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février 2023

Cannabis : l’insomnie est deux fois plus fréquente chez les étudiants qui en consomment tous les jours, selon une étude

Selon l’étude, la probabilité d’insomnie est même deux fois plus élevée chez les consommateurs quotidiens de cannabis par rapport aux consommateurs occasionnels ou rares.

Un homme fume un joint, à Paris le 12 mais 2018. Photo d'illustration. (THOMAS SAMSON / AFP)
. (THOMAS SAMSON / AFP)

En France, la probabilité de souffrir d’insomnie chez les étudiants est supérieure de 45% chez les consommateurs de cannabis par rapport aux non-consommateurs. Cette probabilité est même deux fois plus élevée chez les consommateurs quotidiens de cannabis par rapport aux consommateurs occasionnels ou rares, révèle une étude réalisée par des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de l’université et du CHU de Bordeaux, au centre de recherche Bordeaux Population Health.

Pour la première fois, ils ont mené une analyse approfondie de l’association entre la consommation de cannabis et les troubles du sommeil.

L’étude, publiée dans Psychiatry Research, a été faite auprès de 14 787 étudiants universitaires. Tous font partie de la cohorte i-Share qui porte sur la santé générale des étudiants, dirigée par Christophe Tzourio, dernier auteur de l’étude. Ils ont tous accepté de répondre à un questionnaire sur leur mode de vie.

Un lien préoccupant

Un baromètre de Santé publique France révèle que les étudiants français sont nombreux à déclarer fumer du cannabis régulièrement. Il y a 13,9% des 18-25 ans qui disent en consommer mensuellement et 4% quotidiennement. Une précédente étude a montré que les jeunes adultes ont du mal à dormir. Ils sont 55% des étudiants à déclarer avoir des troubles du sommeil et 19% disent souffrir d’insomnie.

Les chercheurs restent prudents et précisent qu’ils n’ont pas la preuve scientifique que le cannabis provoque des insomnies mais établissent un lien préoccupant car la consommation de cannabis chez les étudiants pourrait avoir des conséquences sur leur réussite dans les études, ainsi que sur leur santé physique et mentale.

Seine-et-Marne : alcool, vitesse, drogue… que risquent désormais les mauvais conducteurs ?

Après un début d’année catastrophique en matière de sécurité routière en Seine-et-Marne, le préfet a décidé d’alourdir les sanctions contre les mauvais conducteurs. 

Lors de cette opération de contrôle, à Presles (Val-d’Oise), onze conducteurs ont été verbalisés pour non-respect des limitations de vitesse. Quatre d’entre eux ont écopé d’une rétention de leur permis de conduire.
Le préfet de Seine-et-Marne a alourdi les sanctions contre les mauvais conducteurs. ©L’Écho, le Régional

Par Audrey Gruaz

Les comportements dangereux au volant sont de plus en plus fréquents en Seine-et-Marne. Les chiffres de la sécurité routière confirment cette tendance chaque année un peu plus. Début 2023, plusieurs accidents graves causant des morts sur les routes de Seine-et-Marne ont eu lieu.

Pour enrayer ce phénomène, le préfet a sollicité auprès des gendarmes et des policiers un renforcement des contrôles routiers. 

En parallèle, il a aussi décidé de modifier le barème des sanctions administratives applicable dans le département. 

Désormais, la durée de la suspension des permis de conduire après une infraction est plus importante.

Que risque-t-on désormais en Seine-et-Marne ?

Le préfet a décidé de renforcer les sanctions contre la conduite sous l’emprise d’un état alcoolique. 

En cas de taux d’alcoolémie compris entre 0,80 g/l à 1,60 g/l, la suspension du permis sera désormais de 6 mois, contre 4 mois jusqu’à présent.

De même, si le conducteur a déjà commis une infraction ayant entrainé une suspension au cours des deux ans précédents, cette suspension passe à 8 mois jusqu’à 1,40 g/l et 9 mois jusqu’à 1,60 g/l. Vidéos : en ce moment sur Actu

Pour rappel, le taux d’alcoolémie autorisé au volant est de 0,50 g/l. 

A partir de 1,80 g/l relevé sur un conducteur, la suspension du permis est de 8 mois. Elle passe à 12 mois en cas d’antécédents. 

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Dupond-Moretti tempère sur le retrait de permis pour alcool au volant

Le ministre de la Justice est revenu sur les propos tenus par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur le sujet.

French Justice Minister Eric Dupond-Moretti looks on during the solemn hearing of the justice auditors of the National School of Magistrates (ENM) at the Bordeaux courthouse, southwestern France, on February 17, 2023. (Photo by THIBAUD MORITZ / AFP)

Éric Dupond-Moretti, ici assistant à l’audition solennelle des auditeurs de justice de l’École nationale de la magistrature au palais de justice de Bordeaux, le 17 février 2023.

Dimanche, Gérald Darmanin s’était prononcé pour un retrait des 12 points du permis en cas de conduite sous stupéfiants, et l’introduction de la qualification d’« homicide routier ».

Le ministre de l’Intérieur avait fait cette annonce dans le JDD, neuf jours après l’accident provoqué par l’humoriste Pierre Palmade sous l’emprise de la cocaïne et dans lequel trois personnes ont été grièvement blessées, dont une femme enceinte qui a perdu son bébé de six mois.

En visite en Corse, Gérald Darmanin avait ensuite précisé vouloir « être beaucoup plus dur avec ceux qui conduisent sous l’emprise de drogues, de stupéfiants ou d’alcool bien évidemment »« La perte du permis n’est automatique qu’en récidive aujourd’hui », avait pointé le ministre, qui avait appuyé sur la thématique dans la soirée sur Twitter : « Renforcer les sanctions contre ceux qui conduisent sous drogue et/ou alc

Interviewé par des lecteurs de La Dépêche du Midi ce mercredi 22 février, Éric Dupond-Moretti, interrogé sur le sujet, a préféré tempérer.

« Extrapolation médiatique »

« Nos services ont déjà réfléchi à cela dès le mois de décembre. En suite, il a été question, même si c’est davantage du périmètre du ministre de l’Intérieur, du permis à points que Gérald Darmanin n’a évoqué dans son intervention qu’en matière de drogue. Mais j’ai vu dans une extrapolation médiatique qu’il a été aussi question d’alcool », affirme ainsi le ministre de la Justice.

« J’aimerais en revanche rappeler et j’espère que mes mots ne seront pas mal interprétés, que la consommation d’alcool, avec modération, n’est pas prohibée, alors que la consommation de drogue est une infraction », ajoute Éric Dupond-Moretti. 

« Moi je ne souhaite pas tomber dans le sensationnel et l’émotionnel, il faut prendre du recul pour travailler à ces questions avec raison. »

Actuellement, la conduite sous l’usage de stupéfiants est sanctionnée de la perte de six points. Des peines complémentaires peuvent aussi entraîner une suspension du permis pour une durée maximale de trois ans et une annulation du permis, avec trois ans maximum d’interdiction de demander un nouveau permis.

Comme il l’a affirmé dimanche, Gérald Darmanin veut également « rendre obligatoire la visite médicale de tout consommateur avéré de drogue, pour qu’il soit autorisé à conduire s’il se soigne 

Le ministre de l’Intérieur, qui a rappelé sa volonté d’arrêter de retirer des points pour les excès de vitesse inférieurs à 5 km/h, a souligné qu’« environ 600 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route liés aux stupéfiants et qu’un total de 800 000 contrôles routiers » contre la drogue ont eu lieu en 2022, « soit le double des années précédentes ». Il a promis qu’il y en aurait « un million cette année ».

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TF1 : Plantations illégales à domicile

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Drogues. « La cocaïne est en train de submerger l’Europe »

« En France, 26,5 tonnes de cocaïne ont été saisies en 2021, chiffre qui donne une idée de l’ampleur réelle du trafic. Le chiffre d’affaires mondial de la drogue, entre 200 et 500 milliards de dollars, pourrait dépasser à terme celui du trafic d’armes qui s’élève à 1 200 milliards de dollars. La cocaïne est en train de submerger l’Europe, grâce à une production sans cesse accrue. En Colombie, le rendement est passé de 384 tonnes en 2011 à 1 228 tonnes en 2020. »

Jean-Pierre Pujol (Calvados) :

« La drogue va-t-elle déstabiliser notre société ? De nos jours, le commerce des stupéfiants en général, et celui de la cocaïne en particulier, prospère de façon préoccupante, alimentant en argent frais les gangs de nos cités.

En France, 26,5 tonnes de cocaïne ont été saisies en 2021, chiffre qui donne une idée de l’ampleur réelle du trafic. Le chiffre d’affaires mondial de la drogue, entre 200 et 500 milliards de dollars pourrait dépasser à terme celui du trafic d’armes qui s’élève à 1 200 milliards de dollars. La cocaïne est en train de submerger l’Europe, grâce à une production sans cesse accrue. 

En Colombie, le rendement est passé de 384 tonnes en 2011 à 1 228 tonnes en 2020. Ceci a entraîné une baisse des prix au détail, permettant d’élargir le nombre de consommateurs. Par ailleurs, les réseaux de distribution se sont multipliés, avec des délinquants de plus en plus violents.

En France, le trafic de stupéfiants est très prospère, générant environ 3 milliards d’euros, chiffre largement sous-estimé. Il s’accompagne de nombreuses activités criminelles : trafic d’armes, prostitution, vols, etc. Et de nombreux règlements de comptes. Depuis le début de l’année, près de trente individus ont été abattus à Marseille dans des affaires de stupéfiants.

La situation mondiale est très préoccupante, car les énormes flux financiers générés par le trafic de drogue, peuvent directement mettre en danger les grands équilibres politiques, économiques et financiers de la planète. Ils peuvent aussi déstabiliser les États les plus fragiles, notamment ceux qui entretiennent des liens ambigus avec ces activités illicites.

 Cette déstabilisation s’observe déjà aux Pays-Bas et en Belgique […] instaurée par la fameuse Mocro Maffia (néerlandais d’origine marocaine) : témoins, enquêteurs, journalistes, magistrats et avocats assassinés, une princesse néerlandaise et un Premier ministre menacés par la mafia, des règlements de compte à la grenade en plein jour à Anvers, le ministre de la Justice belge victime d’une tentative d’enlèvement fin septembre.

En Europe, et en France en particulier, l’affaiblissement des services de sécurité et l’ouverture des frontières ont grandement contribué au développement du phénomène. Aujourd’hui, les trafiquants se jouent de nos forces de l’ordre et de nos lois et continuent de s’enrichir massivement au détriment de très nombreuses victimes.

Notre pays va-t-il suivre la même évolution que les Pays-Bas et la Belgique ? Va-t-on supporter longtemps que nos cités deviennent des zones de non-droit où le trafic s’installe en toute impunité dans les halls d’immeuble. […]

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Le buddha blue, une drogue marketée pour les jeunes « beaucoup plus dangereuse que le cannabis »

 4 % des jeunes Français de moins de 17 ans auraient expérimenté au moins une fois cette drogue, selon une étude publiée en 2018 Lise Abou Mansour

Appelé « Pète ton crâne », PTC ou buddha blue, ce cannabinoïde de synthèse connaît un essor chez les jeunes depuis quelques années.
Appelé « Pète ton crâne », PTC ou buddha blue, ce cannabinoïde de synthèse connaît un essor chez les jeunes depuis quelques années. — Canva

Le buddha blue, une drogue marketée pour les jeunes « beaucoup plus dangereuse que le cannabis »

  • Appelé « Pète ton crâne », PTC ou buddha blue, ce cannabinoïde de synthèse connaît un essor chez les jeunes depuis quelques années.
  • Le buddha blue est majoritairement utilisé sous forme d’un liquide inodore et incolore dans des cigarettes électroniques.
  • « La grosse différence avec le cannabis, c’est qu’il y a plus d’overdoses, de complications cardiaques, pulmonaires, neurologiques et psychiatriques », explique Laurent Karila, professeur d’addictologie, psychiatre à l’hôpital Paul Brousse et créateur du podcast Addiktion.

« Pète ton crâne ». Ce surnom, c’est celui d’une nouvelle drogue de synthèse, appelée aussi PTC ou buddha blue. Ce cannabinoïde de synthèse connaît un essor chez les jeunes depuis quelques années. Début février, trois lycéens de Sucy-en-Brie, dans le Val-de-Marne, ont été hospitalisés après en avoir inhalé.

Bien qu’elle puisse être consommée sous toutes les formes, elle est majoritairement utilisée par la jeune génération sous la forme d’un liquide inodore et incolore dans des cigarettes électroniques. Elle ne contient aucun THC (ou tétrahydrocannabinol), l’une des molécules contenues dans le cannabis provoquant des effets psychotropes, mais en mime les effets.

Un effet « zombie-like », selon Laurent Karila, professeur d’addictologie, psychiatre à l’hôpital Paul Brousse et créateur du podcast Addiktion. « Les effets sont assez similaires à ceux du cannabis au début. » Sensation d’apaisement, relaxante et effet anxiolytique laissent ensuite leur place aux hallucinations, à « une impression que ce qui nous entoure n’est pas réel, que notre corps sort de notre corps ».

Infarctus, hallucinations et attaque de panique

Le buddha blue provoque plus fréquemment que le cannabis des intoxications aiguës conduisant à des hospitalisations. « La grosse différence avec le cannabis, c’est qu’il y a davantage d’overdoses, qu’elles soient fatales ou non, ainsi que de complications », explique le professeur.

Elles peuvent d’abord être cardiaques, avec des troubles du rythme du cœur, une tachycardie, voire un infarctus. Le PTC peut également provoquer des difficultés respiratoires, des maux de tête et conduire à des accidents cérébraux. Il existe aussi des complications sur le plan psychiatrique avec l’apparition de dépressions, de tableaux délirants, d’attaques de panique voire d’idées suicidaires.

« C’est beaucoup, beaucoup plus dangereux pour la santé que le cannabis, résume le psychiatre. Et chez un jeune qui n’a pas encore un cerveau formé, le risque est encore plus élevé. » Si aucun mort n’a pour l’instant été recensé en France à la suite d’une consommation de buddha blue, aux Etats-Unis, plusieurs personnes sont décédées après en avoir consommé.

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À Lorient, 200 kg de cocaïne saisis sur un vraquier

Jolie prise pour les douaniers du port de commerce de Lorient.

Les douaniers de la brigade des garde-côtes de Lorient ont saisi près de 200 kg de cocaïne, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 février, à bord du Falkonera, un cargo vraquier de 229 mètres, battant pavillon du Libéria. Le cargo, chargé de 20 000 tonnes de tourteaux de soja, avait quitté le port de Paranagua, au Brésil, le 24 janvier.

Il devait initialement faire escale dans le port de Brest ( Finistère) pour décharger sa cargaison. Faute de place sur les quais brestois, il ensuite été dirigé vers Montoir de Bretagne (Nantes – Saint-Nazaire), et c’est en s’y rendant qu’il a été mis en attente dans la rade de Lorient.

C’est là qu’a eu lieu la saisie des douanes, dans la nuit de jeudi à vendredi. Selon nos informations, la cocaïne trouvée à bord était un produit de « très bonne qualité ».

À lire sur le sujet Cocaïne sur un cargo à Lorient : toutes les images de la saisie

Un renseignement de l’étranger

Les douaniers lorientais auraient été alertés de la présence de drogue à bord par un renseignement venu d’un pays étranger. Le commandant du bateau a été interpellé, puis placé en rétention douanière, avant d‘être mis en garde à vue. Il a été relâché à l’issue et laissé libre.

Selon nos informations, les enquêteurs ont acquis la conviction qu’il n’était pas au courant de la présence de la cocaïne à bord de son navire. L’enquête, conduite sous l’autorité du parquet de Lorient, a été confiée à l’antenne de l’Ofast (Office anti-stupéfiants) de la police judiciaire de Rennes.

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Canada : Un changement radical s’annonce dans la consommation d’alcool

Aucune quantité d’alcool n’est sans danger. C’est ce qu’a annoncé le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) le mois dernier. Cette organisation, qui travaille étroitement avec Santé Canada, a mis à jour sa ligne directrice pour la première fois en 11 ans. La recommandation fait maintenant l’objet de critiques parmi les expert.e.s, tout comme la population universitaire.

Alors que le rapport final reconnaît que 40 % des Canadien.ne.s âgé.e.s de 15 ans et plus consomment plus de six verres standard par semaine, il fixe le seuil de risque faible à deux verres par semaine. Avec 3 à 6 verres standard, le risque de mourir prématurément devient modéré, alors qu’avec sept verres ou plus, le risque est considéré comme élevé.

Boire moins, c’est mieux

La nouvelle ligne directrice marque un changement drastique depuis la dernière directive en novembre 2011. Auparavant, le CCDUS recommandait une consommation maximale par semaine de 10 verres standard pour les femmes et 15 verres pour les hommes. Aujourd’hui, le rapport indique qu’il n’existe plus de niveau de consommation d’alcool sans danger.

Tim Stockwell, un des scientifiques à l’origine de l’ancienne directive, explique que le changement est principalement dû à la façon dont le CCDUS a choisi de mesurer le niveau de risque. L’ancien directeur du Canadian Institute for Substance Use Research à l’Université de Victoria souligne que mesurer le risque basé sur la probabilité de vivre plus ou moins longtemps que les personnes qui s’abstiennent proposait des résultats moins fiables. La nouvelle ligne directrice est fondée sur le risque de mort prématurée, spécifiquement dans le cas de 18 maladies liées à la consommation d’alcool (y compris le cancer du sein et du côlon).

Le rapport définit une mort prématurée comme étant équivalente à 17,5 années de vie perdues. Les personnes qui consomment deux verres par semaine perdent donc, en moyenne, six jours de leur vie. Le scientifique ajoute que toute consommation additionnelle augmente exponentiellement le risque. En guise de comparaison, une boisson alcoolique moyenne propose le même risque qu’une cigarette, affirme Stockwell. 

Pour Andrew Hathaway, professeur de politique publique à l’Université de Guelph, les données du rapport peuvent être statistiquement significatives, mais elles ne sont pas nécessairement pratiquement significatives. Si les deux intervenant.e.s admettent que le seuil de deux verres est arbitraire, le fait d’appeler toute consommation dangereuse est notable. « Dans ce cas, la chose responsable à dire ne serait-elle pas de ne pas boire de poison du tout ? », avance Hathaway. 

Une réception mitigée

Le professeur exprime son scepticisme à l’égard de l’efficacité d’une directive aussi restrictive pour changer le comportement des consommateur.ice.s. « Je ne pense pas que la plupart des gens boivent en partant du principe que c’est bon pour eux.elles », insiste-t-il. Le risque, selon lui, est qu’avec des exigences trop strictes, les gens deviennent dédaigneux.ses et commencent à ignorer tout type d’information liée à la santé publique.

Stockwell confirme que le CCDUS « aurait pu mettre un peu de sucre sur la pilule ». De son avis, les chercheur.se.s auraient pu se tenir à la définition de faible risque partagé par le Royaume-Uni et l’Australie, soit d’une chance sur 100 de mourir prématurément plutôt qu’une sur 1000. Selon l’ancien directeur du National Drug Research Institute en Australie, cela augmenterait le seuil de faible risque à environ six verres par semaine.

Il insiste néanmoins sur le fait que les médias ont en quelque sorte changé le récit. La directive a pour but, selon lui, d’informer le public des risques plutôt que de prescrire un niveau de consommation acceptable.

Cela fait maintenant des décennies que l’alcool est classé parmi les produits cancérogènes du groupe 1 par l’Organisation mondiale de la santé. Un des grands changements signalés par le rapport, selon Stockwell, est la réfutation de la croyance populaire selon laquelle la consommation d’alcool peut être bénéfique pour le sommeil et la santé.

Traiter l’alcool comme le tabac ?

Selon les études, l’État canadien enregistre annuellement un déficit de plusieurs milliards de dollars des ventes d’alcool par rapport aux coûts sociétaux provoqués par l’alcool. Tout comme le tabac, le scientifique de carrière certifie que l’alcool a ses propres effets secondaires, y compris la nuisance publique, la conduite avec facultés affaiblies, l’alcoolisme fœtal et la rupture de familles.

Pour Stockwell, la solution la plus efficace est donc d’augmenter le prix minimum d’une boisson standard. Tout en reconnaissant l’effet disproportionné sur les Canadien.ne.s à faible revenu, les essais démontrent, selon lui, qu’ils.elles passent rarement aux drogues illicites, à l’exception de la marijuana, « qui est bien meilleure pour la santé que l’alcool ».

En plus de deux projets de loi au Parlement, Stockwell confirme que Santé Canada est actuellement en discussion active sur l’addition d’étiquettes d’avertissement sur les bouteilles. Alors que Hathaway voit cette démarche comme étant « inévitable », il suggère qu’« avant de commencer à nous inquiéter d’étiquettes supplémentaires, nous pourrions être un peu plus intelligent.e.s dans ce qui est autorisé en termes de marketing ». Il reste cependant à voir comment l’industrie de l’alcool répondra à de telles politiques

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« La cocaïne est présente partout ! » : Georges Brousse, spécialiste clermontois de cette addiction a vu ses consultations exploser

Publié le 18/02/2023

"La cocaïne est présente partout !" : Georges Brousse, spécialiste clermontois de cette addiction a vu ses consultations exploser

« La cocaïne désinhibe et augmente donc l’imprudence ». © Thierry LINDAUER

  • La cocaïne est devenue la deuxième drogue illicite la plus consommée en France, derrière le cannabis. Banalisée, elle n’épargne plus personne. L’accident très médiatisé de l’humoriste Pierre Palmade rappelle à quel point la dépendance à la cocaïne peut se révéler tragique.

Georges Brousse est chef du service d’addictologie du CHU de Clermont-Ferrand et président de l’association Addictions France. Il nous détaille les mécanismes de cette addiction à la cocaïne et les raisons de son tragique « succès » du moment.

Quels sont les effets de la cocaïne par rapport aux autres drogues ?

« La cocaïne a un effet psychotrope sur le cerveau, comme l’alcool ou le cannabis. Mais contrairement à l’alcool ou au cannabis, qui sont plutôt des ralentisseurs, la cocaïne stimule, elle accélère tout. »

Pourquoi dit-on que la cocaïne est une drogue insidieuse ?

« Parce que les consommateurs ont un sentiment de toute-puissance. Ils ne sont pas en capacité de s’estimer défaillants. Et pourtant, les réflexes sont perturbés, et la prise de risques augmente. »

Quels sont les risques au volant ?

« La cocaïne désinhibe et augmente donc l’imprudence. Le conducteur devient insouciant. Elle modifie la concentration mais aussi les effets de la fatigue. Parmi les drogues capables de causer le plus de dommages à soi et à autrui, la cocaïne arrive au deuxième rang, derrière l’alcool. La prise de psychostimulants, comme la cocaïne, maximise également la gravité des accidents. »

Dans le Puy-de-Dôme, « les conducteurs sous stupéfiant rattrapent ceux en état d’ivresse »

Pourquoi est-ce si difficile d’arrêter ?

« La cocaïne est une substance dopaminergique. Elle agit sur le neurotransmetteur des circuits de la récompense. Pour les gens qui ne sont pas malades, c’est inimaginable de penser que l’on puisse perdre le contrôle. Mais le cerveau du consommateur de cocaïne automatise le comportement et tout le ramène vers le produit. D’autant plus que la cocaïne est très souvent contextualisée à la fête, à la désinhibition, au sexe. »

À partir de quand perd-on le contrôle ?

« Ce n’est pas on/off. C’est très progressif… Plus on en prend longtemps, plus la dépendance s’installe. Il faut cependant prendre en compte trois critères : le produit bien sûr, mais aussi la personne et son environnement. S’agissant de la personne, les dépressifs, les anxieux, les gens qui ont subi des traumatismes auront plus facilement recours à la cocaïne pour soulager leurs difficultés personnelles. Et, malheureusement, ça marche… La cocaïne améliore sur le moment l’estime de soi.

L’environnement est aussi crucial. Avant, la cocaïne circulait dans les milieux de la Bourse et du show-biz. Depuis vingt ans, la consommation a été multipliée par quatre voire cinq. Aujourd’hui, elle est présente partout. Elle touche toutes les classes sociales. J’ai des chefs d’entreprise, des étudiants, mais aussi des gens en grande précarité. On est passé de 1 million à 30 millions de saisies. On l’a trop banalisée. »

Comment expliquer ce tragique “succès” de la cocaïne ?

« La cocaïne colle à l’époque. À l’heure actuelle, on demande aux gens d’être performants au travail, dans l’intimité… Et cette drogue dope l’estime de soi. Dans les années 1970, il fallait être zen, le cannabis était à la mode. »

Vos consultations pour addiction à la cocaïne ont-elles explosé ?

« En 2010, j’ai fait une année de recherche sur la cocaïne dans le milieu de la Bourse à Paris. À Clermont, on peinait pour trouver des patients. Aujourd’hui, un tiers de mes patients prennent de la coke. Beaucoup sont même polyconsommateurs. »

C’est pourtant une drogue qui coûte très cher ?

« Oui, 60 euros le gramme. Les gens se ruinent pour se la payer, alors ils revendent, se prostituent, se privent… »

Quelles sont les façons de la prendre ?

« Elle peut être sniffée, injectée ou fumée. Pour la fumer, il faut la transformer avec de l’ammoniac ou du bicarbonate de soude, les consommateurs disent qu’ils la “base”. Ce que l’on appelle le crack, c’est de la cocaïne basée. Les effets sont plus brutaux, plus immédiats. C’est un marqueur de gravité pour nous. Si la cocaïne sniffée donne un sentiment de puissance, à l’inverse la cocaïne fumée rend “stone”, hagard. »

Est-elle mortelle ?

« On a parfois décrit des surdosages, mais beaucoup moins qu’avec l’héroïne qui est un puissant sédatif. La cocaïne est un vasoconstricteur qui va agir sur le cerveau, le cœur qui se déshydrate et s’emballe. Les descentes de cocaïne sont insupportables, à tel point que les consommateurs prennent de l’alcool et de l’héroïne pour se soulager. »

Le Professeur Georges Brousse teste la nouvelle thérapie virtuelle aux côtés de Johan Colin, psychiatre addictologue, et Maryline Chalmeton, psychologue et attachée de recherche clinique.  Photo Fred Marquet.
 

Peut-on se guérir de cette maladie car on parle bien d’une maladie ?

« Oui, dès que le contrôle est perdu, c’est une maladie. L’envie est insurmontable, les gens qui pensent que c’est facile d’arrêter se trompent. Ce sont des souffrances personnelles et familiales dramatiques. On a des accompagnements mais c’est très difficile. Environ 30 % des gens s’en sortent mais c’est très long. On essaie de les motiver et de réduire les risques, mais il n’existe pas de médicament. Il y a des pistes sur des vaccins mais ce n’est pas encore ça.

Comme la cocaïne pirate le circuit de la récompense, on va substituer au produit une autre récompense plutôt que l’abstinence. Les modèles classiques de punition ne fonctionnent pas sur un malade. Lorsque l’on parle d’amendes pour le consommateur, ce n’est pas efficace. Cela revient à punir quelqu’un qui va chercher une récompense. Mieux vaut tenter de réguler. Aujourd’hui, on travaille sur une thérapie nouvelle autour de la réalité virtuelle. On essaie d’œuvrer sur la gestion des envies. Mais cette drogue est insidieuse, vraiment terrible. »

Faut-il laisser le permis aux cocaïnomanes ? 

« Vous imaginez supprimer le permis à tous les consommateurs d’alcool ou de cannabis ? L’addiction est une aliénation. Si elle impacte les autres, alors la société fera payer à l’individu son aliénation. La meilleure arme reste la prévention. »

Carole Eon

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