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avril 2018

L’alcool affecte les bactéries de la bouche

La consommation d’alcool, particulièrement en grande quantité, nuit au microbiote de la bouche en détruisant les bonnes bactéries, tout en permettant aux mauvaises de proliférer, montre une étude américaine.

Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont analysé la salive de 1044 adultes américains divisés en trois catégories, en fonction de leur consommation d’alcool (nulle, modérée ou élevée).

En moyenne, quelque 700 espèces de bactéries vivent naturellement dans une bouche humaine. Ce microbiote est, à la fois, composé de mauvaises bactéries, qui peuvent causer des maladies, et de bonnes bactéries, qui aident à contrôler leur prolifération.

Or, les patients considérés comme ayant une consommation d’alcool élevée (plus de deux verres par jour pour les femmes, trois pour les hommes) présentaient un peu moins de bonnes bactéries et, surtout, affichait une surabondance de mauvaises bactéries dans leur bouche vis-à-vis des personnes qui ne boivent pas.

Les chercheurs ont notamment identifié, chez les buveurs, des taux anormalement élevés de microorganismes issus, entre autres, des familles de bactéries Neisseria, Actinobactéries et Leptotrichia buccalis. Ces bactéries peuvent causer des problèmes de santé, notamment au niveau des gencives (gingivite, parodontite).

Les amateurs d’alcool avaient aussi un taux plus faible de bactéries de la famille des Lactobacillales, qui aide à réduire l’inflammation des gencives.

L’épidémiologiste Jiyoung Ahn, l’une des responsables de l’étude, a expliqué à la chaine CNN que les chercheurs n’ont pu identifier à partir de quelle quantité d’alcool le microbiote de la bouche commence à changer. Par contre, une consommation importante cause plus de dégâts, a-t-elle souligné.

Les auteurs de l’étude n’ont pas non plus déterminé pour quelle raison l’alcool affecte le microbiote de la bouche. Les acides contenus dans les boissons alcoolisées pourraient empêcher la croissance de certaines bactéries ou, encore, des sous-produits créés par la dégradation de l’alcool pourraient jouer un rôle, a évoqué Mme Ahn en guise de pistes de réponse.

Des études récentes ont montré que le microbiote de la bouche pourrait jouer un rôle sur le développement de certains cancers, comme ceux de la cavité buccale et de l’œsophage.

L’étude a été publiée dans le journal spécialisé «Microbiome» le 24 avril dernier.

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0,05g/l d’alcool : permis retiré ! …..

…..en Australie !

A partir du 30 avril, la réglementation dans l’Etat du Victoria change et des sanctions plus strictes attendent les contrevenants.

 Quelles sont les sanctions ?

Si lors d’un contrôle le conducteur a un taux d’alcool dans le sang égal ou supérieur à 0,05 g/l, son permis lui sera retiré et il devra :

  • – payer une amende,
  • suivre un programme spécifique avant de récupérer son permis,
  • – installer un éthylotest anti-démarrage dans chaque véhicule qu’il conduira (une fois qu’il aura récupéré son permis) pour au moins six mois.

Ceci s’appliquera également aux conducteurs professionnels qui commettront leur première infraction de conduite en état d’ivresse et qui seront contrôlés avec un taux d’alcool dans le sang inférieur à 0,05 g/l.

Si lors d’un contrôle le conducteur est sous l’emprise de stupéfiants, son permis lui sera retiré pour au moins six mois (au lieu de trois jusqu’à présent) et il devra également suivre un programme spécifique avant de récupérer son permis.

A partir du 30 avril, en cas de conduite en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiants, le conducteur contrôlé devra obligatoirement suivre un programme spécifique avant de récupérer son permis.

Le type programme à suivre dépendra de l’infraction mais il s’agira de sessions sur plusieurs jours.

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Conduite sous l’influence du cannabis et accidents mortels

Conduite sous l’influence du cannabis et accidents mortels dans les états de Washington et du ColoradoPr J.-P. Goullé

Un rapport de 9 pages tire la sonnette d’alarme concernant la conduite sous l’influence de drogues aux États-Unis. Il considère qu’elle constitue une menace sérieuse pour la sécurité publique. Or, cet aspect est largement occulté dans la pandémie qui touche cette consommation. Selon des estimations prudentes, 20% des accidents de la route seraient causés
par des conducteurs sous l’emprise de drogues, ce qui se traduirait chaque année par des milliers de décès, des centaines de milliers de blessés et des milliards de dommages matériels.
Après des années de baisse constante, une récente augmentation importante des décès routiers est constatée dans le pays. Il est donc urgent de réduire la conduite sous l’influence de drogues, en particulier avec des facultés amoindries par le cannabis. www.StopDruggedDriving.org.

Des études récentes menées au Colorado et dans l’état de Washington, qui ont légalisé l’usage de la marijuana, montrent une nette augmentation de la conduite sous l’;influence de cette drogue.
Dans l’état de Washington, en 2014, le nombre de conducteurs sous l’emprise du cannabis tués dans un accident mortel de la circulation a plus que doublé après la légalisation de la drogue, pour atteindre 17% selon les statistiques officielles.

Quant à l’état du Colorado, en 2015, ce sont 21% des conducteurs tués qui ont été testés positifs au cannabis. Les décès liés à cette drogue ont augmenté de 48% en moyenne sur trois ans (2013-2015), comparativement à la période avant la légalisation de la marijuana à des fins récréatives (2010-2012), période au cours de laquelle le nombre total de morts sur la route a augmenté de 11%.

Dépénalisation : Pour Agnès Buzyn : « On ne peut pas donner le signal que le cannabis est sans danger. »

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Santé et cannabis ne feraient pas bon ménage. Agnès Buzyn explique pourquoi la dépénalisation du cannabis n’est pas envisagée. 

Ne pas minimiser les conséquences du cannabis sur les plus jeunes. Pour Agnès Buzyn, ce serait un des raisons qui pousse les gouvernement successifs à ne pas poursuivre le débat sur la dépénalisation.

Un danger pour les plus jeunes 

La ministre estime que le cannabis est un véritable problème de santé publique, un « fléau« . Un observatoire du ministère de la Santé aurait observé une baisse du tabagisme mais une augmentation de la consommation de cannabis chez les plus jeunes.

L’utilisation du cannabis provoquerait même des troubles d’ordre cognitifs chez les jeunes des Français. L’apprentissage serait plus difficile chez ces consommateurs. « Ce sont des enfants qui vont avoir du mal à l’école, à l’université avec potentiellement une mise en danger de leur avenir professionnel du fait de l’utilisation du cannabis.« , d’après Agnès Buzyn.

Pour les jeunes qui « l’utilisent abondamment » et parce qu’il serait à l’origine de beaucoup d’accidents de la route, le cannabis ne risque donc pas d’être dépénalisé de sitôt.

Un bon conseil …

Alcool : pourquoi devient-on parfois agressif après avoir bu ?

Des scientifiques ont établi que deux verres d’alcool modifiaient le fonctionnement du cortex préfrontal du cerveau.

Alcool : pourquoi devient-on parfois agressif après avoir bu ?BADAHOS / ISTOCK

Des chercheurs ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour mieux comprendre pourquoi les gens deviennent souvent agressifs et violents après avoir bu de l’alcool. Ils ont mesuré le débit sanguin dans le cerveau.

Après seulement deux verres, les scientifiques ont noté des changements dans le fonctionnement du cortex préfrontal du cerveau, la partie normalement impliquée dans l’atténuation des niveaux d’agressivité d’une personne. L’étude a été menée par Thomas Denson, de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie, et publiée dans la revue Cognitive, Affective, & Behavioral Neuroscience.

Cortex préfrontal

Jusqu’ici, aucune preuve substantielle n’avaient permis de corroborer la théorie selon laquelle l’agressivité des personnes liée à la consommation d’alcool était causée par des changements dans le cortex préfrontal.

Pour cette étude, Thomas Denson et son équipe ont recruté 50 jeunes hommes en bonne santé. Les participants ont reçu soit deux boissons contenant de la vodka, soit deux boissons placebo sans alcool. Alors qu’ils étaient allongés dans un appareil d’IRM, les participants ont dû répondre à une provocation verbale déclenchant leur agressivité.

L’imagerie par résonance magnétique a permis aux chercheurs de voir quelles zones du cerveau avaient été stimulées suite à la provocation verbale. Ils ont pu également comparer les scans des sujets qui avaient consommé de l’alcool et les scans des sujets qui n’en avaient pas consommé. Résultat : l’activité du cortex préfrontal des garçons ayant consommé de l’alcool avait diminué. Cet effet modérateur de l’alcool a également été observé dans les zones du cerveau impliquées dans le sentiment de récompense.

« Même suite à l’ingestion d’une faible dose d’alcool, nous avons observé une relation de cause à effet significative entre l’activité du cortex préfrontal et l’agressivité liée à l’ingestion d’alcool, résume Thomas Denson. Ces régions du cerveau peuvent déclencher différents comportements selon qu’une personne est sobre ou en état d’ébriété ».

Des doses plus fortes

Les résultats sont en grande partie conformes à un nombre croissant de recherches sur la base neuronale de l’agression et sur la façon dont elle est déclenchée par des changements dans le cortex préfrontal, le système limbique et les régions du cerveau liées au sentiment de récompense. Les résultats de la présente étude sont également conformes à plusieurs théories psychologiques sur l’agressivité liée à l’alcool.

« Nous encourageons des futures enquêtes à plus grande échelle sur les fondements neuronaux de l’agressivité liée à l’alcool, avec des doses plus fortes et des échantillons cliniques. Cela pourrait éventuellement permettre de lutter contre les méfaits liés à l’alcool « , conclut Thomas Denson.

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Risques liés à l’alcool: des médecins contre-attaquent

Instauration d’un prix plancher, taxe proportionnelle au degré d’alcool, encadrement plus strict de la publicité…Des médecins et experts de santé publique proposent 10 mesures pour limiter les dégâts de l’alcool.

Le secteur des boissons alcoolisées n’avait pas été chahuté de la sorte depuis longtemps. Après une première tribune publiée dans nos colonnes en mars visant à rappeler que le vin est aussi dangereux que n’importe quel alcool, quarante grands noms de la médecine et de la santé publique viennent de signer une nouvelle tribune. Cette fois, ils proposent aux autorités sanitaires dix mesures qu’ils jugent efficaces pour protéger des risques de l’alcool. «Nous ne sommes pas de ceux qui contestent que l’alcool, notamment le vin, fait partie de notre paysage, prennent-ils le soin de rappeler en préambule, (…) Mais nous témoignons de ses risques».

Les chiffres leur donnent raison: chaque année, 49.000 personnes décèdent et 15.000 autres se voient diagnostiquer un cancer à cause de leur consommation d’alcool. Les boissons alcoolisées sont d’ailleurs le premier facteur d’hospitalisation en France (environ 580.000 patients pour un coût estimé à 2,6 milliards d’euros par an, selon la Cour des Comptes). L’alcoolisation maternelle est de surcroît la première cause évitable de retard mental de l’enfant. Bien que la situation se soit améliorée depuis les années 1960, la France reste l’un des pays ayant le plus fort niveau de consommation d’alcool au monde, avec un peu moins de 12 litres d’alcool pur par an et par habitant. Alors, que faire?

Même sans abus, l’alcool est mauvais pour la santé

En guise de feuille de route, le gouvernement Français a pour seul objectif d’augmenter la taille du pictogramme destiné à rappeler que les boissons alcoolisées sont contre-indiquées aux femmes enceintes. Le programme proposé par les signataires de la tribune est autrement plus musclé. Ils commencent en douceur avec une première proposition consistant à ajouter sur les étiquettes la quantité de sucre, le nombre de calories ainsi que les grammes d’alcool contenus dans la boisson. L’objectif est d’aider les consommateurs à se repérer par rapport aux quantités maximales recommandées, fixées à 100 grammes par semaine, soit 10 verres standards. Pour l’heure, seuls le taux d’alcool et la présence de sulfites ajoutés doivent obligatoirement être affichés. Des discussions allant dans le sens de cette proposition sont en cours au sein de la Commission européenne.

Les médecins proposent également de remplacer la mention «l’abus d’alcool est dangereux pour la santé» par «l’alcool est dangereux pour la santé». «On le sait, l’alcool est nocif, même en petite quantité, notamment pour les gens souffrant de vulnérabilités. Certaines femmes ont plus de risque de développer un cancer du sein si elles boivent des boissons alcoolisées», explique le Pr Michel Reynaud, professeur de psychiatrie et d’addictologie et coauteur de la tribune. Très récemment, une étude a montré que le risque d’avoir certains cancers (œsophage, oropharynx et sein) augmente à partir de 10 grammes d’alcool par jour, soit l’équivalent d’un verre de vin.

» LIRE AUSSI – Pourquoi dit-on que l’alcool est cancérigène?

Mieux encadrer la publicité et instaurer un prix plancher

Les médecins reviennent également à la charge sur l’épineuse question de la loi Évin. Promulguée en 1991, celle-ci avait notamment pour objectifs d’encadrer la publicité des boissons alcoolisées et d’interdire la vente d’alcool aux moins de 16 ans. Mais des modifications successives ont fini par en amoindrir l’efficacité. «Dans le domaine de l’alcool, la loi Évin a été démantelée, désarticulée, et les dispositions restantes ne sont pour la plupart pas appliquées, déplore le Pr Reynaud. Nous souhaitons revenir à l’esprit initial de la loi, et ainsi protéger les consommateurs ciblés par les industriels du secteur, à savoir les jeunes et les femmes». Les auteurs de la tribune demandent notamment d’interdire fermement la publicité directe et indirecte sur les supports habituels, mais aussi sur Internet et les réseaux sociaux.

Mais la proposition la plus marquante est celle d’une taxe proportionnelle au contenu en grammes d’alcool, à laquelle s’ajoute un prix minimum de vente par unité d’alcool. À l’heure actuelle en France, les taux des différentes accises (impôts indirects) ne sont pas strictement proportionnels à la teneur en alcool ou à la nocivité particulière des différentes boissons alcoolisées, sauf exception. Ainsi, le vin représente 58 % de la consommation d’alcool en France, 71 % du chiffre d’affaires hors exportation et seulement 3,6 % des droits d’accises.

» LIRE AUSSI – Alcool: le mythe des bienfaits sur le cœur

Une minorité de gros consommateurs à risque

L’idée d’une taxe n’est pas du goût de Vin et Société, le représentant de la filière viticole, qui indiquait dans un document adressé aux candidats à la présidence de la République en 2017 que «les pays fortement taxés sont parmi ceux qui connaissent le plus de phénomènes d’alcoolisation massive». Or certaines expériences ont au contraire démontré que la hausse des taxes entraîne une diminution de la consommation. C’est le cas de la Colombie Britannique, une province canadienne où chaque augmentation des prix de 10% a été suivie d’une diminution de la consommation de 3,4%. En mai prochain, l’Écosse instaurera de son côté un prix plancher. Mais il existe également des contre-exemples, à l’image de l’Italie, qui est parvenue à ramener la consommation par habitant autour de 6 litres d’alcool pur par an, et cela alors que le vin y est totalement exonéré de droits d’accises.

«Il ne s’agit pas d’empêcher la population de boire de l’alcool, mais d’informer au mieux, souligne le Pr Michel Reynaud. Actuellement, la perception qu’ont les gens de l’alcool penche clairement en faveur de son aspect récréatif, et non des risques encourus. Il faut rééquilibrer la balance». Sur les 8,8 millions de consommateurs d’alcool réguliers, l’Observatoire français des drogues et toxicomanies estime à 3,4 millions le nombre de consommateurs à risque, c’est-à-dire buvant plus de 10 verres par semaine. «Ces personnes consomment les trois-quart de l’alcool vendu. Ce sont eux qui posent problème», conclut le spécialiste. Alors qu’ils n’ont, pour l’heure, pas reçu de réponse des autorités sanitaires, les signataires de la tribune s’apprêtent à demander la tenue d’une concertation citoyenne sur ce délicat sujet de santé publique.

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Le cannabis à l’adolescence accroît le risque psychotique

Le risque de développer à l’âge adulte une maladie de type schizophrénique est multiplié par trois.

Les personnes ayant consommé régulièrement du cannabis à l’adolescence ont trois fois plus de risques de développer un trouble psychotique de type schizophrénique avant l’âge de 30 ans, conclut une vaste étude finlandaise de l’université d’Oulu. «Ces résultats sont très clairs, confirme Franck Schürhoff, spécialiste de la schizophrénie aux hôpitaux universitaires Henri-Mondor à Créteil, et d’autant plus intéressants que les adolescents étudiés n’avaient eu aucun symptôme précurseur, ni de parents affectés.»

Sur les 6534 jeunes Finlandais interrogés il y a quinze ans, ceux qui avaient déclaré une consommation fréquente de cannabis étaient trois fois plus nombreux en proportion à avoir déclaré une psychose par la suite. Chose rare dans ce type d’étude, cet effet spécifique de la drogue a pu être distingué de celui de la consommation, souvent conjointe, de tabac ou d’alcool.

Cet effet est corroboré par une étude anglaise de l’université de Bristol, récemment publiée dans la revue médicale JAMA Psychiatry. Sur une population de 5300 adolescents de 14 à 17 ans, ceux déclarant un usage régulier de cannabis avaient un risque trois fois plus élevé d’avoir eu à 18 ans un trouble psychotique (hallucination, délire, voix intérieures).

De plus en plus de passages aux urgences

Là encore, ce risque est apparu beaucoup plus lié au cannabis qu’au tabac. L’hypothèse parfois évoquée que les personnes plus à risque de troubles psychotiques se tournent vers le cannabis a aussi été mise à mal car les adolescents ayant eu à 12 ans des symptômes précurseurs de psychose n’étaient pas plus nombreux à consommer la drogue. «Les adolescents s’avèrent particulièrement vulnérables au cannabis, précise le professeur Franck Schürhoff, car leur cerveau est alors en plein remodelage neuronal et hormonal avec la puberté.» C’est aussi à cet âge que leurs neurones présentent un pic de récepteurs au THC, la substance chimique hallucinogène de la drogue.

Chez les adultes, la responsabilité du cannabis dans le déclenchement de troubles psychotiques est connue depuis longtemps des psychiatres. Elle apparaît maintenant au grand jour dans l’État américain du Colorado, qui a progressivement libéralisé l’usage de cette drogue. En 2009, sa commercialisation à but thérapeutique a été autorisée pour des raisons médicales limitées et mal établies. En 2012, sa consommation récréative a été légalisée. Début 2014, sa commercialisation est permise sous la pression de divers lobbies industriels ou pro-cannabis et avec la perspective alléchante pour l’État de fortes rentrées fiscales. La conséquence a été une augmentation de 20 % des visites aux urgences pour troubles psychiques liées à l’usage du cannabis de début 2012 à fin 2014. Pour les adolescents, ces visites ont pratiquement triplé de 2009 à 2015.

Une drogue facile d’accès et riche en THC

Une telle progression intrigue les chercheurs du département de la Santé du Colorado à l’origine de l’étude, car le nombre de consommateurs réguliers de cannabis et son usage thérapeutique semblent stables depuis des années. Une fréquentation répétée des urgences par les mêmes consommateurs ne semble pas en cause. La conclusion la plus plausible, selon eux, est que le cannabis, devenu beaucoup plus facile d’accès et de plus en plus riche en THC, fait payer un tribut de plus en plus lourd aux populations fragiles qui en font un usage régulier.

Cela semble aussi le cas en France, selon le dernier rapport du Centre européen de surveillance des drogues et de leurs addictions (EMCDDA). Il montre que la prise en charge médicale des personnes pour troubles psychiques dus au cannabis a bondi depuis 2012, date à partir de laquelle la teneur en THC de la résine de cannabis a aussi progressé. Les diverses formes de cannabis dont la teneur en THC a triplé ces dernières années présentent un danger nettement supérieur pour le système nerveux, et celui-ci n’est plus atténué par d’autres substances présentes naturellement dans la plante.

«La consommation de cannabis devient un problème de santé publique chez les adolescents, d’autant plus s’ils présentent des signes de risque de psychose comme le repli social, une diminution de la motivation, des croyances bizarres ou des perceptions inhabituelles», prévient Franck Schürhoff.

À côté des structures de type «centre de détection et d’intervention précoce» tel que celui de Nancy, les maisons d’adolescents de chaque département doivent jouer un rôle important pour dépister les jeunes les plus vulnérables et leur éviter de basculer dans la première crise psychotique. «Et pourquoi n’y aurait-il pas aussi des campagnes de prévention plus générale sur les dangers de cette drogue, comme pour le tabac ou l’alcool? s’interroge le psychiatre, nous connaissons désormais les risques de dépendance et de schizophrénie qu’elle fait courir à toute une partie de la population.»

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Des médecins proposent dix mesures pour lutter contre l’alcoolisme

Taxes, prix minimum, nouvelles étiquettes, des médecins proposent dix mesures à l’efficacité démontrée pour décourager la consommation excessive d’alcool.

Plusieurs médecins, épidémiologistes et militants de la lutte contre l’alcoolisme signent ce 16 avril une lettre ouverte dans laquelle ils dénoncent une « désinformation soigneusement organisée par la filière alcool » et « la puissance de lobbying d’une industrie qui infiltre tous les niveaux de la société […] jusqu’au plus haut niveau de l’État ». Diffusée sur plusieurs sites dédiés à la prévention, le texte énonce dix mesures dont l’efficacité dans la lutte contre la consommation excessive d’alcool est scientifiquement démontrée.

Cette lettre intervient dans un contexte tendu entre médecins et alcooliers. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, et le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, avaient en effet invité la semaine passée les représentants de la profession viticole, pour les « associer aux politiques publiques de prévention ».

« Lors que les alcooliers se mêlent de prévention, on sait que c’est tout sauf de la prévention, et seulement de la communication » nous explique l’addictologue Michel Reynaud, co-signataire du texte. « Nous souhaitions rappeler dix mesures qui font consensus y compris à l’échelle de l’OMS. Charge au gouvernement de s’en saisir ou pas ».

Les auteurs de la lettre sont les mêmes qui avaient déjà interpellé en mars le président de la République. Emmanuel Macron, après avoir confié boire « du vin le midi et le soir », avait assuré que la loi ne serait pas durcie durant sa présidence.

Un prix plancher pour l’alcool

Parmi les dix dispositions identifiées, les signataires invitent à taxer l’alcool proportionnellement au contenu en grammes d’alcool et à indiquer de manière claire sur les contenants « la quantité en grammes d’alcool et de sucre, le nombre de calories », ou encore interdire « toutes les mentions supplémentaires non légales » (du type « à consommer avec modération »), sur tous les supports.

En revanche, la mention « l’alcool est dangereux pour la santé » devrait être systématiquement présente, de manière claire, lisible et contrastée ». Fin mars, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait exprimé son hostilité à cette idée. Pour elle, « cette phrase-là peut laisser penser qu’on est pour une action de prohibition, c’est-à-dire qu’on ne veut pas d’alcool du tout, or ce n’est pas le cas aujourd’hui ». Les médecins invitent également à étendre l’interdiction de la publicité pour l’alcool à Internet.

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