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avril 2021

Une campagne de sensibilisation contre la drogue lancée « avant la fin de l’été »

Une semaine après la proposition d’Emmanuel Macron d’ouvrir un « grand débat » sur le sujet, le gouvernement lancera une nouvelle campagne de sensibilisation contre la drogue « avant la fin de l’été ».

Le gouvernement va lancer « avant la fin de l’été » une compagne de sensibilisation contre la drogue, a annoncé Gérald Darmanin dans un entretien au Journal du dimanche.

« La dernière campagne de sensibilisation contre la drogue date de 30 ans ! Le gouvernement en lancera une nouvelle avant la fin de l’été sous l’autorité du Premier ministre », a déclaré au JDD le ministre de l’Intérieur, qui a fait de la lutte contre les trafics de stupéfiants sa priorité.

70 000 amendes pénales

Sur le volet répressif, Gérald Darmanin a affirmé que les services de police avaient mené depuis janvier « plus de 1 300 opérations de démantèlement des points de deal », avec « des saisies importantes et régulières » à la clef.

Par ailleurs, « plus de 70 000 amendes pénales » ont été délivrées à des consommateurs depuis le 1er septembre, date de leur généralisation.

Dans une interview fleuve au Figaro lundi dernier, Emmanuel Macron avait souhaité le lancement d’« un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères » sans détailler comment cette consultation pourrait être menée.

« La France est devenue un pays de consommation et donc, il faut briser ce tabou », avait estimé le chef de l’État. La France est le premier pays d’Europe en nombre de consommateurs de cannabis avec 1,5 million d’usagers réguliers

« Le cannabis est devenu une drogue dure », a déclaré Gérald Darmanin au JDD, rappelant la hausse « considérable » du niveau de THC, la molécule psychotrope du cannabis.

Patients atteints de troubles du rythme cardiaque : ne touchez pas au cannabis !

Les consommateurs de cannabis souffrant de troubles du rythme cardiaque auraient un risque de décès beaucoup plus important que les usagers n’ayant pas d’arythmie. 

  • Les effets du cannabis sur les patients atteints de troubles du rythme cardiaque étaient mal connus
  • On sait aujourd’hui qu’en cas de fibrillation atriale, le risque de décès est 4,5 fois supérieur
  • En dehors de ses effets psychotropes, le cannabis est mauvais pour le coeur, la circulation sanguine et les poumons

Les personnes souffrant d’arythmie cardiaque et consommant du cannabis auraient un risque de mortalité à l’hôpital 4,5 fois plus élevé que ceux n’ayant pas arythmie, selon une étude présentée à l’EHRA 2021, un congrès scientifique en ligne de la Société européenne de cardiologie (ESC) qui a lieu jusqu’au dimanche 25 avril. Les chercheurs ont voulu évaluer les répercussions de la consommation de cannabis chez les patients atteints de troubles cardiaques. Pour cela, ils ont analysé sur les données de 2 457 544 adultes consommateurs de cette substance et ayant été hospitalisés entre 2016 et 2018. Parmi ceux-ci, 187 825 – soit 7,6% – souffraient d’une arythmie. “Les gens doivent être conscients de cet effet néfaste et rester prudents lorsqu’ils consomment du cannabis s’ils souffrent d’un problème cardiaque”, souligne Sittinun Thangjui, l’un des auteurs de l’étude. 

1,5 million de français consomment régulièrement du cannabis

L’arythmie est une perturbation du rythme cardiaque normal, dans sa fréquence et dans sa régularité. Il existe plusieurs types de troubles du rythme, très différents quant à leur retentissement sur le fonctionnement du cœur. Les personnes analysées au cours de cette étude souffraient principalement de fibrillation atriale, un trouble cardiaque qui peut être responsable de palpitations. Ensuite, certains avaient une fréquence cardiaque anormalement lente ou, à l’inverse, trop rapide. Jusqu’à présent, les connaissances sur les effets de la consommation de cannabis chez ces patients était limitée. 

Le cannabis, substance aussi appelée marijuana, renferme un principe actif hallucinogène, le tétrahydrocannabinol, ou THC. On en trouve sous trois formes : l’herbe séchée, la résine et l’huile. Les deux premières se fument tandis que la troisième est plus généralement consommée avec une pipe. Ses effets comportent une phase d’euphorie, puis d’extatique et enfin de sommeil. En France, le cannabis est considéré comme un stupéfiant, rendant sa consommation condamnable. Pourtant, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies estime qu’il y aurait cinq millions d’usagers avec au moins une prise dans l’année, dont 1,5 million ayant une consommation régulière. 

Un risque élevé de mortalité et des hospitalisations plus longues

Lors de leurs travaux, les scientifiques ont séparé les patients consommateurs de cannabis en deux groupes : ceux souffrant d’arythmie – qui étaient plus âgés – et ceux n’ayant pas de troubles cardiaques.  En moyenne, ils avaient respectivement 50,5 ans contre 38,8 ans. Ainsi, les chercheurs ont pu analyser les décès survenus à l’hôpital dans chacun de ces deux groupes et les comparer.

Selon leurs résultats, les consommateurs de cannabis souffrant d’arythmie avaient un risque de mortalité à l’hôpital 4,5 fois plus élevé que ceux sans arythmie. De plus, ces patients étaient aussi hospitalisés plus longtemps : 5,7 jours contre 5,1 jours pour ceux n’ayant pas de troubles cardiaques. “Notre étude souligne que les troubles du rythme cardiaque peuvent alerter sur un risque de décès plus important chez les personnes qui consomment du cannabis, explique Sittinun Thangjui. D’autres études seront nécessaires pour confirmer nos résultats. En attendant, il semble judicieux de dépister les arythmies de ces patients lorsqu’ils se présentent à l’hôpital afin que ceux ayant un problème de rythme cardiaque puissent être davantage surveillés. »

L’an dernier, dans la revue Circulation, l’American Heart Association pointait déjà les effets néfastes de la consommation de cannabis sur le cœur, les poumons et les vaisseaux sanguins. Un enjeu de santé publique puisque 45 % des français de 18 à 64 ans auraient déjà expérimenté, au moins une fois, cette substance.

Affaire Sarah Halimi : le temps de la légitime défonce


Professeur Jean Costentin


La décision récente de la Cour de cassation confirmant l’absence de procès pour le meurtre sauvagement perpétré sur la personne de Madame Sarah Halimi par Kobili Traoré suscite, dans le public, une vive émotion, à la mesure de sa désapprobation. Je ne parlerai ici que du rôle du cannabis, que l’assassin avait largement consommé avant de commettre son crime.


La responsabilité de cette drogue (par son THC) dans la survenue de bouffées délirantes est très bien documentée ; elle est décrite comme « psychose cannabique ». Observée de longue date par les médecins, cette psychose partage avec la schizophrénie des troubles délirants et hallucinatoires qui peuvent être apaisés par les médicaments
antipsychotiques ; ils disparaissent sans séquelles après quelques mois, mais peuvent aussi se prolonger, devenant alors la psychose chronique (ad vitam) qu’est la schizophrénie.


Ce n’est pas par accident que l’on consomme du cannabis. Le statut illicite (depuis 1970) de cette drogue est justifié par ses méfaits physiques mais plus encore psychiques. Ceux qui veulent obtenir sa légalisation s’échinent à en minimiser voire même à en dissimuler la gravité.
L’absence de procès de Kobili Traoré évitera de débattre de deux points très sensibles : l’antisémitisme violent d’un musulman « chauffé » dans une mosquée salafiste et la description des effets psychotogènes du cannabis.


La bouffée délirante mise en exergue par des experts psychiatres est consécutive à la consommation de cette drogue illicite, aux effets désinhibiteurs, libérateurs des pulsions agressives. Selon la légende, les fidawis de la secte des haschischins, depuis la forteresse d’Alamut (1.600 m d’altitude, dans l’Iran actuel), étaient envoyés par le vieux de la montagne, shootés de cannabis, pour tuer les victimes qu’il leur avait désignées (Marco Polo, 1323).


Arrivant à Alexandrie, Bonaparte (juillet 1798) fut atteint dans sa botte par une balle tirée par un fanatique musulman en état d’ivresse cannabique, ce qui l’amena à interdire la consommation de cannabis (sous peine d’un emprisonnement de trois mois).
La perte du jugement de Traoré n’amendait pas la séquence de ses comportements : son agressivité a duré, ses coups portés au visage de la victime se terminant par sa défenestration. Ces actes étaient dirigés contre une dame juive par un homme de religion musulmane capable de lancer « Allah akbar ».


L’arrêt de la Cour de cassation, par une interprétation étroite de la loi, admet en l’occurrence qu’un crime commis sous l’empire d’une drogue, consommée délibérément, permet d’échapper au procès. Ce procès aurait pourtant permis d’approfondir deux points essentiels : l’antisémitisme et la responsabilité individuelle et qui deviendrait collective si le cannabis était légalisé.


Quant à l’assassin, placé en internement psychiatrique, il pourra, si son état psychique vient à s’amender, après de nouvelles expertises psychiatriques, recouvrer sa liberté. Dans le cas où sa consommation de cannabis aurait ouvert la porte d’une pathologie psychiatrique chronique de type schizophrénique, il devrait alors être astreint à des soins
continus.
De toute façon, le cas Traoré aurait justifié une large attention sur deux réalités de notre société : l’antisémitisme renaissant que l’on dissimule et le risque lié à l’usage du cannabis. Ceci survient pendant qu’une mission parlementaire, s’appuyant sur une consultation citoyenne « bidon », emmenée par les députés Robin Reda, Jean-Baptiste Moreau
et Caroline Janvier, s’active pour légaliser le « cannabis récréatif » (on voit ici un de ses types de récréation).


En la circonstance présente, s’être défoncé avec une drogue dispense un individu d’être poursuivi pour ses agissements criminels imputables à sa libre consommation de cannabis ; d’où le titre de ce billet et notre exaspération.

Drogues douces et Drogues dures

Résumé

Par le Professeur Costentin


On qualifie de « drogue douce », une substance addictive, qui ne donne lieu qu’à une dépendance psychique, comme le tabac ; alors qu’on qualifie de « drogue dure » une substance addictive qui ajoute à une dépendance psychique une dépendance physique, comme l’héroïne.

L’association des troubles physiques aux troubles psychiques rend l’abstinence presque intolérable ; elle incite sa victime à faire n’importe quoi pour la faire cesser. Ce haut degré d’addiction, avec une détérioration psychique et physique, peuvent être à l’origine d’actes délictueux.


Par conséquent, à partir de cette distinction, imparfaite mais néanmoins pertinente, la loi a conféré un statut licite aux drogues jugées « douces » et illicite aux drogues « dures ». Depuis longtemps, certains s’ingénient à présenter le cannabis comme une « drogue douce » afin de le faire accéder au statut licite de l’alcool et du tabac. Mais le cannabis n’est pas une drogue « douce » : c’est une drogue très lente, aux multiples méfaits bien établis mais mal connus du grand public du fait d’occultations délibérées.


La facilité, la démagogie, les impatiences mercantiles constituent des tentations fortes pour légaliser cette drogue. Cependant, sachant la multitude de ses méfaits et leur gravité, cette légalisation serait criminelle. Le cannabis peut tuer et, à divers autres égards, détruire des individus et notre société

INSÉCURITÉ: MACRON VEUT « UN GRAND DÉBAT NATIONAL SUR LA CONSOMMATION DE DROGUE »

 18 Avril 2021

  • Dans une interview au Figaro, le chef de l’État s’insurge contre les « effets délétères » de la consommation de drogue et leurs effets sur la délinquance.

Emmanuel Macron appelle, dans un entretien au Figaro dimanche soir, à « lancer un grand débat national sur la consommation de drogue » et à « ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue » afin de « faire reculer la délinquance ».

« La France est devenue un pays de consommation et donc, il faut briser ce tabou, lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères », déclare le chef de l’Etat, à la veille d’un déplacement à Montpellier sur le thème de la sécurité du quotidien.

Car « ceux qui prennent de la drogue – et cela concerne toutes les catégories sociales – doivent comprendre que non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics. On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité… », ajoute-t-il.

Emmanuel Macron reconnaît que les trafics de stupéfiants « explosent » et « forment la matrice économique de la violence dans notre pays ».

« Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout », souligne-t-il.

Haceler les traficants

Il affirme que le gouvernement passe « à la vitesse supérieure » avec l’objectif de « harceler les trafiquants et les dealers ». « Sur les 4.000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1.000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie! », selon lui.

Il ajoute que « 70.000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre ». « Ça veut dire quelque chose de clair: si vous vous faites prendre comme consommateur, vous savez que vous allez devoir payer et que vous n’allez pas y échapper. Ça change le rapport de force », explique-t-il.

Selon lui, « dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge »: « Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux. Combien de jeunes, parce qu’ils commencent à fumer au collège, sortent totalement du système scolaire et gâchent leurs chances? Et je ne parle même pas des effets de glissements vers des drogues plus dures ».

27 Mars 2019 : Le Figaro

La lutte contre la drogue, une priorité pour Macron

Dix mois après un discours très ferme du chef de l’État, les premières mesures sont en préparation dans les ministères de l’Intérieur et de la Justice. Par Jean Chichizola

«Ce qui est clair, c’est qu’on a perdu la bataille du trafic dans de nombreuses cités.» Comme à son habitude, Emmanuel Macron ne prend pas de gants en présentant, le 22 mai 2018, ses mesures pour les banlieues. Il parle «d’embrasement», d’organisations «au moins nationales, et bien souvent internationales, qui sont derrière ces trafics et qui conduisent au pire des crimes». Et conclut: «Pour le mois de juillet, je veux qu’on ait finalisé un plan de mobilisation sur la lutte contre les trafics de drogue.»

L’été s’en est allé sans plan. En février dernier, à Évry, le président revient sur le sujet et parle d’un «objectif pour les prochaines semaines, que j’ai assigné au ministre [de l’Intérieur], sur la lutte contre les stupéfiants et les trafics, de reprendre le combat avec de nouvelles méthodes». Et d’évoquer quelques pistes: «remonter les filières et ceux qui se font vraiment de l’argent, qui amènent la production et qui arrivent à entretenir cette économie parallèle», «éviter que les policiers, les gendarmes, les juges soient complètement “thrombosés” pour éviter d’avoir des procédures devenues inutiles, donner un pouvoir contraventionnel, aller plus vite sur celui qui détient, pour se concentrer plutôt sur celui qui trafique».

À LIRE AUSSI :La France confrontée à une explosion du trafic de drogue

La Place Beauvau planche sur le sujet et doit proposer un plan prochainement. La Place Vendôme, quant à elle, a d’ores et déjà posé les premières briques avec le vote de la loi justice portée par la ministre, Nicole Belloubet. Ainsi de l’extension, «pour aller plus vite sur celui qui détient», de l’amende forfaitaire délictuelle aux délits d’usage de stupéfiants (200 euros). Magistrat et porte-parole du ministère de la Justice, Youssef Badr, souligne que la loi prévoit aussi de «nouveaux moyens créés pour lutter contre les trafiquants».

Comme la mesure d’interdiction de paraître dans le lieu où l’infraction a été commise ou dans lequel réside la victime, ce qui permettrait d’écarter pour un temps les petits dealers pourrissant la vie des quartiers. Face au développement des ventes sur Internet, la loi prévoit aussi de faciliter la «cyber-infiltration» sous pseudonyme. Par ailleurs, la compétence de la juridiction interrégionale spécialisée de Paris est étendue à l’ensemble du territoire national pour les affaires de criminalité et délinquance organisées d’une très grande complexité qui, note Youssef Badr, «dépassent largement l’échelle régionale». Un moyen supplémentaire pour toucher les «organisations criminelles» dénoncées par le chef de l’État. Tout en sachant que «la bataille du trafic» est très loin d’être gagnée.

22 Mai 2018

Macron veut changer de méthode sur les banlieues

Le président n’a pas annoncé mardi un plan détaillé, préférant dévoiler sa conception de la politique de la ville. Par François-Xavier Bourmaud et Marcelo Wesfreid Publié le 22/05/2018 à 20:54

Ni fleurs, ni couronnes, juste un long discours. Comme ses proches le laissaient entendre depuis quelques jours déjà, Emmanuel Macron a enterré sans états d’âme le rapport Borloo sur les quartiers difficiles. Mardi à l’Élysée, c’est en récusant la méthode de l’ancien ministre de la Ville de Jacques Chirac que le président de la République a démarré son propos devant 600 acteurs de la ville et l’ensemble du gouvernement rassemblés dans la salle des fêtes de l’Élysée pour l’écouter.

«Je ne vais pas vous annoncer un plan villes, un plan banlieues ou je ne sais quoi parce que cette stratégie est aussi vieille que moi, a démarré le président de la République. Nous sommes au bout de ce que cette méthode a pu produire […] et pour tout vous dire, je n’y crois pas.» Au cas où Jean-Louis Borloo n’aurait pas bien compris, le chef de l’État a ensuite précisé sa pensée: «Cela n’aurait aucun sens que deux mâles blancs, ne vivant pas dans ces quartiers, s’échangent l’un et l’autre un rapport en disant: “on m’a remis un plan, je l’ai découvert”. Ce n’est pas vrai, ça ne marche plus comme ça.» Exit donc le rapport Borloo et «l’ancien monde» avec lui.

À la place, Emmanuel Macron a longuement tenté d’exposer sa méthode, s’égarant parfois dans les méandres de sa pensée complexe, s’exprimant durant une heure et demie, des fiches en désordre étalées devant lui. Emmanuel Macron a navigué entre deux approches parfois opposées. D’un côté, il a abordé le sujet des banlieues comme celui d’un territoire à part, nécessitant des mesures spécifiques (aides de l’État pour trouver des stages, création de places en crèche, poursuite du dédoublement des classes, emplois francs pour les salariés issus des quartiers les plus difficiles, police de sécurité du quotidien). De l’autre, il s’est dit opposé à toute «politique spécialisée», qui pourrait stigmatiser les habitants des quartiers, et a assumé l’absence de ministère de la Ville au profit d’un ministère de la Cohésion des territoires.

Les banlieues «ne demandent pas d’assistance» mais leur «place dans la République», a argumenté le chef de l’État. «Pour Emmanuel Macron, il n’y a pas de politique spécifique à mener en direction des quartiers dans la mesure où toutes les politiques du gouvernement doivent s’intéresser aux quartiers, explique un conseiller du président. Mais cela n’interdit pas d’aller plus loin sur certains points lorsqu’il y en a besoin.»

Accélérer le tempo

Plus que de nouvelles mesures, Emmanuel Macron a surtout annoncé un nouveau tempo. «La première année, nous n’étions pas au rendez-vous (de la rénovation urbaine, NDLR). C’est de ma faute», a assumé Emmanuel Macron, à propos de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), dont le doublement des crédits a tardé à être effectif. Sans doute aiguillonné par la colère de certains maires de banlieue, le chef de l’État promet désormais d’accélérer. Il a ainsi annoncé un «engagement de rendez-vous tous les deux mois» avec des maires et des associations. Une sorte de «comité de suivi» sur l’avancement des diverses mesures. Premier rendez-vous en juillet donc, date à laquelle le chef de l’État compte également réunir les 120 plus grandes entreprises françaises pour la signature d’une série «de chartes concrètes» en faveur des 1500 quartiers labélisés «politique de la ville».

Le président de la République veut manifestement élargir le spectre de ses interlocuteurs. En plus des élus de terrain et des organismes habituels, il compte également s’appuyer sur le tout nouveau «conseil présidentiel de la ville» de 25 personnalités, dont les membres ont été choisis par l’Élysée, et qui compte des participants comme l’humoriste controversé Yassine Belattar.

Emmanuel Macron a également abordé le thème de la radicalisation dans les quartiers. Autour de lui, on déplorait que le rapport Borloo n’ait pas abordé ce sujet que le chef de l’État considère comme essentiel. «Nous devons suivre un chemin de crête, a-t-il expliqué. Lutter contre la radicalisation sans stigmatiser la religion musulmane.» Pour y parvenir, il a appelé à «la reconquête républicaine des esprits» et à la construction de «héros républicains qui viennent des quartiers».

Au passage, il a aussi rappelé les trois fermetures de mosquées opérées par le ministre de l’Intérieur pour leurs dérives radicales. Outre la radicalisation, «qui dans certains quartiers a gagné, est en train de gagner», Emmanuel Macron a aussi dénoncé les discours racistes et antisémites «en train d’empirer». Des sujets sur lesquels il était très attendu et sur lesquels il a, pour l’heure, déçu.

La consommation d’alcool a-t-elle un impact sur l’efficacité du vaccin ?

Covid-19

La consommation d’alcool a-t-elle un impact sur l’efficacité du vaccin ?

Photo d’illustration. © Stéphanie Para

La recommandation des autorités sanitaires russes de ne pas boire d’alcool deux mois avant et après une injection d’un vaccin contre le Covid-19 continue de faire réagir. Mais quel est l’impact de la consommation d’alcool sur la vaccination ?

Deux mois sans boire d’alcool avant et après avoir reçu un vaccin contre le Covid-19 ? La question ressurgit, en Amérique latine notamment, où la campagne vaccinale s’accélère pour tenter de juguler une importante deuxième vague de l’épidémie dans la région.

Elle trouve son origine en décembre dernier, en Russie, quand Anna Popova, cheffe des autorités sanitaires du pays avait déclaré que les personnes devant se faire vacciner devraient arrêter de boire de l’alcool au moins pendant deux semaines avant l’injection, et ensuite s’abstenir 42 jours supplémentaires après la première dose du vaccin russe, Spoutnik V. Quelles sont les recommandations à ce sujet ?

Un destructeur du système immunitaire

Le tollé provoqué par cette déclaration avait déjà poussé le laboratoire derrière la fabrication du vaccin à répondre en préconisant une abstinence beaucoup moins longue, de l’ordre de trois jours après chaque injection.

Le responsable de ce laboratoire, Alexander Gintsburg, avait par ailleurs précisé que cet avertissement sur une limitation de la consommation d’alcool « ne s’applique pas uniquement au vaccin Spoutnik V, mais à tous les vaccins contre le Covid-19 et même à tous les autres vaccins ».

« L’alcool est un destructeur du système immunitaire et c’est connu depuis longtemps » nous éclaire Laurent Gerbaud, chef du service de santé publique au CHU de Clermont-Ferrand. « Quand les capacités naturelles d’élimination de l’alcool par le foie sont dépassées, c’est là qu’apparaît sa toxicité et qu’on désarme le système immunitaire » poursuit-il.

Ainsi, un organisme, dégradé par une consommation quotidienne d’alcool ou par des consommations irrégulières mais importantes (comme le binge drinking), peut inhiber la réponse du système immunitaire après l’injection d’un vaccin, le rendant inefficace.

Le professeur Gerbaud nous explique ainsi que les deux mois d’abstinence prônés par Anna Popova correspondent probablement à préparer le corps à l’injection puis pour ne pas perturber la production d’anticorps spécifique qui peut durer quatre semaines après chaque injection.

Cet avertissement sur la limitation de la consommation d’alcool n’apparaît pas dans les recommandations d’autres vaccins comme le Pfizer-BioNTech ou l’AstraZeneca. Le site The New Scientist s’est toutefois procuré une fiche d’information distribuée aux participants aux essais cliniques du vaccin suédo-britannique qui précise que les personnes ayant une « dépendance actuelle à l’alcool ou aux drogues, soupçonnée ou connue » ne peuvent pas participer à l’étude, sans en préciser la raison.

L’avantage d’une consommation modérée ?

À contre-courant, une étude américaine de 2013 conclut que la consommation modérée d’alcool rend plus efficace la réponse du système immunitaire à une vaccination de rappel. Mais elle montre également qu’une consommation excessive inhibe très fortement cette réponse.

Des conclusions vivement débattues au sein de la communauté scientifique, mais qui restent une hypothèse partagée par de nombreux spécialistes du rapport entre santé publique et alcool.

Vaccination : avec Spoutnik V, la Hongrie fait-elle mieux que la France ?

« Le problème, c’est quelle est la définition que l’on donne de « consommation modérée » interroge Laurent Gerbaud. En termes de santé publique, on parle d’un verre de vin par jour et pas tous les jours, c’est peu. Mais pour la plupart des gens qui ont tendance à fortement sous-estimer leur consommation, c’est plus une incitation à boire davantage qu’autre chose… »

Pour la vaccination et comme pour tout, la conclusion est donc la même : l’alcool, oui, mais avec modération.

Julien Jégo

Les nouvelles formes de cannabis inquiètent les autorités sanitaires

Entre produits de synthèse et plus forte concentration de THC, le marché du cannabis évolue et inquiète, rapporte « le Monde ».

Par L’ObsPublié

Plusieurs Agences régionales de Santé (ARS) s’alarment ces derniers mois de l’apparition de nouveaux produits liés au cannabis. Entre augmentation du taux de THC (le tétrahydrocannabinol, réputé pour ses effets psychotropes) et produits de synthèse arrivant sur le marché, ce phénomène comporte un risque de dépendance accrue et parfois d’hospitalisation, rapporte « le Monde » ce lundi 12 avril.

Selon le service national de la police technique et scientifique, le taux moyen de THC dans la résine de cannabis a triplé en vingt ans : il était autour de 6 % et 8 % jusqu’aux années 2000 pour atteindre 28 % en 2019, explique au quotidien Céline C., experte juridique en produits stupéfiants, ingénieure et chef de la section stupéfiants du laboratoire de police scientifique de Lyon.« Une source de revenus comme une autre » : ce trafic de cannabis qui fleurit dans les campagnes

Dans le cas du BHO (« butane hash oil »), une huile extraite du cannabis avec du gaz butane, ce chiffre peut atteindre 80 %. La pureté est désormais très recherchée par les clients comme par les vendeurs, qui ont modifié leur mode de production pour s’en rapprocher, selon « le Monde ».

Une molécule de synthèse inquiète les ARS

Egalement dans le viseur des autorités sanitaires : l’augmentation de la diffusion des drogues de synthèse, qui imitent et amplifient les effets de certains produits. Les cannabinoïdes de synthèse ont été identifiés dans des produits de synthèse au niveau mondial au début des années 2000, mais selon la Direction générale de la Santé, ces produits connaissent « une dynamique soutenue de production et de diffusion, à partir de laboratoires chinois principalement », explique la DGS.Ces articles peuvent également vous intéresser Millionnaires, puissants et dangereux : sur la piste des plus gros narcos français Riche à millions et à la tête d’un réseau tentaculaire : « Mouf », l’insaisissable roi du shit

Des cas de consommateurs de cannabis accueillis à l’hôpital avec, entre autres, des sueurs, vertiges et tremblements, ont ainsi attiré l’attention à l’automne dernier de l’ARS Provence-Alpes-Côte d’Azur et, en décembre, du centre d’addictovigilance de Bordeaux et de l’ARS Nouvelle-Aquitaine.

Des analyses n’ont pas révélé la présence de THC dans ces produits mais de CBD ainsi que de la molécule « MDMB-4en-Pinaca », un cannabinoïde de synthèse censé reproduire les effets du THC. Sous forme de poudre, il peut notamment être vaporisé sur des résidus végétaux ou être intégré à des produits à vapoter. « Il s’agit de substances qui, pour des doses largement inférieures, sont beaucoup plus fortes. C’est le cannabis puissance 100 », selon la docteure Joëlle Micallef, présidente du réseau français d’addictovigilance et directrice du centre Paca, auprès du « Monde ».Cannabis, cocaïne… Enquête sur des trafics qui explosent

Le quotidien précise que selon le dosage, les effets peuvent aller, dans les cas les plus graves, jusqu’à des AVC, infarctus, et décès.

Un phénomène difficile à évaluer

Douze cas de décès liés à la consommation de MDMB-4en-Pinaca ont été déclarés en 2019 et 2020 à l’Observatoire européen des Drogues et des Toxicomanies en Hongrie au Royaume-Uni et en Suède. En France, la molécule a été identifiée pour la première fois à Mayotte et à La Réunion. Début février 2021, il avait été identifié dans 21 collectes d’échantillons en Bretagne, en Bourgogne, dans le Centre, dans les Hauts-de-France, en Ile-de-France, en Nouvelle-Aquitaine, en Paca et en Auvergne-Rhône-Alpes. La hausse des signalements est toutefois « difficile à interpréter », selon la DGS.TRIBUNE. « Après la crise du Covid-19, il faut légaliser le cannabis, vite ! »

Comme l’expliquait l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies en février, il n’existe pour l’heure « pas d’éléments permettant d’évaluer la proportion de produits de ce type circulant en France », soulignant la nécessité de différencier le phénomène de celui des produits de cannabis à forte teneur, et donc d’effectuer des analyses pour déterminer leur nature.

Une analyse et une évaluation du phénomène difficile, alors que tous les consommateurs de ces produits ne sont pas hospitalisés et voient leur drogue étudiée.

Ces nouveaux produits, plus chargés en THC et plus puissants, inquiètent d’autant plus que, comme le souligne « le Monde », ils augmentent le risque de dépendance.

Retour sur l’escalade des drogues


Pr. Jean Costentin

Une émission sur TF2 le 6 avril (22h50 – 0h30) s’intitulait « Jeunesse en fumée ».
Avec une filmographie superbe, elle présentait les parcours chaotiques et pour certains fracassés de jeunes s’étant adonnés au cannabis et, ce faisant, largement abimés. Bienque libérés de ce piège on percevait leurs séquelles et l’énorme gâchis qu’avait été leur adolescence. Ce reportage se terminait par des interviews, dont l’une de J.-P. Couteron (présenté comme psychologue-clinicien et addictologue).

Il décocha, avec son psittacisme habituel, telle flèche du Parthe, qu’il fallait légaliser le cannabis, alors que ce
n’était pas le sujet de l’émission et que ce qu’on venait de voir ruinait totalement sa déclaration ; il ajoutait, péremptoire, que l’escalade des drogues n’existe pas.
Evoquons les données qu’ignore Couteron en contestant l’escalade.
Parallèlement à la consommation du cannabis qui s’envole, c’est simultanément celle de diverses autres drogues.


Un continuum dans la consommation des drogues est lié au fait que chacune d’elles intensifie la libération de dopamine, le neuromédiateur du plaisir, dans une structure cérébrale, le noyau accumbens / striatum ventral ; cette dopamine qui stimule les récepteurs dopaminergiques D 2 de cette structure.

L’expérimentateur qui a apprécié l’effet d’une drogue, accroit sa dose et/ou la fréquence de son usage, s’arrêtant au niveau où surviennent d’intenses effets adverses. Cet abus suscite une tolérance aux effets recherchés. Quand le niveau de stimulation des récepteurs D 2 n’apporte plus au sujet le plaisir désiré, il ne remplace pas cette drogue par une autre plus puissante, il y ajoute une autre, puis deux, voire trois autres drogues.

Ces poly toxicomanies sont devenues très fréquentes. Au plaisir des premiers usages a fait place un besoin tyrannique qui mobilise toute l’attention du toxicomane.

Deux publications récentes* montrent qu’à l’adolescence l’exposition au cannabis / THC, par un mécanisme épigénétique, accroît l’appétence ultérieure pour les morphiniques, ainsi que pour la cocaïne. C’est le mécanisme neurobiologique qui sous tend cette escalade.

Elle correspond au fait bien connu que tous les cocaïnomanes, comme tous les héroïnomanes, ont préalablement consommé du cannabis et, avant lui, du tabac et de l’alcool. Si certains s’arrêtent en chemin, d’autres, de plus en plus
nombreux, continuent l’ascension de l’échelle des toxicomanies. Le nombre des occupants des barreaux situés au dessus de celui du cannabis, s’accroit par débordement du barreau cannabis.


Reconnaître cette escalade rend plus compliquée la légalisation du cannabis. Si elle était obtenue, continuant de nier l’escalade, on devrait légaliser (successivement, ou en bloc) toutes les drogues correspondant aux étapes de cette ascension. C’est déjà la revendication explicite de plusieurs « addictologues » à contre-emploi.


« Toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort » est le leitmotiv du toxicomane. En France, à partir du vivier cannabique, qui compte 1.500.000 usagers réguliers, s’est constitué, avec un gradient décroissant, une population de plus de 300.000 sujets devenus dépendants des substances opioïdes. Aux U.S.A., toujours anticipateurs, une population alcoolisée par des spiritueux, largement imprégnée du cannabis légalisé en de nombreux Etats, et exposée à la prescription inconsidérée de morphiniques, ont été dénombrés l’an passé 64.000 décès par overdoses de
morphiniques.

Dans la varappe, l’escalade consiste à abandonner une prise quand on en saisit une autre, or ce que l’on constate en matière de toxicomanies est pire que ce que contestent nos contradicteurs : les « toxicos » n’abandonnent pas une drogue pour lui en substituer une autre, ils ajoutent à la drogue qui ne les satisfait plus pleinement une,
deuxième, voire une troisième drogue.

Pire que l’escalade contestée par Couteron (qui a présidé durant 12 ans la Fédération addiction ne lui laissant pas le temps d’apprendre cela), il s’agit de poly toxicomanies !

*Tomasiewicz et coll. Proenkephalin mediates the enduring effects of adolescent
cannabis exposure associated with adult opiate vulnerability. Biol. Psychiatry 2012; 72:
803-810.
Scherma et coll.  Cannabinoid exposure in rat adolescence reprograms the initial
behavioral, molecular, and epigenetic response to cocaine. Proc Natl Acad Sci U S A . 2020;
117: 9991–10002.

Beaucoup plus fort en THC, le nouveau cannabis accroît le risque de dépendance

Plus chargé en THC, la molécule à l’origine des effets psychotropes, le cannabis en circulation évolue, et les drogues de synthèse se développent. Plusieurs agences régionales de santé s’inquiètent.

C’est une évolution qui s’est faite à bas bruit et qui commence à inquiéter les autorités sanitaires. La litanie des annonces de saisie de cannabis en France masque une autre réalité : la hausse très significative du THC – le tétrahydrocannabinol, la molécule à l’origine des effets psychotropes –, ainsi que la poursuite de l’expansion des produits de synthèse. Plusieurs agences régionales de santé (ARS) ont tiré la sonnette d’alarme, ces derniers mois. Ces produits entraînent un risque de dépendance accru et leurs effets peuvent, dans certains cas, entraîner une hospitalisation.

Selon les chiffres du service national de la police technique et scientifique (PTS), le taux moyen de THC dans la résine de cannabis saisie par les services répressifs a triplé en vingt ans. « Jusqu’aux années 2000, celui-ci tournait entre 6 % et 8 % », explique Céline C., experte juridique en produits stupéfiants, ingénieure et chef de la section stupéfiants du laboratoire de police scientifique de Lyon. Il a ensuite progressé doucement jusqu’à l’année 2010, « qui est une année charnière ».

Depuis, la concentration de THC dans la résine de cannabis a bondi de 11 % en moyenne, à « 28 % en 2019 ». Il arrive parfois que les services de la police scientifique détectent des taux grimpant jusqu’à 50 %, voire plus, pour du cannabis présenté sous une autre forme dans le produit final. C’est le cas par exemple du BHO, pour « butane hash oil », qui consiste à extraire de l’herbe de cannabis avec du gaz butane, une huile très pure pouvant atteindre 80 % de THC.

Une pureté recherchée par les trafiquants


Plus récemment, la PTS a même analysé un gel de cannabis, contenu dans une petite seringue en plastique, atteignant 91 % de THC. Une pureté désormais recherchée par les trafiquants, du producteur au vendeur, qui s’adaptent comme toute autre entreprise à une demande allant dans ce sens. Ils ont modifié leur mode de production en sélectionnant les graines, à dessein.

Il n’est plus rare désormais de lire sur les réseaux sociaux, Snapchat pour l’essentiel, des annonces de dealeurs promouvant l’arrivée récente de tel ou tel produit baptisé, par exemple, triple frappe ou « frappe trois fois filtrée », et mis en avant pour sa puissance psychoactive. L’herbe de cannabis serait pour sa part moins concernée par cette hausse de THC. Avant 2000, son taux de THC était de 4 % en moyenne et tourne entre 10 % et 13 % ces dernières années, note la PTS.

L’expérimentation du cannabis médical en France commence


Parallèlement à l’augmentation du taux de THC dans le cannabis, une autre tendance préoccupe les professionnels de santé : la diffusion croissante de drogues de synthèse. Ces molécules synthétiques imitent et amplifient les effets de certains produits.

A l’automne 2020, l’alerte est d’abord venue du centre d’addictovigilance de Marseille et de l’ARS Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). En décembre, le centre d’addictovigilance de Bordeaux et l’ARS Nouvelle-Aquitaine ont emboîté le pas. En cause : les réactions inhabituelles observées chez plusieurs consommateurs de cannabis. A Marseille, des clients réguliers, pensant avoir acheté de l’herbe classique – composée de THC et de cannabidiol (une autre molécule contenue dans la plante) –, se sont retrouvés en sueur, fiévreux, pris de vertiges et de tremblements, de nausées, voire de vomissements. A Bordeaux, plusieurs mineurs ont dû être hospitalisés.

Les pharmacologues du centre d’addictovigilance de Marseille effectuent alors des investigations. Aucune trace de THC n’est repérée dans les analyses. En revanche, sont détectés du CBD et, plus inquiétant, un cannabinoïde de synthèse au nom barbare, le « MDMB-4en-Pinaca ». Le même élément sera retrouvé chez les adolescents bordelais. Il s’agit d’une molécule produite par des laboratoires clandestins, censée reproduire les effets du THC. Se présentant sous forme de poudre, elle est généralement vaporisée directement sur les résidus végétaux ou intégrée à des produits destinés à être vapotés. Dans le cas marseillais, elle avait été pulvérisée sur des têtes de cannabis au CBD, à l’insu des consommateurs.

« Il s’agit de substances qui, pour des doses largement inférieures, sont beaucoup plus fortes. C’est le cannabis puissance 100 », alerte Joëlle Micallef
Si cette molécule agit dans le cerveau sur les mêmes récepteurs que le THC, « ce n’est pas juste le Canada Dry du cannabis, alerte la docteure Joëlle Micallef, présidente du Réseau français d’addictovigilance et directrice du centre PACA. Il s’agit de substances qui, pour des doses largement inférieures, sont beaucoup plus fortes. C’est le cannabis puissance 100. » En fonction du dosage, particulièrement difficile à maîtriser, les conséquences sont variables : malaise, vertige, tachycardie, bad trip, agressivité, voire, dans les cas les plus sévères, AVC, infarctus, jusqu’au décès.

En 2019 et 2020, ce sont douze cas de décès liés à la consommation de MDMB-4en-Pinaca qui ont été déclarés à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, dont huit en Hongrie, trois au Royaume-Uni et un en Suède. « Dans chaque cas, d’autres substances psychoactives avaient été identifiées », précise la direction générale de la santé (DGS). Le produit a été détecté sur le marché européen en 2017. « Sa présence est signalée en hausse entre début 2019 et fin 2020 dans vingt et un Etats de l’Union européenne, la Turquie et la Norvège », indique la DGS.


En France, c’est à Mayotte et à La Réunion que la molécule a été identifiée pour la première fois. On y consomme de la « chimique », soit des cigarettes remplies de tabac et imprégnées d’un, voire plusieurs cannabinoïdes de synthèse. Le MDMB-4en-Pinaca circule désormais plus largement sur le territoire. Entre septembre et décembre 2020, le système national d’identification des substances et des toxiques (Sintes) l’a identifié dans treize collectes d’échantillon d’herbe. S’y ajoutent huit cas de forte suspicion.

Concernant 2021, au 3 février, il avait déjà été identifié dans vingt et une autres collectes. Sont concernées les régions Bretagne, Bourgogne, Centre, Hauts-de-France, Ile-de-France, Nouvelle-Aquitaine, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes. « La hausse des signalements, constatée début 2021, reste difficile à interpréter et peut révéler une forte réactivité du réseau Sintes autant qu’une diffusion accélérée du produit sur le territoire », indique la DGS.

« Au regard des seules informations disponibles à ce jour, l’annonce de la circulation de ces produits doit demeurer circonstanciée, rapporte l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dans un document du 5 février 2021. Il n’existe actuellement pas d’éléments permettant d’évaluer la proportion de produits de ce type circulant en France. » En outre, l’OFDT précise : « Il faut différencier ce phénomène de la survenue d’effets inattendus/indésirables découlant de la consommation de cannabis à forte teneur, dont la présence s’accroît depuis plusieurs années. Seule l’analyse de la composition des produits consommés peut en déterminer la nature. »

« Ce qui nous alerte, c’est la tendance évolutive »


Pour la docteure Micallef, il ne faut pas s’arrêter au nombre de cas identifiés. Car la plupart des consommateurs passent sous les radars. Pour analyser les produits, encore faut-il que les personnes arrivent à l’hôpital ou soient repérées par les professionnels de santé. Encore faut-il, également, que des analyses soient réalisées, que des liens de cause à effet soient déterminés ou que le produit soit collecté. « Quand on a cinq cas, c’est qu’en réalité on en a cinq cents, rapporte la professeure. Ce qui nous alerte, c’est la tendance évolutive. Quand on voit que les cas augmentent, que le produit arrive dans différentes régions, qu’il touche tout type de public, c’est plus important qu’un chiffre. Pour nous, il ne manque rien pour faire une sensibilisation nationale sur le sujet. »

Les cannabinoïdes de synthèse ne sont pas nouveaux. Ils appartiennent plus largement aux « nouveaux produits de synthèse », identifiés au niveau mondial au début des années 2000. Ces produits, néanmoins, connaissent « une dynamique soutenue de production et de diffusion, à partir de laboratoires chinois principalement », explique la DGS. De nouvelles molécules, pour la plupart issues de la recherche scientifique, sont mises sur le marché régulièrement, afin d’échapper à la loi sur les stupéfiants.

En Europe, les premiers cannabinoïdes de synthèse ont été détectés en 2008, en Allemagne et en Autriche, dans des produits vendus sous le nom de « Spice ». « C’était un mélange de plantes, commercialisé sur Internet comme de l’encens, mais qui était en fait fumé, explique Reynald Le Boisselier, directeur du centre d’addictovigilance de Caen. Aujourd’hui, les molécules sont plus puissantes, et on observe une diversification des usages. » En France, entre 2008 et 2017, soixante-huit cannabinoïdes de synthèse ont été identifiés, d’après l’OFDT.

« Toute une série d’effets qu’on ne connaît pas »


Dans la région de Caen, le phénomène est devenu visible en 2018. Plusieurs dizaines de lycéens ont développé des effets indésirables après avoir vapoté un e-liquide appelé « Pète ton crâne ». Des cannabinoïdes de synthèse y étaient incorporés. « Ces substances n’ont pas eu d’études cliniques poussées. Il y a toute une série d’effets qu’on ne connaît pas, notamment chez des personnes très jeunes, qui n’ont pas d’antériorité médicale et dont on ne connaît pas les fragilités individuelles », alerte le professeur Le Boisselier. « Il y a une volonté de faire goûter et de diffuser ces produits, souligne la docteure Micallef. Le marketing de certains sites est travaillé, ils surfent sur certains effets de mode comme le vapotage, moins stigmatisant. »

Toutefois, de façon contre-intuitive, d’après les chiffres de l’OFDT, et bien qu’il soit encore trop tôt pour mesurer l’impact des confinements successifs, l’usage de cannabis chez les adolescents a observé une tendance à la baisse jusqu’en 2017. Cette année-là, 39 % des jeunes de 17 ans déclaraient en avoir déjà fumé ; ils étaient 50 % en 2002. Toujours d’après l’OFDT, en 2017, près de 4 % des jeunes de 17 ans déclaraient « avoir déjà consommé un produit imitant les effets d’une drogue ».

Néanmoins, face à du cannabis « plus chargé » et à des drogues de synthèse plus puissantes, le potentiel de dépendance et les risques augmentent. « On a vu les cas compliqués se multiplier », observe la docteure Micallef. « La pratique est tellement répandue que ceux qui essayent de se sevrer, à moins de s’isoler complètement des copains, ont du mal », rapporte Emmanuelle Peyret, addictologue à l’hôpital pour enfants Robert-Debré, qui ajoute : « Ils se tournent aussi vers des choses beaucoup plus dures, tous les dérivés d’opiacés qui se trouvent dans la pharmacie des parents. On a de plus en plus de situations inquiétantes. »

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