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août 2022

Lettre du CNPERT Septembre 2022

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Chers Collègues,

Voici la lettre de rentrée du CNPERT (N°80). Elle apporte l’encouragement chaleureux à poursuivre notre action d’un de nos plus anciens membres, professeur de biologie de l’enseignement supérieur, nous l’en remercions. Il a tenu à conserver l’anonymat.

Cette rentrée promet d’être animée voire vive : comme nous vous l’avons appris, la consommation de drogues augmente, c’est le constat de l’OEDT. Dans cette lettre, vous trouverez l’histoire de « Malchance », cette étudiante brillante, sombrée dans la déchéance socio-professionnelle, conséquence d’un syndrome schizophrénique activé par le cannabis et l’alcool. Son parcours « d’absence de soins » comme le décrit si bien notre collègue, le docteur Régis Brunod, souligne les difficultés administratives rencontrées pour la traiter et l’impossibilité actuelle de traiter un patient non consentant.

Sans quitter le cannabis, le voici associé au tabac. Une étude anglaise montre qu’il y a quatre fois plus d’utilisateurs de cannabis chez les fumeurs, comparés aux non-fumeurs. Les auteurs concluent à une double addiction, une forme de synergie entre les deux toxiques.

Une autre étude montre les dégâts immédiats et à venir de la consommation de cannabis pendant l’adolescence : perte de motivation, échec scolaire et risque ultérieur de chômage. On ne peut s’empêcher, en lisant ce travail, de le rapprocher de l’initiative récente de certains sénateurs (31/348) voulant argumenter et inscrire dans la loi la dépénalisation ou la légalisation du cannabis. Attention danger ! Nous espérons qu’ils tiendront compte de ces données.

Le développement d’une toxicomanie est un sujet passionnant, difficile et encore mal compris. Il est particulièrement intéressant de découvrir avec le docteur Jean-Luc Saladin le rôle des aires pré-frontales dans l’acquisition ou le refus de l’état de dépendance : il le fait de façon didactique à l’aide de l’imagerie cérébrale qu’il propose au patient. Il en tire des options thérapeutiques nouvelles. Le Président J. Costentin rappelle, en complément, les fonctions physiologiques des endocannabinoïdes, leurs récepteurs et les interactions avec le THC.

Voici du grain à moudre pour l’année académique

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Jean Paul Tillement

Réduire sa consommation d’alcool, un geste anti-cancer efficace

Par Pauline Fréour

DÉCRYPTAGE – Des chercheurs coréens se sont penchés sur les données de plus de 4,5 millions d’inscrits à l’assurance-maladie coréenne.

N’en déplaise aux amateurs de vin, bière et autres nectars distillés, il est désormais bien établi que la consommation régulière d’alcool augmente le risque de cancer (ORL, œsophage, colorectal, foie et sein, essentiellement). Pas moins de 8 % des cancers en France, soit 28.000 par an, lui sont attribués. Mais sait-on dans quelle mesure réduire ses habitudes peut être bénéfique? C’est pour répondre à cette question relativement peu étudiée que des chercheurs coréens se sont penchés sur les données de plus de 4,5 millions d’inscrits à l’assurance-maladie coréenne.

Par trois fois, en 2009, 2011 et 2013, ces derniers ont rempli un questionnaire où ils indiquaient si leur consommation d’alcool était faible (moins de 15 g d’alcool pur par jour, soit environ un verre et demi), modérée (de 15 à 30 g) ou élevée (plus de 30 g).

Les chercheurs ont mis ces résultats en regard des 80.000 cancers attribuables à l’alcool enregistrés pendant cette période. Cela a permis d’observer que les individus buvant beaucoup voyaient leur risque de cancer lié à l’alcool baisser de 8 à 9 points lorsqu’ils réduisaient leur consommation en dessous de 30 g/jour, par rapport aux gros buveurs ne changeant pas leurs habitudes. C’est dans cette catégorie que le gain était le plus notable, indique l’étude publiée mercredi dans Jama Network Open

Tout aussi intéressante est l’observation de la durée de ce bénéfice. Les grands buveurs ayant notablement réduit leur consommation d’alcool, et qui maintenaient cette habitude dans le temps, voyait leur risque de cancer s’aligner sur ceux n’ayant jamais bu plus. En d’autres termes, le surrisque lié à une forte consommation s’effaçait progressivement pour devenir le même que celui des petits buveurs ou buveurs modérés, selon les cas. «C’est une notion que l’on a pour la cigarette, mais pas forcément pour l’alcool», remarque la Pr Béatrice Fervers, chef du département prévention cancer environnement au Centre Léon Bérard (Unicancer) à Lyon.

Prévention

En France, la consommation d’alcool a beaucoup diminué depuis une cinquantaine d’années, mais l’Hexagone n’est passé que du 1er au 6e rang mondial. On estime désormais qu’un Français boit en moyenne 11,7 litres d’alcool pur par an (soit 100 litres de vin environ, par exemple). Or ce chiffre recouvre de grandes disparités: «Un peu plus de la moitié des gens se partagent 10 % du volume total national, mais, a contrario, la moitié de ce volume est bu par seulement 10 % de la population adulte», souligne la Pr Fervers. Et c’est sur cette dernière catégorie que doivent se concentrer les efforts de prévention, souligne Thierry Breton, président de l’Institut national du cancer: «L’étude coréenne confirme l’intérêt de les amener à revoir leurs habitudes à la baisse.»

Depuis 2017, les autorités sanitaires conseillent en France de ne pas dépasser 10 verres par semaine, avec des jours de pause. «À ce niveau, le surrisque de cancer est vraiment faible, inférieur à 1 %», souligne Thierry Breton. «Ces recommandations sont le résultat d’un compromis entre la santé, la culture et l’économie, car il n’existe pas de seuil en dessous duquel le risque serait nul. Mais, en France, l’alcool tient une place particulière», pointe Béatrice Fervers. Et de citer une étude française de 2021 évaluant que, si tous les Français respectaient les recommandations des autorités sanitaires, le nombre de cancers attribuables à l’alcool baisserait de 16.000, «ce qui en laisse tout de même 12.000 par an».

Source Le Figaro

L’offre et la consommation de drogues reprennent après les perturbations liées à la Covid-19


Pr Jean-Pierre Goullé


Dans son rapport annuel sur les drogues en date du 23 juin 2022 (1), l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT ou EMCDDA en anglais), constate un rebond rapide de l’offre et de la consommation de drogues après la COVID-19.
La disponibilité des drogues reste élevée dans l’ensemble de l’UE. Pour certaines, comme la cocaïne par exemple, elle dépasse les niveaux d’avant la pandémie.


De plus, de nouvelles drogues fortement dosées et dangereuses pour la santé font irruption sur le marché, au rythme d’une nouvelle drogue par semaine en Europe en 2021. Il révèle aussi que les produits dérivés du cannabis se diversifient et que la production de drogues de synthèse est en hausse.


En ce qui concerne leur consommation, on constate un retour aux niveaux d’avant la pandémie. L’analyse des eaux usées révèle une augmentation de la consommation de cocaïne, de crack, d’amphétamine et de méthamphétamine, dans un certain nombre de villes, entre 2020 et 2021.
Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des affaires intérieures, déclare :
« L’escalade continue de la production de drogues de synthèse au sein de l’UE nous montre les efforts acharnés déployés par les groupes criminels organisés pour tirer profit du commerce clandestin de drogues, ce qui met en péril la santé et la sécurité publiques.

Les partenariats entre les réseaux criminels européens et internationaux sont particulièrement préoccupants. Ils ont donné lieu à une disponibilité record de la cocaïne et à la fabrication de méthamphétamine à une échelle industrielle en Europe.

Cela s’accompagne d’une potentielle augmentation de la consommation et des risques associés. L’UE et ses États membres continueront de lutter contre ces menaces émergentes au moyen d’un effort collaboratif, fondé sur les priorités de l’UE en matière de criminalité et sur ses stratégies en matière de drogue et de sécurité. »
Alexis Goosdeel, directeur de l’EMCDDA, ajoute : « Le message à retenir de ce rapport est que les drogues classiques n’ont jamais été aussi accessibles et de nouvelles substances fortement dosées continuent d’apparaître.

Aujourd’hui, presque tout ce qui présente des propriétés psychoactives peut être une drogue, étant donné que les frontières s’estompent entre les substances licites et les substances illicites. Et tout le monde peut être touché, directement ou indirectement, car les problèmes de drogue aggravent la plupart des autres défis sanitaires et sociaux importants auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui ».


De nouvelles substances psychoactives dangereuses sont disponibles et parmi elles les cathinones sont une source de préoccupation majeure. De nouvelles drogues font irruption en Europe au rythme d’une par semaine, ce qui représente un véritable défi pour la santé publique.

En effet, en 2021, 52 nouvelles substances ont été identifiées pour la première fois par l’intermédiaire du système d’alerte précoce EWS ou « early working system de l’UE », ce qui porte à 880 le nombre total de drogues surveillées par l’Observatoire.

En 2021, de nombreux produits de synthèse ont été signalés pour la première fois : 6 opioïdes, 6 cathinones et 15 cannabinoïdes. Avec 6,9 tonnes, des quantités record de drogues ont été
saisies en Europe en 2020.

Parmi ces produits on compte 3,3 tonnes de cathinones de synthèse, souvent vendues comme substituts de stimulants classiques (cocaïne, MDMA, par exemple). À la suite de l’interdiction des cathinones de synthèse en Chine depuis 2020, ces substances font désormais l’objet d’un trafic vers l’Europe depuis l’Inde, ce qui montre l’adaptation rapide du marché en fonction de la
réglementation.

Fin 2021, l’EMCDDA surveillait 162 cathinones de synthèse, ce qui en faisait la deuxième catégorie de drogues la plus nombreuse après les cannabinoïdes de synthèse, au nombre de 224.
Ainsi, une augmentation de la production, du trafic et de la disponibilité des drogues est constatée en Europe. Plus de 350 laboratoires clandestins de production ont été démantelés en 2020. Si le darknet est en déclin, les réseaux sociaux et les applications de messagerie constituent une source d’approvisionnement privilégiée, ceci souligne la nécessité d’apporter des réponses dans ce domaine si préoccupant.


1- Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (2022), Rapport
européen sur les drogues 2022 : Tendances et évolutions, Office des publications de
l’Union européenne, Luxembourg, 60pp.

Mettre fin à la menace du trafic de drogue et de la toxicomanie au Nigeria.

Au Nigeria la femme du Président prend ouvertement position contre le trafic et la consommation de drogue. Un exemple pour nos dirigeants européens !!

La Première Dame, Mme Aisha Buhari, a exprimé jeudi sa détermination à renforcer le plaidoyer pour mettre fin à la menace du trafic de drogue et de la toxicomanie chez les jeunes femmes et des jeunes au Nigeria.

Buhari a déclaré cela lors de la Conférence 2022 sur la sensibilisation aux drogues organisée par l’Initiative contre la toxicomanie et la toxicomanie au Nigeria (IAASAN), en collaboration avec l’Agence nationale de lutte contre la drogue (NDLEA) à Abuja.

Dans une déclaration mise à la disposition des journalistes par son assistante spéciale principale pour les affaires publiques et de la stratégie, M. Sani Zorro, elle a également exhorté les parties prenantes à unir leurs forces pour s’attaquer aux défis liés à l’abus de drogues dans le pays.

Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrions éviter le drame et l’impuissance des nations gravement touchés par le trafic de drogue et les crimes associés », a-t-elle déclaré.

Elle a donc souligné la nécessité pour les organisations traditionnelles et religieuses de se joindre à la lutte pour aider à lutter contre la menace du trafic de drogue et de la toxicomanie au Nigeria.

« Imaginez si nos mosquées et églises, prêtres et clergés avaient vigoureusement prêté leur voix, et ont affirmé leur influence pour nettoyer la société de la menace de la toxicomanie et abus de substance !

Source

Quand la consommation chronique de cannabis provoque des vomissements à répétition

© Flickr

Un syndrome de plus en plus rapporté chez les consommateurs chroniques de cannabis commence à prendre des proportions épidémiques, rapportent des pharmacologues réunis au sein du réseau français d’addictovigilance. Le syndrome d’hyperémèse cannabique, caractérisé par des épisodes répétés de nausées et vomissements, fait l’objet d’une étude à paraître le 1er janvier 2018 dans la revue Drug and Alcool Dependance.

Ce syndrome a été initialement décrit en Australie en 2004. En France, les premiers cas n’ont été rapportés qu’en 2013. Le nombre de cas a régulièrement augmenté depuis 2015, jusqu’à atteindre aujourd’hui 29 notifications, indiquent les membres du réseau français d’addictovigilance.

Le syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC), également appelé syndrome cannabinoïde, progresse en trois phases. La première débute par des signes avant-coureurs, comportant des nausées matinales, une peur de vomir et un inconfort abdominal. Ces symptômes cycliques évoluent pendant plusieurs semaines ou mois.

La deuxième phase est caractérisée par des épisodes de vomissements incoercibles, accompagnés de nausées intenses, persistantes, invalidantes, ainsi que de fortes douleurs abdominales. Dans certains cas, les vomissements incontrôlables peuvent entraîner une déshydratation sévère. Ces crises douloureuses durent généralement moins d’une semaine.

Prise compulsive de douches chaudes

Les symptômes ont l’étonnante particularité d’être temporairement soulagés par la prise compulsive de douches chaudes ou de bains chauds, voire très chauds. Cet effet bénéfique est un élément clé du diagnostic de SHC.

Il se produit ensuite une phase de récupération qui correspond à la disparition des symptômes qui débute après l’arrêt de prise du cannabis. Elle est complète le plus souvent en 24 à 48 heures.

Le profil des patients français ayant présenté un syndrome d’hyperémèse cannabique a été comparé à ceux rapportés à ce jour dans la littérature internationale. L’âge moyen des patients français est de 25 ans (contre 30 ans pour les 113 cas déjà décrits). Par ailleurs, en France, les patients atteints de ce syndrome diffèrent significativement de ceux publiés dans la littérature par leur consommation plus importante d’autres substances psychoactives (41,4 % contre 22,1 %), de même que par un usage plus fréquent à des fins récréatives (17,2 % contre 3,7 %). Ceci pourrait traduire une fréquence plus élevée de troubles anxieux parmi les patients français souffrant du syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC).

Par ailleurs, le centre d’addictovigilance de l’Hôpital Fernand Widal (Paris) et l’équipe d’addictologie hospitalière de liaison et de soins (ELSA) de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière ont fait état en décembre 2017 dans le Journal of Clinical Psychopharmacology de 19 cas de SHC enregistrés en Ile-de-France entre 2012 et 2016 chez des patients âgés de 20 à 48 ans.

Un syndrome peu connu des médecins

Le diagnostic du SHC repose uniquement sur les symptômes cliniques du patient. Il ne dépend pas d’examens complémentaires. Il doit être évoqué aux urgences chez tout adulte jeune ou adolescent présentant des vomissements incoercibles. Le médecin doit alors l’interroger sur une consommation chronique de cannabis, critère indispensable au diagnostic. L’intensité des douleurs abdominales est telle que ces patients sont fréquemment hospitalisés en urgence. Les explorations par scanner abdomino-pelvien et par endoscopie digestive haute (observation de l’intérieur de l’œsophage, de l’estomac et du duodénum) sont normales. La reconnaissance de ce syndrome éviterait donc les examens d’imagerie inutiles (scanner) et invasives (endoscopie digestive).

Les auteurs notent cependant que le SHC reste peu connu des professionnels de santé, probablement du fait d’une sous-notification significative. Cependant, on compte 29 cas pour 113 décrits dans la littérature. Selon eux,  ces chiffres illustrent la possibilité de l’émergence en France d’une « épidémie » de ce syndrome.

La survenue de SHC ne dépend pas de la consommation quotidienne de grandes quantités de cannabis. Le délai entre la consommation chronique de cannabis et la survenue des vomissements répétés est variable. Une étude a montré que 44 % des patients souffrant d’un SHC avaient présenté des symptômes un à cinq ans après le début de leur consommation de cannabis et 32 % au cours de la première année. Parmi eux, 59 % en consommaient quotidiennement, d’autres uniquement le week-end. Des facteurs individuels sont donc probablement impliqués dans la survenue de ce syndrome.

On recense dans la littérature le cas d’un individu avec SHC qui n’était pas un fumeur de cannabis mais un consommateur de cannabinoïdes de synthèse, de nouvelles substances psychoactives encore appelées spices.

Paradoxe temporel

Comment expliquer que le cannabis, plante ancestrale consommée depuis des millénaires, puisse entrainer un nouveau syndrome ? Les usagers de cette drogue ont-ils modifié leurs habitudes de consommation ? Fument-ils plus qu’auparavant ? Il est probable que l’émergence du SHC tienne plus au fait que les teneurs en delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), principe actif du cannabis, présent dans l’herbe ou la résine, ont régulièrement augmenté, passant d’environ 9 % en 2000 à 17,4 % en 2013, avec des valeurs pouvant atteindre 40 %. De plus, le cannabis « haut dosage » (Cannabis indica) a progressivement supplanté les plants traditionnels de Cannabis sativa à faible teneur en THC, indiquent les auteurs. D’où l’hypothèse que l’augmentation des teneurs en THC a pu contribuer de façon significative à l’émergence du syndrome d’hyperémèse cannabique, le THC s’accumulant plus rapidement et à de plus fortes concentrations dans le cerveau.

Effet paradoxal

On sait que le cannabis est utilisé à des fins médicales pour son effet bénéfique sur les nausées induites par la chimiothérapie. Dès lors, comment expliquer qu’il puisse provoquer des vomissements incontrôlables ? Comment se fait-il que des consommateurs ressentent des nausées alors que le cannabis, de par ses effets anti-émétiques, devrait les soulager de ces symptômes ?

Pour comprendre, il faut savoir que les récepteurs cannabinoïdes CB1 (sur lesquels agit le THC) sont principalement présents dans le système nerveux central et périphérique, y compris le système nerveux entérique (faisant partie du système nerveux autonome contrôlant l’appareil digestif). Ces récepteurs sont impliqués dans la réduction de la sensation de nausée et dans la régulation de la température corporelle (thermorégulation). La sur-stimulation des récepteurs CB1 du système nerveux entérique pourrait provoquer un effet émétique qui surpasserait l’activité antiémétique au niveau du système nerveux central. Si tel est le cas, des teneurs élevées de THC, en dépassant un seuil propre à un individu donné, pourraient déclencher l’apparition des symptômes. De fait, des chercheurs ont émis l’hypothèse que des variations génétiques sur certains enzymes hépatiques pourraient influencer la survenue du SHC. Un métabolisme trop rapide du cannabis entraînerait une surproduction et une accumulation de dérivés du cannabis (métabolites), favorisant les vomissements.

Le SHC, sujet de santé publique

Les membres du réseau d’addictovigilance font remarquer que le cannabis est le produit psychoactif illicite le plus consommé en France. On compte environ 17 millions de consommateurs dans la population âgée de 11 à 64 ans. Parmi eux, 1,4 million fument du cannabis au moins dix fois par mois. Par ailleurs, 700 000 individus se déclarent usagers quotidiens de cannabis. La consommation actuelle concerne surtout les plus jeunes et les hommes (28 % des 18-25 ans, 35 % des hommes et 21 % des femmes de cette tranche d’âge).

Les auteurs concluent qu’« avec l’usage de plus en plus répandu du cannabis à des fins médicales et récréatives, les autorités sanitaires doivent être alertées sur cette question de santé publique et diffuser des messages d’avertissement concernant l’existence de ce syndrome, à la fois en direction des professionnels de santé et de la population générale ».

« On pouvait s’y attendre » : la consommation de cannabis en forte augmentation chez les jeunes Américains

Aux Etats-Unis, la consommation de cannabis chez les jeunes a atteint des records, l’année dernière, selon les résultats d’une étude de l’université du Michigan publiée cette semaine. « Pas étonnant », pour le spécialiste des addictions Jeffrey Roth. 

Loig Loury – franceinfo

Radio France

 

Sur cette photo d'archive prise le 20 avril 2022, une personne fume un produit concentré de cannabis, lors du Mile High 420 Festival à Denver, dans le Colorado.  (PATRICK T. FALLON / AFP)
Sur cette photo d’archive prise le 20 avril 2022, une personne fume un produit concentré de cannabis, lors du Mile High 420 Festival à Denver, dans le Colorado.  (PATRICK T. FALLON / AFP)

Les jeunes Américains n’ont jamais été aussi nombreux à consommer du cannabis, selon les résultats d’une étude annuelle de l’université du Michigan publiée cette semaine. Près de 45% des 19-30 ans interrogés déclarent ainsi avoir fumé de la marijuana en 2021, contre moins de 30% dix ans plus tôt. 

Depuis l’an dernier, 19 Etats américains, ainsi que la capitale fédérale, autorisent l’usage récréatif du cannabis, désormais accessible à plus de 140 millions d’Américains. Il n’est donc pas étonnant de voir la consommation augmenter, selon Jeffrey Roth, psychiatre à Chicago, et spécialiste des addictions : « Rendre le cannabis illégal n’aide pas… Mais le rendre légal, ça envoie un message, et tout le monde se précipite dessus… On pouvait s’y attendre ! »

L’usage de drogues hallucinogènes également en hausse 

L’étude publiée cette semaine, elle, n’avance pas les causes de cette hausse de la consommation, mais assure que les niveaux observés l’an dernier sont « les plus hauts jamais enregistrés » depuis les premiers relevés en 1988. D’après Jeffrey Roth, il ne faut pas, pour autant, céder à l’inquiétude : « La question est plutôt : est-ce qu’on peut enfin entendre le genre de difficultés que peuvent traverser les jeunes consommateurs ? La légalisation, ce n’est pas le problème… Mais peut-on commencer à discuter de l’usage de cannabis, ou d’autres drogues ? »

Car l’usage de drogues hallucinogènes, plus généralement, a augmenté. LSD, ecstasy, mescaline, ou champignons… 8% des jeunes adultes déclarent en avoir consommé en 2021. Ils étaient 3% il y a dix ans. 

Une consommation d’alcool même légère est associée à un risque accru de cancer du sein

À retenir

  • La consommation d’alcool, qu’elle soit légère, modérée ou importante, est associée à un risque accru de cancer du sein, d’après une méta-analyse réalisée à partir de 26 études portant sur près de 6 millions de participantes.
  • Dans l’ensemble, les investigateurs ont identifié une relation dose-réponse, ce qui signifie que plus la consommation d’alcool est importante, plus le risque de cancer du sein est élevé.
  • Les investigateurs ont également identifié la répression de quatre gènes à l’origine de l’association entre l’alcool et le cancer du sein.

Pourquoi est-ce important ?

  • Les prestataires de soins en médecine générale doivent informer les patientes du lien entre l’alcool et le cancer du sein, en particulier auprès des femmes qui présentent un risque accru de cancer du sein en raison d’antécédents familiaux et de facteurs de risque génétiques.

Méthodologie

  • Les investigateurs ont réalisé une méta-analyse à partir de 26 études de cohorte prospectives ayant inclus 5 795 688 participantes.
  • Ils ont également réalisé une analyse de randomisation mendélienne (RM) des études d’associations pangénomiques pour rechercher un lien de causalité entre la consommation d’alcool et le cancer du sein. L’analyse de RM est la meilleure méthode épidémiologique pour établir des liens de causalité entre deux variables.
  • Financement : aucun pour l’étude dans son ensemble, mais plusieurs investigateurs ont reçu des subventions individuelles provenant de diverses organisations.

Principaux résultats

  • Tous les niveaux de consommation d’alcool étaient associés à un risque accru de cancer du sein dans la méta-analyse :
    • Une consommation légère était associée à une augmentation de 7 % du risque de cancer du sein (risque relatif [RR] : 1,07 [intervalle de confiance (IC) à 95 % : 1,04–1,10], comparativement aux participantes qui ne consommaient pas d’alcool).
    • Une consommation modérée était associée à une augmentation d’environ 21 % du risque de cancer du sein (RR : 1,21 [IC à 95 % : 1,14–1,28], comparativement aux participantes qui ne consommaient pas d’alcool).
    • Une consommation importante était également associée à une augmentation d’environ 21 % du risque de cancer du sein (RR : 1,21 [IC à 95 % : 1,17–1,26], comparativement aux participantes qui ne consommaient pas d’alcool).
    • Un schéma similaire a été appliqué aux études n’incluant que des participantes européennes.
  • Dans l’ensemble, ce schéma représentait une relation dose-dépendante, ce qui signifie que le risque de cancer du sein augmentait parallèlement à l’augmentation de la consommation d’alcool.
    • Le risque a été quantifié comme une augmentation de 4 % pour chaque augmentation de 10 g/jour de la consommation d’alcool. Un verre représente environ 12,5 g d’éthanol.
  • L’analyse de RM a révélé qu’un phénotype de consommation d’alcool (consommation d’alcool problématique) était associé à une augmentation de 76 % du cancer du sein (rapport de cotes : 1,76 ; IC à 95 % : 1,04–2,99). Le trouble lié à la consommation d’alcool ne faisait pas partie des phénotypes associés à un risque accru.
  • L’analyse de RM a également révélé un lien de causalité entre la consommation d’alcool et le cancer du sein qui est médié par la méthylation de sites particuliers sur les régions promotrices de quatre gènes : CDC7, ZNF318, RIN3 et RP11-867G23.13. La méthylation d’une région promotrice provoque le silençage de l’expression génique. En d’autres termes, ces quatre gènes ne sont pas traduits en protéines lorsque les personnes consomment de l’alcool.

Le monstre du Lochness …. (SUITE)

Suite à cet article du professeur Costentin, ( cliquez ici ) voici une information vue dans le métro de New York

« Legal Adult Use and Possession in NYC. It is now legal for adults 21 and older to possess up to three ounces of cannabis and up to 24 grams of concentrated cannabis for personal use in New York. Adults may smoke or vape cannabis wherever smoking tobacco is allowed under the smoke-free air laws, with a few exceptions”

« L’utilisation et possession légales par des adultes à New York. Il est désormais légal pour les adultes de 21 ans et plus de posséder jusqu’à trois onces de cannabis et jusqu’à 24 grammes de cannabis concentré pour un usage personnel à New York. Les adultes peuvent fumer ou vaporiser du cannabis partout où ils fument du tabac. est autorisé en vertu des lois sur l’air sans fumée, à quelques exceptions près »

Trop d’alcool, chromosomes trop courts?

Agence Science-Presse

Mercredi 24 août 2022

Si le fait de boire trop d’alcool a été associé depuis 30 ans à une liste de plus en plus longue de maladies —et de problèmes sociaux— voici un impact qui laissera de glace les grands buveurs: ça pourrait raccourcir leurs télomères.

Le télomère est cette partie de nos chromosomes qui, à leur extrémité, empêche ceux-ci de se dégrader: on le compare souvent pour cette raison au morceau de plastique à l’extrémité d’un lacet. Il y a longtemps qu’on associe la diminution de longueur des télomères au vieillissement: et pour la même raison, diverses recherches —mais ceci fait encore l’objet de nombreux débats— ont associé des télomères plus courts, ou trop courts, à un risque élevé de cancer, d’Alzheimer ou de maladies cardiovasculaires.

Or, dans une recherche publiée en juillet dans la revue Molecular Psychiatry, des chercheurs britanniques et américains écrivent qu’il pourrait y avoir un seuil de consommation d’alcool au-dessus duquel un impact se ferait sentir sur la longueur des télomères. Ce seuil serait de 17 verres par semaine.

Ces chercheurs sont retournés dans la base de données biomédicales britannique —UK Biobank, qui regroupe des données sur les gènes et sur la santé d’un demi-million de personnes— et ont analysé les dossiers de 245 000 participants âgés de 40 à 69 ans. Pour le niveau de consommation d’alcool, ils ont dû se contenter de ce que ces participants avaient eux-mêmes rapporté dans le questionnaire. Mais le dossier médical indiquait aussi ceux qui avaient été diagnostiqués comme souffrant d’un trouble lié à l’alcool. Et ce sont ces derniers qui s’avéreraient plus à risque d’avoir des télomères plus courts.

On ne peut pas affirmer qu’il s’agit d’une relation de cause à effet, précisent les chercheurs, parce que les groupes qui consomment trop d’alcool peuvent aussi compter dans leurs rangs un plus grand nombre de gens qui ont d’autres mauvaises habitudes de vie. Les chercheurs ont également trouvé une corrélation entre les télomères plus courts et les gens chez qui on avait observé, dans le passé, un des variants génétiques associés avec une consommation accrue d’alcool. Mais cette association a les mêmes limites, l’alcoolisme étant rarement présent en solitaire chez une personne.

La corrélation promet toutefois d’attirer l’attention des autorités médicales, considérant le rôle important que semblent jouer les télomères dans l’espérance de vie…

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