18 Avril 2021
Emmanuel Macron appelle, dans un entretien au Figaro dimanche soir, à « lancer un grand débat national sur la consommation de drogue » et à « ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue » afin de « faire reculer la délinquance ».
« La France est devenue un pays de consommation et donc, il faut briser ce tabou, lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères », déclare le chef de l’Etat, à la veille d’un déplacement à Montpellier sur le thème de la sécurité du quotidien.
Car « ceux qui prennent de la drogue – et cela concerne toutes les catégories sociales – doivent comprendre que non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics. On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité… », ajoute-t-il.
Emmanuel Macron reconnaît que les trafics de stupéfiants « explosent » et « forment la matrice économique de la violence dans notre pays ».
« Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout », souligne-t-il.
Haceler les traficants
Il affirme que le gouvernement passe « à la vitesse supérieure » avec l’objectif de « harceler les trafiquants et les dealers ». « Sur les 4.000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1.000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie! », selon lui.
Il ajoute que « 70.000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre ». « Ça veut dire quelque chose de clair: si vous vous faites prendre comme consommateur, vous savez que vous allez devoir payer et que vous n’allez pas y échapper. Ça change le rapport de force », explique-t-il.
Selon lui, « dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge »: « Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux. Combien de jeunes, parce qu’ils commencent à fumer au collège, sortent totalement du système scolaire et gâchent leurs chances? Et je ne parle même pas des effets de glissements vers des drogues plus dures ».
27 Mars 2019 : Le Figaro
La lutte contre la drogue, une priorité pour Macron
Dix mois après un discours très ferme du chef de l’État, les premières mesures sont en préparation dans les ministères de l’Intérieur et de la Justice. Par Jean Chichizola
«Ce qui est clair, c’est qu’on a perdu la bataille du trafic dans de nombreuses cités.» Comme à son habitude, Emmanuel Macron ne prend pas de gants en présentant, le 22 mai 2018, ses mesures pour les banlieues. Il parle «d’embrasement», d’organisations «au moins nationales, et bien souvent internationales, qui sont derrière ces trafics et qui conduisent au pire des crimes». Et conclut: «Pour le mois de juillet, je veux qu’on ait finalisé un plan de mobilisation sur la lutte contre les trafics de drogue.»
L’été s’en est allé sans plan. En février dernier, à Évry, le président revient sur le sujet et parle d’un «objectif pour les prochaines semaines, que j’ai assigné au ministre [de l’Intérieur], sur la lutte contre les stupéfiants et les trafics, de reprendre le combat avec de nouvelles méthodes». Et d’évoquer quelques pistes: «remonter les filières et ceux qui se font vraiment de l’argent, qui amènent la production et qui arrivent à entretenir cette économie parallèle», «éviter que les policiers, les gendarmes, les juges soient complètement “thrombosés” pour éviter d’avoir des procédures devenues inutiles, donner un pouvoir contraventionnel, aller plus vite sur celui qui détient, pour se concentrer plutôt sur celui qui trafique».
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La Place Beauvau planche sur le sujet et doit proposer un plan prochainement. La Place Vendôme, quant à elle, a d’ores et déjà posé les premières briques avec le vote de la loi justice portée par la ministre, Nicole Belloubet. Ainsi de l’extension, «pour aller plus vite sur celui qui détient», de l’amende forfaitaire délictuelle aux délits d’usage de stupéfiants (200 euros). Magistrat et porte-parole du ministère de la Justice, Youssef Badr, souligne que la loi prévoit aussi de «nouveaux moyens créés pour lutter contre les trafiquants».
Comme la mesure d’interdiction de paraître dans le lieu où l’infraction a été commise ou dans lequel réside la victime, ce qui permettrait d’écarter pour un temps les petits dealers pourrissant la vie des quartiers. Face au développement des ventes sur Internet, la loi prévoit aussi de faciliter la «cyber-infiltration» sous pseudonyme. Par ailleurs, la compétence de la juridiction interrégionale spécialisée de Paris est étendue à l’ensemble du territoire national pour les affaires de criminalité et délinquance organisées d’une très grande complexité qui, note Youssef Badr, «dépassent largement l’échelle régionale». Un moyen supplémentaire pour toucher les «organisations criminelles» dénoncées par le chef de l’État. Tout en sachant que «la bataille du trafic» est très loin d’être gagnée.
22 Mai 2018
Macron veut changer de méthode sur les banlieues
Le président n’a pas annoncé mardi un plan détaillé, préférant dévoiler sa conception de la politique de la ville. Par François-Xavier Bourmaud et Marcelo Wesfreid Publié le 22/05/2018 à 20:54
Ni fleurs, ni couronnes, juste un long discours. Comme ses proches le laissaient entendre depuis quelques jours déjà, Emmanuel Macron a enterré sans états d’âme le rapport Borloo sur les quartiers difficiles. Mardi à l’Élysée, c’est en récusant la méthode de l’ancien ministre de la Ville de Jacques Chirac que le président de la République a démarré son propos devant 600 acteurs de la ville et l’ensemble du gouvernement rassemblés dans la salle des fêtes de l’Élysée pour l’écouter.
«Je ne vais pas vous annoncer un plan villes, un plan banlieues ou je ne sais quoi parce que cette stratégie est aussi vieille que moi, a démarré le président de la République. Nous sommes au bout de ce que cette méthode a pu produire […] et pour tout vous dire, je n’y crois pas.» Au cas où Jean-Louis Borloo n’aurait pas bien compris, le chef de l’État a ensuite précisé sa pensée: «Cela n’aurait aucun sens que deux mâles blancs, ne vivant pas dans ces quartiers, s’échangent l’un et l’autre un rapport en disant: “on m’a remis un plan, je l’ai découvert”. Ce n’est pas vrai, ça ne marche plus comme ça.» Exit donc le rapport Borloo et «l’ancien monde» avec lui.
À la place, Emmanuel Macron a longuement tenté d’exposer sa méthode, s’égarant parfois dans les méandres de sa pensée complexe, s’exprimant durant une heure et demie, des fiches en désordre étalées devant lui. Emmanuel Macron a navigué entre deux approches parfois opposées. D’un côté, il a abordé le sujet des banlieues comme celui d’un territoire à part, nécessitant des mesures spécifiques (aides de l’État pour trouver des stages, création de places en crèche, poursuite du dédoublement des classes, emplois francs pour les salariés issus des quartiers les plus difficiles, police de sécurité du quotidien). De l’autre, il s’est dit opposé à toute «politique spécialisée», qui pourrait stigmatiser les habitants des quartiers, et a assumé l’absence de ministère de la Ville au profit d’un ministère de la Cohésion des territoires.
Les banlieues «ne demandent pas d’assistance» mais leur «place dans la République», a argumenté le chef de l’État. «Pour Emmanuel Macron, il n’y a pas de politique spécifique à mener en direction des quartiers dans la mesure où toutes les politiques du gouvernement doivent s’intéresser aux quartiers, explique un conseiller du président. Mais cela n’interdit pas d’aller plus loin sur certains points lorsqu’il y en a besoin.»
Accélérer le tempo
Plus que de nouvelles mesures, Emmanuel Macron a surtout annoncé un nouveau tempo. «La première année, nous n’étions pas au rendez-vous (de la rénovation urbaine, NDLR). C’est de ma faute», a assumé Emmanuel Macron, à propos de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), dont le doublement des crédits a tardé à être effectif. Sans doute aiguillonné par la colère de certains maires de banlieue, le chef de l’État promet désormais d’accélérer. Il a ainsi annoncé un «engagement de rendez-vous tous les deux mois» avec des maires et des associations. Une sorte de «comité de suivi» sur l’avancement des diverses mesures. Premier rendez-vous en juillet donc, date à laquelle le chef de l’État compte également réunir les 120 plus grandes entreprises françaises pour la signature d’une série «de chartes concrètes» en faveur des 1500 quartiers labélisés «politique de la ville».
Le président de la République veut manifestement élargir le spectre de ses interlocuteurs. En plus des élus de terrain et des organismes habituels, il compte également s’appuyer sur le tout nouveau «conseil présidentiel de la ville» de 25 personnalités, dont les membres ont été choisis par l’Élysée, et qui compte des participants comme l’humoriste controversé Yassine Belattar.
Emmanuel Macron a également abordé le thème de la radicalisation dans les quartiers. Autour de lui, on déplorait que le rapport Borloo n’ait pas abordé ce sujet que le chef de l’État considère comme essentiel. «Nous devons suivre un chemin de crête, a-t-il expliqué. Lutter contre la radicalisation sans stigmatiser la religion musulmane.» Pour y parvenir, il a appelé à «la reconquête républicaine des esprits» et à la construction de «héros républicains qui viennent des quartiers».
Au passage, il a aussi rappelé les trois fermetures de mosquées opérées par le ministre de l’Intérieur pour leurs dérives radicales. Outre la radicalisation, «qui dans certains quartiers a gagné, est en train de gagner», Emmanuel Macron a aussi dénoncé les discours racistes et antisémites «en train d’empirer». Des sujets sur lesquels il était très attendu et sur lesquels il a, pour l’heure, déçu.
19 avril 2021 at 07:51
Enfin!
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