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Addictions pour une offre de soin plurielles et équilibrée

par François Diot

Le débat sur la création de Haltes Soin Addictions (HSA) pour développer l’accompagnement dans l’usage de drogue de façon supervisée est aujourd’hui la proposition de nombreux soignants ou intervenants du secteur de l’addictologie en France.

L’Académie nationale de médecine n’est pas favorable à ce projet et déclare: « Les addictions aux substances psychoactives créent un état de maladie qu’il convient de traiter et non d’entretenir: priorité doit donc être donnée aux actions visant à aider le sujet dépendant à retrouver la liberté que la drogue lui a ôtée ».

Le soutien de la « Fédération Addiction », principale instance professionnelle, à ce projet de HSA, témoigne clairement que la question du dialogue avec l’Académie nationale de médecine de la sortie de l’usage n’est pas sa priorité. La question de l’usage du crack définit les limites de l’approche médico-sociale proposée par les professionnels, qui est malheureusement sans effet sur cette addiction, insensible aux traitements médicamenteux.

La réduction des risques a démontré son utilité chez les usagers de drogues pour prévenir les conséquences de l’usage en particulier sur le VIH qui désormais se soigne et le VHC que l’on sait guérir.

Comment continuer à être force de proposition alors que les objectifs d’il y a trente ans sont atteints ? (question cruciale pour un secteur dont c’est l’identité pour ne pas dire l’idéologie).

Le glissement vers l’accompagnement de l’usage pour prévenir les overdoses est aujourd’hui la nouvelle étape qui interroge sur ses objectifs et son efficacité pour entrer dans les dispositifs d’accès au soin.

Les orientations sur le soin sont très limitées, voire inexistantes après cinq années d’expérimentation de la salle de consommation à moindre risque située à proximité de l’hôpital Lariboisière (dans le quartier de la Gare du Nord), montre la difficulté de ces professionnels à accompagner vers la sortie de l’usage. A moins que cela ne soit plus l’objectif, tant l’accès au soin est progressivement remplacé par l’accompagnement dans l’usage ?

Les « militants », comme ils s’appellent, de la réduction des risques ne sont pas très présents auprès des usagers de crack de rue à qui, hormis la délivrance du matériel quand ils le font, n’ont pas grand chose à proposer. La problématique de l’obligation de soin que personne ne questionne chez les malades psychiatriques est impossible aujourd’hui à évoquer pour les usagers de crack qui ont souvent malheureusement des troubles psychiatriques et font des décompensations en pleine rue…

« Impossible car stigmatisant » vous diront ces « professionnels » qui fantasment «une alliance thérapeutique» avec les usagers de crack qui, «comprenez vous, doivent avoir le désir de se soigner et expriment une demande de soin».

De fait, c’est la même logique d’intervention que celle basée sur la demande qui au début de la réduction des risques a paralysé les professionnels du secteur pour intervenir auprès des usagers sur la question du SIDA où la demande d’arrêt de l’usage n’était pas la question. La réduction des risques n’avait,

il est vrai, pas encore été institutionnalisée par les médecins du secteur, toujours en retard, comme c’est malheureusement le cas encore aujourd’hui sur la question du soin.

Alors qu’ils étaient et sont toujours absents de la scène ouverte de la porte d’Aubervilliers, L’association d’Auto Support ASUD (association de santé communautaire prônant la décriminalisation de l’usage de drogues ) et des professionnels du secteur, sous le regard bienveillant d’élus de la Mairie de Paris, s’interrogent sur la stigmatisation des usagers de drogue et sur la « toxico-phobie ».

Outre l’indécence, eu égard au contexte dramatique, c’est surtout le décalage avec la réalité qui frappe, tant l’incompréhension de celui-ci et les besoins des usagers de rue est flagrante mais ne les empêche nullement de parler à leur place. En écoutant un neuropsychiatre américain invité pour l’occasion qui a décidé de faire son «coming out» sur son usage «récréatif» d’héroïne, qu’il ne considère pas comme addictive, sous l’écoute fascinée d’une importante association du secteur, pourtant très soucieuse d’une approche scientifique de la compréhension de l’usage.

Ce qui est formidable avec l’introduction de la notion de victime dans cette question de l’usage de drogue, c’est qu’elle permet aux professionnels et aux activistes de la réduction des risques de se positionner comme des défenseurs de ces usagers. Ces usagers sont fantasmés car en fait seule une poignée de militants d’une association de santé communautaire se sont arrogés leur représentation etparticipent à ce débat révolutionnaire …

Ce décalage entre les militants qui débattent sur une posture victimaire et une réalité de terrain où aucun usager ne se retrouvent dans cette association d’usagers questionne sur la légitimité de celle-ci qui, de ce fait, ne représente que ses membres, qui sont moins d’une centaine de personnes au niveau national. En revanche, son existence permet habilement à l’Etat qui la finance et aux professionnels qui la soutiennent d’avoir un interlocuteur pour justifier et adhérer aux orientations de l’approche sanitaire proposée ; orientation qui fait la part belle à la réduction des risque et qui évacue avec les traitements de substitutions et l’approche médico-sociale, la sortie de l’usage du débat.

Ou en est on aujourd’hui de la sortie de l’usage ?

La réduction des risques et son idéologie empêchent- t-elle de penser le soin et la sortie de l’usage de drogue ?

Comment expliquer qu’au lieu de redéployer les moyens sur le soin et la sortie de l’usage, le secteur souhaite contenir les usagers de rue dans des espaces de consommations supervisés qui impactent les quartier ou ils sont implantés ?

Les riverains qui financent ces dispositifs avec leurs impôts, n’ont-ils, eux, des droits ?

Quand l’idéologie prend le pas sur le soin, comme nous le constatons avec effarement, les réponses restent les mêmes et le secteur s’enferme dans une posture qui l’oblige à aller toujours plus loin du soin, (comme nous l’avons compris), et toujours plus près de l’usage (pour justifier de son financement et de son existence).

La réduction des risques isole ses militants dans une idée qui les empêche de penser globalement avec une ouverture d’esprit sur différentes approches thérapeutiques. Loin de vouloir nous opposer à celles ci, il est nécessaire d’étudier celles qui fonctionnent aussi en termes d’abstinence. Il n’est pas nécessaire de croire que celle-ci est impossible, les groupes d’entraide et le modèle Minnesota témoignent du contraire.

Prévenir les conséquences de l’usage de drogue est nécessaire mais pas suffisant. Il est possible de vivre sans consommer.

Le déséquilibre entre les structures prônant cette approche, qui ne sont que trois en France, et les structures ayant une approche médico-sociale où la réduction des risques est prédominante est avant tout dommageable pour les toxicomanes qui n’ont pas la possibilité de bénéficier d’une approche plurielle.

Le paradoxe de cette situation est qu’en accompagnant l’usage on enferme l’usager dans son addiction ; avec cette impossibilité de s’affranchir de la consommation et de retrouver sa liberté. Ce contresens flagrant des militants de la réduction des risques et de ses défenseurs démontre l’immobilité d’un secteur qui devrait proposer de sortir de l’usage pour permettre à l’usager de sortir de son addiction.

Si c’était le cas ce secteur devrait voir son activité se réduire au fil des années ce qui témoignerait de son efficacité …

La question suivante est que peut être que les médecins qui dirigent les associations financées ont peur de voir leurs dotations financières se réduire, tel des chefs d’entreprises dont l’activité progressivement se réduirait ?

Ce secteur a t il intérêt à sortir les usagers de drogue du dispositif de prise en charge ?

En étant les interlocuteurs de l’Etat dans la politique de soin qu’ils préconisent, bien loin des modèles thérapeutiques existant dans les pays anglo-saxons, nous assistons à un système qui ne peut reconnaitre ses errances car les enjeux économiques et sanitaire sont importants. Il s’agit, en effet chaque année, de huit cent trente millions d’euros de financement associatif, sans aucune obligation de résultat de sortie de l’usage de drogue…

L’Etat se retrouve de fait dans l’incapacité de reconnaitre les limites thérapeutiques d’un modèle qu’il finance depuis tant d’années. La cour des comptes devrait se pencher sur ce sujet et proposer après étude du secteur de nouvelles orientations…

Une question très importante me semble pertinente, combien de toxicomanes ou (pardon) d’usagers de drogues, sortent ils, chaque année, de l’usage de leurs drogues et deviennent abstinents de tout produit modifiant leur comportement ?

L’état finance depuis des années un secteur qui peine à évoluer, à s’interroger sur son modèle thérapeutique et où la réduction des risques est la Doxa officielle. C’est probablement faire preuve d’humanisme que d’exprimer de telles inquiétudes lorsqu’on dirige une association, car que deviendraient tous ces professionnels engagés avec autant d’énergie dans l’accompagnement plutôt que dans la sortie de l’usage ?

Il est compréhensible que la sortie de l’usage et le sous déploiement de certains modèles thérapeutiques, comme le modèle Minnesota (qui est pourtant une référence partout dans le monde), n’ait le droit de citer que dans trois structures en France. En revanche quelle débauche de structures pour quadriller le territoire national !

348 Centres de soin et de prévention en addictologie, 147 Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques, 570 Consultations jeunes consommateurs avec pour crédo la réduction des risques… Quand l’idéologie est à ce point présente au détriment de la sortie de l’usage on peut s’interroger sur l’utilité de continuer à financer des associations sans leur demander au moins une obligation de résultats…

Peut être que si l’Etat optait pour cette contrainte le secteur commencerait à nouveau à penser le soin plutôt que de s’enfermer dans l’idéologie ?

Dans un secteur qui a de fait une délégation de service publique, sans en avoir les obligations en matière de devoir de réserve, pouvons-nous imaginer de recentrer son activité sur le soin et donc la sortie de l’usage plutôt que sur le débat sur la légalisation de certaines drogues ?

Pouvons-nous raisonnablement rééquilibrer l’approche thérapeutique en développant des centres de traitement sur le modèle Minnesota qui est la norme validée scientifiquement partout dans le monde ?

Espoir du Val d’Oise (EDVO) est une structure non médicalisée qui, pour un coût journalier de 30 euros, permet à une cinquantaine d’ex-usagers de se reconstruire pendant un an. Quatre personnes sur 5 restent abstinentes à l’issue de ce parcours de soin. Son modèle thérapeutique est inspiré du modèle Minnesota.

Le coût d’entrée d’un usager dans un des 348 CSAPA est en moyenne de 200 euros, dans une salle de consommation à moindre risque de 75 euros. Ces structures ne communiquent pas sur leurs résultats en matière d’abstinence…

En France, seules trois structures sont inspirées d’une approche Modèle Minnesota, malgré l’efficacité et le coût nettement moins élevé que celui d’une approche médico-sociale… Derrière ce constat c’est la question de la médicalisation du soin qui est clairement posée.

Dans un centre de traitement les médecins désintoxiquent les patients et passent le relais à des thérapeutes eux même anciens patients en rétablissement chez Narcotiques Anonymes ou Alcooliques

Anonymes…La thérapie de groupe est la norme et le groupe est un puissant thérapeute. Les groupes Narcotiques Anonymes et Alcooliques Anonymes sont présents bénévolement dans tout le parcours de soin.

Que chacun retrouve sa place, les soignant dont le métier est de soigner et non pas de débattre sur la légalisation du cannabis ni sur la décriminalisation de l’usage de drogues.

Les usagers qui sont en droit d’avoir accès à une offre de soin équilibrée, où la sortie de l’usage ne soit pas l’exception, plutôt que l’infliction de traitements de substitutions au long cours.

Les politiques, les élus, dans un continuum de solutions concrètes étudiées et validées au niveau international, doivent prendre en compte les demandes des riverains qui n’ont pas à subir d’implantation de structures sans concertation.

Les usagers de drogues ont le droit de se soigner en apprenant à vivre sans drogues !

J’ose espérer que le soin l’emporte sur l’idéologie et que la raison l’emporte sur le militantisme avec une offre de soin plurielle et équilibrée.

Salles de shoot : le bilan vient de sortir

Jean Costentin 16 juin 2021 3 minutes de lecture

L’évaluation du fonctionnement des « salles de consommation à moindre risque », ou salles de shoot (SdS), de Paris et de Strasbourg intervient après six ans.

Aucun interviewé par les médias ne requiert leur fermeture ; au contraire, plusieurs propositions : les pérenniser en les multipliant ; en dédier au crack (forme fumée de la cocaïne) pour « la colline du crack » (porte de la Chapelle) et du « stalincrack » (rue de Stalingrad).

Notre CNPERT, non interrogé, demande :


– d’agir en amont pour tarir l’accès à ces drogues ;
– une assistance aux toxicomanes en nature, excluant les allocations en argent liquide permettant d’acheter ces drogues ;
– le traitement médical des victimes des toxicomanes en milieu spécialisé fermé, la Justice prononçant l’injonction de soins ;
– l’instauration d’une rupture avec le comportement injecteur. Sans rejeter le sevrage sans substitution, qui a donné de bons résultats, une substitution de l’héroïne par la méthadone (per os) ou la buprénorphine (sublinguale), à doses dégressives, visera l’abstinence (oubliée), pour restaurer un certain équilibre psychologique et une réinsertion sociale.

Loin d’une stratégie médicale humaniste et sanitaire, prévalent : interdiction d’interdire, renoncement, fatalisme, démagogie, satisfaction des pulsions toxicophiles, investissements sans retour pour l’Homme et pour la société.

Loin de prendre « les manettes du toxicomane » avant qu’il puisse s’en ressaisir, on lui autorise l’interdit, on adoucit ses injections, éliminant leur caractère dissuasif contribuant au ressaisissement. Une supervision médicale rassurante incite à « forcer » sur la dose, les overdoses plus nombreuses ne sont pas létales, étant rattrapées à temps par l’hôpital tout proche.
Sans ces SdS, par la libre disposition des seringues et l’information des toxicomanes, l’injection de drogues n’est plus responsable de contamination par le VIH ou les hépatites. La naloxone (antagoniste de l’héroïne), administrable en tous lieux et par quiconque, pallie une surdose de morphinique. Ainsi disparaissent les justifications invoquées pour la création des SdS.

Des médecins surveillent des individus s’injectant des drogues impures, aux doses inconnues (coupages), en solutions ni stériles ni apyrogènes. Ils les laissent ressortir dans des états où ils peuvent se livrer à diverses exactions. J’ai vu dans le quartier de Lariboisière un gaillard faisant de l’exhibitionnisme et un autre déféquant au milieu d’un trottoir… Interpellés, ils ne pourront rendre responsables les médecins qui les ont mis dans ce triste état, puisqu’on leur a fait signer un document les dédouanant de toute responsabilité.

Pour un bilan positif, on interroge leurs personnels médicaux qui ne tarissent pas d’éloges (sauvegarde des emplois oblige) et on demande la caution de l’Institut national des sciences et de la recherche médicale (INSERM) qui se prononce en leur faveur. Dans son « bilan », on ne trouve pas le nombre de ces pauvres hères ayant été détournés de leurs démons. L’INSERM se fourvoie dans des problèmes sociétaux, comme il l’a fait autrefois pour des instances qui voulaient légaliser le cannabis. N’ayant pas été suivis, les drames subséquents sont moins nombreux. Sur le cannabis, il serait dans son rôle d’expliquer aux citoyens ses effets épigénétiques, mettant en garde ceux en âge de procréer des risques pour leur progéniture.

Les riverains de la « SdS » parisienne estiment leur quartier sinistré. Le rapport répond que les seringues abandonnées y sont moins abondantes. Des éboueurs traquant ces seringues coûteraient moins que ces dispendieuses SdS…

Les défenseurs de ces SdS requièrent aussi la légalisation de toutes les drogues, recrutant par avance de futurs utilisateurs pour ces SdS.

Bientôt quatre nouvelles salles de shoot à Paris ?

Anne Souyris, adjointe Santé et Relations avec l’AP-HP du maire de Paris, vient de proposer la création de quatre nouvelles salles de shoot. Une aberration ne venant jamais seule, elle y adjoint (évidemment), pour satisfaire toute la population des toxicomanes, un bus itinérant pour aller au-devant des fumeurs de crack, dans les rues de la capitale.

Il y a quatre ans, le ministre de la « Santé », Marisol Touraine, assignait à ces salles de shoot un caractère expérimental dont les résultats devaient être analysés pendant six ans ; leur existence serait alors reconsidérée. Les résultats doivent être jugés si positifs que madame Souyris propose déjà d’en ouvrir plein d’autres. Ce fut pourtant dans la douleur que les habitants du quartier de la gare du Nord accueillirent cette salle ; douleur qui, d’ailleurs, n’est toujours pas calmée.

Cette grande première, qui n’a que deux ans d’existence, n’a été suivie que par Strasbourg, après une inconvenante course-poursuite pour savoir qui, de Paris ou de Strasbourg, pourrait se glorifier d’être la première ville à s’en doter – ainsi qu’à s’endetter, car leur coût de fonctionnement est exorbitant.

La proximité de l’hôpital Lariboisière venait sécuriser le processus d’accueil des « overdoses », justification principale du « Shootez-vous en toute sécurité ». Cela a été une incitation à l’auto-administration de plus fortes doses de drogues ; ainsi, le nombre d’« overdoses » s’est accru, mais la mortalité s’est réduite, du fait de la sécurité apportée par l’hôpital voisin.

Les deux arguments principaux de ces salles de shoot étaient, au nom de la « réduction des risques », la prise en charge des overdoses et la prévention de la contamination par les virus du SIDA et de l’hépatite C, résultant de l’échange de seringues contaminées. Ces deux arguments sont fallacieux.

On dispose, désormais, d’un agent bloquant les récepteurs sur lesquels agissent l’héroïne, la morphine, la méthadone et d’autres opioïdes, pour déclencher l’inhibition de la respiration, qui caractérise « l’overdose » ; il s’agit de la naloxone : Nalscue®, qui peut être administrée, en spray, par quiconque, en tous lieux, hors les salles de shoot.

Depuis longtemps, la contamination par le virus du SIDA n’est plus le fait des toxicomanes, qui accèdent librement et le plus souvent gratuitement à la fourniture de seringues et d’aiguilles. Elle est, principalement, le fait de pratiques homosexuelles masculines, avec des partenaires multiples, s’adonnant à des injections de drogues stimulantes pour leur permettre d’« assurer » (les cathinones sont très en vogue dans cette « indication »). On lira sur ce sujet le bulletin épidémiologique hebdomadaire du 19 septembre 2017 qui donne des chiffres précis obtenus à partir d’un questionnaire auto-anonyme réalisé en 2015.
On peut alors se poser la question si, plutôt que de salles de shoot supplémentaires, ce n’est pas d’« homo-sexodromes » dont la capitale devrait se doter.

Un collectif d’une dizaine d’associations agissant contre les toxicomanies (dont j’avais assuré la coordination) avait contesté, avec maints arguments à l’appui, le principe de ces salles de shoot ; l’Académie nationale de médecine ainsi que celle de pharmacie avaient exprimé, d’une façon très argumentée, leurs réserves. Ils n’ont pas été entendus.

Aujourd’hui, les personnels de ces salles s’appliquent à en justifier le bien-fondé (défense de leur emploi oblige) alors que les objections et critiques précédemment émises se vérifient chaque jour. Et l’on aboutit à ce grand écart entre ceux qui voudraient les faire fermer et ceux qui voudraient les multiplier.

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Une maison accueille des toxicomanes en grande précarité

Depuis un an et demi, l’association Blanzy-Pourre, en partenariat avec le centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues, teste un nouveau dispositif pour les personnes souffrant d’addictions. Elle permet l’accueil et l’accompagnement des consommateurs de drogues en grande précarité.

Les usagers peuvent consommer de la drogue à l’intérieur de la maison mais ils sont suivis par les médecins, éducateurs... du centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues. Ph illustration Pib

Les usagers peuvent consommer de la drogue à l’intérieur de la maison mais ils sont suivis par les médecins, éducateurs… du centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues. Ph illustration Pib – VDNPQR

1. Pourquoi une telle structure ?

Tout est parti d’un constat des équipes de l’association Blanzy-Pourre. La consommation de drogue dans la rue existe, mais les dispositifs d’aide aux usagers sont peu nombreux. Et impossible de laisser les consommateurs prendre des produits dans les centres d’hébergement d’urgence existants.

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Conseil de lecture

Le CNPERT vous recommande l’achat et la lecture du N° d’octobre 2016 de la

REVUE FRANÇAISE DE CRIMINOLOGIE ET DE DROIT PÉNAL   ( RFCDP N°7) 

Parmi ses articles :

p.67-84 :   LES « SALLES DE SHOOT » POUR TOXICOMANES

Faisant fi des exigences sanitaires, cette idéologie perverse brouille, à dessein, l’image et le statut des drogues illicites    Pr. Jean COSTENTIN

  1. 85-100 : NE LÉGALISONS PAS LES DROGUES Théodore DALRYMPE  médecin retraité qui a notamment exercé à l’hôpital de la prison de Birminghan (G.B.)
  1. 101-111 : ENTRETIEN avec Jean Paul BRUNEAU, à propos de l’association EDVO (dont il est président-fondateur) structure d’accueil de personnes majeures devenues abstinentes de toute drogue

 

Le numéro est vendu au prix de 20 euros (plus frais de port)

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ou Commander à : Institut pour la justice,  140 bis rue de Rennes – 75006  P A R I S

info@rfcdp.fr – Tel.  01 70 38 24 07

La France doit-elle se piquer d’expérimenter les « salles de shoot » ?

Voici un texte qui n’étonnera pas nos lecteurs et qui une fois de plus, souligne que notre pays choisit des « solutions » à l’encontre des observations faites dans plusieurs autres pays.

Notre Président, Le Pr Jean Costentin commentera cet article dans un prochain numéro de la lettre du CNPERT

Quatre ans après le premier rapport sur le sujet, le ministère de la Santé prévoit une expérimentation de salles de consommation de drogue à moindre risque (SCMR), surnommés « salles de shoot », pour une durée de six ans, selon l’avant projet de loi relatif à la santé dont l’AFP a obtenu copie.

L’expérimentation en pratique

Dans son article 8, le texte indique qu’« à titre expérimental et pour une durée de six ans» doivent être créés des espaces où seront « accueillis des usagers de stupéfiants et d’autres substances psycho-actives, majeurs, qui apportent et consomment sur place ces produits, sous la supervision de professionnels de santé et du secteur médico-social ».

Le projet indique aussi que cette expérimentation visera également à « mettre en garde les usagers contre les pratiques à risques, à les accompagner et leur prodiguer des conseils sur les modalités de consommation des drogues, afin de prévenir ou de réduire les risques de transmission des infections et les autres complications sanitaires, sans que les professionnels participent aux gestes de l’injection ».

Dans son exposé des motifs, le ministère rappelle par ailleurs que de telles salles existent dans plusieurs pays européens (Allemagne, Luxembourg, Espagne, Suisse) et que c’est fort du « bilan plutôt positif » de ces SCMR (dont 90 se situent en Europe sur 92 au total dans le monde) que le dispositif est testé en France. Ces salles ont aussi pour objectif de réduire les nuisances dans l’espace public.

Une évaluation de l’expérimentation aura lieu six mois avant sa fin.

Dans l’attente, ce projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres en septembre, pour un examen au Parlement début 2015. Les centres qui mettront en place ces salles de shoot seront ensuite désignés par arrêté du ministre de la Santé.

Rappelons qu’un centre de ce type devait voir le jour l’an dernier près de la gare du Nord à Paris. Son ouverture avait été annulé en octobre 2013 par le Conseil d’Etat qui avait recommandé, en préalable à toute expérimentation, l’adoption d’une nouvelle loi, afin d’assurer une meilleure garantie juridique au dispositif, la consommation de stupéfiants étant toujours interdite par une loi de 1970.

Un bilan si positif ?

Cette expérimentation est loin de faire l’unanimité.

Ainsi Joséphine Baxter, vice-présidente de la Fédération mondiale contre les drogues expliquait au Figaro en 2012 que ces salles « entretiennent la dépendance aux drogues au lieu d’aider les gens à s’en débarrasser » et affirmait qu’en Australie, la salle d’injection de King’s Cross, créée en 2001 à Sydney, est très controversée et qu’ aucun parti politique ne milite plus, d’ailleurs, pour d’autres ouvertures.

Les salles de shoot, augmenteraient aussi paradoxalement le risque d’overdose de ces usagers. Ainsi, l’association Drug Free Australia a démontré en 2006 que le risque était trente-six fois plus important d’avoir une overdose dans la salle que dans le quartier alentour ! « Les toxicomanes utilisent la présence de personnel médical comme une assurance contre les risques d’expérimenter des dosages plus forts d’héroïne », explique l’association.

Au Canada, ou de tels dispositifs existent depuis 2003, les autorités ont noté une augmentation constante de l’utilisation du Narcan,  administré en cas d’overdose.

Ces salles auraient aussi le désavantage (attendu) d’attirer les dealers à ses portes. « Ces endroits créent un effet “pot de miel” », notait ainsi Joséphine Baxter. Même constat en suisse et au Pays-Bas. A Genève, où se situe le Quai 9, une des premières SCMR, « l’avis des experts est peut-être très positif, mais pas celui des riverains ! », fustigeait en 2012 au Figaro Patrice Bo-Sieger, de l’association Dites non à la drogue. « Les dealers prolifèrent, parfois agressifs. C’est comme un supermarché, avec plein de petites boutiques tout autour… Des gens viennent même de France pour s’acheter leur dose ».

Même constat aux Pays-Bas, qui compte une quarantaine de sites dans quinze villes. « Il y a deux ans, je suis allé voir une salle d’injection dans le quartier rouge à Amsterdam, raconte Serge Lebigot, président de Parents contre la drogue. Il n’y avait presque personne à l’intérieur, mais une vingtaine de trafiquants autour, et sous les portes cochères, en plein jour, des gens qui se piquaient. La police n’a pas le droit d’intervenir dans un certain périmètre autour des salles.».

Ces salles, qui donnent par définition une plus grande visibilité et accessibilité aux drogues injectables, entraineraient egalement pour certains une augmentation de la consommation. Ainsi, en Allemagne, qui compte une vingtaine de salles, si le nombre de décès liés à la drogue a baissé de 20 % en 2011 par rapport à 2010, le nombre de nouveaux consommateurs aurait grimpé de près de 15 % sur la même période (sans qu’une relation causale entre les deux phénomènes soient bien sûr démontrée).

Sans oublier le problème majeur de l’utilisation d’héroïne de « mauvaise qualité », à la posologie incertaine et contaminée par des micro-organismes, qui peut faire se demander s’il ne serait pas préférable que des médecins fournissent une héroïne pharmaceutique en même temps que le matériel nécessaire à l’injection.

Tout n’est pas noir au pays de la salle de shoot !

Malgré ces réserves il faut rappeler que plusieurs études européennes ont démontré une réduction des comportements à risque chez les toxicomanes qui fréquentent les SCMR. Ainsi, 37 % des utilisateurs ont affirmé avoir amélioré leur mode de consommation. Par exemple, à Berne, presque tous les usagers ont indiqué avoir utilisé du matériel stérile.

Point important qui semble unanimement salué et notamment par un rapport de l’Inserm publié en  2010, ces « centres d’injection supervisés » permettent de diminuer les risques infectieux liés à la prise de drogues injectables et de toucher des populations exclues, en facilitant leur intégration dans un parcours de soins.

Frédéric Haroche

Source

Salles de shoot : l’Académie de médecine toujours vigilante

Paris, le lundi 18 novembre 2013 –

Au lendemain des déclarations du ministre de la Santé ayant annoncé sa volonté de voir expérimenter les salles d’injection à moindre risque d’ici la fin de l’année, l’Académie de médecine indique avoir créé un groupe de travail sur le sujet afin de « procéder à une analyse des implications sanitaires, compassionnelles, économiques et réglementaires » d’une telle évolution. Elle souhaite également évaluer les conséquences de l’ouverture de tels centres sur l’opinion publique.

Source

Nos principales objections à l’instauration (« expérimentale ») de salles médicalisées pour l’injection de drogues aux toxicomanes.

Professeur Jean Costentin Président du Centre National de Prévention, d’Etude et de Recherche sur les Toxicomanies (CNPERT) – Membre titulaire de l’académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen

Conférence  lors de la séance publique de cette académie, le 14 septembre 2013

Alors que la puissance publique, soumise à de fortes pressions idéologiques, vient     d’autoriser l’instauration, à titre expérimental, de salles médicalisées pour l’injection de drogues aux toxicomanes, je me sens pressé d’exprimer, contre les vents médiatiques dominants, les nombreuses objections que soulève cette décision.

Pour en traiter dans sa globalité il parait souhaitable de situer ce sujet dans le contexte national et international des toxicomanies ; d’évoquer ensuite, afin d’y répondre, les principaux arguments avancés par les défenseurs de cette initiative et, enfin, de détailler les nombreuses raisons qui condamnent, sous les aspects de la logique, de l’éthique et de la pratique, ce qui correspond, non pas à une fausse bonne idée, mais à très vraie mauvaise idée.

  I – Contexte national et international des toxicomanies

La situation des toxicomanies en France confine à un désastre, à un fiasco sanitaire, social et sociétal. Ce constat débute dès le niveau des deux drogues licites que sont le tabac et l’alcool, dont le nombre très élevé des consommateurs dépendants est, évidemment, lié à leur caractère licite.

Le tabac recrute ses adeptes, à partir d’un âge de plus en plus précoce. Quinze millions de nos concitoyens sont incapables de s’en détacher. Ceci survient en dépit du fait que le tabac ne perturbe ni le jugement, ni la personnalité, ni la volonté, ni les performances intellectuelles, alors qu’il n’attente pas à la capacité psychologique de s’en détacher. Cette situation résiste aux campagnes réitérées qui rappellent ses dangers, aux interdictions de sa consommation dans les lieux publics, à l’interdiction de sa vente aux mineurs (majoritairement non respectée), à son bannissement des cours de récréation, à la lutte contre le tabagisme passif, à l’augmentation substantielle de son prix, etc. Ce tabac est, chaque année, en France, responsable de 75.000 morts ; soit de 200 morts chaque jour ; il est la première cause de mort évitable ; un fumeur sur deux mourra d’une cause en relation avec sa consommation tabagique. Ceux qui n’en meurent pas, ne sont pas dispensés de nombreux troubles pouvant altérer leur qualité de vie. Citons : les amputations liées à l’artérite des membres inférieurs ; les stents implantés pour dilater les artères coronaires rétrécies dans l’angor ; les séquelles d’infarctus du myocarde non létaux ; les séquelles neurologiques d’accidents vasculaires cérébraux ; l’essoufflement permanent du patient ayant une broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO), etc. Ainsi le plaisir que peut faire éprouver le tabac parait  d’un bien faible niveau comparé aux risques associés à sa consommation, avec ses voluptueuses volutes tueuses…

L’alcool, sous ses nombreuses déclinaisons, est un autre drame sociétal. Parmi ses  diverses présentations, dénonçons celles destinées à piéger les plus jeunes ; ces « premix » qui dissimulent la saveur de l’alcool derrière les bulles de gaz carbonique, les saveurs sucrées et les parfums attrayants. Ce premier pli étant pris, viennent alors les alcools forts ; les « shooters », qui font atteindre la « zone gâchette », ce degré d’alcoolisation qui empêche de réguler une consommation ultérieure, qui s’envole alors vers les Vodka, Gin, Cognac, Calvados, Rhum… au service (sévices) des alcoolisations aigues ; la « biture expresse », le «binge drinking ». Le piège fonctionne hélas très bien. Une thèse, que j’ai dirigée en 2012, dénombrait les comas éthyliques déclarés par les étudiants de Lettre et ceux de Pharmacie de l’université de Rouen. Environ 10 % d’étudiants des deux premières années de ces facultés déclaraient avoir présenté un tel coma une fois dans l’année. Le pourcentage, lors de la quatrième année de ces études passait à 30% en pharmacie et à 24% en Lettres. Ce constat intervient alors que des études expérimentales montrent que les alcoolisations aigues chez les sujets jeunes ont des effets neurotoxiques pour leur cerveau en pleine phase de maturation et, de plus, qu’elles recrutent, avec une plus grande fréquence, une alcoolo-dépendance à l’âge adulte.

Quatre millions de nos concitoyens sont alcoolo-dépendants, je n’ai pas dis alcooliques. Ils sont en fait incapables, au moins un jour chaque semaine, de s’abstenir de la consommation de toute boisson contenant de l’alcool. Six pour cent de ces sujets alcoolo-dépendants consomment, à eux seuls, plus de trente pour cent de la totalité de l’alcool bu dans notre pays ; ceux là sont désignés, avec une connotation péjorative dont on devrait se détacher, les alcooliques. Il s’agit en effet de grands malades, qui se sont fait piéger par l’alcool, si présent dans nos traditions, rendu si tentant et si facilement disponible. Le conseil de modération que le lobby alcoolier feint de véhiculer ne parait pas, en toute logique, marqué du sceau de la sincérité car, s’il était effectivement suivi, il réduirait de plus d’un tiers son chiffre d’affaire…..

Une étude épidémiologique récente rend l’alcool responsable, en France, de 49.000 morts annuelles, soit près de 135 morts chaque jour. Là aussi, derrière ces chiffres qui déjà interpellent notre émotion et nos consciences, se profilent maintes détresses : handicaps d’accidents non mortels, femmes battues, enfants violentés, déchéance sociale, perte d’emploi, etc. La consommation d’alcool qui avait baissé de près de 50% au cours du demi siècle écoulé repart à la hausse ; en particulier sous l’impulsion du lobby alcoolier, qui s’applique à « détricoter » les heureux effets de la loi Evin, interdisant la publicité des boissons alcooliques.

Viennent ensuite les drogues illicites avec, en pole position, le chanvre indien / le cannabis. Cette drogue m’est particulièrement familière, après que je lui ai consacré des études expérimentales, quatre livres, de nombreuses revues et plusieurs centaines de conférences. Pour ne pas me laisser happer par cette focalisation d’attention, je l’évacuerais  en trois phrases et quelques chiffres. Les français sont, en Europe, ses plus gros consommateurs, avec 1.700.000 usagers réguliers et plus de 650.000 usagers quotidiens / multi quotidiens ; 300.000 de nos gamins, entre 5ième et 3ième, au collège, s’en sont déjà approchés ; or « plus tôt l’essayer c’est plus vite l’adopter et plus intensément se détériorer ».

La liste impressionnante de ses fréquents méfaits physiques et psychiques ne dissuade toujours pas certains idéologues irresponsables de militer pour sa légalisation. Elle aurait inéluctablement pour effet d’accroître le nombre de ses consommateurs qui, à tout le moins, tendrait vers celui des alcoolo-dépendants et, pire encore, vers celui des fumeurs invétérés de tabac.

Sur l’échelle des toxicomanies le barreau situé au dessus de celui du cannabis est celui du chlorhydrate de cocaïne (la  neige) sniffée, ou de la cocaïne base (le crack), inhalée ; ainsi que des amphétamines, dont la consommation s’accroit de façon inquiétante.

Le barreau encore au dessus est celui de l’accès aux morphiniques, via les « médicaments de substitution à l’héroïne », la méthadone et la buprénorphine à haut dosage ou Subutex®. De jeunes toxicophiles se les procurent à bas prix, puisqu’il s’agit de la revente d’un produit qui a été remboursé à l’héroïnomane par la sécurité sociale. Cette revente permet à l’héroïnomane d’acquérir sa chère héroïne. Ainsi, le Subutex®, d’un prix très élevé pour la collectivité, assure aux héroïnomanes la gratuité de leur héroïne et contamine aux opiacés de jeunes toxicophiles, qui n’étaient pas encore « addicts » à cette classe de drogues. L’entrée dans cette nouvelle addiction les incitera bientôt à accéder au plus haut barreau de cette échelle, celui de l’héroïne!

Indiquons aussi que le Subutex®, développé pour faire rompre l’héroïnomane avec le comportement injecteur et pour le prémunir des risques de contamination par les seringues, est désormais détourné, pour son injection par voie intraveineuse ! Voilà comment une bonne idée, mal gérée, peut contribuer à la ruine des comptes sociaux et à un véritable désastre sanitaire. L’enfer de la toxicomanie est décidément pavé de beaucoup de bonnes intentions (affichées du moins a priori comme telles).

Au sommet de l’échelle des toxicomanies, trône, on l’a dit, la plus détériorante de toutes les drogues, l’héroïne. Sa production, majoritairement Afghane, n’a cessé de s’accroître malgré la présence en Afghanistan d’une coalition militaire internationale ; elle ne manquera pas d’exploser après son prochain retrait. L’addiction à l’héroïne, en France, concerne près de 250.000 victimes.

Dans leur tentative de banalisation des drogues, certains se sont escrimés à contester la notion d’escalade. Cette contestation était indispensable au développement de leurs messages  permissifs concernant l’occupation des barreaux du bas de l’échelle des toxicomanies ; en particulier celui du cannabis. Ces contestataires de l’escalade militent, de longue date, pour sa légalisation, n’hésitant même pas à le travestir en médicament ! Curieusement, ce sont souvent ces mêmes qui, aujourd’hui, découvrent le phénomène toxicomaniaque comme une entité, un continuum, dans lequel ils ne veulent plus que soient distinguées les drogues dites douces, des drogues dites dures. Ces mêmes qui, pour ne pas se déjuger, parlent désormais de poly toxicomanies. On leur fera remarquer que les poly toxicomanies qu’ils constatent sont encore plus graves que l’escalade qu’ils contestaient. Dans l’escalade on abandonne un barreau pour accéder à celui du dessus, puis au suivant. C’est-à-dire qu’on abandonne une drogue pour s’adonner à une autre, plus « puissante ». Dans les poly toxicomanies, par contre, on rajoute une drogue sans supprimer celles déjà consommées ; le toxicomane garde un pied sur le barreau alcool, pose l’autre sur le barreau cannabis ; il saisit d’une main le barreau cocaïne ou amphétamines et saisit de l’autre main le barreau héroïne. La revendication permanente du toxicomane s’exprime « toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort ». Plus le comportement addictif se développe précocement et plus son empreinte est profonde et durable, confinant souvent à l’indélébilité (autant qu’à la débilité….).

Je conclurais ce propos introductif en insistant sur le fait que la France, plus que les autres pays Européens, est confrontée à une véritable pandémie toxicomaniaque, contre laquelle elle se défend moins bien que d’autres états. Comme partout ailleurs, on est très démuni quand il s’agit de faire rompre le toxicomane d’avec ses drogues, de le traiter, de le guérir. L’action doit donc porter très fortement sur la prévention. Disons, de façon métaphorique, que ne sachant extirper de la marmite de la drogue le toxicomane tombé au fond, l’essentiel de l’action doit s’exercer pour maintenir son couvercle bien fermé, afin de prévenir la chute d’autres victimes. Face à ces constat, il n’y a plus aucune place pour l’ignorance, l’indifférence et moins encore la complaisance ; plus aucune place non plus pour l’émission de messages brouillés, équivoques, et moins encore permissifs, comme celui véhiculé par les « salles de shoots » pour toxicomanes.

Intéressons nous maintenant aux infortunés malades égarés au sommet de l’échelle des toxicomanies, qui s’injectent leur drogue par voie intraveineuse (l’amphétamine, la cocaïne, la buprénorphine et, bien sûr et surtout, l’héroïne. Ces injections leur procurent le maximum des sensations qu’ils puissent ressentir, c’est le « shoot », le « flash », le « high » ; sorte d’arc électrique, de sensation pseudo-orgasmique.

Le comportement injecteur, par le prêt des aiguilles et des seringues contaminées par le sang du prêteur, a été grand pourvoyeur d’hépatites B, C et, pire encore, du SIDA. C’est pour réduire cette modalité de contamination qu’a été mis en place (à l’époque où madame M. Barzach était ministre de la Santé) un accès facile, voire gratuit, aux seringues et aiguilles (1987). Elles furent ensuite en vente libre dans les pharmacies, ainsi que les coffrets Stéribox (1994). Ces matériels sont même gratuits dans certains centres (« dispensaires de vie » ou « boutiques »). Ces dispositions ont porté des fruits en matière de réduction des risques infectieux, au point qu’aujourd’hui la contamination par le prêt de seringue est devenue insignifiante. On ne s’est pas appliqué à déterminer l’incidence de cette facilité sur le nombre de toxicomanes injecteurs.

La contamination virale est désormais surtout homo et hétéro-sexuelle. Elle peut concerner des toxicomanes qui, sous l’empire de leurs drogues, donnent libre cours à leur sexualité sans recourir à des préservatifs. Les salles de shoots n’y changeraient rien.

La nouvelle version du Stéribox comporte une cupule pour dissoudre la drogue, ce qui est opportun, mais aussi un filtre adaptable sur la seringue, afin de retenir les particules des comprimés sublinguaux de Subutex®, qui sont maintenant détournés de leur usage sublingual, pour faire l’objet d’injections intra veineuses. Voila donc un « médicament »,  développé pour permettre à l’héroïnomane de rompre avec son comportement injecteur et, partant, pour réduire les risques qui lui sont associés, qui est maintenant injecté par voie intra veineuse, dans le silence assourdissant des «addictologues patentés».

Une association de buprénorphine (Subutex®) et de naloxone, la Suboxone® est désormais disponible sur le marché français. Elle a été conçue pour rendre impossible le détournement par injection intraveineuse de la buprénorphine, car elle susciterait, chez celui qui se l’injecterait un syndrome d’abstinence, qui le dissuaderait de réitérer. Cette association a de plus l’avantage de réduire la constipation opiniâtre qu’induit souvent le Subutex® utilisé par la voie sublinguale (voie normale d’administration). Il a fallu, curieusement, beaucoup de temps pour que cette association apparaisse sur le marché français. Maintenant qu’elle y est présente, elle est, plus curieusement encore, boudée par nos addictologues prescripteurs, au point que le laboratoire envisagerait d’arrêter sa commercialisation en France. Pour compléter ces informations indiquons que les formes génériques du Subutex® ont du mal à prendre pied. Elles seraient moins faciles à injecter. Le coût du « Subu » pour les caisses d’assurance sociale est considérable ; situé en deuxième ligne du « hit parade » de tous les médicaments (prix unitaire multiplié par le nombre annuel de prescriptions). Le nombre de médecins qui le prescrivent est restreint. Chaque prescripteur reçoit ainsi chaque jour de nombreux toxicomanes, ce qui ne lui laisse évidemment pas le temps d’une prise en charge psychologique de ces patients qui en ont, pourtant, tellement besoin. Pour en terminer avec ce Subutex®, il faut savoir qu’il n’est jamais (ou presque) administré à doses dégressives, pour viser une abstinence complète, à plus ou moins long terme. Il est en fait administré, ad vitam, à dose fixe, quand ce n’est pas à doses croissantes. Cette pratique maintient chroniquement le patient dans un état de précarité, que la moindre « contrariété » fera replonger dans sa trop chère héroïne…. Réduction des risques, que d’erreurs graves, à des prix somptueux, on commet en ton nom.

II – Arguments avancés par les partisans de ces salles médicalisées d’injections de drogues aux toxicomanes (que nous désignerons « salles de shoots »)

A – Ces salles de shoots permettraient de réduire les risques de contamination associés au  prêt du matériel d’injection

Nous avons dit que la politique de prévention du prêt des matériels d’injection est mise en œuvre depuis plus de 20 ans. Ce matériel abonde, au point que ses utilisateurs l’abandonnent parfois sur place, ce que devrait prévenir l’échange des seringues (une utilisée contre une neuve). Les toxicomanes accueillis dans ces salles de shoots auraient un si long passé de toxicomanie, qu’ils seraient contaminés de longue date s’ils n’avaient respecté depuis le début de leur pratique d’injection, cette règle élémentaire de l’absence du prêt de matériel d’injection. On ne veut quand même pas imaginer que dans l’esprit de leurs promoteurs les salles de shoots soient les C.P. (cours préparatoires) de l’injection des drogues, accueillant des novices afin de leur enseigner comment s’injecter proprement leurs drogues. Les contaminations virales déjà évoquées sont désormais principalement d’origine sexuelle. Les salles de shoots n’y changeraient rien ; elles n’empêcheraient pas qu’au sortir de celles-ci, sous l’empire de la drogue qu’ils viennent de s’injecter ou que l’on vient de leur injecter, les toxicomanes ne se livrent sans préservatifs à des ébats sexuels.

B – Ces salles amélioreraient le confort de ces injections

De fait, ces injections sont pratiquées à la sauvette, dans des conditions inconfortables, sous un porche, assis sur des marches, en se cachant sous des ponts ou des cages d’escalier. Le confort nouveau qui serait offert aux toxicomanes n’est pas de nature à les dissuader de poursuivre leur errance. La drogue, calme, au calme, au chaud, confortablement installé, avec le sourire de l’infirmière, et même un café et des biscuits en attendant, seraient autant d’attraits supplémentaires facilitant l’ancrage dans ce comportement. On sait, par contre, que sur un mode Pavlovien, l’inconfort associé à l’administration d’une drogue diminue l’appétence qu’elle suscite. C’est un des éléments forts qui préside à l’efficacité du « sevrage sec ». Une très douloureuse abstinence, incite le toxicomane à s’en souvenir et à hésiter davantage avant de renouer avec son addiction antérieure.

C – Ces salles amélioreraient l’image de la rue, du quartier.

S’il peut paraître, à certains égards, souhaitable de dissimuler de la vue des enfants le pitoyable spectacle de ces pauvres épaves humaines, affalées sous des porches, on peut aussi mettre en balance l’efficacité pédagogique de l’horreur que pourrait susciter ces pratiques toxicomaniaques. En Suède, pays exemplaire pour la maîtrise des toxicomanies, on apprend dès la maternelle aux bambins, à trembler à l’audition du mot drogue comme à celle du mot loup…

Les seringues et les aiguille qui trainent sur les trottoirs ou dans les espaces verts doivent faire l’objet de mises en garde auprès des enfants. Dans ces quartiers une vigilance redoublée des cantonniers peut pallier cette situation. De plus, par le biais du don d’une seringue neuve en échange de la restitution d’une seringue déjà utilisée, ces seringues usagées abandonnées devraient être rares; très en deçà de la médiatisation qui en est faite pour justifier ces salles de shoots.

D – Ces salles assainiraient l’ambiance du quartier.

Qui peut raisonnablement imaginer que ces salles de shoots purifieraient l’ambiance du quartier ? En tous cas pas les riverains du quartier de la Gare du Nord à Paris, qui se mobilisent pour qu’une telle salle de shoots ne leur soit infligée. Une « votation citoyenne », organisée sur ce thème, a exprimé un rejet total, à une écrasante majorité. Ces riverains savent qu’une telle salle concentrera les toxicomanes qui viendront la fréquenter. Dans une des salles installée en Suisse, le nombre de passages quotidiens autorisés à un même toxicomane est limité (si j’ose dire) à six. De ces salles de shoots ressortent des individus apaisés, tirés par leur chien, dans un état d’équilibre postural et psychique très variable d’un sujet à l’autre et d’une dose à l’autre. Comme il est prévu, en l’état du projet, que le toxicomane accédera à la salle de shoots avec sa drogue, elle lui sera proposée à l’extérieur ; ainsi, outre les toxicomanes, le quartier concentrera également les dealers. Il est déjà été exprimé que la police ne viendrait pas troubler par sa présence la quiétude du négoce…

E- Ces salles permettraient de capter les toxicomanes très marginalisés pour les introduire dans des filières de prise en charge.

Ce serait donc la stratégie de grains jeté aux moineaux, pour les attirer, afin de leur faire tomber le filet sur la tête. Cette stratégie feint d’ignorer la multitude d’autres filets qui, à prix d’or, ont été mis en place ; nous nous limiterons à les énumérer :

-Les CAARUD : Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (135 étaient recensés en 2010) ;

-Les CSAPA : Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (il y en a plus de 260) ;

-les CCAA, centres de cures ambulatoires en alcoologie, qui ont vocation à devenir des CSAPA  (ils sont 250, ce qui fera 510 CSAPA) ;

-Les centres spécialisés de soins aux toxicomanes en milieu pénitentiaire ;

-Les hébergements d’urgence ou de transition ;

-Les réseaux d’appartements thérapeutiques ;

-Les réseaux de familles d’accueil ;

-Les unités d’hospitalisation spécifiques pour toxicomanes (hospitaliers) avec leurs lits de sevrage ;

-Les dispensaires de vie ou « boutiques » ;

-Les « sleep-in » ……Ajoutons à cela

– Les centres type Croix Rouge ;

-Les centres de dispensation de la méthadone, ainsi que les « bus méthadone » qui vont à la rencontre des utilisateurs ;

– La très large dispensation de la buprénorphine à haut dosage, la BDH, illustrée par le  Subutex®, le « Subu » et ses génériques….

Tous ces dispositifs sont, on s’en doute, d’un coût énorme. Un certain nombre de ces dispositifs sont privés, ce qui ne les empêche pas de bénéficier de subventions de l’Etat, qui ne contrôle manifestement pas ce qu’ils en font. Ainsi, l’association Asud (Autosupport des usagers de drogues) bénéficie d’une subvention annuelle de 230.000 € ; émanant de la direction générale de la santé (DGS), de l’institut de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), de la direction francilienne des affaires sanitaires et sociales, du conseil régional d’Ile de France. Son logo, de façon non équivoque, est une seringue. Asud fait, sur son site internet, en totale contravention à la loi, la promotion de la culture du cannabis ; elle prodigue des conseils pour accroître sa productivité. « Cerise sur le gâteau », une de ses très récentes publications (août 2012) teste, d’une façon comparative, à l’usage de ses lecteurs, les charmes de 50 drogues différentes….

Accepter ces salles de shoots revient à admettre l’inutilité des dispositifs ruineux mis en place en amont. « Quand il n’y en a jamais assez, il faut se poser la question de savoir si l’on n’en a pas fait trop ». Avant d’aboutir à ce constat de faillite que serait le recours à cette extrémité des salles de shoots, il est indispensable de se livrer à une analyse minutieuse et détaillée de tous ces dispositifs, de revoir leur cahier des charges, de s’assurer du respect de celui-ci, de la qualité des acteurs impliqués, de leurs actions, de leurs coûts et de leurs résultats.

F – Ces salles de shoots fonctionneraient à l’instar de ce qui se fait dans plusieurs autres pays

Parmi les états concernés : La Suisse (12 centres en 8 villes) ; l’Allemagne (25 en 16 villes), l’Espagne (6 en 3 villes), l’Australie (1) ; le Canada (1) ; le Luxembourg (1) ; la Norvège (1); celui qui vient en tête est la Hollande (avec 45 centres en 4 villes).

Ces pays n’ont pas mis en place l’énorme et ruineux dispositif dont la France s’est dotée (tel qu’on l’a présenté). Dès lors on conçoit que n’ayant pas fait grand-chose pour leurs toxicomanes, soit venu pour eux le moment ultime où il leur a bien fallu faire quelque chose. C’est ainsi que l’on peut comprendre cette extrémité des salles de shoots à laquelle ils ont dû se résoudre. En l’occurrence l’exemple français devrait beaucoup plus utilement les inspirer, que nous ne devrions nous aligner sur leurs carences.

G – Ces salles de shoots auraient un caractère expérimental.

Encore un bel exemple de manipulation de l’opinion. Ne pouvant nous faire avaler la couleuvre d’un seul trait, elle nous est découpée en rondelles. Notre pays n’a pas la culture de l’expérimentation. Tout ce qu’il écrit, surtout au terme d’un débat houleux, se retrouve gravé dans le marbre. En France, le char de l’état ne dispose pas de marche arrière. Voyez, par exemple, la « méthode globale » pour l’apprentissage de la lecture, l’âge de départ en retraite, les horaires scolaires,  les 35 heures hebdomadaires de travail, etc.) ;sitôt dit et définitivement écrit.

Puisque ces dispositifs des salles de shoots existent à l’étranger, il n’est pas utile de refaire chez nous l’expérience. Une démarche qui se pare de prétentions scientifiques ne saurait consister à refaire les expériences d’autrui. On doit s’appliquer à les analyser soigneusement, objectivement, sans se laisser influencer par l’autosatisfaction de ses organisateurs (organisateurs de galas conçus au profit des organisateurs de galas) ; en mettant cette analyse en perspective avec les autres dispositifs. On l’a déjà dit, nous n’avons rien à apprendre des pays  qui n’ont pas bâti ni investi autant que nous l’avons fait pour les toxicomanes. Notre effort nouveau doit se porter sur l’analyse des insuffisances et des ratées de notre dispositif. Ces insuffisances doivent être nombreuses puisque ce très complexe et très couteux dispositif n’est pas parvenu à prévenir ce qu’il devait empêcher. L’activité des addictologues les plus tonitruants pour requérir ces salles de shoots devrait être analysée d’une façon aussi urgente que prioritaire, en s’aidant de beaucoup de regards extérieurs. Ce sujet dépasse les limites de l’autogestion, de l’autosatisfaction et des petits arrangements entre amis.

III – Nos propres arguments, au delà de la réponse à ceux d’autrui.

 

A – Au plan de la logique médicale,

On ne saurait se départir de la logique médicale qui tient pour proprement aberrant le fait d’administrer à un patient le toxique, qui est à l’origine de son intoxication, c’est-à-dire à l’origine de cette maladie très grave qu’est l’héroïnomanie.

B – Au plan de l’éthique médicale,

Il convient de rappeler qu’en prêtant le serment d’Hippocrate, à l’issue de la soutenance de sa thèse, le jeune docteur en médecine s’engage à ce qu’au cours de sa carrière médicale, ses compétences ne serviront pas à corrompre les mœurs. Or ces salles de shoots seraient de très mauvais signaux envoyés aux plus jeunes, dédramatisant, banalisant l’image des drogues, conduisant, comme on va le voir, à la dépénalisation et à la légalisation rampante des drogues.

C –  Au plan de la responsabilité médicale

Autre facette de « l’enfumage » de l’opinion, le toxicomane arriverait dans ces salles de shoots avec sa drogue. Dans ces conditions le médecin superviserait, voire même procéderait à l’administration intra-veineuse d’un produit dont il ne connait pas la nature, dont il ne connait pas la concentration ; or on sait combien ces drogues, par le jeu de coupages successifs, sont adultérées par des ingrédients variés, qui ajoutent à la drogue leur propre toxicité. Le médecin accepterait que soit effectuée l’injection parentérale de substances qui ne seraient ni stériles ni apyrogènes.

– Le toxicomane, rassuré par un environnement médicalisé, serait tenté d’aller vers les plus hautes doses de drogues ; donnant libre cours à son « toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort ». Ainsi, le rôle du médecin consisterait à être présent sous la fenêtre ouverte du suicidaire pour rattraper celui qui en saute. Cela ne correspond pas aux objectifs de ceux qui s’engagent dans la filière médicale, animés qu’ils sont par une vocation au service de la guérison…

– Qui serait alors responsable des overdoses / surdoses, voire des décès survenus dans ces lieux ?

– Si au sortir de la salle de shoots, sous l’empire de la drogue injectée, le toxicomane se livrait à une exaction, qui en serait responsable ? Il pourrait, sur les conseils d’un avocat, se retourner vers la salle de shoots, en soulignant que c’est là qu’on l’a mis dans un état dans lequel il ne pouvait plus rien maîtriser.

– Bien vite ces médecins des salles de shoots, voudront disposer d’une héroïne de qualité médicale, pure, stérile, apyrogène… Mais avec quel argent l’acquerrait le toxicomane qui ne pourrait plus compter sur ses opérations de coupage pour prélever sa dime au passage ?  Bientôt il faudra la lui offrir, comme on le fait déjà pour la méthadone ou pour le Subutex®! Ainsi se trouverait exaucé le vœu suprême de l’héroïnomane : « Ma drogue, de qualité optimale, dans la quantité que je veux, à la fréquence que je veux, gratis, au calme, au chaud, bien installé, avec le sourire de l’infirmière et une petite collation ». On ne voit rien de dissuasif dans tout cela qui puisse l’inciter à rompre avec le comportement toxicomaniaque injecteur, et moins encore avec la drogue. Cela aurait même un évident effet d’appel. On verrait bientôt le « Guide du camé », s’enrichir, sinon d’étoiles comme au Michelin, mais, plus prosaïquement, de seringues, pour comparer ses salles de shoots…

D – Au plan de la loi actuelle.

Comment la puissance publique pourrait elle accepter, eu égard à la loi qui interdit l’importation, le commerce, la détention, l’utilisation des drogues, qu’en des lieux financés par ses deniers (nos impôts) ces drogues puissent être vendues librement à l’entour et librement utilisées à l’intérieur. Ces squats de la santé, décidés et financés par la puissance publique, contreviennent à la loi (l’association « Parents contre la drogue » présidée par S. Lebigot vient d’ailleurs de porter plainte contre le premier ministre et la ministre de la Santé, responsables de l’autorisation d’ouverture de ces salles de shoots). Ces salles de shoots préparent la suppression de la loi sur la répression des drogues. Certains de ceux qui militent pour ces salles de shoots, ne se cachent pas de requérir la légalisation de toutes les drogues. Ces salles sont un de leurs subterfuges pour faire progresser cette légalisation. Ils mettent cette légalisation en relation avec ce qu’ils présentent complaisamment comme l’exemple Portugais. S’il fallait trouver un véritable exemple, il serait opportun d’aller le chercher beaucoup plus au Nord, en Suède. Grâce à une législation dont la rigueur ne diffère pas beaucoup de la nôtre, mais qui est expliquée et justifiée par une pédagogie intense (près de 40 heures d’enseignements dispensés depuis la maternelle jusqu’à l’université), ce pays peut s’enorgueillir de compter (en proportion bien sûr) 10 fois moins de toxicomanes que la moyenne européenne. « Où il y a une volonté il y a un chemin », mais où prévalent l’ignorance, l’indifférence, les non dits, les mal dits, l’enfumage, l’entortillage, les postures, les habiletés, les complaisances, les démissions, on atteints aux chiffres calamiteux des toxicomanies exposés en introduction. A l’instar du credo des toxicomanes qui s’exprime « toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort », celui des tenants de ces salles de shoots et de la légalisation des drogues s’exprime, « mais que pourrait-on faire de pire encore sur la voie de la décrépitude sociale et humaine ». Leur déconstruction systématique, leur destruction résolue des dispositifs mis en place, s’opère alors même qu’ils ne prévoient que ces salles de shoots, comme abri de fortune pour les sinistrés qu’ils engendrent.

E – Au plan du coût

Pour assurer le fonctionnement de telles salles de shoots, 24h / 24, jours, fêtes, dimanches, autres jours fériés et vacances, car la toxicomanie n’en connait pas, quatre équipes devraient être opérationnelles. Chacune d’elles devrait être composée d’un médecin addictologue, formé à la réanimation, de deux infirmières, d’un agent de sécurité, d’une aide soignante, d’un quart temps de psychologue, d’un quart temps d’assistante sociale (soit pour les salaires environ 1.200.000 € par an) ; un appartement de 10 pièces (3 bureaux, deux salles d’injections, une cuisine, deux salles de repos, une infirmerie avec du matériel de réanimation, une salle de bain, un vestiaire, trois parkings, un chenil), incluant le matériel consommable, les produits de santé, les aliments, le téléphone, le chauffage, l’amortissement du matériel… le coût estimé par salle et par an est d’environ 1.250.000 €uros. Dans l’hypothèse où serait installée une telle salle pour 300.000 habitants, cela requerrait, pour la France entière, 220 salles de shoots, et pour le budget de la nation 275.000.000 d’€uros. Dans cette période de récession économique, où de nombreuses demandes de moyens ne peuvent être satisfaites, où l’on s’efforce d’effectuer des économies pour tempérer l’accroissement d’une dette devenue abyssale, alors que les moyens consacrés à la prévention des toxicomanies sont jugés insignifiants et de plus mal ciblés et mal utilisés, une telle dépense supplémentaire s’avère impossible à assumer. Quant à l’emprunter aux dispositifs mis en place en amont, cela les affaiblirait et augmenterait, à terme, le nombre de toxicomanes à accueillir dans ces salles de shoots….

F – Qui sont les défenseurs de l’instauration de ces salles de shoots   

L’activisme d’addictologues très médiatisés qui militent avec véhémence pour ces salles de shoots est intéressant à considérer. Ils n’ont pas prévenu les pouvoirs publics des menaces que font peser les toxicomanies pour notre société. Ils se sont appliqués à occulter la montée du péril toxicomaniaque, ils ont commenté, pour en affaiblir la portée, ses chiffres inquiétants.  On ne les a jamais vu, ni entendu, s’investir dans des démarches de prévention ; au contraire ils portent souvent la contradiction à ceux qui, bénévolement, dépensent beaucoup d’énergie pour suppléer leurs carences. Ils les ont accusés de « diaboliser » les drogues, de « stigmatiser » leurs consommateurs ; ils en ont fait les suppôts d’idéologies ringardes, réactionnaires. Ces mêmes addictologues, après avoir prôné la dépénalisation, chausse pied de la légalisation du cannabis, afin de la faire progresser se sont jetés, voracement, sur le fantasme du cannabis médicament ; prétendant que l’on privait des malades de cette irremplaçable thérapeutique dans des pathologies d’ailleurs complètement en dehors de leur sphère d’expertise. Au lieu d’agir contre la diffusion et les dégâts de l’alcool et du tabac, ils se servent de leur dangerosité, comme comparateurs, pour prôner la légalisation du cannabis et au-delà de toutes les drogues. Alors qu’ils sont d’une inquiétante inefficacité dans la guérison des toxicomanes, ils ne cessent de réclamer des moyens supplémentaires, tandis que par leur attitude ils abondent le vivier des sujets malades des drogues. Ils sont d’une discrétion totale sur les détournements de la buprénorphine, que leurs prescriptions favorisent. Ces détournements ont pour effet de recruter beaucoup de nouveaux adeptes des morphiniques, qui seront bientôt ceux de l’héroïne. Ce sont eux, encore, qui n’utilisent jamais cette buprénorphine à doses dégressives pour viser l’abstinence. Ils maintiennent ainsi « leurs » toxicomanes dans un état de précarité qui peut les refaire basculer à tout moment dans l’héroïnomanie. Ils semblent ignorer l’efficacité des « sevrages secs » (sans produits de substitution). Ils sont d’une discrétion étonnante sur le détournement de la buprénorphine utilisée à des fins injectables, alors qu’elle a été conçue pour faire rompre l’héroïnomane avec son comportement injecteur. Ils sont enfin ceux qui militent, avec le plus de véhémence et de pugnacité, pour l’ouverture des salles de shoots. Si l’on recherche une cohérence entre tous leurs choix, elle apparait diabolique. Elle pose avec acuité le problème de leur adéquation aux missions qui leur sont assignées : prévenir, traiter, guérir les toxico manies. En l’occurrence on a l’impression qu’ils s’escriment à faire de la pathologie qu’ils ont à traiter, la plus importante de toutes, en fréquence et en gravité, dans notre société déjà malade de tant d’autres maux.

Au prétexte de la réduction des risques, la puissance publique s’apprête à commettre deux exactions majeures :

  1.  – l’envoi de signaux de banalisation des drogues, préalable à leur légalisation, avec en perspective le débordement, à la façon d’un tsunami, du lit déjà très large dans lequel elles circulent.
  2. – l’ancrage des toxicomanes dans leur toxicomanie, rendue plus aisée, plus confortable ; on voit même se dessiner, à court terme, « l’héroïne médicale » gratuite.

« Il n’est de richesse que d’Homme », en bonne santé, physique et psychique, ni « shooté », ni « camé », ni « paumé » ; avec une bonne estime de soi, conscient d’occuper une place dans la société dont il est un acteur, où il produit plus que ce qu’il consomme, afin de venir en aide à ceux qui ne peuvent encore ou qui ne peuvent pas, ou qui ne peuvent plus produire ce qu’ils consomment.

Avant de créer une strate supplémentaire à l’usine à gaz déjà bâtie pour la prise en charge des toxicomanies, il est urgent de la revisiter, afin d’optimiser son coût et son efficacité. La toxicomanie est une affaire trop grave pour être abandonnée à des addictologues victimes du « syndrome de Stockholm », devenus les otages indument empathiques des patients qu’ils n’ont pas su traiter.

Le projet de salle d’injection de drogue inquiète les riverains (La Croix)

Lors d’une réunion publique mardi 11 juin au soir à la mairie du 10e arrondissement de Paris, les promoteurs de la salle de « consommation à moindre risque » pour les toxicomanes ont présenté leur projet.

De nombreux habitants du quartier ont évoqué un risque d’aggravation des problèmes d’insécurité.

Le projet, à visée expérimentale, doit en principe démarrer cet automne.

Le débat n’a pas encore commencé. Mais les esprits sont déjà à vif. « Votre question est stupide ! », lance une dame d’un âge respectable à une journaliste. « Si on est là, c’est pour défendre la valeur de nos biens immobiliers. Qui, demain, ira acheter un appartement juste à côté d’une salle de shoot ? » ajoute cette habitante sous le regard approbateur de ses voisins.

RÉDUCTION DES RISQUES

Il est 19 heures, mardi soir, à la mairie du 10e arrondissement de Paris. Et c’est dans un climat électrique que le maire socialiste, Rémi Féraud, ouvre une réunion de « concertation » sur la future salle de « consommation à moindre risque ». C’est en principe à l’automne que devrait ouvrir ce lieu expérimental géré par l’association Gaïa. Il vise à accueillir des toxicomanes pour leur permettre de faire un usage sécurisé de leur produit.

« Cette salle sera une nouvelle étape dans la réduction des risques », explique Thomas Dusouchet, pharmacien et coordinateur de l’association Gaïa qui mène déjà un programme d’échange de seringues près de la Gare du Nord. « C’est un quartier à forte consommation, avec de nombreux toxicomanes en situation de grande précarité et de désaffiliation sociale », explique-t-il

80 À 100 PERSONNES PAR JOUR

Ouverte 7 jours sur 7, la salle aura vocation à accueillir entre 80 et 100 personnes par jour.« Cela ne sera pas juste un espace de consommation, mais aussi un lieu pour aller vers le soin, vers les traitements de substitution et la réinsertion sociale », précise une autre responsable de Gaïa, Céline Debaulieu. « Et nous aurons une ligne téléphonique, en lien avec la police, pour soutenir les riverains en cas de difficultés ».

La parole est ensuite donnée à Martine Baudin, la directrice du Quai 9, une salle de consommation ouverte en 2001 à Genève. « Nous avons toujours travaillé avec le voisinage qui, au départ, avait des inquiétudes légitimes », explique-t-elle. « Le bilan est satisfaisant. Aujourd’hui, le Quai 9 n’est plus un sujet à Genève », renchérit Philippe Bertschy, un responsable policier local.

DES RIVERAINS HOSTILES

VIDEO : Echanges houleux sur la future salle de shoot à… par BFMTV

Autant de paroles qui se veulent rassurantes mais ne semblent guère porter dans une salle majoritairement hostile. Au micro, les habitants se succèdent dans une ambiance houleuse pour dire leurs craintes que la création d’un lieu dédié n’aggrave les problèmes d’insécurité.

« Depuis 2006-2007, on a assisté à une explosion de la consommation de drogues autour de la gare du Nord. Cette salle risque de créer un deuxième point de fixation des dealers », expose Hervé. « Le principal problème, ce ne sont pas les seringues qui traînent par terre, mais les drogués en manque d’argent qui agressent les personnes âgées », affirme Véronique.

Cette habitante s’exprime « au nom » de sa mère de 90 ans, « qui a été attaquée par un toxicomane », et de sa voisine « qui a eu le bras cassé ». Le maire est interpellé par une autre habitante. « Venez donc habiter dans notre quartier ! Il y a des appartements à vendre et les prix sont en train de chuter de manière monumentale ». Cette participante, Muriel, se fait aussi du souci pour son fils qui va bientôt entrer en sixième. « Je me demande si on devra l’envoyer au collège avec un garde du corps ! ».

DIMINUER LES NUISANCES

En face, l’équipe municipale a visiblement anticipé ces appréhensions. « Cette salle ne sera pas là pour apporter plus de problèmes aux riverains », assure Myriam El Khomri, l’adjointe en charge de la sécurité. « Aujourd’hui, on connaît la réalité du quartier : on retrouve des seringues sur la voie publique et dans les jardins. Et il y a des consommations qui se font au vu et su de tous », indique-t-elle.

Le projet vise aussi à diminuer toutes ces nuisances. Cette responsable assure qu’il a été prévu d’affecter, près de la salle, des policiers « connaissant bien les riverains, les commerçants et les habitants ». Même fermeté du côté de Nicolas Lerner, directeur adjoint du préfet de police de Paris.

« La lutte contre la consommation de stupéfiants et les trafics restera une priorité », assure-t-il en affichant deux autres objectifs : éviter toute « stagnation » de toxicomanes aux abords du lieu et prévenir un « effet-report », c’est à dire une convergence d’usagers de drogue de la région parisienne vers le 10e arrondissement.

DE NOMBREUSES INTERROGATIONS

Mais dans la salle, d’autres questions émergent déjà. « Si le projet est à visée sanitaire, pourquoi ne pas l’installer dans un hôpital ? », interrogent plusieurs habitants. D’autres dénoncent un « projet low cost » et dont le financement reste « encore très flou ».

Une femme s’interroge sur sa pertinence : « Vous voulez juste cacher la misère et la mettre entre quatre murs ». Peu avant 22 heures, le maire lève la séance au terme d’un débat de près de trois heures qui, au final, n’aura guère fait bouger les lignes.

PIERRE BIENVAULT  Source

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