lait. En fonction de la couleur indiquée, la maman sait si elle peut allaiter ou non », détaille Carole Hervé.
Attention, certaines femmes tirent leur lait après avoir bu pour le jeter, pensant enlever l’alcool qui s’y trouve : mais tirer son lait n’a aucun impact sur la rapidité d’élimination de l’alcool ! « Le seul intérêt à tirer son lait pour le jeter est d’éviter un potentiel engorgement », explique Carole Hervé, mais ça ne doit pas permettre à la maman d’allaiter plus rapidement par la suite.
Pour limiter le pic d’alcoolémie, il est souhaitable que la maman ne boive pas à jeun : « Plus la consommation d’aliments est récente, plus l’alcool met de temps à pénétrer dans l’organisme », déclare Carole Hervé. On commence donc toujours par grignoter, des aliments idéalement riches en protéines (jambon, œuf, etc.), en glucides (pain, gressins, bretzel) et/ou en lipides (fromage, amandes, noix) avant de se servir un verre.
Est-ce que l’alcool modifie la composition du lait maternel ?
La consommation de boissons alcoolisées par la maman n’a aucun impact sur la composition nutritionnelle du lait qu’elle produit. Il ne sera donc pas moins riche, ni en nutriments, ni en micronutriments, ni en anticorps protecteurs. Seule la présence d’alcool, dans des proportions égales à l’alcoolémie de la mère, est notable dans le lait maternel.
Alcool pendant l’allaitement : les conséquences et risques pour bébé
Lorsque la mère allaitante consomme une boisson alcoolisée, l’alcool passe dans son sang, puis dans les mêmes proportions dans son lait. De quelle façon cet alcool modifie-t-il la lactation ? A quel moment peut-il devenir un risque pour le bébé ?À lire aussi
Conséquences sur l’allaitement
La consommation d’alcool par la maman a tendance à perturber les productions d’hormones liées à l’allaitement, avec une incidence sur la production de lait. En effet, la présence d’alcool dans le sang provoque une baisse de la production d’ocytocine, à savoir l’hormone responsable du réflexe d’éjection du lait, et parallèlement, de l’augmentation de la sécrétion de prolactine qui augmente le volume de lait produit par la maman. Pour faire simple : la maman produit davantage de lait, mais elle a plus de mal à le donner à son nourrisson puisque l’éjection est réduite. Le risque principal de ce double effet hormonal est donc un engorgement de la maman.
Risques pour le bébé
Si les quantités d’alcool absorbées par le bébé sont minimes, les seuls risques pour lui sont des accès de somnolence, qui peuvent, couplée à l’éjection difficile de la maman, limiter sa consommation de lait. Si cette consommation d’alcool est modérée, cela n’aura donc aucune incidence sur la courbe de croissance du bébé.
« Il a été observé qu’une consommation, même quotidienne de moins de deux verres par jour, n’impactait pas l’allaitement, ni la santé du bébé », énonce Carole Hervé.
Dans les cas de prise d’alcool importante et régulière chez la femme allaitante, certaines études suggèrent une augmentation des risques de troubles du spectre autistique ainsi que de l’hyperactivité chez l’enfant plus grand.À lire aussi
Est-il préférable de mettre en place un allaitement mixte quand on boit régulièrement ?
La mise en place d’un allaitement mixte, avec une introduction de préparation pour nourrisson pour limiter les méfaits de l’alcool, ne présente pas d’intérêt majeur et risque au contraire de limiter les bienfaits de l’allaitement. « Il faut bien garder en tête que la balance bénéfices de l’allaitement, risques liés à la consommation de boissons alcoolisées, reste toujours en faveur de l’allaitement », insiste Carole Hervé.
Si la maman craint de donner son lait après la prise d’alcool, elle a tout intérêt à le tirer au préalable afin de pouvoir le donner ensuite à son bébé. « En début d’allaitement, la femme a généralement un peu trop de lait par rapport aux besoins de l’enfant. Elle peut donc sans problème en tirer régulièrement et le congeler pour ce genre de cas de figure », recommande la consultante en lactation. « Il est notamment fréquent que le lorsque le bébé tète un sein, le second coule en même temps : la maman peut alors utiliser un « recueil-lait » qui se ventouse sur le sein et récupère le lait qui s’écoule », ajoute-t-elle.
La bière est-elle conseillée pendant l’allaitement ?
Une croyance populaire veut que la bière – grâce à la présence de levure et de malt – favorise la montée de lait. Il n’est donc pas rare de s’en voir proposer à l’heure de l’apéritif ! Le chercheur Louis-Marie Houdebine a effectivement démontré que cette faculté d’augmenter la production de lait maternel, provenait des bêtaglucanes présents dans le malt d’orge contenu dans la bière. Ces molécules agiraient en stimulant l’hypophyse et en augmentant la sécrétion de prolactine.
Attention cependant, cet effet peut être contrebalancé par celui de l’alcool qui bloque le réflexe d’éjection du lait. La solution réside donc dans les bières sans alcool, riches en malt et dépourvues de molécules d’éthanol.
Mais il y a beaucoup d’autre façons d’augmenter la lactation de la mère allaitante, et en cas de soucis, il est recommandé de consulter une consultante en lactation certifiée IBCLC qui saura prodiguer des conseils adaptés.
14 août 2022 at 14:02
On savait bien que l’anti cannabis primaire était en fait le pire des pochtrons qui est « tenté par l’alcool ». N’y a-t-il pas de modification de l’expression des gènes avec l’alcool ? On tape pas sur ce qu’on surconsomme j’imagine. Alcoolique collabo du lobby de l’alcool.
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