Pour venir à bout de la consommation de drogue et assurer une réinsertion des personnes atteintes d’addiction, 25 spécialistes formateurs d’agents chargés de la prise en charge des consommateurs de drogue injectable, ont reçu, le 13 octobre, leurs attestations de formation. Pendant cinq jours, ils ont été formés au Conseil national de lutte Sida (Cnls) par les spécialistes du Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (Cepiad).
Selon le Dr Idrissa Bâ dudit centre, cette démarche visant la décentralisation a permis la formation des acteurs qui vont à leur tour former d’autres agents intervenant sur le terrain.
Remettant les parchemins, Safiétou Thiam, Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), a indiqué que cette « formation vise à sensibiliser les personnes qui vont aller dans les régions pour former les formateurs dans la prise en charge des consommateurs de drogue ». Elle a souligné qu’ils disposent « depuis 2013, d’une stratégie de prise en charge des consommateurs de drogue démarrée dans le cadre de la lutte contre le Vih ». Car « les consommateurs de drogue sont une population clef pour la lutte contre le Vih, mais on connaît aussi l’importance de ce phénomène dans la société et la nécessité de prendre en charge les personnes victimes d’addiction à la drogue», a-t-elle expliqué.
A son avis, avec cette formation, il y aura une décentralisation dans la répartition des spécialistes de cette matière. « Nous avions commencé la prise en charge, mais elle était juste limitée au Cepiad à l’hôpital de Fann et dans les centres psychiatriques. Cette formation vise un peu à décentraliser et démocratiser la prise en charge des consommateurs de drogue. Car les personnels qui sont dans les régions ou dans d’autres structures auront les outils pour prendre en charge les consommateurs de drogue », indique la secrétaire exécutive du Cnls.
Mme Thiam propose aux formateurs d’avoir une approche pluridisciplinaire. D’où l’élaboration des manuels de formation pour standardiser la prise en charge qui est une nécessité pour notre pays.
Faisant partie des 25 bénéficiaires, Dr Mamadou Lamine Diouf, psychiatre et pédopsychiatre, reconnaît qu’il y a une grande consommation de drogues dures et d’injection de drogue à l’intérieur du pays, alors que les centres spécialisés se trouvent à Dakar. Compte tenu de cela, il soutient que les spécialistes formés pourront, à travers le pays, outiller les intervenants. Il plaide aussi pour la prévention en demandant aux familles de ne pas écarter les jeunes qui ont une addiction à la drogue, mais de les aider à temps.
Le professeur Aïda Sylla, chef de la Division de la Santé mentale, a salué, à son tour, cette formation qui permet, à son avis, de mieux prendre en compte ces malades dans leurs localités. Elle souligne qu’avec ces formateurs, la santé mentale, souvent considérée comme « taboue », va s’ouvrir à d’autres disciplines.
Oumar KANDE