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3 MMC

Tout savoir sur la 3-MMC : cette nouvelle drogue de synthèse

Lise Lafaurie Journaliste nutrition, bien-être, santé, food – Publié le 12/01/2024 –  en collaboration avec Gonzague de Larocque (médecin addictologue et sexologue)

D’où vient-elle ? Quels sont ses effets ? Quels sont les risques en cas d’addiction ? Les réponses du Docteur Gonzague de Larocque médecin Addictologue et sexologue à Paris. 

Composition : C’est quoi la 3 MMC (3-méthylméthcathinone) ?

La 3MMC est une drogue apparue au début des années 2010, qui appartient à la catégorie des cathinones de synthèse, des composés liés à l’alcaloïde stimulant dérivé de la plante Catha edulis dite khat, cultivée en Afrique de l’Est et dans le sud-ouest de la péninsule arabique. « Bien qu’issue d’une plante, la 3MMC est loin d’être naturelle, car elle est largement modifiée chimiquement en laboratoire » indique le Dr De Larocque. Dans la grande famille des cathinones de synthèse issues du Kath, il existe plus d’une cinquantaine de drogues, dont les plus connues sont la méphédrone, la 4-MEC, la MDPV, et l’alpha-PVP.

Son nom chimique est la 3-méthylméthcathinone, également connue sous le nom de métaphédrone. La 3MMC se présente sous la forme poudre, de cristaux qui ressemblent à des sels de bains ou encore de comprimés. Elle peut être : ingérée (voie orale), sniffée (voie nasale), injectée (par seringue dans le sang par une veine) ou insérée par voie anale.

Quels sont les effets de la drogue 3-mmc ?

La 3MMC agit en tant que stimulant du système nerveux central et possède des effets similaires à ceux de la MDMA (ecstasy) et d’autres amphétamines. On en entend beaucoup parler depuis quelques temps, notamment depuis l’affaire Pierre Palmade, car elle est largement utilisée dans le contexte des soirées Chemsex.  » Ses effets sont proche de ceux des amphétamines (ecstazy) et de la cocaïne : euphorisant, augmentation des perceptions sensorielle, élévation du moi, maintient en éveil (ce qui permet d’avoir des plans sexuels qui durent longtemps), effet empathogène (augmente la sensation d’empathie et le désir de contact avec les autres) et surtout désinhibition importante » résume le médecin addictologue.

C’est quoi une soirée chemsex ?

Aussi connue sous le nom de « party and play » (PnP), le chemsex est une pratique sociale où des individus consomment des substances psychoactives, dans le contexte d’activités sexuelles. Le terme « chemsex » est une contraction de « chemical » (chimique) et « sex » (sexe). « Ces soirées sont nées il y a quelques décennies en Angleterre et en Allemagne, principalement dans le milieu gay et séropositif : ces hommes qui subissaient la sérophobie étaient assez isolés et se retrouvaient entre eux pour ces soirées » raconte le Dr De Larocque. Puis, petit à petit, elles ont débordé de la communauté homosexuelle et se sont répandues dans tous les pays européens.

Les adeptes de chemsex -chemsexeurs – sont aussi appelés « cols blancs », car ce sont des personnes socialisées, qui travaillent et ne sont pas issues de milieux défavorisés. « C’est d’ailleurs une partie du problème lorsqu’ils tombent dans l’addiction : ils ne se reconnaissent souvent pas dans le profil du toxicomane et sont un peu dans le déni, ce qui rend toute prise en charge plus compliquée » explique l’addictologue.

Quel est le prix de cette cathinone de synthèse ?

La 3MMC est une drogue bien meilleur marché que toutes les autres drogues aux effets similaires, et c’est aussi ce qui la rend si attractive et accessible. « Les adeptes s’en procurent facilement sur le Darkweb, et son prix est largement inférieur à celui de la cocaïne » indique le médecin spécialiste. Selon les sources, elle serait vendue 20 à 40 euros soit entre 2 et 4 fois moins cher que la cocaïne.

Combien de temps reste-t-elle dans le sang ?

La détection de la 3-MMC se fait par des techniques avancées de chromatographie.La durée pendant laquelle la 3-MMC (3-Méthylméthcathinone) reste détectable dans le sang dépend de plusieurs facteurs, tels que la fréquence de consommation, la dose absorbée, le métabolisme de chacun, son poids corporel… En général, elle peut être détectée dans le sang pendant quelques heures à quelques jours après sa consommation, en fonction des méthodes de test utilisées et de la sensibilité du test.

Il faut savoir que la 3-MMC est plus longtemps détectable dans l’urine que dans le sang.

Addiction, overdose, accidents : Quels sont les risques et dangers de la 3MMC ?

  • Effets cardiovasculaires : « elle est cardiotonique, ce qui signifie qu’elle provoque une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle. Elle peut entraîner des problèmes cardiovasculaires grave allant jusqu’à l’arrêt cardiaque » alerte le spécialiste.
  • Effets psychiatriques : La 3-MMC peut entraîner des effets psychiatriques tels que l’anxiété, la paranoïa, les hallucinations et même des épisodes psychotiques, en particulier à des doses élevées. « Il arrive que des consommateurs aient des délires important les poussant à se mettre en danger, voire à se tuer » ajoute le Dr De Larocque.
  • Dépendance : Comme de nombreuses substances psychoactives, l’utilisation fréquente de la 3-MMC peut entraîner une dépendance. « L’addictivité est importante, mais comme toujours, elle rencontre des fragilités neuronales chez certaines personnes, qui font qu’une addiction se développe. Certaines personnes réussissent à consommer occasionnellement sans jamais tomber dans l’addiction » explique l’expert. Lorsque l’addiction se met en place, les conséquences psychosociales sont alors dramatiques.
  • Comportements à risque : L’utilisation de 3-MMC diminue les inhibitions et augmente les comportements à risque, en particulier sur le plan sexuel. La transmission d’infections sexuellement transmissibles (IST) est un risque important.
  • Problèmes de sommeil : La 3-MMC peut perturber le cycle du sommeil, entraînant des problèmes d’insomnie et de fatigue.
  • Overdose : La prise de doses excessives de 3-MMC peut entraîner une surdose, avec des conséquences potentiellement graves, y compris des crises, des problèmes cardiaques et la perte de conscience.

Enfin, lorsqu’elle est inhalée par le nez, la 3MMC est particulièrement nocive pour les cloisons nasales et peut donc à l’usage provoquer de sérieuses lésions.

Quelle prise en charge en cas d’addiction à la 3MMC ?

Comme toutes les addictions, et peut être plus encore, le traitement de la dépendance à la 3MMC est compliqué, et nécessite une véritable implication du patient. « La difficulté supplémentaire réside dans le fait qu’il y a généralement une double addiction : au sexe et à la substance. La sexualité induisant le besoin de drogue, le patient doit donc dans un premier temps être abstinent sexuellement, avant de réapprendre dans un second temps à avoir des relations sexuelles sans être sous emprise de drogue » détaille l’addictologue. Et c’est bien souvent compliqué, car après avoir vécu des soirées chemsex où les sensations sont largement décuplées, la sexualité sobre devient fade et sans intérêt.

La prise en charge est multidisciplinaire et passe tout d’abord par une évaluation médicale afin de faire le point sur la santé physique et mentale du patient. La désintoxication, ou sevrage est ensuite la première étape indispensable : elle peut être effectuée dans un cadre médical sous la supervision de professionnels de la santé.La prise en charge psychologique passe souvent par une TCC (thérapie comportementale et cognitive) qui apprend au patient à modifier ses schémas de pensée et ses comportements associés à la consommation de substances, afin de l’aider la personne à développer des habitudes plus saines et à résister aux déclencheurs de l’usage de substances.

Il existe également plusieurs solutions d’accompagnements ou dispositif d’aide et d’écoute, accessibles à tous, en cas d’usage problématique :

  • Les Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (CAARUD) ;
  • Les Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) ;
  • Le groupe d’entraide Facebook « Info Chemsex (by AIDES) » mis en place par l’association AIDES (groupe privé et accessible sur demande) ;
  • La ligne chemsex d’AIDES sur WhatsApp ou Signal au 07 62 93 22 29 

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Du chemsex aux fêtes… La 3-MMC, cette drogue de synthèse qui gagne du terrain chez les jeunes

Publié: 26 juillet 2023

  1. Sarah Perrin Docteure en sociologie, Université de Bordeaux

Déclaration d’intérêts

Sarah Perrin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

La 3-MMC est une drogue de synthèse (ou research chemical) appartenant à la famille des cathinones, molécules ayant des propriétés stimulantes et empathogènes. Elle se présente sous la forme de poudre ou de cristaux, et est principalement consommée en sniff ou en injection.

La consommation de 3-MMC, associée à celle de GHB/GBL, est initialement rattachée au milieu du chemsex, pratique de consommation de drogues en contexte sexuel, qui est essentiellement le fait d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), dans des contextes de sexe à plusieurs. Les chemsexeurs attribuent souvent à la 3-MMC des propriétés aphrodisiaques facilitant les rapports sexuels (augmentation du désir, facilité à avoir une …….

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ENQUÊTE – L’inéluctable progression des nouvelles drogues de synthèse

Fabriquées avec des produits chimiques, les nouvelles drogues de synthèse s’achètent facilement sur internet. Leurs fabricants inventent chaque semaine de nouvelles molécules, ce qui leur permet parfois d’échapper à la législation sur les stupéfiants.

Les nouveaux produits de synthèse attirent de plus en plus de clients, enquête sur ces substances artificielles mal connues.
Les nouveaux produits de synthèse attirent de plus en plus de clients, enquête sur ces substances artificielles mal connues. © Radio France – Melissa Foust

Une enquête d’Anne-Laure Barral, de la cellule investigation de Radio France

Sur une table, Frédéric Barozzi étale un caleçon, des affiches, des timbres, des flacons de liquides… Certains portent des inscriptions comme “Spice” ou “Tribe”. D’autres sont à l’effigie du dessin animé des Simpsons. Tous ces objets ont cependant un point commun : ils ont servi à cacher de la drogue. Le responsable du domaine stupéfiants et médicaments au service commun des laboratoires d’Île-de-France (un service qui travaille notamment pour les douanes) n’est plus étonné par l’inventivité des dealers. “On a même vu un tapis entier dont les fibres étaient imprégnées de drogue”, explique-t-il. 

Ses équipes analysent les poudres, les végétaux, les cristaux mais aussi les liquides saisis par les douanes pour savoir de quelles substances il s’agit. Et elles ont constaté que sur les 10.000 échantillons testés en moyenne par an, 10 à 20% appartiennent désormais à la catégorie des nouveaux produits de synthèse, qu’on appelle des NPS. Dans ce cas, “on regarde dans notre base de données si cette molécule est connue. Si ce n’est pas le cas, il faut décortiquer sa structure et lui donner un nom”, précise l’ingénieur.

Objets perquisitionnés servant à dissimuler de la drogue et envoyés au service commun des laboratoires d’Île-de-France pour analyse.
Objets perquisitionnés servant à dissimuler de la drogue et envoyés au service commun des laboratoires d’Île-de-France pour analyse. © Radio France – Anne-Laure Barral

Des drogues qui se renouvellent en permanence

En juin 2022, le service commun des laboratoires a encore signalé un nouveau produit de synthèse à ses homologues européens. Selon le rapport de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT), une cinquantaine de nouvelles substances apparaissent sur le marché européen chaque année, soit près d’une par semaine. Il y en a aujourd’hui près de 900 identifiées, avec différentes familles et différentes formes. 

Nous avons observé récemment du cannabis sur lequel on a pulvérisé des poudres de cannabinoïdes synthétiques, ce qui peut provoquer un état délirant”, déclarait en juin dernier le directeur de l’Observatoire, Alexis Goosdeel. Ces nouvelles drogues sont surveillées de près en raison des effets plus puissants qu’elles peuvent avoir. “Nous sommes très vigilants en particulier sur les opioïdes de synthèse que l’on voit apparaître parfois dans nos saisies en toute petite proportion”, reconnaît Corinne Cléostate, sous-directrice des affaires juridiques des douanes françaises. Les opioïdes de synthèse, comme le fentanyl, sont considérés comme cent fois plus puissants que la morphine et beaucoup plus addictifs. Ils ont provoqué un très grand nombre d’overdoses aux États-Unis.

Mais la provenance de ces nouvelles drogues évolue également. “Il y a des ateliers de fabrication en Chine, mais désormais aussi sur le continent européen”, explique Rita Jorge, analyste scientifique à l’OEDT. En 2020, plus de 350 de ces ateliers ont été démantelés, principalement en Pologne et aux Pays-Bas. “En France, nous avons plutôt de petits laboratoires artisanaux, alors qu’aux Pays-Bas, un atelier fabrique jusqu’à 100 kg de drogues de synthèse par jour”, ajoute Corinne Cléostrate.

À Montpellier : un laboratoire à domicile

À la différence des drogues dites classiques comme la cocaïne ou l’héroïne, ces nouveaux produits de synthèse ne sont pas fabriqués à partir de plantes de coca ou de pavot, mais à partir de produits chimiques. Les fabricants utilisent des dérivés du pétrole comme le benzène ou le kérozène, mais aussi des acides ou de l’acétone. Au moins deux laboratoires ont été démantelés en France en 2021, dont un à Montpellier, à quelques centaines de mètres seulement du commissariat de police.

Matériel perquisitionné chez un fabriquant de diverses drogues de synthèse dans le Finistère en 2013.
Matériel perquisitionné chez un fabriquant de diverses drogues de synthèse dans le Finistère en 2013. © Maxppp – Yannick Guerin PhotoPQR Ouest France

Avec le confinement je me suis mis à consommer tous les jours des amphétamines”, explique à la cellule investigation de Radio France, Eddy (pseudonyme), un orthoptiste de 35 ans, qui vient de sortir de détention provisoire après avoir été interpellé il y a un an. “J’ai vu que cela me coûterait moins cher de fabriquer moi-même la drogue en commandant les produits chimiques sur des sites internet chinois ou polonais.” Il dit s’être senti grisé par la sensation de toute puissance que lui procurait la drogue. Ses amis de “défonce”, comme il les nomme aujourd’hui, le sollicitaient en permanence pour obtenir une substance qu’on appelle la 3-MMC. Mais alors qu’il s’apprêtait à augmenter sa production et à commander du phosphore rouge et de l’acide sulfurique, un fournisseur français, intrigué par ce type de commande, a signalé ses agissements à l’administration.

La 3-MMC : star des nouvelles drogues de synthèse

La drogue de synthèse pour laquelle Eddy a été sollicité, la 3-MMC, inquiète particulièrement les services de santé. Selon les chiffres de l’enquête dénommée “Drames” consacrée aux décès liés à des consommations abusives de psychotropes, les drogues de synthèse ont causé 15 morts en 2020. “C’est énorme, relève Anne Batisse, pharmacienne cheffe du centre d’addictovigilance de Paris. Certes, la cocaïne a fait 77 décès, mais ses usagers sont beaucoup plus nombreux.” Trois fois moins chère que la cocaïne, la 3-MMC et ses dérivés gagnent du terrain en France. Les autorités ont vu les saisies se multiplier par trois ces dernières années. Les douaniers ont même effectué une prise record en janvier 2022 sur une petite route de l’Aveyron : 613 kg pour un montant de 9 millions d’euros.

Aujourd’hui, la 3-MMC rejoint des réseaux classiques de revente dans la rue ou sur les applications de type Snapchat ou Telegram”, constate Nina Tissot, sociologue et coordinatrice du rapport sur les tendances de consommation en Auvergne Rhône-Alpes pour l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT). À l’origine, ce stimulant était surtout consommé dans le cadre du “chemsex”, c’est-à-dire la prise de drogues lors de rapports sexuels généralement à plusieurs partenaires. Le chemsex s’est surtout développé dans les milieux homosexuels masculins. 

Mais depuis le confinement, cette drogue a gagné d’autres publics, hétérosexuels, dans les milieux festifs, et au-delà. Cette consommation a conduit certains usagers à basculer dans l’addiction et à avoir recours à des pratiques à risque. “Souvent, ces usagers n’utilisaient pas de préservatifs. On a vu revenir des infections comme la syphilis”, constate l’infectiologue Charles Cazanave qui soigne des dizaines de patients au CHU de Bordeaux.

La cellule investigation de Radio France passe commande

Cette drogue se développe d’autant plus facilement qu’elle se commande très simplement par internet. Pas besoin d’aller sur le darkweb ou de faire appel à un dealer via Telegram ou WhatsApp. La cellule investigation de Radio France a pu le vérifier en surfant sur un site hollandais qui propose des “produits de recherche”. Pour une soixantaine d’euros, nous avons pu commander de la 3-MMC et de la 3-MMA, une autre drogue de synthèse similaire. Le paiement pouvait se faire par virement en euros ou en crypto-monnaie sur un compte en Espagne. Une fois effectué, nous avons pu suivre le parcours de notre colis de Rotterdam à Paris. Et nous avons reçu au bout de cinq jours un paquet contenant une serviette de plage dans laquelle étaient cachés deux sachets de cristaux et de poudre.

Deux sachets de drogue dissimulés dans une serviette de plage.
Deux sachets de drogue dissimulés dans une serviette de plage. © Radio France – Melissa Foust

Cette expérience, ils sont nombreux à l’avoir faite. Pour cacher la drogue, “j’ai à peu près tout vu”, raconte Pierre, qui commande deux à trois fois par an des drogues de synthèse par internet. “J’en ai reçu dans des cartes de Noël, des faux DVD, des faux échantillons de crème hydratante.” En cas de perte du colis, le site propose même de vous renvoyer la moitié de la commande gratuitement. Il existe aussi des systèmes de parrainage, des promotions avec des produits offerts à tester.

Une législation dépassée

Passer par un site n’est cependant pas une garantie de qualité. En faisant analyser nos achats par le réseau associatif “Analyse ton prod” d’Île-de-France, (un réseau qui regroupe des associations sur tout le territoire, et travaille sur la réduction des risques auprès des usagers), nous avons eu une mauvaise surprise. Notre paquet ne contenait pas de la 3-MMC mais de la 3-CMC, un produit proche mais avec un atome différent. Et la deuxième drogue commandée ne contenait pas qu’un seul stimulant dans sa formule, mais deux. Cette tromperie sur la marchandise peut être dangereuse. 

La 3-CMC est potentiellement plus neurotoxique”, nous explique une consommatrice régulière de 3-MMC. “C’est une arnaque assez fréquente”, précise Nina Tissot, de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) en Auvergne Rhône-Alpes. “Depuis que les Pays-Bas ont interdit la 3-MMC en fin d’année dernière, ils vendent de la 3-CMC qui reste légale chez eux.” Mais en renouvelant sans cesse la composition de leurs produits, les chimistes poursuivent un autre objectif. Ils brouillent les pistes afin de contourner les législations. “Les nouveaux produits de synthèse ont été spécifiquement créés pour cela”, affirme Pierre Chappard, président de l’association Psychoactif qui anime un site d’usagers. Toute nouvelle molécule non répertoriée dans la nomenclature des stupéfiants ou des psychotropes par l’agence du médicament, l’ANSM, tombe en effet dans un vide juridique qui rend toute poursuite inopérante

Après analyse, le laboratoire du réseau Analyse ton prod révèle que les substances reçues ne correspondent pas à la commande passée sur le site.
Après analyse, le laboratoire du réseau Analyse ton prod révèle que les substances reçues ne correspondent pas à la commande passée sur le site. © Radio France – Anne-Laure Barral

Des conséquences graves

Certains de ces produits peuvent pourtant entraîner de sévères troubles neurologiques. Une lycéenne de Tarbes (65) a dû être hospitalisée en avril 2022 pour avoir inhalé un cannabinoïde de synthèse. L’an dernier, 80 jeunes mineurs dans le Nord de la France et la région de Reims ont également fait des malaises après avoir consommé ce qu’on appelle du “Buddha Blue” ou du “Pète ton crane”. “Cette substance a une affinité pour les récepteurs dans le cerveau beaucoup plus forte que la plante de cannabis”, explique le professeur Nicolas Franchitto, chef du service d’addictologie de l’hôpital Purpan à Toulouse. 

Même pour des gens qui ont déjà consommé du cannabis, “le risque, c’est la crise convulsive, des troubles neurologiques, cardiaques ou des insuffisances rénales”. Selon une enquête réalisée lors de la journée de défense et de citoyenneté en 2017, près de 4% des adolescents interrogés reconnaissaient avoir consommé un NPS, principalement un cannabinoïde de synthèse.

Des drogues indétectables

Autre caractéristique de ces drogues : elles échappent aux tests de stupéfiants effectués lors des contrôles routiers. Dans une étude réalisée en 2016, Camille Richeval, ingénieure au laboratoire de toxicologie du CHU de Lille, a identifié à postériori la présence de drogues de synthèse dans des tests réalisés auprès de conducteurs français et belges, qui avaient pourtant été déclarés négatifs. “Ces tests ne sont pas faits pour détecter les NPS comme la 3-MMC. On passe donc à côté”, explique la chercheuse. Le monde des drogues change si rapidement que même si on mettait au point un test plus performant, il serait très vite dépassé par un nouveau produit.

Le milieu du sport lui aussi est confronté à cette indétectabilité des produits. L’agence mondiale anti-dopage (AMA) organise régulièrement des conférences internationales sur les NPS. “Il faut surveiller qu’ils ne deviennent pas les produits dopants de demain”, explique Olivier Rabin, le directeur scientifique de l’agence. Certains produits vendus comme des compléments alimentaires de façon tout à fait légale sont passés entre les mailles du filet. “Nous surveillons particulièrement les forums de discussion de culturisme où l’on parle souvent de ces produits innovants”, poursuit-il.

Le problème est d’autant plus inquiétant que tout porte à croire qu’il est sous-évalué. L’association Play Safe s’en est rendu compte en créant un faux site de commande de NPS. Il se présente un peu comme le site hollandais sur lequel nous avons commandé nos produits. Avec une différence de taille : au moment de payer, il affiche un message d’alerte sur les risques qu’il y a à consommer ces substances. Or depuis sa création en avril 2021, ce faux site a enregistré au moins 20.000 commandes. Il aurait pu potentiellement réaliser un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros en un an. Si les NPS restent moins consommées que le cannabis et la cocaïne en France selon les données de l’OFDT, ils sont donc clairement en train de se faire une place sur le marché de la drogue.

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3 MMC : moins chère et plus populaire que la cocaïne, la nouvelle drogue dure qui tue

Une nouvelle drogue de synthèse fait fureur dans les nuits parisiennes. Elle a tué sept personnes en 2021 sur les neuf personnes mortes d’overdose.

Par Stéphanie Bascou

Plus que jamais populaire dans les soirées parisiennes, et plus que jamais meurtrière : la drogue de synthèse 3 MMC aurait causé sept overdoses en 2021. Moins chère que la MDMA, l’amphétamine et la méthamphétamine et la cocaïne, ce dérivé de la plante de khat est particulièrement puissant, rapporte Le Parisien, lundi 21 novembre.

Sous forme de poudre blanche, de cristaux translucides ou encore de comprimés, ce psychotrope aurait des effets désinhibants et serait particulièrement addictif : il provoquerait « une intensification des sensations, un sentiment d’euphorie, avec une sensation d’énergie, une atténuation de la sensation de fatigue, un besoin incontrôlable de parler, et une sensation d’être plus proche des autres.

Il augmente la confiance en soi et procure une sensation de puissance », liste Drogues Info Service. On peut l’ingérer, le sniffer, l’injecter ou le plugger – l’insérer dans l’anus à l’aide d’une seringue sans aiguille, ajoute le site d’information.

Les effets secondaires, en plus de l’addiction, seraient particulièrement dévastateurs : des maux de tête, des nausées et des vomissements, des troubles de l’érection, des convulsions, des hallucinations, de la paranoïa, des crises d’angoisse, des complications somatiques cardiovasculaires et neuromusculaires, et parfois la mort.

Vingt-sept personnes en seraient mortes en Europe selon des chiffres de 2021 de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (l’OEDT). « L’overdose ce n’est pas une dose trop importante. C’est le corps qui ne supporte plus la perturbation », alerte un enquêteur spécialisé interrogé par Le Parisien. Une fois en sevrage, des troubles dépressifs peuvent durer pendant plusieurs semaines.

Cantonnée au « chemsex » avant de gagner le monde de la nuit

Existant depuis les années 2010 et apparue pendant le confinement, cette drogue se serait d’abord cantonnée à la communauté homosexuelle – prise pendant l’acte sexuel, une pratique désignée par le « chemsex » – avant de gagner le monde de la nuit parisienne.

Une des raisons de cet engouement est son prix, à moins de dix euros le gramme contre soixante-dix et quatre-vingts euros le gramme pour la cocaïne, note l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, l’OFDT.

« La 3 s’est complètement popularisée », déplore le spécialiste interrogé par nos confrères. Selon l’OEDT, la MMC « suscite (bel et bien) une inquiétude grandissante en Europe ».

Les équipes chargées d’enquêter sur ces réseaux de stupéfiants, si elles arrivent à démanteler les centrales d’achat, auraient du mal à s’attaquer aux sources d’approvisionnements en perpétuelle mutation. Car les trafiquants se fournissent non seulement directement aux Pays-Bas, mais aussi par simple commande sur Internet auprès de sites éphémères. Et ils n’hésiteraient pas à modifier la composition de la 3 MMC pour contourner la loi, rapporte le quotidien.

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