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septembre 2013

Le cannabis thérapeutique, un leurre au service de la dépénalisation / légalisation de cette drogue par le Docteur Jean Costentin

C’est bien volontiers que nous portons à la connaissance de nos lecteurs, ce texte du Pr JH Costentin qui dénonce l’affirmation d’un intérêt quelconque du cannabis dans la sclérose en plaque. Il s’agit à l’évidence d’une nouvelle manœuvre destinée à promouvoir le cannabis sous couvert d’un prétendu médical. Rappelons que les deux académies, de Médecine et de Pharmacie, se sont prononcées contre cette commercialisation. Nos lecteurs apprécieront

 

Sous des pressions idéologiques, dans une démarche concertée avec d’autres menées visant à la dépénalisation du cannabis (préalable à sa légalisation), par une évidente démagogie, le ministère de la Santé vient, après le désastreux signal de l’autorisation des « salles de shoots » pour les toxicomanes, de prendre un décret visant à autoriser le cannabis à des fins thérapeutiques.

Cet exposé, conçu à l’intention des patients atteints de sclérose en plaques et des personnes qui leur sont proches, prendra particulièrement en considération ce contexte pathologique, mis en exergue, pour tenter de justifier un usage thérapeutique de ce cannabis.

Il est vrai que son principe actif majeur, le tétrahydrocannabinol (THC) agit, modestement mais sûrement, sur trois composantes pathologiques de la S.E.P. :

  • son effet immunodépresseur, qui pourrait diminuer l’agressivité du processus auto-immun, par lequel l’organisme fabrique des anticorps dirigés contre la gaine de myéline des nerfs ; ce qui détermine la démyélinisation, qui trouble leur conduction ;
  • son effet myorelaxant, pour réduire les spasmes et autres contractures que l’affection peut susciter ;
  • son effet analgésique, pour réduire l’intensité des douleurs suscitées par les précédentes contractures.

Présenté ainsi on serait tenté de conclure à une heureuse conjonction d’effets, justifiant le recours au THC dans la S.E.P., d’autant que certains patients qui en ont « bénéficié » ne tarissent pas d’éloges à cet égard.

Notons tout d’abord qu’il s’agit d’une drogue, d’un agent toxicomanogène et qu’ainsi celui / celle qui s’en approche pendant un certain temps en devient dépendant ; il ne supporte plus d’en être privé, ce qui peut expliquer l’apologie démesurée qu’il fait du produit de son addiction.

Soulignons ensuite que si les trois effets revendiqués sont, à un certain degré, vérifiables, ils sont quantitativement modestes. Chacun d’eux est d’une intensité très inférieure à celle des médicaments de référence utilisés en cette matière. L’effet immunodépresseur ou immunomodulateur des sérums anti lymphocytaires d’antan, des imurel, méthotrexate, mitoxantrone, chlorambucil, des doses élevées de glucocorticoïdes, ou des interférons, l’emporte de très loin sur ceux du THC. De même l’effet myorelaxant, l’effet antispastique, du THC est bien faible comparé à celui du tétrazépam (Myolastan®, qui vient pourtant d’être retiré du marché en raison de très rares mais parfois graves accidents cutanés), du baclofène (Liorésal®) ou du dantrolène (Dantrium®). Quant à l’effet antalgique du THC il se situe entre celui du paracétamol et celui de l’aspirine, bien en deçà de ceux de la codéine ou du tramadol.

Ce qui qualifie un médicament, relativement à un toxique (poison) c’est son rapport bénéfices / risques ; quels bénéfices peut on espérer que le patient en retirera vis-à-vis de sa pathologie et quels risques il encourra en l’utilisant. Avec le THC, comme on vient de le dire, les bénéfices seront modestes, alors que les risques seront, eux, nombreux et parfois graves.

Les méfaits du THC sont multiples, à la mesure du grand nombre et du caractère diffus des deux cibles principales de son action, les récepteurs CB1 (au niveau cérébral) et CB2 (au niveau du corps). Ces récepteurs, auquel le THC se fixe réversiblement pour agir, sont portés par la membrane des cellules. Ils constituent des sortes de guichets, auquels le THC vient s’adresser pour communiquer des ordres aux cellules qui les portent. Dans le cerveau, de tous les types connus de récepteurs (au nombre de plus de trois cents) à l’écoute de la centaine de types de neuromédiateurs impliqués dans les dialogues entre les cellules, les récepteurs CB1 sont les plus nombreux ; ils sont présents dans presque toutes les structures cérébrales, quoique certaines structures, telles le cervelet, le striatum, l’hippocampe, en comportent beaucoup plus que d’autres. C’est pour cette raison que le THC suscite simultanément un très grand nombre d’effets. Ce seul constat l’invalide déjà comme médicament. C’en est fini, depuis longtemps, des thériaques, panacées et des « sirops Typhon ». A un médicament correspond un effet majeur, à la rigueur on tolère quelques effets latéraux, mais point trop n’en faut. Dans la multiplicité d’effets suscités par le THC, nous mettrons en exergue quelques uns d’entre eux : Lire la suite

Qui se pinte paiera ! (Jim.fr)

Londres le 19/09/2013

Dans la lutte pour la réduction des déficits des comptes sociaux, une nouvelle idée vient de naître en grande Bretagne. Les patients hospitalisés à la suite d’une consommation d’alcool excessive, devraient payer eux mêmes leurs frais de santé.

Cette mesure qui ravit 7 britanniques sur 10 selon un sondage, permettrait une économie de 3 MILLIARDS d’Euros par an !

En effet les problèmes liés à une trop importante et trop rapide absorption d’alcool représenterait en grande Bretagne jusqu’à 40% des admissions aux urgences

En pratique les secours aux personnes ivres pourraient être désormais assurés par des sociétés privés, qui pourront aussi se charger de gérer des « services » de cellules de dégrisement !

Une piste d’économie qui serait sans nul doute à l’origine d’une lever de bouclier en France …

 

Le plan gouvernemental pour fermer les portes des paradis artificiels

Paris, le vendredi 20 septembre 2013 –Un comité interministériel rassemblant Vincent Peillon (Education), Manuel Valls (Intérieur), Marisol Touraine (Santé) autour du Premier ministre Jean-Marc Ayrault a validé hier soir un « plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives ». Ce plan quinquennal a été préparé par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT).

Il intervient alors qu’une enquête de l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanie (OFDT) avait révélé en 2011 que 41,5 % des jeunes de 17 ans avaient déjà expérimenté le cannabis et que 6,5 % d’entre eux en étaient des consommateurs réguliers, faisant de la France le pays où les jeunes consomment le plus de cette substance.

D’autres études avaient elles démontré que la moitié des adolescents français ont déjà connu un épisode «d’alcoolisation ponctuelle importante ».

L’objectif de ce plan est simple : réduire le commerce et la consommation des drogues, dures ou « douces », licites ou illicites en mettant l’accent sur les jeunes.

Revaloriser les « consultations jeunes consommateurs »

La clé de voute de ce plan, est la mise en avant des Consultations Jeunes consommateurs (CJC). Il s’agit de consultations médicales anonymes et gratuites créées en 2005, rattachées aux CSAPA (Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) qui accueillent les jeunes de moins de 25 ans.

400 centres de ce type existent déjà, mais souffrant d’un déficit de notoriété, l’idée est de les faire connaitre et d’en ouvrir l’accès aux petits consommateurs. Les professionnels de santé participant à ces consultations seront aussi chargés d’aller chercher les « usagers » là où ils se trouvent : à l’école, dans les cafés… et de les convaincre de consulter et de mettre fin à leur addiction. !

Ces CJC devraient également élargir leurs compétences aux thérapies familiales.

Quit the shit

« Pour les jeunes en difficulté, ce qu’il manque souvent, c’est l’occasion d’en parler », confie à 20 Minutes Danièle Jourdain-Menninger, la présidente de la MILDT. Sachant que les jeunes passent un temps important sur Internet et les réseaux sociaux, il leur sera proposé de « chater » au sujet des addictions. Initié en Allemagne, un programme intitulé «Quit the Shit » sera donc bientôt développé en France. Via un chat avec des thérapeutes spécialisés, le programme proposera d’arrêter de fumer du cannabis en 50 jours.

Autre angle d’attaque la MILDT propose d’améliorer la«surveillance des canaux d’accès à la cannabiculture et aux nouveaux produits de synthèse en vente sur Internet».

Il sera aussi créé, à destination des professionnels de santé, des formations en ligne afin de se tenir au courant des dernières évolutions sur les addictions.

Détecter l’alcoolisme au plus tôt

Selon une enquête de la MILDT c’est un adulte français sur dix qui boit trop c’est-à-dire plus de trois verres par jour.

L’idée ici avancée est de permettre aux professionnels de santé de jouer leur rôle dans le dépistage des consommations à risques, grâce à un outil intitulé « repérage précoce et intervention brève ». Ce questionnaire permettra aux médecins d’interroger systématiquement tous leurs patients sur leur consommation d’alcool, de tabac ou encore de cannabis.

Enfin, une campagne de communication contre l’alcoolisme devrait être lancée.

Favoriser la prévention

Favoriser la prévention à la sanction est l’esprit de ce projet. Concrètement, pour les drogues « dures », cela devrait passer par l’ouverture de deux salles de shoots supplémentaires, après celle de Paris.

Pour le tabac, le plan prévoit d’expérimenter des universités entièrement non-fumeur, la promotion de la cigarette électronique (que le ministère de la santé envisageait d’interdire dans les lieux publics !) et le remboursement intégral des substituts nicotiniques pour les femmes enceintes et les moins de 25 ans.

Le plan propose aussi que soit modifié le code du travail pour limiter la consommation d’alcool sur les lieux de travail.

Enfin il est proposé un renforcement du contrôle des mineurs qui achètent de l’alcool et du tabac.

De nouvelles taxes ?

La MILDT comme le gouvernement semble oublier (une fois de plus) l’instrument fiscal pour lutter contre l’alcoolisme. Ainsi l’idée d’une taxe sur les boissons dites prémix (mélange de soda et d’alcool fort) n’est pas retenue.

Par contre, en ce qui concerne le tabac, le rapport rappelle que la diminution de la consommation passera encore par une hausse régulière des prix.

Ne pas revenir sur la répression

En matière pénale, conformément aux positions du chef du gouvernement, « on ne va ni revenir sur la loi de 1970, ni sur la dépénalisation du cannabis. Les gens ne comprendraient pas alors qu’on connait les effets du cannabis sur le cerveau » estime Mme Jourdain-Menninger.

La Mildt propose en outre des amendes douanières pour les acheteurs de drogue.

« Ce n’est pas le moment d’un grand débat sur la dépénalisation, qui donnerait lieu à de la langue de bois de tous côtés. Dans un pays où les messages de prévention ne passent pas, où la population est mal protégée, où de nouveaux types de trafics se diffusent, il faut d’abord repenser toutes nos armes »,juge par exemple Serge Blisko, ancien député PS, qui, en 2011, avait présidé une mission d’information parlementaire sur la toxicomanie

Réaction des addictologues

Si certains comme le psychothérapeute Michel Lejoyeux semble se satisfaire de ce nouveau plan dans les colonnes du nouvel observateur, d’autres spécialistes font part de leur circonspection face à cette nouvelle campagne contre les addictions en France.

Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction regrette ainsi que l’outil fiscal ne soit pas plus utilisé tout en saluant « l’intention de traiter les addictions telles qu’elles sont aujourd’hui, et d’aller vers les consommateurs ».

Globalement les addictologues ayant commenté ces nouvelles propositions soulignent des avancées en matière de réduction des risques mais regrettent que certaines idées dans l’air du temps n’ont pas été reprise comme par exemple la distribution de seringues en prison.

Michel Reynaud n’a pas été entendu

L’addictologue Michel Reynaud, auteur d’un rapport préparatoire sur la question ne sera lui aussi vraisemblablement pas ravi par ce plan.

Il avait notamment préconisé une législation identique pour les délits liés à la consommation de tous types de drogue, estimant que « la division licite-illicite est une prime donnée à l’alcool ».
Ses propositions sur la « contraventionnalisation » de la consommation de cannabis, qui permettrait d’alléger le travail des forces de l’ordre et des magistrats n’ont pas non plus été entendues.

Frédéric Haroche

Source : jim.fr

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Nos principales objections à l’instauration (« expérimentale ») de salles médicalisées pour l’injection de drogues aux toxicomanes.

Professeur Jean Costentin Président du Centre National de Prévention, d’Etude et de Recherche sur les Toxicomanies (CNPERT) – Membre titulaire de l’académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen

Conférence  lors de la séance publique de cette académie, le 14 septembre 2013

Alors que la puissance publique, soumise à de fortes pressions idéologiques, vient     d’autoriser l’instauration, à titre expérimental, de salles médicalisées pour l’injection de drogues aux toxicomanes, je me sens pressé d’exprimer, contre les vents médiatiques dominants, les nombreuses objections que soulève cette décision.

Pour en traiter dans sa globalité il parait souhaitable de situer ce sujet dans le contexte national et international des toxicomanies ; d’évoquer ensuite, afin d’y répondre, les principaux arguments avancés par les défenseurs de cette initiative et, enfin, de détailler les nombreuses raisons qui condamnent, sous les aspects de la logique, de l’éthique et de la pratique, ce qui correspond, non pas à une fausse bonne idée, mais à très vraie mauvaise idée.

  I – Contexte national et international des toxicomanies

La situation des toxicomanies en France confine à un désastre, à un fiasco sanitaire, social et sociétal. Ce constat débute dès le niveau des deux drogues licites que sont le tabac et l’alcool, dont le nombre très élevé des consommateurs dépendants est, évidemment, lié à leur caractère licite.

Le tabac recrute ses adeptes, à partir d’un âge de plus en plus précoce. Quinze millions de nos concitoyens sont incapables de s’en détacher. Ceci survient en dépit du fait que le tabac ne perturbe ni le jugement, ni la personnalité, ni la volonté, ni les performances intellectuelles, alors qu’il n’attente pas à la capacité psychologique de s’en détacher. Cette situation résiste aux campagnes réitérées qui rappellent ses dangers, aux interdictions de sa consommation dans les lieux publics, à l’interdiction de sa vente aux mineurs (majoritairement non respectée), à son bannissement des cours de récréation, à la lutte contre le tabagisme passif, à l’augmentation substantielle de son prix, etc. Ce tabac est, chaque année, en France, responsable de 75.000 morts ; soit de 200 morts chaque jour ; il est la première cause de mort évitable ; un fumeur sur deux mourra d’une cause en relation avec sa consommation tabagique. Ceux qui n’en meurent pas, ne sont pas dispensés de nombreux troubles pouvant altérer leur qualité de vie. Citons : les amputations liées à l’artérite des membres inférieurs ; les stents implantés pour dilater les artères coronaires rétrécies dans l’angor ; les séquelles d’infarctus du myocarde non létaux ; les séquelles neurologiques d’accidents vasculaires cérébraux ; l’essoufflement permanent du patient ayant une broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO), etc. Ainsi le plaisir que peut faire éprouver le tabac parait  d’un bien faible niveau comparé aux risques associés à sa consommation, avec ses voluptueuses volutes tueuses…

L’alcool, sous ses nombreuses déclinaisons, est un autre drame sociétal. Parmi ses  diverses présentations, dénonçons celles destinées à piéger les plus jeunes ; ces « premix » qui dissimulent la saveur de l’alcool derrière les bulles de gaz carbonique, les saveurs sucrées et les parfums attrayants. Ce premier pli étant pris, viennent alors les alcools forts ; les « shooters », qui font atteindre la « zone gâchette », ce degré d’alcoolisation qui empêche de réguler une consommation ultérieure, qui s’envole alors vers les Vodka, Gin, Cognac, Calvados, Rhum… au service (sévices) des alcoolisations aigues ; la « biture expresse », le «binge drinking ». Le piège fonctionne hélas très bien. Une thèse, que j’ai dirigée en 2012, dénombrait les comas éthyliques déclarés par les étudiants de Lettre et ceux de Pharmacie de l’université de Rouen. Environ 10 % d’étudiants des deux premières années de ces facultés déclaraient avoir présenté un tel coma une fois dans l’année. Le pourcentage, lors de la quatrième année de ces études passait à 30% en pharmacie et à 24% en Lettres. Ce constat intervient alors que des études expérimentales montrent que les alcoolisations aigues chez les sujets jeunes ont des effets neurotoxiques pour leur cerveau en pleine phase de maturation et, de plus, qu’elles recrutent, avec une plus grande fréquence, une alcoolo-dépendance à l’âge adulte.

Quatre millions de nos concitoyens sont alcoolo-dépendants, je n’ai pas dis alcooliques. Ils sont en fait incapables, au moins un jour chaque semaine, de s’abstenir de la consommation de toute boisson contenant de l’alcool. Six pour cent de ces sujets alcoolo-dépendants consomment, à eux seuls, plus de trente pour cent de la totalité de l’alcool bu dans notre pays ; ceux là sont désignés, avec une connotation péjorative dont on devrait se détacher, les alcooliques. Il s’agit en effet de grands malades, qui se sont fait piéger par l’alcool, si présent dans nos traditions, rendu si tentant et si facilement disponible. Le conseil de modération que le lobby alcoolier feint de véhiculer ne parait pas, en toute logique, marqué du sceau de la sincérité car, s’il était effectivement suivi, il réduirait de plus d’un tiers son chiffre d’affaire…..

Une étude épidémiologique récente rend l’alcool responsable, en France, de 49.000 morts annuelles, soit près de 135 morts chaque jour. Là aussi, derrière ces chiffres qui déjà interpellent notre émotion et nos consciences, se profilent maintes détresses : handicaps d’accidents non mortels, femmes battues, enfants violentés, déchéance sociale, perte d’emploi, etc. La consommation d’alcool qui avait baissé de près de 50% au cours du demi siècle écoulé repart à la hausse ; en particulier sous l’impulsion du lobby alcoolier, qui s’applique à « détricoter » les heureux effets de la loi Evin, interdisant la publicité des boissons alcooliques.

Viennent ensuite les drogues illicites avec, en pole position, le chanvre indien / le cannabis. Cette drogue m’est particulièrement familière, après que je lui ai consacré des études expérimentales, quatre livres, de nombreuses revues et plusieurs centaines de conférences. Pour ne pas me laisser happer par cette focalisation d’attention, je l’évacuerais  en trois phrases et quelques chiffres. Les français sont, en Europe, ses plus gros consommateurs, avec 1.700.000 usagers réguliers et plus de 650.000 usagers quotidiens / multi quotidiens ; 300.000 de nos gamins, entre 5ième et 3ième, au collège, s’en sont déjà approchés ; or « plus tôt l’essayer c’est plus vite l’adopter et plus intensément se détériorer ».

La liste impressionnante de ses fréquents méfaits physiques et psychiques ne dissuade toujours pas certains idéologues irresponsables de militer pour sa légalisation. Elle aurait inéluctablement pour effet d’accroître le nombre de ses consommateurs qui, à tout le moins, tendrait vers celui des alcoolo-dépendants et, pire encore, vers celui des fumeurs invétérés de tabac.

Sur l’échelle des toxicomanies le barreau situé au dessus de celui du cannabis est celui du chlorhydrate de cocaïne (la  neige) sniffée, ou de la cocaïne base (le crack), inhalée ; ainsi que des amphétamines, dont la consommation s’accroit de façon inquiétante.

Le barreau encore au dessus est celui de l’accès aux morphiniques, via les « médicaments de substitution à l’héroïne », la méthadone et la buprénorphine à haut dosage ou Subutex®. De jeunes toxicophiles se les procurent à bas prix, puisqu’il s’agit de la revente d’un produit qui a été remboursé à l’héroïnomane par la sécurité sociale. Cette revente permet à l’héroïnomane d’acquérir sa chère héroïne. Ainsi, le Subutex®, d’un prix très élevé pour la collectivité, assure aux héroïnomanes la gratuité de leur héroïne et contamine aux opiacés de jeunes toxicophiles, qui n’étaient pas encore « addicts » à cette classe de drogues. L’entrée dans cette nouvelle addiction les incitera bientôt à accéder au plus haut barreau de cette échelle, celui de l’héroïne!

Indiquons aussi que le Subutex®, développé pour faire rompre l’héroïnomane avec le comportement injecteur et pour le prémunir des risques de contamination par les seringues, est désormais détourné, pour son injection par voie intraveineuse ! Voilà comment une bonne idée, mal gérée, peut contribuer à la ruine des comptes sociaux et à un véritable désastre sanitaire. L’enfer de la toxicomanie est décidément pavé de beaucoup de bonnes intentions (affichées du moins a priori comme telles).

Au sommet de l’échelle des toxicomanies, trône, on l’a dit, la plus détériorante de toutes les drogues, l’héroïne. Sa production, majoritairement Afghane, n’a cessé de s’accroître malgré la présence en Afghanistan d’une coalition militaire internationale ; elle ne manquera pas d’exploser après son prochain retrait. L’addiction à l’héroïne, en France, concerne près de 250.000 victimes.

Dans leur tentative de banalisation des drogues, certains se sont escrimés à contester la notion d’escalade. Cette contestation était indispensable au développement de leurs messages  permissifs concernant l’occupation des barreaux du bas de l’échelle des toxicomanies ; en particulier celui du cannabis. Ces contestataires de l’escalade militent, de longue date, pour sa légalisation, n’hésitant même pas à le travestir en médicament ! Curieusement, ce sont souvent ces mêmes qui, aujourd’hui, découvrent le phénomène toxicomaniaque comme une entité, un continuum, dans lequel ils ne veulent plus que soient distinguées les drogues dites douces, des drogues dites dures. Ces mêmes qui, pour ne pas se déjuger, parlent désormais de poly toxicomanies. On leur fera remarquer que les poly toxicomanies qu’ils constatent sont encore plus graves que l’escalade qu’ils contestaient. Dans l’escalade on abandonne un barreau pour accéder à celui du dessus, puis au suivant. C’est-à-dire qu’on abandonne une drogue pour s’adonner à une autre, plus « puissante ». Dans les poly toxicomanies, par contre, on rajoute une drogue sans supprimer celles déjà consommées ; le toxicomane garde un pied sur le barreau alcool, pose l’autre sur le barreau cannabis ; il saisit d’une main le barreau cocaïne ou amphétamines et saisit de l’autre main le barreau héroïne. La revendication permanente du toxicomane s’exprime « toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort ». Plus le comportement addictif se développe précocement et plus son empreinte est profonde et durable, confinant souvent à l’indélébilité (autant qu’à la débilité….).

Je conclurais ce propos introductif en insistant sur le fait que la France, plus que les autres pays Européens, est confrontée à une véritable pandémie toxicomaniaque, contre laquelle elle se défend moins bien que d’autres états. Comme partout ailleurs, on est très démuni quand il s’agit de faire rompre le toxicomane d’avec ses drogues, de le traiter, de le guérir. L’action doit donc porter très fortement sur la prévention. Disons, de façon métaphorique, que ne sachant extirper de la marmite de la drogue le toxicomane tombé au fond, l’essentiel de l’action doit s’exercer pour maintenir son couvercle bien fermé, afin de prévenir la chute d’autres victimes. Face à ces constat, il n’y a plus aucune place pour l’ignorance, l’indifférence et moins encore la complaisance ; plus aucune place non plus pour l’émission de messages brouillés, équivoques, et moins encore permissifs, comme celui véhiculé par les « salles de shoots » pour toxicomanes.

Intéressons nous maintenant aux infortunés malades égarés au sommet de l’échelle des toxicomanies, qui s’injectent leur drogue par voie intraveineuse (l’amphétamine, la cocaïne, la buprénorphine et, bien sûr et surtout, l’héroïne. Ces injections leur procurent le maximum des sensations qu’ils puissent ressentir, c’est le « shoot », le « flash », le « high » ; sorte d’arc électrique, de sensation pseudo-orgasmique.

Le comportement injecteur, par le prêt des aiguilles et des seringues contaminées par le sang du prêteur, a été grand pourvoyeur d’hépatites B, C et, pire encore, du SIDA. C’est pour réduire cette modalité de contamination qu’a été mis en place (à l’époque où madame M. Barzach était ministre de la Santé) un accès facile, voire gratuit, aux seringues et aiguilles (1987). Elles furent ensuite en vente libre dans les pharmacies, ainsi que les coffrets Stéribox (1994). Ces matériels sont même gratuits dans certains centres (« dispensaires de vie » ou « boutiques »). Ces dispositions ont porté des fruits en matière de réduction des risques infectieux, au point qu’aujourd’hui la contamination par le prêt de seringue est devenue insignifiante. On ne s’est pas appliqué à déterminer l’incidence de cette facilité sur le nombre de toxicomanes injecteurs.

La contamination virale est désormais surtout homo et hétéro-sexuelle. Elle peut concerner des toxicomanes qui, sous l’empire de leurs drogues, donnent libre cours à leur sexualité sans recourir à des préservatifs. Les salles de shoots n’y changeraient rien.

La nouvelle version du Stéribox comporte une cupule pour dissoudre la drogue, ce qui est opportun, mais aussi un filtre adaptable sur la seringue, afin de retenir les particules des comprimés sublinguaux de Subutex®, qui sont maintenant détournés de leur usage sublingual, pour faire l’objet d’injections intra veineuses. Voila donc un « médicament »,  développé pour permettre à l’héroïnomane de rompre avec son comportement injecteur et, partant, pour réduire les risques qui lui sont associés, qui est maintenant injecté par voie intra veineuse, dans le silence assourdissant des «addictologues patentés».

Une association de buprénorphine (Subutex®) et de naloxone, la Suboxone® est désormais disponible sur le marché français. Elle a été conçue pour rendre impossible le détournement par injection intraveineuse de la buprénorphine, car elle susciterait, chez celui qui se l’injecterait un syndrome d’abstinence, qui le dissuaderait de réitérer. Cette association a de plus l’avantage de réduire la constipation opiniâtre qu’induit souvent le Subutex® utilisé par la voie sublinguale (voie normale d’administration). Il a fallu, curieusement, beaucoup de temps pour que cette association apparaisse sur le marché français. Maintenant qu’elle y est présente, elle est, plus curieusement encore, boudée par nos addictologues prescripteurs, au point que le laboratoire envisagerait d’arrêter sa commercialisation en France. Pour compléter ces informations indiquons que les formes génériques du Subutex® ont du mal à prendre pied. Elles seraient moins faciles à injecter. Le coût du « Subu » pour les caisses d’assurance sociale est considérable ; situé en deuxième ligne du « hit parade » de tous les médicaments (prix unitaire multiplié par le nombre annuel de prescriptions). Le nombre de médecins qui le prescrivent est restreint. Chaque prescripteur reçoit ainsi chaque jour de nombreux toxicomanes, ce qui ne lui laisse évidemment pas le temps d’une prise en charge psychologique de ces patients qui en ont, pourtant, tellement besoin. Pour en terminer avec ce Subutex®, il faut savoir qu’il n’est jamais (ou presque) administré à doses dégressives, pour viser une abstinence complète, à plus ou moins long terme. Il est en fait administré, ad vitam, à dose fixe, quand ce n’est pas à doses croissantes. Cette pratique maintient chroniquement le patient dans un état de précarité, que la moindre « contrariété » fera replonger dans sa trop chère héroïne…. Réduction des risques, que d’erreurs graves, à des prix somptueux, on commet en ton nom.

II – Arguments avancés par les partisans de ces salles médicalisées d’injections de drogues aux toxicomanes (que nous désignerons « salles de shoots »)

A – Ces salles de shoots permettraient de réduire les risques de contamination associés au  prêt du matériel d’injection

Nous avons dit que la politique de prévention du prêt des matériels d’injection est mise en œuvre depuis plus de 20 ans. Ce matériel abonde, au point que ses utilisateurs l’abandonnent parfois sur place, ce que devrait prévenir l’échange des seringues (une utilisée contre une neuve). Les toxicomanes accueillis dans ces salles de shoots auraient un si long passé de toxicomanie, qu’ils seraient contaminés de longue date s’ils n’avaient respecté depuis le début de leur pratique d’injection, cette règle élémentaire de l’absence du prêt de matériel d’injection. On ne veut quand même pas imaginer que dans l’esprit de leurs promoteurs les salles de shoots soient les C.P. (cours préparatoires) de l’injection des drogues, accueillant des novices afin de leur enseigner comment s’injecter proprement leurs drogues. Les contaminations virales déjà évoquées sont désormais principalement d’origine sexuelle. Les salles de shoots n’y changeraient rien ; elles n’empêcheraient pas qu’au sortir de celles-ci, sous l’empire de la drogue qu’ils viennent de s’injecter ou que l’on vient de leur injecter, les toxicomanes ne se livrent sans préservatifs à des ébats sexuels.

B – Ces salles amélioreraient le confort de ces injections

De fait, ces injections sont pratiquées à la sauvette, dans des conditions inconfortables, sous un porche, assis sur des marches, en se cachant sous des ponts ou des cages d’escalier. Le confort nouveau qui serait offert aux toxicomanes n’est pas de nature à les dissuader de poursuivre leur errance. La drogue, calme, au calme, au chaud, confortablement installé, avec le sourire de l’infirmière, et même un café et des biscuits en attendant, seraient autant d’attraits supplémentaires facilitant l’ancrage dans ce comportement. On sait, par contre, que sur un mode Pavlovien, l’inconfort associé à l’administration d’une drogue diminue l’appétence qu’elle suscite. C’est un des éléments forts qui préside à l’efficacité du « sevrage sec ». Une très douloureuse abstinence, incite le toxicomane à s’en souvenir et à hésiter davantage avant de renouer avec son addiction antérieure.

C – Ces salles amélioreraient l’image de la rue, du quartier.

S’il peut paraître, à certains égards, souhaitable de dissimuler de la vue des enfants le pitoyable spectacle de ces pauvres épaves humaines, affalées sous des porches, on peut aussi mettre en balance l’efficacité pédagogique de l’horreur que pourrait susciter ces pratiques toxicomaniaques. En Suède, pays exemplaire pour la maîtrise des toxicomanies, on apprend dès la maternelle aux bambins, à trembler à l’audition du mot drogue comme à celle du mot loup…

Les seringues et les aiguille qui trainent sur les trottoirs ou dans les espaces verts doivent faire l’objet de mises en garde auprès des enfants. Dans ces quartiers une vigilance redoublée des cantonniers peut pallier cette situation. De plus, par le biais du don d’une seringue neuve en échange de la restitution d’une seringue déjà utilisée, ces seringues usagées abandonnées devraient être rares; très en deçà de la médiatisation qui en est faite pour justifier ces salles de shoots.

D – Ces salles assainiraient l’ambiance du quartier.

Qui peut raisonnablement imaginer que ces salles de shoots purifieraient l’ambiance du quartier ? En tous cas pas les riverains du quartier de la Gare du Nord à Paris, qui se mobilisent pour qu’une telle salle de shoots ne leur soit infligée. Une « votation citoyenne », organisée sur ce thème, a exprimé un rejet total, à une écrasante majorité. Ces riverains savent qu’une telle salle concentrera les toxicomanes qui viendront la fréquenter. Dans une des salles installée en Suisse, le nombre de passages quotidiens autorisés à un même toxicomane est limité (si j’ose dire) à six. De ces salles de shoots ressortent des individus apaisés, tirés par leur chien, dans un état d’équilibre postural et psychique très variable d’un sujet à l’autre et d’une dose à l’autre. Comme il est prévu, en l’état du projet, que le toxicomane accédera à la salle de shoots avec sa drogue, elle lui sera proposée à l’extérieur ; ainsi, outre les toxicomanes, le quartier concentrera également les dealers. Il est déjà été exprimé que la police ne viendrait pas troubler par sa présence la quiétude du négoce…

E- Ces salles permettraient de capter les toxicomanes très marginalisés pour les introduire dans des filières de prise en charge.

Ce serait donc la stratégie de grains jeté aux moineaux, pour les attirer, afin de leur faire tomber le filet sur la tête. Cette stratégie feint d’ignorer la multitude d’autres filets qui, à prix d’or, ont été mis en place ; nous nous limiterons à les énumérer :

-Les CAARUD : Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (135 étaient recensés en 2010) ;

-Les CSAPA : Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (il y en a plus de 260) ;

-les CCAA, centres de cures ambulatoires en alcoologie, qui ont vocation à devenir des CSAPA  (ils sont 250, ce qui fera 510 CSAPA) ;

-Les centres spécialisés de soins aux toxicomanes en milieu pénitentiaire ;

-Les hébergements d’urgence ou de transition ;

-Les réseaux d’appartements thérapeutiques ;

-Les réseaux de familles d’accueil ;

-Les unités d’hospitalisation spécifiques pour toxicomanes (hospitaliers) avec leurs lits de sevrage ;

-Les dispensaires de vie ou « boutiques » ;

-Les « sleep-in » ……Ajoutons à cela

– Les centres type Croix Rouge ;

-Les centres de dispensation de la méthadone, ainsi que les « bus méthadone » qui vont à la rencontre des utilisateurs ;

– La très large dispensation de la buprénorphine à haut dosage, la BDH, illustrée par le  Subutex®, le « Subu » et ses génériques….

Tous ces dispositifs sont, on s’en doute, d’un coût énorme. Un certain nombre de ces dispositifs sont privés, ce qui ne les empêche pas de bénéficier de subventions de l’Etat, qui ne contrôle manifestement pas ce qu’ils en font. Ainsi, l’association Asud (Autosupport des usagers de drogues) bénéficie d’une subvention annuelle de 230.000 € ; émanant de la direction générale de la santé (DGS), de l’institut de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), de la direction francilienne des affaires sanitaires et sociales, du conseil régional d’Ile de France. Son logo, de façon non équivoque, est une seringue. Asud fait, sur son site internet, en totale contravention à la loi, la promotion de la culture du cannabis ; elle prodigue des conseils pour accroître sa productivité. « Cerise sur le gâteau », une de ses très récentes publications (août 2012) teste, d’une façon comparative, à l’usage de ses lecteurs, les charmes de 50 drogues différentes….

Accepter ces salles de shoots revient à admettre l’inutilité des dispositifs ruineux mis en place en amont. « Quand il n’y en a jamais assez, il faut se poser la question de savoir si l’on n’en a pas fait trop ». Avant d’aboutir à ce constat de faillite que serait le recours à cette extrémité des salles de shoots, il est indispensable de se livrer à une analyse minutieuse et détaillée de tous ces dispositifs, de revoir leur cahier des charges, de s’assurer du respect de celui-ci, de la qualité des acteurs impliqués, de leurs actions, de leurs coûts et de leurs résultats.

F – Ces salles de shoots fonctionneraient à l’instar de ce qui se fait dans plusieurs autres pays

Parmi les états concernés : La Suisse (12 centres en 8 villes) ; l’Allemagne (25 en 16 villes), l’Espagne (6 en 3 villes), l’Australie (1) ; le Canada (1) ; le Luxembourg (1) ; la Norvège (1); celui qui vient en tête est la Hollande (avec 45 centres en 4 villes).

Ces pays n’ont pas mis en place l’énorme et ruineux dispositif dont la France s’est dotée (tel qu’on l’a présenté). Dès lors on conçoit que n’ayant pas fait grand-chose pour leurs toxicomanes, soit venu pour eux le moment ultime où il leur a bien fallu faire quelque chose. C’est ainsi que l’on peut comprendre cette extrémité des salles de shoots à laquelle ils ont dû se résoudre. En l’occurrence l’exemple français devrait beaucoup plus utilement les inspirer, que nous ne devrions nous aligner sur leurs carences.

G – Ces salles de shoots auraient un caractère expérimental.

Encore un bel exemple de manipulation de l’opinion. Ne pouvant nous faire avaler la couleuvre d’un seul trait, elle nous est découpée en rondelles. Notre pays n’a pas la culture de l’expérimentation. Tout ce qu’il écrit, surtout au terme d’un débat houleux, se retrouve gravé dans le marbre. En France, le char de l’état ne dispose pas de marche arrière. Voyez, par exemple, la « méthode globale » pour l’apprentissage de la lecture, l’âge de départ en retraite, les horaires scolaires,  les 35 heures hebdomadaires de travail, etc.) ;sitôt dit et définitivement écrit.

Puisque ces dispositifs des salles de shoots existent à l’étranger, il n’est pas utile de refaire chez nous l’expérience. Une démarche qui se pare de prétentions scientifiques ne saurait consister à refaire les expériences d’autrui. On doit s’appliquer à les analyser soigneusement, objectivement, sans se laisser influencer par l’autosatisfaction de ses organisateurs (organisateurs de galas conçus au profit des organisateurs de galas) ; en mettant cette analyse en perspective avec les autres dispositifs. On l’a déjà dit, nous n’avons rien à apprendre des pays  qui n’ont pas bâti ni investi autant que nous l’avons fait pour les toxicomanes. Notre effort nouveau doit se porter sur l’analyse des insuffisances et des ratées de notre dispositif. Ces insuffisances doivent être nombreuses puisque ce très complexe et très couteux dispositif n’est pas parvenu à prévenir ce qu’il devait empêcher. L’activité des addictologues les plus tonitruants pour requérir ces salles de shoots devrait être analysée d’une façon aussi urgente que prioritaire, en s’aidant de beaucoup de regards extérieurs. Ce sujet dépasse les limites de l’autogestion, de l’autosatisfaction et des petits arrangements entre amis.

III – Nos propres arguments, au delà de la réponse à ceux d’autrui.

 

A – Au plan de la logique médicale,

On ne saurait se départir de la logique médicale qui tient pour proprement aberrant le fait d’administrer à un patient le toxique, qui est à l’origine de son intoxication, c’est-à-dire à l’origine de cette maladie très grave qu’est l’héroïnomanie.

B – Au plan de l’éthique médicale,

Il convient de rappeler qu’en prêtant le serment d’Hippocrate, à l’issue de la soutenance de sa thèse, le jeune docteur en médecine s’engage à ce qu’au cours de sa carrière médicale, ses compétences ne serviront pas à corrompre les mœurs. Or ces salles de shoots seraient de très mauvais signaux envoyés aux plus jeunes, dédramatisant, banalisant l’image des drogues, conduisant, comme on va le voir, à la dépénalisation et à la légalisation rampante des drogues.

C –  Au plan de la responsabilité médicale

Autre facette de « l’enfumage » de l’opinion, le toxicomane arriverait dans ces salles de shoots avec sa drogue. Dans ces conditions le médecin superviserait, voire même procéderait à l’administration intra-veineuse d’un produit dont il ne connait pas la nature, dont il ne connait pas la concentration ; or on sait combien ces drogues, par le jeu de coupages successifs, sont adultérées par des ingrédients variés, qui ajoutent à la drogue leur propre toxicité. Le médecin accepterait que soit effectuée l’injection parentérale de substances qui ne seraient ni stériles ni apyrogènes.

– Le toxicomane, rassuré par un environnement médicalisé, serait tenté d’aller vers les plus hautes doses de drogues ; donnant libre cours à son « toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort ». Ainsi, le rôle du médecin consisterait à être présent sous la fenêtre ouverte du suicidaire pour rattraper celui qui en saute. Cela ne correspond pas aux objectifs de ceux qui s’engagent dans la filière médicale, animés qu’ils sont par une vocation au service de la guérison…

– Qui serait alors responsable des overdoses / surdoses, voire des décès survenus dans ces lieux ?

– Si au sortir de la salle de shoots, sous l’empire de la drogue injectée, le toxicomane se livrait à une exaction, qui en serait responsable ? Il pourrait, sur les conseils d’un avocat, se retourner vers la salle de shoots, en soulignant que c’est là qu’on l’a mis dans un état dans lequel il ne pouvait plus rien maîtriser.

– Bien vite ces médecins des salles de shoots, voudront disposer d’une héroïne de qualité médicale, pure, stérile, apyrogène… Mais avec quel argent l’acquerrait le toxicomane qui ne pourrait plus compter sur ses opérations de coupage pour prélever sa dime au passage ?  Bientôt il faudra la lui offrir, comme on le fait déjà pour la méthadone ou pour le Subutex®! Ainsi se trouverait exaucé le vœu suprême de l’héroïnomane : « Ma drogue, de qualité optimale, dans la quantité que je veux, à la fréquence que je veux, gratis, au calme, au chaud, bien installé, avec le sourire de l’infirmière et une petite collation ». On ne voit rien de dissuasif dans tout cela qui puisse l’inciter à rompre avec le comportement toxicomaniaque injecteur, et moins encore avec la drogue. Cela aurait même un évident effet d’appel. On verrait bientôt le « Guide du camé », s’enrichir, sinon d’étoiles comme au Michelin, mais, plus prosaïquement, de seringues, pour comparer ses salles de shoots…

D – Au plan de la loi actuelle.

Comment la puissance publique pourrait elle accepter, eu égard à la loi qui interdit l’importation, le commerce, la détention, l’utilisation des drogues, qu’en des lieux financés par ses deniers (nos impôts) ces drogues puissent être vendues librement à l’entour et librement utilisées à l’intérieur. Ces squats de la santé, décidés et financés par la puissance publique, contreviennent à la loi (l’association « Parents contre la drogue » présidée par S. Lebigot vient d’ailleurs de porter plainte contre le premier ministre et la ministre de la Santé, responsables de l’autorisation d’ouverture de ces salles de shoots). Ces salles de shoots préparent la suppression de la loi sur la répression des drogues. Certains de ceux qui militent pour ces salles de shoots, ne se cachent pas de requérir la légalisation de toutes les drogues. Ces salles sont un de leurs subterfuges pour faire progresser cette légalisation. Ils mettent cette légalisation en relation avec ce qu’ils présentent complaisamment comme l’exemple Portugais. S’il fallait trouver un véritable exemple, il serait opportun d’aller le chercher beaucoup plus au Nord, en Suède. Grâce à une législation dont la rigueur ne diffère pas beaucoup de la nôtre, mais qui est expliquée et justifiée par une pédagogie intense (près de 40 heures d’enseignements dispensés depuis la maternelle jusqu’à l’université), ce pays peut s’enorgueillir de compter (en proportion bien sûr) 10 fois moins de toxicomanes que la moyenne européenne. « Où il y a une volonté il y a un chemin », mais où prévalent l’ignorance, l’indifférence, les non dits, les mal dits, l’enfumage, l’entortillage, les postures, les habiletés, les complaisances, les démissions, on atteints aux chiffres calamiteux des toxicomanies exposés en introduction. A l’instar du credo des toxicomanes qui s’exprime « toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort », celui des tenants de ces salles de shoots et de la légalisation des drogues s’exprime, « mais que pourrait-on faire de pire encore sur la voie de la décrépitude sociale et humaine ». Leur déconstruction systématique, leur destruction résolue des dispositifs mis en place, s’opère alors même qu’ils ne prévoient que ces salles de shoots, comme abri de fortune pour les sinistrés qu’ils engendrent.

E – Au plan du coût

Pour assurer le fonctionnement de telles salles de shoots, 24h / 24, jours, fêtes, dimanches, autres jours fériés et vacances, car la toxicomanie n’en connait pas, quatre équipes devraient être opérationnelles. Chacune d’elles devrait être composée d’un médecin addictologue, formé à la réanimation, de deux infirmières, d’un agent de sécurité, d’une aide soignante, d’un quart temps de psychologue, d’un quart temps d’assistante sociale (soit pour les salaires environ 1.200.000 € par an) ; un appartement de 10 pièces (3 bureaux, deux salles d’injections, une cuisine, deux salles de repos, une infirmerie avec du matériel de réanimation, une salle de bain, un vestiaire, trois parkings, un chenil), incluant le matériel consommable, les produits de santé, les aliments, le téléphone, le chauffage, l’amortissement du matériel… le coût estimé par salle et par an est d’environ 1.250.000 €uros. Dans l’hypothèse où serait installée une telle salle pour 300.000 habitants, cela requerrait, pour la France entière, 220 salles de shoots, et pour le budget de la nation 275.000.000 d’€uros. Dans cette période de récession économique, où de nombreuses demandes de moyens ne peuvent être satisfaites, où l’on s’efforce d’effectuer des économies pour tempérer l’accroissement d’une dette devenue abyssale, alors que les moyens consacrés à la prévention des toxicomanies sont jugés insignifiants et de plus mal ciblés et mal utilisés, une telle dépense supplémentaire s’avère impossible à assumer. Quant à l’emprunter aux dispositifs mis en place en amont, cela les affaiblirait et augmenterait, à terme, le nombre de toxicomanes à accueillir dans ces salles de shoots….

F – Qui sont les défenseurs de l’instauration de ces salles de shoots   

L’activisme d’addictologues très médiatisés qui militent avec véhémence pour ces salles de shoots est intéressant à considérer. Ils n’ont pas prévenu les pouvoirs publics des menaces que font peser les toxicomanies pour notre société. Ils se sont appliqués à occulter la montée du péril toxicomaniaque, ils ont commenté, pour en affaiblir la portée, ses chiffres inquiétants.  On ne les a jamais vu, ni entendu, s’investir dans des démarches de prévention ; au contraire ils portent souvent la contradiction à ceux qui, bénévolement, dépensent beaucoup d’énergie pour suppléer leurs carences. Ils les ont accusés de « diaboliser » les drogues, de « stigmatiser » leurs consommateurs ; ils en ont fait les suppôts d’idéologies ringardes, réactionnaires. Ces mêmes addictologues, après avoir prôné la dépénalisation, chausse pied de la légalisation du cannabis, afin de la faire progresser se sont jetés, voracement, sur le fantasme du cannabis médicament ; prétendant que l’on privait des malades de cette irremplaçable thérapeutique dans des pathologies d’ailleurs complètement en dehors de leur sphère d’expertise. Au lieu d’agir contre la diffusion et les dégâts de l’alcool et du tabac, ils se servent de leur dangerosité, comme comparateurs, pour prôner la légalisation du cannabis et au-delà de toutes les drogues. Alors qu’ils sont d’une inquiétante inefficacité dans la guérison des toxicomanes, ils ne cessent de réclamer des moyens supplémentaires, tandis que par leur attitude ils abondent le vivier des sujets malades des drogues. Ils sont d’une discrétion totale sur les détournements de la buprénorphine, que leurs prescriptions favorisent. Ces détournements ont pour effet de recruter beaucoup de nouveaux adeptes des morphiniques, qui seront bientôt ceux de l’héroïne. Ce sont eux, encore, qui n’utilisent jamais cette buprénorphine à doses dégressives pour viser l’abstinence. Ils maintiennent ainsi « leurs » toxicomanes dans un état de précarité qui peut les refaire basculer à tout moment dans l’héroïnomanie. Ils semblent ignorer l’efficacité des « sevrages secs » (sans produits de substitution). Ils sont d’une discrétion étonnante sur le détournement de la buprénorphine utilisée à des fins injectables, alors qu’elle a été conçue pour faire rompre l’héroïnomane avec son comportement injecteur. Ils sont enfin ceux qui militent, avec le plus de véhémence et de pugnacité, pour l’ouverture des salles de shoots. Si l’on recherche une cohérence entre tous leurs choix, elle apparait diabolique. Elle pose avec acuité le problème de leur adéquation aux missions qui leur sont assignées : prévenir, traiter, guérir les toxico manies. En l’occurrence on a l’impression qu’ils s’escriment à faire de la pathologie qu’ils ont à traiter, la plus importante de toutes, en fréquence et en gravité, dans notre société déjà malade de tant d’autres maux.

Au prétexte de la réduction des risques, la puissance publique s’apprête à commettre deux exactions majeures :

  1.  – l’envoi de signaux de banalisation des drogues, préalable à leur légalisation, avec en perspective le débordement, à la façon d’un tsunami, du lit déjà très large dans lequel elles circulent.
  2. – l’ancrage des toxicomanes dans leur toxicomanie, rendue plus aisée, plus confortable ; on voit même se dessiner, à court terme, « l’héroïne médicale » gratuite.

« Il n’est de richesse que d’Homme », en bonne santé, physique et psychique, ni « shooté », ni « camé », ni « paumé » ; avec une bonne estime de soi, conscient d’occuper une place dans la société dont il est un acteur, où il produit plus que ce qu’il consomme, afin de venir en aide à ceux qui ne peuvent encore ou qui ne peuvent pas, ou qui ne peuvent plus produire ce qu’ils consomment.

Avant de créer une strate supplémentaire à l’usine à gaz déjà bâtie pour la prise en charge des toxicomanies, il est urgent de la revisiter, afin d’optimiser son coût et son efficacité. La toxicomanie est une affaire trop grave pour être abandonnée à des addictologues victimes du « syndrome de Stockholm », devenus les otages indument empathiques des patients qu’ils n’ont pas su traiter.

DROGUES. Plan de lutte contre les addictions : enfin, on va sortir des débats d’opinion !

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Par 
Psychothérapeute

LE PLUS.

Ce jeudi 19 septembre, la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies) remet au gouvernement son plan contre « la drogue et les conduites addictives ».

Le professeur Michel Lejoyeux y a participé en animant des groupes de travail d’universitaires addictologues.

Il explique ce qui est, à son sens, le point le plus saillant de ce plan.

Le plan de lutte contre « la drogue et les conduites addictives » est remis par la Mildt ce jeudi 19 septembre 2013 (SIPA).

Pour moi, le premier temps de la lutte contre les conduites addictives, c’est de savoir concrètement qui est concerné, quelles sont les populations à risque et combien de Français sont dépendants. La politique vis-à-vis de ce fléau qu’est l’addiction doit s’appuyer sur une évaluation précise.

Or, à ce jour, nous ne disposons pas de données objectives sur l’importance du phénomène qu’est l’addiction, sa fréquence, sur les substances consommées, les dommages provoqués. Comment lutter contre un problème sans savoir qui il touche et jusqu’où il s’étend ? C’est comme si on entreprenait une politique de lutte contre l’amiante sans savoir où ni comment désamianter.

Remédicaliser le débat

Il n’y a pas d’addictologie de gauche ou de droite. Les personnes dépendantes sont malades. Et leur traitement ne sera pas amélioré par les opinions des uns et des autres. Il est temps de remédicaliser et de scientifiser le débat autour des addictions.

Dépassons les échanges sans fin d’opinions et les assertions subjectives, où l’on se déclare pour ou contre le Baclofène ou la cigarette électronique. Ils sont la preuve que l’on manque d’évaluations objectives. Le jour où l’on disposera d’études prouvant que le Baclofène a un effet supérieur au placebo et pas d’effets indésirables, il n’y aura plus personne pour être contre ; comme il n’y aura plus de pro-Baclofène si l’on démontre l’inverse.

Sortir de l’omerta

Heureusement, au regard de l’écoute que nous a accordée la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies), j’ose croire que l’on va sortir de ces débats passionnels. La nouveauté de ce plan de lutte contre les addictions, c’est de se focaliser sur la dimension de l’information, de l’enseignement et de la recherche.

Si peu à peu nous obtenons des données validées par des comités internationaux, nous allons pouvoir sortir de l’omerta collective. Peut-être que l’addiction à l’alcool provoquera une prise de conscience collective lorsque l’on saura précisément combien de morts elle entraîne.

Réorienter la politique de recherche

Pour cela, il va falloir réorienter la politique de recherche menée par la France, aujourd’hui essentiellement focalisée sur les sciences fondamentales. Nous avons besoin d’études sur la consommation de substances addictives menées sur un échantillon autrement plus grand que quelques adolescents : ce sont des milliers voire des dizaines de milliers d’individus qu’il faut interroger, si besoin par le biais de porte-à-porte, sur leurs relations à ces substances.

C’est ainsi que nous pourrons lutter concrètement contre les addictions. Et que nous améliorerons la formation des médecins sur les conduites addictives. Car comment peut-on se satisfaire que, sur les 600 questions du concours d’internat, seule une porte sur les addictions ? J’ai la sensation que ce plan va remédier à ces questions-là

Le plan de l’exécutif contre les addictions (Europe 1)

EXCLU E1 – Un comité interministériel doit valider jeudi soir un plan de lutte contre la drogue et les conduites addictives. On vous le présente.

Le rendez-vous. Le gouvernement lance l’offensive contre le trafic et l’usage des drogues. Un comité interministériel rassemblant Vincent Peillon (Education), Manuel Valls (Intérieur), Marisol Touraine (Santé) autour du Premier ministre Jean-Marc Ayrault va se tenir jeudi soir à Matignon. L’objectif : assécher le commerce et la consommation des drogues, dures comme l’héroïne et le crack, douces comme le cannabis, mais aussi des produits autorisés, comme l’alcool et le tabac. C’est tout l’objet du plan contre « la drogue et les conduites addictives », élaboré par la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies), que doivent valider les ministres jeudi.

>> Que prévoit ce plan ? Europe1 a pu le consulter en avant-première :

Premier point : le cannabis. La clé de voute du plan sur ce sujet, ce sont les Consultations Jeunes consommateurs (CJC), des cellules de consultations anonymes et gratuites, rattachées à des structures médico-sociales (CSAPA) et composées de professionnels de la santé. Pas moins de 400 existent déjà en France, mais elles sont pour l’instant quasi inconnues. L’idée consiste à ouvrir grand leurs portes, même aux petits amateurs de joints, qui commencent à peine. Il s’agit également d’aller chercher les consommateurs là où ils se trouvent : à l’école, dans les cafés etc. et de leur dire : on va vous éviter de tomber vraiment dans l’addiction.

Pour les cas les plus désespérés, on proposera même, dans certaines CJC, des thérapies familiales. Cette approche, qui a fait ses preuves aux Etats-Unis, consiste à faire venir devant des professionnels de santé un adolescent consommateur de drogue, avec sa famille, pour leur faire comprendre ce qui ne va pas et les aider à abandonner la drogue.

Deuxième point : l’alcool. Détecter et repérer les addictions plus vite et plus tôt, ça vaut aussi pour l’alcoolisme. Un adulte français sur dix boit trop, entre trois et sept verres par jour, selon la Mildt. Le gouvernement veut donc modifier le code du travail pour limiter la consommation d’alcool sur le lieu de travail. Et pour les jeunes, l’idée est de transmettre à tous les professionnels de santé et tous ceux qui sont en contact avec eux à un petit questionnaire pour leur permettre de repérer les consommations excessives. En quelques minutes, un médecin ou une infirmière doit pouvoir détecter un cas avec ce questionnaire. Enfin, une campagne de communication sera lancée.

Favoriser la prévention à la sanction. L’autre grande idée de ce projet, c’est de ne pas taper sur celui qui fume ou boit trop, mais de l’aider à consommer moins. Concrètement, pour les drogues dures, cela devrait passer par l’ouverture de deux salles de shoots supplémentaires, après celle de Paris. Pour le tabac, le gouvernement prévoit d’expérimenter des campus universitaires entièrement non-fumeurs, la promotion de la cigarette électronique et le remboursement intégral des substituts nicotiniques pour les femmes enceintes et les moins de 25 ans.

M6 : Zone interdite : Le Cannabis

M6 Zone interdite  CANNABISCliquez ici pour voir l’émission

Les jeunes et la drogue

Propices à l’expérimentation et à la consommation de drogues, les vacances d’été riment souvent avec discothèques, soirées sur la plage ou chez des copains. 42% d’entre eux reconnaissent avoir déjà fumé du cannabis et 7% se définissent comme des consommateurs réguliers. D’autres drogues sont également prisées comme l’ecstasy ou la cocaïne. Quel attrait revêt la drogue pour les jeunes ? Sont-ils conscients des risques ? Leurs réponses en images !

On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans

Il n’existe pas une drogue, mais des drogues. Le cannabis, l’ecstasy, la cocaïne, l’héroïne, le cristal meth ou les amphétamines ont un point commun, elles agissent sur le cerveau. Premiers concernés, les jeunes expérimentent l’une ou plusieurs de ces substances psychoactives de plus en plus tôt. A 17 ans, 41,5 % des jeunes de 17 ans ont déjà testé le cannabis, 3,3 % la cocaïne et 2,9 % l’ecstasy. La prévention est essentielle pour les aider à ne pas devenir des consommateurs réguliers, ce qui pourrait entraîner des conséquences graves pour leur santé, leur vie relationnelle ou leurs études. Connaître les risques et les dangers des drogues, savoir à qui s’adresser pour s’informer et en parler, toutes les réponses figurent dans ce dossier.

La consommation de substances psychoactives par les adolescents et les jeunes adultes est aujourd’hui une préoccupation importante des familles et des pouvoirs publics, face à une augmentation des comportements à risque. En effet, à un âge où se joue l’avenir social et professionnel des jeunes adultes, la consommation de drogues met en danger leurs performances scolaires, leur sécurité (violence, rapports sexuels non désirés, accidents de la route) et leur maturation cérébrale, avec des conséquences négatives sur leurs performances futures et leur prédisposition à la dépendance. Des consultations jeunes consommateurs ont été mises en place depuis 2004 à destination des jeunes qui souhaitaient en savoir plus.

Un effet sur le fonctionnement du cerveau

Les drogues ou substances psychoactives illicites, qu’elles soient naturelles ou de synthèse, ont toutes un point commun : elles agissent sur le fonctionnement normal du cerveau. Les psychostimulants, comme les amphétamines, l’ecstasy ou la cocaïne augmentent la vigilance et diminuent la sensation de fatigue. Les opiacés, comme la morphine ou l’héroïne, ont un effet de sédation. Enfin, le cannabis et le LSD transforment la perception de la réalité. Toutes ces substances augmentent dans le cerveau la libération d’une molécule fabriquée par les neurones, la dopamine. Celle-ci active un circuit de neurones appelé le « circuit de la récompense » qui renforce les comportements alimentaires ou sexuels à travers une sensation de plaisir cérébral. En activant artificiellement cette partie du cerveau, la consommation régulière de drogues perturbe la recherche du plaisir et entraîne des phénomènes de dépendance.

Les risques et les dangers de la drogue

Dès la première consommation de substance psychoactive, les risques existent. La consommation d’une drogue avant de conduire un véhicule (automobile, deux-roues, machine agricole?) provoque une altération de l’attention qui peut avoir des conséquences sur les mouvements. La consommation de cannabis entraîne des troubles du comportements (attention, mémoire?) et augmente le risque de maladie mentale. La prise de cocaïne provoque des troubles du risque cardiaque, une instabilité de l’humeur et une dépendance psychique importante. Les effets d’euphorie et de stimulation liés à sa consommation laissent la place à un état dépressif et anxieux. Enfin, selon les modes de consommation, les risques de transmission du virus du sida ou des hépatites B et C sont réels.

Des lieux pour se faire aider

Les jeunes qui s’interrogent sur les conséquences de leur consommation de substances illicites et qui souhaitent se faire aider peuvent s’adresser à l’une des 280 consultations jeunes consommateurs mises en place par les pouvoirs publics. Anonymes et gratuites, ces consultations offrent une information personnalisée, une écoute et une aide pour arrêter et si nécessaire, une orientation vers des structures de soins. Elles peuvent également accueillir les familles, sans leur enfant, afin de les conseiller. De nombreux sites Internet permettent aussi de s’informer sur les dangers des drogues et sur les mesures de prévention existantes, ainsi que le service téléphonique Drogues Info Service au 0 800 23 13 13.

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