Une addiction cannabique, cause d’un drame familial
C’est au départ un enfant très ouvert, brillant, intelligent et sportif jusqu’à sa rencontre avec une bande de « copains » qui l’entraine dans la drogue en l’occurrence le cannabis. Il n’en sortira jamais. Jeune homme, dépendant du cannabis depuis l’adolescence, il est réfractaire à toutes les tentatives de désintoxication malgré les pressions familiales et de multiples mises en garde. Hospitalisé pour une nouvelle cure, il profite de la liberté offerte en fin de semaine (permission de sortie) pour renouer ses anciens contacts et retrouver sa drogue. Des manifestations caractéristiques de la schizophrénie apparaissent: lors d’une nouvelle permission, au cours d’un accès aigu, il tue un des ses parents et blesse grièvement l’autre.
Ce drame récent devrait faire réfléchir les adeptes de la dépénalisation du cannabis. Dans cette circonstance, comme dans maintes autres tristement similaires, le rôle du cannabis, totalement destructeur, est clairement établi.
Après plusieurs années de prises continues, l’accumulation du tétrahydrocannabinol (THC) est considérable et son élimination est très lente, C’est une singularité de cette drogue. Ses effets sont dose-dépendants, cumulatifs et, bien sûr, d’autant plus intenses que
l’imprégnation est plus grande. C’est l’explication de l’émergence des expressions schizophréniques. Cette schizophrénie était peut-être latente (gènes de susceptibilité) révélée alors par le cannabis ; mais elle pouvait également survenir en l’absence d’une vulnérabilité d’origine génétique. Comment s’étonner d’ailleurs qu’une drogue qui induit délire et hallucinations, ces manifestations fondamentales de la schizophrénie, puisse déclencher de novo ou révéler cette affection. On doit rappeler aussi que les plants de cannabis actuels produisent 5 à 10 fois plus de THC que ceux cultivés jadis, ce qui fait qu’à doses égales supposées, les quantités de THC absorbées n’ont cessé de croitre.
Le cannabis est une drogue pas douce du tout, une drogue lente. Sa dépénalisation n’aurait pour effet que d’en faciliter l’accès, et d’accroitre le nombre de ses consommateurs et les quantités consommées. La solution, la seule, la vraie, est de maintenir l’interdit, de le faire respecter, et d’expliquer cette interdiction à la lumière d’un tel exemple ; enfin, d’assurer une prise en charge médicale de ses consommateurs
Jean-Paul Tillement