Recherche

Mois

septembre 2017

Melania Trump s’implique dans la guerre contre l’addiction aux opiacés

Paris Match|

Jeudi, à la Maison Blanche, la First Lady Melania Trump a dirigé une table ronde sur l’addiction aux opiacés, qui concerne plusieurs centaines de milliers de personnes aux Etats-Unis.

La First Lady s’engage. Jeudi, à la Maison Blanche, Melania Trump a dirigé une table ronde pour débattre du problème d’addiction aux opiacés qui frappe les Etats-Unis. «Le bien-être de nos enfants est de la plus haute importance à mes yeux et j’entends utiliser ma tribune en tant que Première dame pour aider autant d’enfants que possible», a-t-elle déclaré, citée par CNN. Des mots similaires à ceux qu’elle avait prononcés la semaine dernière aux Nations unies, lors d’un déjeuner en marge de l’Assemblée générale : «Que cela soit l’addiction à la drogue, le harcèlement, la pauvreté, la maladie, le trafic, l’illétrisme ou la faim, ce sont les enfants qui sont touchés en premier et le plus dur dans tous les pays. Et comme nous le savons tous, le futur de chaque nation se niche dans l’espoir de sa jeunesse.»

Contre la drogue, la prévention reste le meilleur remède

Un appel de l’association Oum el-Nour : prémunir les jeunes contre ce fléau est une responsabilité partagée.

Suzanne BAAKLINI | OLJ 28/09/2017

Fady* a 25 ans. Ses dix mois au centre de réhabilitation d’Oum el- Nour, à Sehaïlé, l’ont transformé. « L’addiction à la drogue est une conséquence, ne croyez jamais que la simple curiosité puisse, à elle seule, plonger un individu dans de tels affres », assène-t-il à plusieurs reprises aux journalistes venus recueillir son témoignage.
Le jeune homme sait de quoi il parle, la circulation des substances interdites n’a pas de secrets pour lui. Le travail qu’il a fait sur sa personne depuis qu’il est au centre lui permet aujourd’hui de déterminer les origines du mal qui l’a rongé durant plusieurs années. « J’avais deux ans et demi quand mes parents ont divorcé », se souvient-il. Longtemps, il souffrira d’une mère absente, absorbée par sa personne, et d’un père éloigné par le travail à l’étranger, puis distrait par sa nouvelle vie de famille suite à un second mariage. « J’ai passé douze ans en pensionnat, loin de ma famille, avec le lot de vexations quotidiennes qu’on nous y inflige », raconte Fady, benjamin de cinq enfants.

Ce manque cruel d’affection devait accompagner Fady durant son adolescence tourmentée quand, rentré dans le nouveau foyer de son père, il devait cumuler les rancunes envers une famille dont il voulait « se venger », selon ses propres termes, en tombant au plus bas qu’il pouvait. La rue devient son recours et un job comme barman dans un pub ne devait pas arranger les choses. Les addictions se suivent et ne se ressemblent pas : d’abord l’alcool, puis le haschisch, puis la cocaïne. « Dès 18 ans, j’ai adopté une attitude qui menait droit à la délinquance, multipliant les mensonges, les ruses pour obtenir ce que je voulais, dit-il. Vers 20 ans, je me suis résolu à entrer dans le monde de la drogue, convaincu, comme tant d’autres, que je maîtrisais la situation. Au début, rien n’est plus facile que l’accès aux substances illicites, on vous les offre volontiers pourvu qu’on vous attire dans ce monde d’interdits. »

Dans les années qui suivent, Fady devait dévaler toute la pente bien connue : perte de l’emploi, petit trafic dans la rue (bien qu’il n’ait jamais été un trafiquant à proprement parler), dépendance de plus en plus forte aux drogues, petits vols… « Je suis arrivé au point où j’étais convaincu que j’allais droit à la mort ou derrière les barreaux, raconte-t-il. C’est une jeune fille droguée, qui faisait partie de mes connaissances, qui m’a parlé d’Oum el-Nour. » Après de nombreuses tergiversations, le jeune homme se résout à visiter le centre, « davantage mû par la peur que par la conviction, qui viendra bien plus tard », reconnaît-il.

Parents, écoles, société : vigilance !
Les dix mois passés dans le véritable havre de paix verdoyant qu’est le centre d’Oum el-Nour, à Sehaïlé, entre vergers, poules et gazelles, auront permis au jeune homme, comme à quelque 65 autres jeunes qui y sont hébergés actuellement (le centre compte 70 lits), de se ressourcer, d’apprendre à se connaître pour mieux conjurer ses démons une fois rentré chez lui. La proximité de la nature, mais aussi la compétence et la gentillesse de l’équipe du centre entourent les jeunes protégés d’une ambiance familiale et aimante qui leur a souvent fait défaut et qui leur sert de tremplin pour mieux faire face à la vie qui les attend.

Mais si Oum el-Nour pourvoit ce service de réhabilitation gratuit à tous ceux qui, comme Fady, sont tombés dans le piège de la drogue (à Sehaïlé pour les jeunes hommes, à Fatka pour les jeunes femmes), l’association œuvre surtout, de par sa vaste expérience, à la prévention, pour tenter d’éviter que de nouveaux Fady ne naissent à tous les coins de rue, dans un environnement où la circulation des drogues de toutes sortes se banalise dangereusement. Et à l’aube d’une nouvelle année scolaire et universitaire, il est bon de rappeler que la prévention tout comme la prise en charge des cas qui se présentent sont une responsabilité partagée.

Naji Mansour, responsable de la prévention à Oum el-Nour, et Ziad Khoury, responsable de la réhabilitation au centre, déplorent que l’accès à la drogue se soit considérablement facilité. Et cette prévention s’exerce à toute l’échelle de l’entourage. « Il est vrai que les jeunes sont exposés et qu’ils assument leur part de responsabilité, mais il est inutile de leur jeter tout le blâme, parce qu’une telle dépendance ne vient pas du néant, souligne Naji Mansour. Cette problématique est complexe et doit être traitée comme telle. Il y a une part de responsabilité assumée par l’environnement proche, mais aussi par les médias qui ne se rendent pas compte du danger de banaliser des substances dangereuses même si elles sont « légales », comme la cigarette ou l’alcool, ce qui peut aussi encourager à d’autres dépendances. »

Quels conseils les deux experts donnent-ils ? « Je dirais aux jeunes que leur liberté et leur bonheur sont primordiaux et qu’ils doivent éviter d’être exposés à ce qui peut leur faire du mal, souligne Naji Mansour. Les parents, eux, doivent rester vigilants. Ils doivent s’alarmer de tout changement substantiel dans l’attitude de leur enfant, comme une tendance à s’isoler, à devenir irascible, cachottier et menteur… Au moindre doute, ils devraient consulter des spécialistes sans tarder, car toute détection précoce d’une addiction est préférable pour une future réhabilitation. » Fady se souvient en effet que son père ne s’était pas alarmé de son train de vie anormal pour un adolescent…

Pour ce qui est de l’école, le milieu qui concentre le plus de jeunes au même endroit, les deux experts constatent une conscience de plus en plus aiguë du problème dans un grand nombre d’établissements. « Il est bon que les enseignants soulèvent ce sujet avec leurs élèves, disent-ils. Nous préconisons un juste milieu où le sujet n’est ni minimisé ni élevé au rang de panique, mais juste traité de manière scientifique. Consommer de la drogue n’est jamais banal, cela agit sur le cerveau, peut réveiller des maladies psychiques avec lesquelles il faudra vivre toute sa vie. »
Oum el-Nour a d’ailleurs des structures qui interviennent au niveau des écoles et des universités, pour la prévention. Ils se souviennent d’un cas où des jeunes avaient été formés par l’association afin de sensibiliser leurs camarades. Dans les formulaires remplis par les élèves cibles, beaucoup avaient assuré qu’après avoir été éclairés sur le sujet, ils réfléchiraient à mille fois avant d’être tentés « d’essayer » les drogues…

Le rôle des écoles peut s’avérer déterminant aussi quand des cas d’addiction sont révélés parmi les élèves de l’établissement. Les experts prônent une attitude qui n’irait pas simplement à l’éviction de ces individus, mais serait davantage de l’ordre d’une prise en charge plus globale.

« La peur ? Une motivation »
Si les experts insistent tellement sur la prévention, c’est qu’ils ne savent que trop bien l’état de dépendance dans lequel se trouvent les centaines de pensionnaires que le centre accueille chaque année (452 pour la seule année de 2016, ils n’étaient que 27 en 1993). Ziad Khoury précise que l’objectif du centre est de rendre ces jeunes à une vie décente, ce qui n’est jamais gagné d’avance, même si le taux de succès est globalement estimé à 60 % environ.

En effet, une fois sortis du milieu calme et affectueux du centre, les anciens drogués devront lutter contre les démons de la rechute. Cela, Fady le sait très bien. « Je reviendrai à mon ancien quartier, parce que j’ai appris qu’il faut affronter les problèmes, pas les fuir, affirme-t-il. Je prendrai avec moi mes résolutions et mes nouvelles habitudes, qui partent des petits gestes quotidiens les plus banals, comme faire son lit ou rester propre sur soi. Mes anciens compagnons d’infortune, je n’ai d’autre choix que de les garder éloignés, car je sais qu’ils oscilleront entre la tentation de m’imiter et celle de me pousser à replonger. La peur ? Je la ressens sans aucun doute. Mais je ferai en sorte que la peur de l’échec agisse comme une motivation. »
Fady est sur la voie de la guérison, comme tant d’autres secourus par ce centre qui leur vient en aide. Afin de continuer à soigner des toxicomanes gratuitement, Oum el-Nour organise des activités de collecte de fonds, comme son dîner de gala annuel ce lundi 2 octobre, au Sky Bar à Beyrouth.

Source

Le cannabis dangereux pour sa tension

Pour la première fois, des médecins américains ont observé un lien entre consommation à long terme du cannabis et risque accru de décès des suites d’une hypertension.

Plant de cannabis

Plant de cannabis

© LIBOR SOJKA/AP/SIPA

DROGUES. Les consommateurs réguliers de cannabis auraient trois fois plus de risques de décéder des suites d’une hypertension. C’est le résultat surprenant d’une étude américaine menée par des chercheurs de l’université de Géorgie. Surprenant car, contrairement au tabac, l’usage à long terme de cannabis ne semble pas augmenter le risque cardiovasculaire ou d’accident vasculaire cérébral (AVC), selon plusieurs enquêtes épidémiologiques récentes

Les médecins ont ici suivi sur 20 ans 1213 participants de toutes origines, qui fumaient du cannabis (exclusivement) depuis en moyenne 11 ans. Si le risque d’hypertension lié à l’utilisation régulière de cannabis se confirme, il pourrait remettre en question son éventuel intérêt thérapeutique dans quelques rares indications comme les raideurs musculaires persistante chez certains patients atteints de sclérose en plaques.

De nombreux effets délétères

En attendant, cette étude vient ajouter une ligne à la liste des effets délétères connus du cannabis. In utero et chez l’adolescent, on sait que cette drogue perturbe le développement du cerveau.

Chez l’adulte, le cannabis entraîne un ralentissement du métabolisme cérébral et des troubles de la mémoire – conséquence d’une perturbation du fonctionnement des mitochondries, les centrales énergétiques des cellules, comme a pu le montrer dès 2012 l’équipe de Giovanni Marsicano au NeuroCentre Magendie à Bordeaux.

Le rôle du cannabis dans le déclenchement de la schizophrénie chez des personnes à risque est également bien établi. Ses effets sur le système vasculaire restent en revanche mal connus car sa consommation est souvent associée, au moins en Europe, avec celle du tabac, cause majeure de mortalité cardiovasculaire et par AVC dans le monde.

Source : Sciences et Avenir

DÉSINTOXICATION : COMMENT ARRÊTER LE CANNABIS ?

Le cannabis est une drogue qui entraîne une très forte dépendance. La désintoxication du cannabis est donc un processus long et souvent difficile pour les gros consommateurs. Ainsi, il est parfois nécessaire de passer par des centres de désintoxication qui sont spécialisés et qui peuvent apporter une aide précieuse aux toxicomanes qui le souhaitent.

 

©iStock

Comment arrêter le cannabis seul ?

Il est possible d’arrêter de consommer du cannabis tout seul, mais cela est extrêmement difficile. Pour les gros consommateurs qui auront davantage besoin de se faire aider, passer par un centre de désintoxication est recommandé. Pour les autres, être aidé par un médecin spécialiste est tout de même préférable. En effet, il faut pouvoir supporter le sevrage et avoir une volonté de fer, car celui-ci est souvent très difficile à vivre. Les principaux symptômes ressentis sont : une anxiété, une dépression, des maux de tête, des nausées, des troubles du sommeil et du comportement, etc. Ces effets sont plus marqués chez les consommateurs les plus anciens.

Arrêter le cannabis avec un centre de désintoxication

Les centres de désintoxication sont le plus souvent réservés aux patients qui présentent des addictions à des drogues dures telles que l’héroïne ou la cocaïne. Néanmoins, pour les consommateurs de cannabis les plus accros, une prise en charge reste envisageable. L’avantage de ces centres qui peuvent garder le patient est de proposer un environnement propice au sevrage avec des spécialistes (médecins, psychologues, tabacologues, toxicologues, etc.), des groupes de parole et un accompagnement au quotidien. Il faut compter environ un mois et demi d’hospitalisation pour un sevrage, sachant que certaines étapes seront particulièrement éprouvantes avec d’importants retentissements physiques et psychologiques, d’où l’intérêt d’être aidé.

En savoir plus

Cannabis, l’envers de la réforme (Le Monde)

La réforme de la politique pénale voulue par le président de la République en matière d’usage de stupéfiants a trouvé ses soutiens. Et fait des déçus, concomitamment. A l’issue des auditions menées au cours des deux dernières semaines par la mission d’information parlementaire sur la mise en place d’une amende forfaitaire en cas d’usage de stupéfiants, une ligne de partage se dessine. Et avec elle, les limites d’une réforme qui s’annonce comme un rendez-vous forcément manqué.

D’un côté, les forces de l’ordre plébiscitent l’idée de pouvoir infliger une amende au fumeur de cannabis sur la voie publique, sans avoir à recourir aux offices d’un magistrat. Ce scénario présente le double avantage de les dispenser des lourdeurs de la procédure actuelle et de leur permettre de retrouver l’intérêt d’une sanction immédiate. La police consacrerait un million d’heures chaque année au seul traitement de l’usage de stupéfiants.

D’un autre côté, les acteurs du monde de la justice, de la santé ou encore les représentants d’usagers font part de leurs réserves les plus marquées. Ils reprochent notamment au projet gouvernemental de se priver d’une approche sanitaire et sociale du problème. Car une réponse standardisée sous la forme d’une amende empêche d’imaginer une orientation vers le soin (déjà marginale en matière de réponse pénale à l’usage de cannabis).

Face à ces frustrations, les deux rapporteurs de la mission, Eric Poulliat, député (La  République en marche) de la Gironde, et Robin Reda, député (Les Républicains) de l’Essonne, ont semblé, au cours des échanges, fort à l’étroit dans le périmètre de leurs attributions.  » Je pense que vous avez bien compris que la mission qui nous a été commandée, c’est d’analyser un dispositif en particulier, qui, on le conçoit bien d’ailleurs, peut paraître réducteur « , a concédé Robin Reda au cours des débats.

L’amende forfaitaire, telle que voulue par Emmanuel Macron, ne saurait enrayer l’échec de la politique pénale en vigueur depuis 1970. Près de 200 000  personnes sont interpellées chaque année pour infraction à la législation sur les stupéfiants ; 80  % d’entre elles sont des consommateurs, principalement de cannabis. Si l’usage est sévèrement puni par le code de la santé publique – un an de prison et 3 750  euros d’amende -, dans les faits, il débouche majoritairement sur des alternatives aux poursuites, essentiellement des rappels à la loi, à des fins de désengorgement de la justice.

Surtout, cette législation n’endigue pas des niveaux élevés de consommation, frôlant les sommets en Europe. Il y aurait 1,4  million d’usagers réguliers de cannabis en France, et 700 000  consommateurs quotidiens, d’après l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Les jeunes sont particulièrement concernés, car le cannabis est le produit illicite le plus précocement expérimenté. A 17  ans, près d’un jeune sur deux en a déjà fumé.

Mais le projet d’amende forfaitaire ne les concerne pas, puisque les mineurs relèvent d’une justice spécifique. Emmanuel Macron fait donc une première impasse. Le président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), Nicolas Prisse, s’est pourtant fait fort de rappeler aux rapporteurs de la mission parlementaire que c’est  » la prévention et le repérage précoce des jeunes les plus vulnérables qui est le levier le plus efficace pour limiter la consommation de stupéfiants « .

Eviter un procès en laxisme

Le gouvernement ne semble en réalité pas avoir l’intention de bouleverser l’édifice de la politique pénale en vigueur. Le délit d’usage, puni de prison, serait maintenu – ceci afin que les contrevenants en récidive soient orientés vers le circuit judiciaire classique et que les policiers et gendarmes conservent le pouvoir de placer en garde à vue les usagers interpellés, même si, selon un avis largement partagé, cela sert peu, voire pas du tout, au démantèlement des réseaux de trafic. En n’allant pas au bout d’une dépénalisation de l’usage, M.  Macron ne cherche-t-il pas d’abord, et surtout, à éviter un procès en laxisme ?

Une centaine de personnes sont actuellement incarcérées en France pour usage simple.  » Nos prisons n’ont pas besoin de ce genre d’infracteurs « , a martelé, lors de son audition, Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), favorable à une dépénalisation plus poussée.  » N’est poursuivie et condamnée qu’une catégorie sociale d’usagers, a-t-elle souligné. Jamais des comédiens ou des lycéens d’Henri-IV n’ont été condamnés. C’est une atteinte très lourde au principe d’égalité. « 

L’amende forfaitaire présente par ailleurs plusieurs dangers. Jean-Paul Jean, ex-président de chambre à la Cour de cassation, s’est inquiété, lors de son audition, de ce qu’elle constitue un  » transfert majeur «  de la politique criminelle de la justice à la police – et à  » des agents verbalisateurs qui sont dans des rapports difficiles avec les jeunes «  et qui pourraient tomber dans  » la facilité de la politique du chiffre « . L’impact de ce mouvement qui touche à l’équilibre des pouvoirs mérite d’être analysé, d’autant plus que M.  Macron a promis d’étendre le principe de l’amende forfaitaire à d’autres délits. Demain, des amendes forfaitaires pourraient s’appliquer au vol à l’étalage, à la vente à la sauvette ou encore au vandalisme.  » C’est une forme de basculement, une administrativisation de la justice pénale « , a insisté M.  Jean. Un risque élevé pour une réforme qui, in fine, pourrait n’être perçue que comme un outil au seul bénéfice d’une simplification des procédures ou d’une augmentation des recettes de l’Etat.

Julia Pascual

Source

Cannabis : l’Observatoire des drogues émet des réserves sur la mise en place d’amendes

La mission d’information sur la possibilité de punir l’usage illicite de stupéfiants par une amende forfaitaire poursuit ses auditions. Mardi 12 septembre, l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) a mis en garde contre le risque de « standardiser » la sanction au détriment des soins.

Mieux identifier le profil des consommateurs pour mieux les prendre en charge. C’est en gros le message que l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), auditionné par la mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’usage de stupéfiants, a voulu faire passer aux députés, alors que ceux-ci étudient la possibilité de punir les usagers de drogues (en particulier de cannabis) par une simple amende en lieu et place de la procédure judiciaire – longue et coûteuse – actuellement en vigueur. Les consommateurs de stupéfiants sont aujourd’hui passibles d’un an de prison et de 3 750 € d’amende.

Individualisation de la prise en charge

« S’il est effectivement nécessaire de réformer la réponse pénale qui est par ailleurs inefficace, les amendes forfaitaires risquent de standardiser les sanctions », a estimé Julien Morel d’Arleux, directeur de l’OFDT. Pour ce dernier, la mise en place d’amendes ne doit pas uniquement servir à désengorger les tribunaux et les commissariats. La réforme doit être l’occasion de repenser la réponse pénale en trouvant un équilibre entre « sanction et soin ».

Le directeur de l’OFDT plaide ainsi pour une meilleure prise en charge des usagers de droguevia le développement de « peines alternatives », comme les stages de sensibilisation ou le suivi médical. Julien Morel d’Arleux a également expliqué que pour être efficace, la réponse pénale doit être « individualisée »pour s’adapter à toute « la palette des consommateurs ».

Citant l’exemple du système judiciaire portugais, le directeur de l’OFDT a émis l’idée de créer des commissions pluridisciplinaires – regroupant professionnels de santé et juges – qui examineraient individuellement chaque cas d’usager en fonction du type de consommation. L’objectif est de trouver des réponses plus adaptées pour les jeunes, sachant que la France est le pays du monde où les mineurs consomment le plus de cannabis. Ces commissions permettraient de mieux prendre en charge les consommateurs les plus problématiques en les orientant vers un traitement médical spécifique.

Changer la perception sociale du cannabis

Également entendue mardi 12 septembre par la mission d’information, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues (Mildeca) a rappelé que la réponse pénale variait largement en fonction des régions et des tribunaux (du simple rappel à la loi au procès). Et si la France possède une des législations les plus sévères au monde en matière de répression contre les consommateurs, sur plus de 100 000 procédures traitées chaque année, 45 000 aboutissent à un simple rappel à la loi.

Ainsi, les amendes rendraient systématiques les condamnations pour usage de drogue et mettraient fin à une certaine « tolérance » vis-à-vis du cannabis. Pour le président de laMildecaNicolas Prisse, « le système d’amendes forfaitaires doit s’appliquer indistinctement à toutes les drogues. Car si seul le cannabis est sanctionné d’une amende, cela induit qu’il est moins dangereux », a-t-il expliqué.

L’OFDT a souligné lors de l’audition que le cannabis nuit gravement à l’apprentissage scolaire et provoque chez les jeunes des retards de développement. « Tout l’enjeu aujourd’hui est de faire changer les mentalités en France vis-à-vis du cannabis car il bénéficie d’une bonne perception sociale. C’est comme un rite de passage chez les adolescents », a avancé Julien Morel d’Arleux. Selon l’OFDT, seulement 20 % des adolescents considèrent que l’usage de cannabis est dangereux pour la santé.

Sylvain Labaune

La Lettre du CNPERT de Septembre 2017

Téléchargez la Lettre du CNPERT de Septembre 2017

Cannabis : alcool, tabac et drogues dures menacent

123m-cannabis-drug-4-9.jpg

NEWS L’usage du cannabis à l’adolescence augmente considérablement le risque d’autres dépendances chez le jeune adulte : la marijuana est une porte d’entrée majeure vers l’addiction.

Le débat n’est pas neuf, et il ne manquera pas d’usagers pour rétorquer que malgré le fait qu’ils ont consommé du cannabis alors qu’ils étaient adolescents, ils n’en sont pas pour autant devenus accros à d’autres substances toxiques. C’est possible, mais lorsqu’on analyse l’évolution d’une large population, le constat est bien là.

Une équipe britannique a examiné des données concernant quelque 5000 adolescents, suivis quand ils étaient âgés de 13 à 18 ans. Ils ont été interrogés à plusieurs reprises chaque année, et ont renseigné leur consommation de cannabis : non-utilisateursconsommateurs occasionnels (moins d’une fois par semaine) ou consommateurs réguliers (au moins une fois par semaine).

Bien d’autres facteurs ont été pris en compte lors de l’analyse, comme la situation familiale et socio-économique, les troubles du comportement, d’autres addictions (tabac, alcool…)… Les participants ont été revus à l’âge de 21 ans, et ils ont été interrogés sur leur consommation d’alcool, de tabac et de drogues durant les trois derniers mois. Ce terme de drogue recouvre la cocaïne, les opioïdes, les hallucinogènes, les amphétamines ou encore les sédatifs.

Le résultat, relayé par la revue médicale Le Généraliste, montre que par rapport aux non-utilisateurs, les jeunes qui consommaient régulièrement du cannabis s’exposent, à 21 ans donc, à un risque multiplié par 3 de boire de l’alcool de manière inconsidérée, par 26 de consommer des drogues dures, et par 37 d’être dépendants à la nicotine.

La hausse du risque de dépendance est constatée dès une consommation occasionnelle, mais plus l’usage du cannabis a été fréquent, plus le risque augmente.

Autant dire que l’habitude de fumer un joint n’est pas un comportement anodin, ni sur le moment, ni à terme.

Source

Comment gérer des adolescents qui fument du cannabis

Cliquez ici pour voir la vidéo

Les Français consomment de plus en plus jeunes. Or le cannabis perturbe le processus de maturation du cerveau et peut provoquer des difficultés scolaires.

En vérifiant le contenu des poches du pantalon de son fils qu’elle s’apprêtait à enfourner dans le lave-linge, Marie a trouvé un petit sachet en plastique avec un reste d’herbe. Elle avoue être tombée des nues. «Je ne suis pas naïve. Je sais que les joints circulent dans les soirées des adolescents. Moi-même, lorsque j’étais à la faculté, j’en ai fumé quelques-uns. Mais Arthur vient seulement d’avoir 15 ans…»

Marie a fait la découverte brutale d’une réalité statistique: les Français sont les plus jeunes consommateurs de cannabis en Europe. Ainsi, entre 15 et 16 ans, près d’un jeune sur trois en a déjà consommé au moins une fois, comme le rappelait en juillet l’observatoire européen des drogues et des toxicomanies. À 17 ans, ils sont 42 %… «À cette époque de la vie, avec l’alcool ou le cannabis, ils font la première expérience d’une substance chimique qui modifie leur état de conscience et leurs sensations. La majorité des jeunes utilisent ces substances de façon récréative, même si certains d’entre eux s’en servent pour soigner des souffrances de l’enfance», explique Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération addiction et coauteur de Adolescents et cannabis. Que faire? à paraître en octobre 2017 aux Éditions Dunod.

«La majorité des jeunes utilisent ces substances de façon récréa­tive, même si certains d’entre eux s’en servent pour soigner des souffrances de l’enfance »

Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération addiction

Alors que nos adolescents connaissent bien les effets néfastes de l’alcool, ils sous-estiment ceux du cannabis, qu’ils jugent plus sûr. Or l’usage du cannabis est loin d’être anodin. Tout d’abord, contrairement à une certaine mythologie, le cannabis va avoir un impact sur le corps. Fumer régulièrement va entraîner des épisodes plus fréquents de bronchite chronique et des symptômes respiratoires plus sévères. Il semble également impliqué dans la survenue d’accidents vasculaires cérébraux chez des adultes jeunes. Mais chez les ados, les effets délétères du cannabis vont affecter en tout premier lieu les neurones.

Influence sur le quotient intellectuel

«À l’adolescence, le cerveau est encore en pleine maturation. Le cannabis va perturber ce processus avec le risque d’effets persistants à long terme», souligne le professeur Marie-Odile Krebs, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris. Connu pour diminuer la mémoire de travail, entraîner des troubles de l’attention et des fonctions exécutives (planification, capacité d’établir des priorités, flexibilité mentale, résolution de problèmes, capacités créatrices), le cannabis va avoir des répercussions sur les résultats scolaires. C’est ce qu’a démontré une étude de l’Inserm menée sur une cohorte de 1000 personnes et publiée en mai dernier. «Nos résultats ont montré que la consommation de cannabis avant 17 ans peut aggraver ou induire des difficultés scolaires se traduisant à terme par un niveau d’études inférieur chez ces jeunes», affirme Maria Melchior, coauteur de l’étude. Et ce, indépendamment du milieu social considéré et des difficultés psychologiques ou scolaires des jeunes.

«À l’adolescence, le cerveau est encore en pleine maturation. Le cannabis va perturber ce processus avec le risque d’effets persistants à long terme»

Marie-Odile Krebs, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne

Ces résultats confortent ceux d’une étude néo-zélandaise datant de 2012 qui montraient que commencer à fumer avant 18 ans et continuer pendant des années influaient sur le quotient intellectuel. Il en ressortait que les consommateurs les plus réguliers qui avaient commencé très jeunes avaient jusqu’à huit points de QI en moins !

Plus inquiétant, le cannabis peut également précipiter l’apparition de troubles psychiatriques tels que dépression, troubles anxieux voire troubles psychotiques. «Sans que l’on sache aujourd’hui déterminer qui sont les plus vulnérables. D’autant que pour le cannabis, comme pour l’alcool, il existe une grande variabilité individuelle», met en garde Marie-Odile Krebs. En clair, certains peuvent fumer sans modération sans qu’il leur arrive rien, contrairement à d’autres qui vont réagir à des quantités minimes. «Ce message doit passer auprès des jeunes», insiste Marie-Odile Krebs.

«Il faut trouver le point d’équilibre entre: ne pas retarder le moment où l’on réagit et lui renvoyer de telles angoisses ou préjugés que l’enfant cache tout»

Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération addiction

Quant aux parents, conscients des risques, ils peuvent, comme Marie, ne pas imaginer l’âge des premières consommations. «Or à 13, 14, 15 ans, lorsque les enfants commencent à faire des choses seuls, cela les expose aux autres. C’est à ce moment qu’ils vont rencontrer le tabac, l’alcool, le cannabis. À cet âge, je dis aux parents: accompagnez-les. Soyez là, lorsqu’ils rentrent d’une soirée. Cela vous permet de vérifier dans quel état ils sont lorsqu’ils rentrent», souligne Jean-Pierre Couteron. Ensuite, poursuit le spécialiste, il n’est jamais trop tôt pour réagir. «Il faut trouver le point d’équilibre entre: ne pas retarder le moment où l’on réagit et lui renvoyer de telles angoisses ou préjugés que l’enfant cache tout.»

Une consultation chez le médecin traitant ou dans une «consultation jeunes consommateurs» (des rendez-vous mis en place dans presque tous les départements français) peut permettre de dédramatiser.

Pour toute information, le numéro «Drogues info service», 0800 23 13 13, est gratuit depuis un poste fixe.

Source

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑