Article paru dans le Quotidien du Pharmacien

Le cannabis pas plus dangereux que le tabac ? 17.05.2016

Le débat autour du cannabis se poursuit. Tandis que l’Académie nationale de pharmacie vient de rappeler son opposition à toute légalisation du stupéfiant, un sondage révèle que près de 6 Français sur 10 partagent cet avis. Pourtant, leur regard sur cette « drogue » semble avoir évolué au cours de ces dernières années, le cannabis n’étant désormais considéré pas plus nocif que l’alcool ou le tabac. –

Permettre aux consommateurs habituels d’acheter leur cannabis au comptoir des pharmacies : l’idée fait son chemin en Europe. En particulier en Suisse, où un projet d’expérimentation est à l’étude (« le Quotidien » du 18 avril). En Allemagne, la réflexion porte sur l’autorisation pour les pharmacies de dispenser du cannabis thérapeutique. Pendant ce temps, en France, des voix s’élèvent pour modifier la loi encadrant le stupéfiant avec l’objectif de casser un marché aux mains de trafiquants.

D’autres, au contraire, campent sur leurs positions. À commencer par l’Académie nationale de pharmacie qui a récemment rappelé sa vive opposition à toute légalisation de la marijuana. L’instance considère que cela représenterait alors « un très mauvais message adressé à la jeunesse de notre pays, et ses conséquences seraient catastrophiques en terme de santé publique, spécialement dans notre pays caractérisé par une consommation record en Europe ». Pour les académiciens, « la légalisation du cannabis serait la pire des solutions à adopter pour lutter dans notre pays contre ce fléau », même si leur apparaît « indispensable d’intensifier la lutte contre le trafic et de multiplier les actions de prévention et d’information, notamment à l’attention de la jeunesse ».

Rappel des risques

Les officinaux français ne sont pas particulièrement enthousiastes pour vendre du cannabis. Selon une enquête réalisée sur notre site, près de 54 % d’entre eux s’y disent, en effet, opposés (« le Quotidien » du 28 avril). De toute façon, les Français ne sont pas favorables à une évolution du cadre législatif. Selon un sondage réalisé par Odoxa pour la MNH, le Figaro et France Inter*, 59 % se déclarent contre la légalisation du cannabis et 56 % contre sa dépénalisation. La tendance s’inverse chez les consommateurs réguliers, puisque plus de 6 sur 10 (64 %) sont pour la légalisation et près de 7 sur 10 (69 %) pour la dépénalisation. À noter que près de 30 % des personnes ayant répondu au sondage confient avoir déjà consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie. Parmi elles, 9 % indiquent en consommer soit régulièrement (2 %), soit de temps en temps (7 %).

Si les Français ne souhaitent pas voir la loi changer dans ce domaine, leur regard vis-à-vis du cannabis semble avoir évolué. En particulier à l’égard de sa nocivité. Alors qu’une majorité d’entre eux le classait autrefois parmi les « drogues » à ne pas toucher, ils estiment aujourd’hui qu’il n’est pas plus nocif pour la santé que le tabac ou l’alcool dont la consommation est légale. Seulement 36 % considèrent ainsi cette substance comme dangereuse, contre 38 % pour l’alcool et 25 % pour le tabac. Un sentiment que ne partage pas l’Académie de pharmacie qui rappelle les effets néfastes du cannabis, notamment sur les jeunes : perturbation de la maturité cérébrale entre 12 et 20 ans, troubles anxieux, dépression, risque suicidaire, fort déclin des performances scolaires, diminution irréversible du QI… Sans oublier le pouvoir cancérogène de la fumée de cannabis qui est supérieur à celle du tabac.

*Sondage réalisé via Internet les 28 et 29 avril 2016 sur un échantillon de 1 016 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Christophe Micas

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C’est de la désinformation !

Le cannabis est beaucoup plus dangereux que le tabac personne ne peut dire le contraire : voir documents attachés, cela est connu depuis au moins 30 ans !

1 – CANNABIS thèse PUSETTO Sophie Candidate prix SFTA 2016

3.4.2.3 Complications bronchopulmonaires

Plusieurs études montrent que l’inhalation de la fumée de cannabis majore les symptômes respiratoires tels que : l’augmentation des rhumes et des bronchiopathies, l’essoufflement (réveils nocturnes avec sensation d’étouffement, crachats matinaux), l’inflammation des bronches (59–61).

De plus, l’expertise collective de l’INSERM (13) insiste sur l’existence d’une bronchopathie cannabinique (toux et expectorations) mais aussi sur le fait que la fumée est mutagène et cancérigène et expose a l’élévation du risque de cancer des voies aérodigestives et des bronches. Il semblerait que le THC ne soit pas mutagène en lui-même, mais la quantité de goudron d’une cigarette de cannabis (72 mg pour un joint de résine mélangée a du tabac) est sept fois plus élevée que celle d’une cigarette de tabac (10 mg pour une Marlboro rouge) (62). Il en est de même pour d’autres composes cancérigènes (benzopyrène, aldéhyde, nitrosamine, etc.). Les modifications de l’épithélium bronchique surviennent pour un nombre de cigarettes de cannabis fumées de l’ordre de 3 a 4 par jour, alors qu’elles sont notées pour une consommation quotidienne supérieure ou égale à 20 cigarettes de tabac. Le remplacement des cellules ciliées par des cellules mucosecrétantes hyperplasiques, ou par un épithélium métaplasique squameux peut expliquer les symptômes de bronchite chronique. Ces cellules sont par ailleurs des précurseurs d’un cancer bronchogénique (60).

Une enquête hospitalière (63) montre un risque significativement augmente de cancers des voies aériennes et digestives supérieures, chez les consommateurs de cannabis, et notamment chez des sujets jeunes. Ces observations restent fortement discutées, certaines équipes ne retrouvent pas d’association significative (64). Cependant, la majorité de ces travaux est en faveur d’un effet multiplicatif du cannabis et du tabac sur les pathologies bronchiques et cancéreuses.

2 – N Engl J Med. 1988 Feb 11;318(6): 347-51. Pulmonary hazards of smoking marijuana as compared with tobacco.

 

  • Department of Medicine, University of California, Los Angeles School of Medicine 90024.

Abstract

To compare the pulmonary hazards of smoking marijuana and tobacco, we quantified the relative burden to the lung of insoluble particulates (tar) and carbon monoxide from the smoke of similar quantities of marijuana and tobacco. The 15 subjects, all men, had smoked both marijuana and tobacco habitually for at least five years. We measured each subject’s blood carboxyhemoglobin level before and after smoking and the amount of tar inhaled and deposited in the respiratory tract from the smoke of single filter-tipped tobacco cigarettes (900 to 1200 mg) and marijuana cigarettes (741 to 985 mg) containing 0.004 percent or 1.24 percent delta 9-tetrahydrocanabinol. As compared with smoking tobacco, smoking marijuana was associated with a nearly fivefold greater increment in the blood carboxyhemoglobin level, an approximately threefold increase in the amount of tar inhaled, and retention in the respiratory tract of one third more inhaled tar (P less than 0.001). Significant differences were also noted in the dynamics of smoking marijuana and tobacco, among them an approximately two-thirds larger puff volume, a one-third greater depth of inhalation, and a fourfold longer breath-holding time with marijuana than with tobacco (P less than 0.01). Smoking dynamics and the delivery of tar during marijuana smoking were only slightly influenced by the percentage of tetrahydrocanabinol.

We conclude that smoking marijuana, regardless of tetrahydrocannabinol content, results in a substantially greater respiratory burden of carbon monoxide and tar than smoking a similar quantity of tobacco.

Nous concluons que fumer de la marijuana, quel que soit le contenu de tétrahydrocannabinol, se traduit par une plus grande charge respiratoire du monoxyde de carbone et de goudron que de fumer une quantité similaire de tabac.