La bombe à retardement de la Super Skunk
Alors que depuis l’arrivée des catégories de cannabis, skunk ou superskunk à la fin des années 90, plusieurs études avaient pu montrer les risques de maladies mentales liées à la consommation de ces nouvelles variétés, des psychiatres britanniques mettent aujourd’hui en cause ces produits pour des cas de psychose, de délires paranoïaques et de schizophrénie. Comment expliquer de tels effets ?
Le chanvre indien ou Cannabis indica est une plante herbacée annuelle à tige droite, proche du chanvre commun ou Cannabis sativa, qui est quant à lui utilisé pour fabriquer la fibre textile de chanvre. Car le premier est riche en tétrahydrocannabinol (THC), alors que le second n’en renferme que des traces. Les principaux synonymes du chanvre indien ou « cannabis » sont le haschisch (mot d’origine arabe), l’herbe, la marijuana (mot d’origine espagnole), la marie-jeanne ou encore le shit. En réalité, ces synonymes ne sont pas strictement équivalents, car chacun d’eux est fréquemment associé à un mode de préparation particulier, réalisé à partir de la plante brute.
C’est ainsi que les termes d’herbe, de marijuana et de marie-jeanne sont plutôt employés pour désigner l’herbe séchée, alors que ceux de haschisch et de shit le sont plutôt pour désigner la résine (plus concentrée en THC) qui est extraite de l’herbe.
En raison de sa richesse en tétrahydrocannabinol (THC), son principal principe actif, le cannabis est un produit stupéfiant, classiquement considéré comme une « drogue douce », ce qui est de moins en moins vrai eu égard aux procédés actuels de fabrication de dérivés concentrés en THC qui sont de plus en plus souvent consommés. Comme presque tous les stupéfiants, il a un effet antalgique ou antidouleur, qui est parfois utilisé en thérapeutique.
Ce sont les feuilles, les fleurs et les tiges du chanvre indien femelle ou « cannabis » qui sont consommées, après avoir été séchées et hachées : il s’agit alors du cannabis naturel ou « herbe ». Ce cannabis naturel peut être mâché ou fumé. Le kif est en principe du cannabis naturel qui est mélangé à du tabac pour être fumé. Mais c’est de plus en plus souvent de la résine qui est mélangée à du tabac, pour être fumée dans des « joints » roulés ou dans des pipes à eau inspirées du narguilé.
Si la notion de « drogue douce » pouvait à la rigueur se justifier avec la consommation de cannabis naturel (herbe séchée), elle n’est plus adaptée aux formes concentrées que sont l’huile et surtout la résine, réellement dangereuses. Il faut préciser que la forte tendance actuelle à l’augmentation de la concentration en THC des dérivés du cannabis est particulièrement le fait d’une sélection génétique d’herbes concentrées et qui plus est de souches de cannabis produites par manipulations génétiques. Ces formes concentrées de cannabis sont cultivées notamment aux Pays-Bas et appelées Misty, Ice blue, Nederweet, Amnesia, Sinsemilla, Skunk ou encore super Skunk. Ainsi, non seulement la résine est plus concentrée que l’herbe en THC, mais de surcroît on est parvenu à obtenir de nouvelles formes de cannabis qui sont naturellement enrichies en THC. Les résines de cannabis les plus concentrées ont ainsi un taux de THC qui dépasse très largement 20 %, alors que le taux initial du Cannabis naturel était très inférieur à 10 %.
Le THC a une affinité exceptionnelle et une réelle toxicité pour le cerveau.
Ce produit a des effets enivrant et sédatif, qui peuvent être recherchés par les consommateurs. Mais il perturbe la mémoire à court terme et la fixation mnésique durable ; il entraîne également des troubles de l’équilibre et de la coordination.
Le THC a aussi des effets désinhibiteurs, pouvant se manifester par une agressivité dirigée contre soi ou contre les autres, par des comportements dangereux (sources d’accidents de la voie publique, d’autant plus que ce produit perturbe l’équilibre et la coordination), ainsi que par une désinhibition sexuelle (relations non consenties ou non protégées). Il a également un effet anxiolytique très apprécié et recherché par les sujets inquiets. Mais cette action anxiolytique s’atténue avec le temps (c’est la tolérance, à ne pas confondre avec la dépendance) : après plusieurs mois ou années d’un abus de cannabis, l’anxiété réapparaît et de façon bien plus intense qu’elle ne l’était auparavant. Ce produit a encore un effet antidépresseur. C’est ainsi que les sujets dépressifs peuvent devenir des consommateurs réguliers de cannabis. Mais là encore, une tolérance s’installe avec les mois et surtout les années. Comme avec l’anxiété, la dépression finit par réapparaître et de façon bien plus grave qu’auparavant, avec dès lors un risque de suicide. En effet, l’augmentation du taux de suicides chez les jeunes serait en partie liée à leur fréquente consommation de cannabis.
Mais ce qui est encore plus préoccupant, c’est la relation bien établie entre la consommation de cannabis et la survenue ou l’aggravation de la schizophrénie. La schizophrénie est une psychose chronique se traduisant par des délires (typiquement, des délires paranoïdes, ainsi appelés parce que moins structurés que les délires paranoïaques), des hallucinations, un comportement aberrant et parfois d’allure automatique, un langage pauvre et parfois incompréhensible, une perte de contact avec la réalité, un repli sur soi (repli autistique) et souvent une régression intellectuelle et mnésique.
Quels sont les risques de long terme de consommation de tels produits skunk ou superskunk ?
La schizophrénie évoluée aboutit à un handicap mental et social majeur. Le risque de schizophrénie (maladie appelée communément « la folie ») est d’autant plus élevé que la consommation est précoce et importante. Plusieurs études sont particulièrement alarmantes à ce sujet.
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