Pr. Jean Costentin, Président du centre national de prévention d’études et de recherches sur les toxicomanies (CNPERT)
Le diable se cache aussi dans la réaction à certains faits mineurs, or c’est d’un fait mineur dont il s’agit ici. Comme l’avait pressenti notre CNPERT, l’amende forfaitaire de 200 € infligée à un individu pris en flagrant délit de possession ou de consommation de cannabis ou d’une autre drogue illicite, ne serait acquittée que dans 35% des cas.
Souvenons-nous qu’à l’origine (loi de décembre 1970) la peine qui pouvait être infligée pour ce délit était de 3.500 € d’amende, voire d’une année d’emprisonnement, avec inscription au casier judiciaire.
De démissions face à ce fléau à l’origine de réductions successives, on est arrivé à une simple amende de 200 € (réduite à 150 € pour un paiement extemporané), en solde de tout compte puisque, n’étant inscrite nulle part, sans la possibilité d’accroître son montant au prorata du nombre des récidives constatées (ce qui serait de la prévention). C’est ce que permettrait aisément, l’inscription extemporanée sur un fichier informatique, consultable par tout gendarme ou policier amené à dresser ce type de contravention.
Constatant que cette amende, quasi symbolique, n’est payée que par 35% des contrevenants, le Président de la République a demandé à son ministre de l’Intérieur, qu’une simplification (inspirée du prélèvement à la source) améliore son recouvrement ; soit en numéraire (mais hormis les dealers tout le monde ne se promène pas avec 200 € en poche) soit par carte bleue (que beaucoup prétendront alors ne pas posséder) ; avec mise en oeuvre « Avant l’août, foi d’animal, intérêt et principal ».
Cet effet d’annonce a l’apparence d’une manifestation d’autorité, mais c’est sans doute un coup d’épée dans l’eau, eu égard aux impédimentas que nous avons évoqués.
Cela suffit néanmoins pour déclencher, d’une façon totalement disproportionnée, le chœur des shootés, des cannabinophiles et des diverses amicales de « la drogue pour tous qui font feu de tout « pétard » pour p», ousser leur revendication permanente de légalisation du cannabis et des autres drogues illicites. Illico, ils mettent sur la plateforme de l’Assemblée nationale une pétition, signée par 18 de ces associations maléfiques.
Ils nous assurent pourtant (sans du tout nous rassurer), comme le CESE (comité économique, social et environnemental) que, bien sûr, la vente serait encadrée (promis, juré), interdite aux mineurs (évidemment) ; nous prenant pour des aveugles, amnésiques et sots que nous ne sommes pas.
Notre mémoire continue de nous faire déplorer la faillite de l’alcool (excepté pour les alcooliers) avec les 4.500.000 sujets alcoolo-dépendants, dont 41.000 en décèdent chaque année ; ses nombreuses pathologies induites ; ses quelques centaines de milliers d’alcooliques, cassés, clochardisés ; la multiplication chez nos jeunes des ivresses aigües et des comas alcooliques issus des bitures expresses/binge drinking.
Continuons aussi à déplorer les 13.000.000 de fumeurs, incapables de se détacher de la nicotine ; dont 75.000 décèdent annuellement (1 ere cause des décès évitables ; seul produit du marché qui tue la moitié de ses consommateurs) ; les très nombreux estropiés qui obèrent les comptes sociaux et souffrent à différents degrés de perturbations de leur qualité de vie ; le fait que la majorité des buralistes ne respecte pas l’interdiction de la vente du tabac aux mineurs.
La « part du feu » indûment concédée dans notre Nation à l’alcool et au tabac étant beaucoup trop vaste, la seule attitude responsable est de la réduire, et en aucune façon de l’accroître, par une extension au cannabis et aux autres drogues illicites.
Rappelons que la toxicité d’un « joint » ou d’un « pétard » est six fois supérieure à celle d’une cigarette de tabac, et qu’avec le cannabis s’ajoute une toxicité psychique ravageuse.
Alors que le Président de la République a déclaré, lors de la journée nationale contre le cancer, que l’année 2032 devrait voir apparaître la première génération sans tabac, des députés de sa majorité prônent la légalisation du cannabis préalable à celle de toutes les autres drogues ; d’autres élus d’opposition plus à gauche, les 18 associations toxicophiles qui pétitionnent sur la plateforme de l’Assemblée Nationale et dont les cris d’orfraie sont renforcés par ceux d’addictologues à contre-emploi, de drogués et d’insatiables Rapetous.
Au sein de cette association de mal fêtards, on constate la participation de la fédération d’addictologie. Cette FA est richement dotée/dopée de subventions d’Etat, les justifiant à partir des objectifs qu’elle affiche : « prévention » ; « réduction des risques » ; « traitement des addictions », ce que sa gestion contredit, car :
– c’est trahir la prévention que de faire croire au caractère bénin des drogues, et de militer pour leur libre accès ;
– c’est trahir le concept de réduction des risques que de faciliter le premier d’entre eux, qui est l’entrée dans la consommation d’une drogue ; surtout quand il s’agit des cannabis, cocaïne, amphétamines, morphiniques.. contre lesquels on ne dispose pas de moyens permettant d’en détacher ceux qui s’y sont fait piéger.
– c’est trahir le serment d’Hippocrate que donner des espoirs de traitement des dépendances, qui diminuent la dissuasion de s’approcher des drogues, alors que le traitement, aboutit souvent à ne faire que de la « substitution» ad vitam (cf. la méthadone ou la buprénorphine à haut dosage).
Les pouvoir publics devraient se pencher sur leurs résultats ; vérifier que les praticiens appointés respectent leur devoir de réserve vis à vis des médias et du grand public et ne font pas de prosélytisme ; et enfin mettent en relation les moyens qu’ils leur allouent avec le respect d’un cahier des charges, sans doute à reconsidérer.