Une étude britannique explore l’incidence présumée de la variabilité du gène codant pour la catéchol-méthyl-transférase (COMT)[1] sur la sensibilité psychiatrique au cannabis.
Cette variabilité génétique relève du phénomène de polymorphisme d’un seul nucléotide (SNP, single-nucleotide polymorphism) avec la substitution d’une méthionine à une valine au niveau du codon 158 (rs4680 Val158Met)[2].
Portant sur 2630 sujets d’une même cohorte (naissance entre avril 1991 et décembre 1992), cette étude longitudinale recherche un lien possible entre l’existence et l’intensité d’une expérience psychotique à 16 ans et le génotype relatif à la COMT, en cas d’usage précoce du cannabis dès l’âge de 14 ans.
Mais, contrairement à une « croyance largement répandue » (widely held belief) attribuant à certains génotypes une meilleure résistance aux conséquences psychiatriques du cannabis, les auteurs n’observent « aucune preuve d’un lien » significatif entre un génotype particulier et le risque de développer ou non une expérience psychotique induite par le cannabis.
Leur conclusion est donc claire : le nécessaire « message de santé publique » (public health message) sur l’aggravation drastique du risque de troubles psychotiques liés à l’utilisation croissante du cannabis « ne doit pas être tempéré » par l’idée fallacieuse que ce préjudice puisse être éventuellement réservé à certains sujets, porteurs malchanceux d’un « mauvais génotype. »
Dans l’état actuel des connaissances, la vulnérabilité psychiatrique au cannabis semble donc indépendante des variabilités génétiques individuelles, a priori impuissantes à contenir la dangerosité collective de cette drogue.
[1] Enzyme intervenant dans le catabolisme de certains neurotransmetteurs (catécholamines) : cf. http://en.wikipedia.org/wiki/Catechol-O-methyl_transferase
[2] http://en.wikipedia.org/wiki/Val158Met
Dr Alain Cohen
Stanley Zammit et al. : « Cannabis, COMT and psychotic experiences » Br J Psychiatry 2011; 199: 380–385.