La substance, que les autorités envisagent d’interdire, promet des effets psychoactifs semblables à ceux du cannabis. Verdict après avoir goûté des gommes contenant chacune 30 mg de ce produit.

Ce sont des bonbons qui font fureur auprès des jeunes, des petites figures gélifiées imprégnées d’hexahydrocannabinol, ou HHC, une drogue de synthèse aux effets psychoactifs comparables au cannabis. Sauf que le HHC, à la différence du cannabis, est en vente libre, en raison d’un vide juridique qui ne permet pas de le considérer comme un psychotrope.
Cette situation ne devrait cependant pas perdurer, la direction générale de la Santé envisageant de classer le HHC dans la catégorie des stupéfiants de synthèse. Attirés par la promesse d’un moment « festif » et mus par un goût affirmé pour les expériences nouvelles, nous avons décidé de tester le HHC avant que celui-ci ne soit probablement frappé d’interdiction.
Moyennant une quarantaine d’euros, nous avons donc commandé des bonbons au HHC sur l’un des innombrables sites Internet qui proposent du CBD. La plupart de ces sites se sont récemment mis au HHC, y compris Amazon, qui commercialise cette substance sous la forme d’huile ou de distillat…
Notre choix s’est porté sur des gommes de couleurs acidulées, contenant chacune 30 mg de HHC, un dosage semble-t-il très (trop ?) élevé, si l’on compare les produits commercialisés sur les sites marchands. L’emballage porte la mention de « cannabis légal » et promet une « relaxation intense », tout en précisant que « ce produit n’est pas un stupéfiant », précaution juridique, mais affirmation totalement mensongère au regard des effets qui ont suivi l’absorption de ce bonbon aux allures innocentes.
Sensation de tangage
Une demi-heure après l’ingestion, les premiers signes se font sentir : modification de la perception de l’espace et de l’équilibre, accélération du rythme cardiaque, sensation de décontraction glissant vers l’apathie, euphorie…
Au bout d’une heure, les effets se renforcent, rejoints par d’autres manifestations : membres incroyablement lourds, rire idiot, soif inextinguible, paranoïa, pensées absurdes et totalement incompréhensibles pour toute personne ayant (raisonnablement) refusé ces bonbons… Ceux qui ont pu assister à ce ramollissement général du corps et de l’esprit n’ont pas hésité à évoquer un « spectacle assez pathétique » (qu’ils soient indulgents pour cette soirée écourtée).
Une heure et demie après l’absorption commence une phase de somnolence accompagnée d’une écœurante sensation de tangage. Dans un état semi-comateux, les murs bougent, le bruit dans les arbres ressemble à un murmure que l’on tentera de déchiffrer pendant des heures. Sans succès évidemment. Bref, à la différence du CBD, dont les effets semblent encore à démontrer, le HHC « défonce » vraiment très fort et très longtemps.
Se shooter est une activité incroyablement chronophage : le fabricant garantit une durée de quatre heures, mais c’est, hélas, beaucoup plus long. Entre la durée des effets et le temps nécessaire pour s’en remettre, mieux vaut disposer d’une bonne journée devant soi.
Pendant toute cette durée, mieux vaut renoncer à conduire, à prendre des décisions importantes ou tout simplement à interagir avec autrui ou à faire des phrases complètes.