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Mois

juin 2019

“Un joint de cannabis peut être aussi dangereux qu’une dose de cocaïne”

 
	Panneau interdisant de fumer du canabis. © iStock
Panneau interdisant de fumer du cannabis. © iStock

Régulièrement, l’hypothèse d’une légalisation du cannabis revient dans le débat public en France,

Le neurologue Grégoire Hinzelin rappelle les effets du cannabis sur le cerveau.

Quand quelqu’un fume du cannabis, quels sont les effets sur son cerveau ?

Lorsqu’on fume un joint, le psychotrope absorbé provoque une accélération du fonctionnement électrique du cerveau, et donc un effet d’anxiolyse, c’est-à-dire réduisant l’anxiété. Cela produit une désinhibition, exactement comme l’alcool. L’anxiolyse et l’euphorie qui en découle sont parmi les mécanismes qui provoquent la dépendance.

Une consommation très épisodique n’aura pas particulièrement de conséquence à long terme, à part en ce qui concerne les accidents qui peuvent se dérouler à l’occasion de la période où le consommateur est sous l’emprise du cannabis. Exactement comme l’alcool, une énorme cuite n’aura en général aucun impact à long terme sur la santé, contrairement à une consommation trop fréquente.

Et sur le long terme, qu’observe-t-on dans le cerveau des consommateurs de cannabis ?

Une dégradation se manifeste de diverses façons. De manière générale, le principal aspect est l’augmentation du trouble de la mémoire, de la concentration, et parfois – plus grave – une augmentation des troubles psychiatriques. Apparaissent des crises de démence d’origine vasculaire (désorientation permanente, incapacité à ordonner ses pensées…) ou des démences cortico-souscorticales, c’est-à-dire des problèmes de mémoire graves, qui s’apparentent à un léger Alzheimer prématuré qui se manifeste parfois dès 40 ans.

Dans de nombreux cas, la consommation régulière de cannabis peut développer une schizophrénie.

Il y a aussi un risque très important de bouffées délirantes aiguës, qui arrivent à des consommateurs qui souvent n’ont jamais connu de troubles psychiques avant et qui se mettent à adopter des comportements incohérents et irrationnels le temps de la crise. Dans de nombreux cas, la consommation régulière de cannabis peut développer une schizophrénie. En revanche, il y a débat dans la communauté scientifique entre ceux qui affirment que le cannabis ne fait que dévoiler et rendre active une schizophrénie préexistante et ceux qui défendent l’idée que le cannabis crée la schizophrénie sans que le consommateur n’y soit prédisposé. La question est là : la schizophrénie provoquée par le cannabis est-elle innée ou acquise ? Il nous faudra encore 10 ou 15 ans pour le savoir.

Il faut en outre distinguer les troubles liés à la consommation et à la drogue elle-même. La consommation de cannabis à long terme peut être un facteur d’isolement social, et la dépression peut découler de cette dépendance et de ses effets indirects.

Y a-t-il une évolution du contenu de ce que fument le consommateurs de cannabis au fil des ans ?

Les joints qui étaient fumés en mai 1968 présentaient déjà un risque et contenaient 2 à 3% de THC (tétrahydrocannabinol, la principale substance active du cannabis). Aujourd’hui, une boulette de résine en contient bien plus, montant parfois jusqu’à 40% de THC ! Une telle dose dans un joint est encore plus puissante qu’un rail de cocaïne. C’est tout l’ennui : quand un consommateur va se procurer du cannabis, il ne sait pas quelle dose de THC il s’apprête à consommer, et c’est souvent énorme. C’est comme si vous vouliez acheter de l’alcool dans un magasin, et que vous ne saviez pas si vous venez acheter une bouteille de cidre ou trois bouteilles de whisky. Et quand on s’habitue à de telles doses de cannabis, on glisse vite sur la pente qui mène à la consommation de drogues dites « plus dures », comme la cocaïne.

Drogues douces, drogues dures… en ce qui concerne les effets neurologiques, la distinction est justifiée ?

Non, sauf à parler aussi d’alcool dur et d’alcool doux. En terme de dangerosité, comme je l’ai déjà dit, le cannabis peut parfois valoir la cocaïne. En plus de cela, il y a une continuité entre la consommation de cannabis et des autres drogues : 10 à 20 % des patients qui consommaient du cannabis ont fini par basculer vers une consommation plus dangereuse et fréquente, en devenant par exemple accros au crack.

L’accoutumance au cannabis, l’habitude toxique qui est prise, facilite grandement la montée de la toxicomanie. La question n’est pas la nature de la drogue – certaines considérées comme très dangereuses et d’autres comme modérément dangereuses –, mais le taux de substance nocive, en occurrence le THC. Les défenseurs d’une dépénalisation du cannabis invoquent souvent l’argument qu’elle permettrait de contrôler la qualité de ce que fument les consommateurs, mais l’expérience ne confirme pas cette idée…

Le Colorado (États-Unis), qui a légalisé le cannabis, a certes connu un boom économique dans un premier temps, mais en plus de l’augmentation du risque pour la santé des citoyens, l’État doit toujours faire face à un marché noir du cannabis, et le taux de THC n’a pas diminué.

Pour l’aspect thérapeutique du cannabis, aucune étude n’a démontré son efficacité.

Est-ce qu’on peut soigner les dégâts faits par le cannabis au cerveau ? À l’inverse, le cannabis n’a-t-il pas lui-même des vertus thérapeutiques ?

Pour l’aspect thérapeutique du cannabis, il faut être clair : aucune étude n’a démontré son efficacité. Certaines personnes sont très sensibles à ce « remède », mais rien n’a été prouvé dans ce sens de manière générale. On n’a que des expériences personnelles et individuelles.

Quant à soigner les lésions causées par le cannabis au cerveau, malheureusement, dans l’état actuel des choses, c’est impossible. Il s’agit de lésions dégénératives, il faudrait donc re-stimuler le tissu cérébral et la science ne le permet pas… Pour les cinq années à venir du moins, c’est encore inimaginable.

Source

Gâteau au cannabis. Deux salariés hospitalisés après un pot de départ

Deux salariés de l’entreprise Cochonou, à Saint-Symphorien-sur-Coise (69), ont été conduits à l’hôpital après avoir mangé un gâteau au cannabis apporté par un intérimaire lors de son pot de départ. Un des employés a déposé plainte.

Le 31 mai dernier, une dizaine de collègues de l’entreprise Cochonou, à Saint-Symphorien-sur-Coise (69), entre Lyon et Saint-Étienne, participent à un pot de départ donné à l’occasion du départ d’un intérimaire. L’un d’eux raconte la suite dans un article du journal Le Progrès, ce jeudi 27 juin. Il affirme avoir eu de plus en plus de mal à marcher et une sensation de bouche sèche. Il décide alors de prendre l’air mais il fait un malaise. Secouru par les pompiers, il est alors héliporté jusqu’à l’hôpital Lyon Sud. Il ne se réveille que le lendemain après-midi. Il n’est pas le seul à être hospitalisé : un collègue a été conduit à Saint-Étienne.

Nos confrères rapportent que le personnel soignant est formel : dans les deux cas, il s’agirait d’une intoxication au cannabis. Et le coupable est rapidement trouvé, un gâteau apporté lors du pot de départ par l’intérimaire, qui contenait du cannabis… Le salarié hospitalisé à Lyon est en arrêt depuis cet incident. Il a déposé plainte.

Source Le Télégramme 

Usage et trafic de cannabis : existe-t-il vraiment une répression ? 

JOURNAL INTERNATIONAL DE MEDECINE

Le 27 juin 2019
Les partisans de cette légalisation ne cessent d’affirmer que nous avons une des politiques les plus répressives depuis plus de 40 ans, mais que c’est un échec cuisant. Il est vrai que la loi française semble répressive, mais celle-ci n’est pas du tout appliquée tant pour l’usage simple que pour le trafic, comme le montre l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) dans son rapport publié en 2017.

Il révèle que les peines d’emprisonnement prévues pour l’offre d’un kilogramme (1 kg) d’héroïne ou de cannabis varient de manière considérable parmi les 25 pays ayant participé à cette enquête. Ainsi, en Grèce, pays où les sanctions infligées sont les plus lourdes, l’offre d’un kg d’héroïne conduit à une peine médiane de 20 ans de prison
et l’offre d’un kg de cannabis conduit à une peine médiane de 10 ans de prison.

A l’autre extrémité de l’échelle, se trouvent les deux pays les plus tolérants, les Pays-Bas et la France pour lesquels l’offre d’un kg d’héroïne conduit à une peine médiane respective de 1 an et de 2 ans de prison.

Quant à l’offre d’un kg de cannabis, la peine pouvant être suspendue dans ces deux pays, elle n’est pas représentée sur la figure de l’OEDT. En France, le cadre de la politique de lutte contre les drogues illicites a été initialement fixé par la loi de 1970 (loi n°70-1320 du 31 décembre 1970, relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l’usage illicite des substances vénéneuses).

En réalité, cette loi n’est pas appliquée comme le montre l’OEDT ; on ne peut donc pas utiliser cet argument pour proposer de légaliser l’usage récréatif du cannabis.
De plus, cette loi a été profondément assouplie par la loi Taubira et ses décrets d’application.
Ainsi, la loi de 2014 (loi n°2014-896 du 15 août 2014 relative à l’individualisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales) apporte de nouvelles dispositions comme le recours à l’aménagement des peines, selon les circonstances de l’infraction, la personnalité l’auteur, sa situation matérielle, familiale et sociale.

Un décret d’application de cette loi, publié en octobre 2015, a instauré la transaction pénale pour les petits délits passibles d’un an d’emprisonnement maximum, parmi lesquels figure l’usage simple de stupéfiants. Après accord préalable du Procureur, elle consiste au paiement immédiat d’une amende qui éteint l’action publique. La loi de 1970 n’était pas appliquée pour l’usage simple de cannabis et la loi de 2014
avec son décret d’application de 2015 l’a rendue définitivement inopérante.

C’est pourtant l’inefficacité de la loi répressive de 1970 selon certains, qui serait responsable de l’échec de la politique sur les drogues illicites dans notre pays et en particulier de la très forte consommation de cannabis. C’est du moins l’argument systématiquement mis en avant pour réclamer la dépénalisation/légalisation de cette drogue, voire de toutes les drogues.

Pr. Jean-Pierre Goullé – CNPERT 

Commentaire

Il est interdit d’interdire

Le 27 juin 2019
Tout à fait d’accord avec le Pr Goullé : parler de politique répressive en France à propos de cannabis relève de la pure imagination. C’est un argument totalement fallacieux.

La vérité est que notre société dérive vers le fameux « il est interdit d’interdire » cher aux ex soixante-huitards.
A côté de l’argument business qui n’en est pas un (certes plus de recettes pour l’état mais qui va payer les soins médicaux aux intoxiqués ?), on voit bien que c’est la philosophie libertaire qui dirige le pays. Tout est permis, rien n’est interdit.

Pas la peine d’être Einstein pour savoir comment cela va se terminer. Il suffit de lire quelques livres d’histoire. 
Dr Franck Boutault

Rapport de l’ONU : explosion de la production mondiale de cocaïne

La production mondiale de cocaïne continue d’exploser ces dernières années. Selon un rapport de l’ONU, la production mondiale a atteint un nouveau plus haut historique avec près de 2.000 tonnes en 2017, soit 25% de plus que l’année 2016, qui était déjà un record.

L’extension des zones de culture en Colombie, favorisée par la fin du conflit avec les FARC, explique notamment cette forte hausse de la production.

L’autre tendance concerne la drogue illicite la plus consommée en Europe, le cannabis. ce dernier est de plus en plus puissant, avec une teneur en THC avoisinant souvent les 25%.

« La résine de cannabis, nous explique le Centre européen des Drogues et des Addictionsa considérablement évolué dans toute l’Europe, donnant lieu à un produit plus puissant, susceptible de poser un risque accru de dépendance et de problèmes de santé mentale pour les utilisateurs. Nous constatons que le cannabis est la drogue illicite la plus utilisée en Europe, il y a 1% d’utilisateurs quotidiens, donc c’est vraiment important. »

Au total, plus de 270 millions de personnes dans le monde consomment des drogues illégales chaque année, le cannabis étant loin devant avec 188 millions d’adeptes, selon l’ONUDC.

Les opioïdes affectent 53,4 millions de consommateurs.

Source

Les ravages de l’alcool en France

En France, l’alcool envoie énormément de gens à l’hôpital. Entre 20 et 30% de toutes les admissions aux urgences sont liées à l’alcool. C’est la conclusion d’une enquête menée dans les urgences des hôpitaux de la région Auvergne-Rhône-Alpes. FRANCEINFO

« On a montré que sur environ 10 000 patients admis aux urgences, 20 à 30% d’entre eux avaient un problème lié à l’usage de l’alcool« , précise le Pr Georges Brousse du service addictologie du CHU de Clermont-Ferrand. (Puy-de-Dôme).

Ce chiffre impressionnant prend en compte les gens qui viennent aux urgences pour soigner des maladies liées à la consommation d’alcoolcomme des maladies cardiovasculaires. Il prend aussi en compte les violences et les agressions causées par des personnes alcoolisées.

Problème de santé publique

« Ces problématiques liées à l’usage d’alcool sont directement à l’origine de l’hospitalisation quand c’est une cirrhose par exemple, ça peut être une conséquence comme une chute ou un malaise ou des violences, des agressions ou des accidents de la route », poursuit le médecin.

L’alcool est ainsi l’une des toutes premières causes d’hospitalisation des Français, ce qui en fait un problème majeur de santé publique.

Des médecins sonnent l’alarme sur un risque de crise des opiacés en France

L'OxyContin est un puissant analgésique opiacé qui fait partie de ces médicaments pouvant provoquer une addiction chez le patient.
L’OxyContin est un puissant analgésique opiacé qui fait partie de ces médicaments pouvant provoquer une addiction chez le patient. © Handout / US Drug Enforcement Administration / AFP
Ces professionnels estiment dans une tribune que publie Le Journal du Dimanche que les patients mis sous médicaments opiacés ne sont pas assez informés quant aux risques d’addiction.

Alors que la crise des opiacés fait des milliers de morts outre-Atlantique, « la France pourrait à son tour encourir le risque d’une crise sanitaire », alertent une centaine de médecins et professionnels de santé dans une tribune publiée dansLe Journal du Dimanche dimanche.

Ces professionnels estiment qu’il est « urgent d’agir » alors que « 12 millions de Français utilisent des médicaments opiacés, sans être alertés sur leur potentiel addictif et sur les risques d’overdoses« . Selon eux « les hospitalisations pour ce motif ont doublé, les décès triplé ».

« Impulser une vaste campagne de prévention »

« Il existe pourtant un antidote, à base de naloxone, que la personne concernée ou son entourage peuvent administrer facilement. Mais il est réservé aux acteurs du soin en addictologie, sans diffusion ni information large aux différents acteurs de la santé », regrettent-ils. Ils préconisent « d’en étendre l’accès au médecins généralistes, de les former et les sensibiliser à son usage », « de continuer de décloisonner le monde de l’addictologie » et d' »impulser une vaste campagne de prévention », afin d' »éviter que ne soient reconduites les erreurs du passé et leurs effets dramatiques en termes de santé publique ».

Sur la seule année 2017, 47.000 personnes sont mortes aux Etats-Unis d’une overdose liée à des opiacés (médicaments, héroïne et fentanyl) et, selon le Centre national des abus de drogue, 1,7 million de personnes souffraient d’addiction à des analgésiques comme l’OxyContin.

Cannabis : des dommages irréversibles sur le cerveau des adolescents

Source 

Alors que de plus en plus d’États tendent à le légaliser, le cannabis peut s’avérer très dangereux chez les adolescents. Cette drogue provoque des dégâts irréversibles sur le cerveau, trop souvent sous-estimés.

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Zoner sur Amazon en étant saoul: un marché à plusieurs milliards ?

L’alcool désinhibe aussi votre portefeuille.

Un ordinateur et des billets | NeONBRAND via Unsplash
L’essor des plateformes de vente en ligne a considérablement changé nos habitudes de consommation, favorisant notamment les achats aussi compulsifs qu’irréfléchis. En quelques clics, on peut acquérir depuis son canapé un autre canapé, ou tout autre objet que la raison ne saurait approuver. Ajoutons à cela quelques verres d’alcool, et la dépense risque d’être augmentée. C’est ce dont témoigne un sondage mené par le site américain The Hustle sur les achats en ligne effectués sous l’emprise de l’alcool.

444$ par an par personne

L’enquête, ayant été menée sur 2.174 de ses propres abonné·es, n’a pas vocation à être représentative, mais simplement indicative, fournissant «un instantané du marché du shopping ivre». D’après ses résultats, 79% des sondé·es ont effectué au moins un achat en ligne dans leur vie en étant saoul.es, et la moyenne annuelle des dépenses par acheteur ivre se situe à 444$, soit 390€.

The Hustle possède un lectorat majoritairement issu des classes privilégiées, puisque le profil moyen de ses lecteur·ices (53% d’hommes, 47% de femmes) est celui d’un individu de 36 ans touchant 92.000$ par an (80.700€, soit le double de la moyenne nationale états-unienne). Toute mesure gardée, ce shopping irrationnel pourrait néanmoins représenter plusieurs milliards de dollars pour l’industrie de la vente en ligne.

Amazon est sans surprise la plateforme favorite des acheteur·ses saoul·es, utilisée par 85% d’entre elles, suivie par eBay (21%) et Etsy (12%). Les vêtements et les chaussures sont les achats les plus courants (66%), secondés par les films et les jeux (tous deux à 47%), puis les gadgets technologiques (46%).

Les femmes sont très légèrement plus susceptibles d’acheter des biens en état d’ébriété que les hommes (80% contre 78%), et les milieux professionnels les plus concernés par ces achats sont ceux du sport (94%) et des transports (92%).

Les plateformes de vente en ligne n’ignorent évidemment pas ce type de comportement, et tâchent d’en profiter en capitalisant sur l’ivresse de leurs consommateurs, notamment en organisant des ventes flash en fin de soirée. Si 20% des client·es finissent par renvoyer leurs achats, seulement 6% les regrettent.

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Comment l’alcool en excès endommage le corps

Comment l’alcool en excès endommage le corps

Plus de 200 maladies sont imputables à l’alcool consommé en excès. Soit directement, soit parce qu’il est un facteur de risque.

Certaines pathologies sont directement imputables à l’alcool en excès comme la cirrhose alcoolique ou le syndrome de Korsakoff. Pour d’autres, il reste un facteur de risque. C’est le cas de plusieurs cancers (bouche, pharynx, larynx, œsophage, foie, sein, cancer colorectal) en raison du passage de l’alcool à travers la muqueuse buccale et l’œsophage, puis de façon plus massive, par l’estomac et les intestins. Selon les estimations, il serait responsable de 11 % des cancers des hommes et 4,5 % de ceux des femmes.

» LIRE AUSSI – L’alcool, grand oublié du plan addiction 2018-2022

Le foie, première victime

Le foie est la principale cible de l’alcool, puisque c’est là qu’il s’accumule pour être dégradé. D’après une étude française, seulement 11 % des consommateurs excessifs examinés dans le cadre d’une hospitalisation présentent un foie normal: près de la moitié ont une stéatose (accumulation de lipides dans le sang pouvant évoluer vers la cirrhose), un tiers une cirrhose alcoolique (inflammation grave du foie et destruction progressive de celui-ci) et 9 % une hépatite alcoolique aiguë (mort brutale des cellules du foie).

Il s’agit de pathologies graves: en cas de cirrhose et/ou d’hépatite alcoolique sévère, l’espérance de vie à cinq ans varie de 20 à 60 %. L’abstinence d’alcool peut améliorer la situation à n’importe quel stade de la maladie, mais plus le stade est avancé, plus les risques de complications et de mortalité sont élevés. La greffe de foie est souvent la seule solution. Environ 200 000 personnes vivent avec une cirrhose en France.

L’alcool est également un gros pourvoyeur de maladies cardio-vasculaires: hypertension artérielle, cardiopathie ischémique. Ces risques s’expliquent par la toxicité de l’alcool. «Il est dégradé en intermédiaires très agressifs pour les protéines et l’ADN. Il entraîne des dommages irréversibles sur les cellules avec lesquelles il entre en contact», clarifie Mickael Naassila, directeur de recherche Inserm et président de la société française d’alcoologie.

» LIRE AUSSI – Cirrhose: quand l’alcool détruit le foie

Du foie au cerveau

Le cerveau est également une cible de choix pour l’alcool, de par sa toxicité, mais aussi du fait de la présence de récepteurs à l’éthanol. «À forte dose, leur activation provoque l’extinction de signaux neuronaux et déprime l’activité cérébrale», explique Mickael Naassila.

Plus de la moitié des personnes dépendantes présentent des troubles cognitifs: troubles de l’attention, de la concentration, de la mémoire, de contrôle des mouvements, etc. Ces effets sont lentement réversibles en cas de sevrage. L’alcool modifie également la libération de sérotonine ou encore de dopamine d’où le risque accru de dépression et de dépendance.

Enfin, la consommation excessive d’alcool est associée à un triplement du risque de démence et à un doublement du risque de maladie d’Alzheimer. Parmi les démences directement imputables à l’alcool, on trouve le syndrome de Korsakoff associé à une carence en thiamine (vitamine B1) dans le cerveau imputable aussi à l’alcool. Cette démence se caractérise par une altération massive et irréversible de la mémoire et par une tendance à fabuler pour compenser les oublis.

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