Recherche

Mois

novembre 2022

Légalisation du cannabis : des failles à tous les étages 

De: David Marques

Le texte de loi qui doit ouvrir la voie à la culture légale de quatre plants de cannabis à domicile ne sera pas soumis de sitôt au vote de la Chambre des députés. (Photo : afp)

Les autorités judiciaires réclament une «révision en profondeur» du projet de loi qui vise à légaliser la culture et la consommation de cannabis à domicile. De bout en bout, des lacunes sont décelées.

«Est-ce que la légalisation envisagée ne posera pas plus de questions pratiques qu’elle n’en résoudra, notamment par rapport aux contrôles du nombre de plants autorisés pour la culture par une communauté domestique?»

C’est Brigitte Konz, la présidente du tribunal d’arrondissement de Diekirch, qui résume le mieux les nombreuses interrogations énoncées dans les avis rendus par les autorités judiciaires sur le projet de loi visant à légaliser partiellement le cannabis récréatif au Luxembourg.

La liste des «difficultés et incongruités» mises en avant notamment par le parquet général est longue : contradictions, inégalités de traitement, manque de clarté, oublis, grave erreur de logique ou encore porte grande ouverte aux abus.

Bref, la ministre de la Justice, Sam Tanson, est renvoyée à ses études. Le premier avocat général, Serge Wagner, se montre le plus sévère. Il appelle à «revoir en profondeur» le texte, qui n’est pas prêt à être soumis de sitôt au vote des députés.

Se procurer des semences ? Illégal !

La justice décèle des failles à tous les étages, à commencer par l’acquisition des semences pour cultiver ses plants de cannabis à domicile jusqu’à l’impossibilité pour la police de contrôler effectivement le nouveau cadre légal.

Le projet de loi repose sur deux axes majeurs : la légalisation de la culture et de la consommation domestique de cannabis récréatif et l’allègement des sanctions pénales pour la détention ou le transport de petites quantités de cannabis sur la voie publique.

Le principe même du «choix politique» de réduire, grâce à cette ouverture, les risques induits par la consommation de cannabis et de prévenir, par ricochet, la criminalité est remis en question par les magistrats. Le parquet général estime que «le projet de loi ne semble pas prendre en considération la situation d’un trafiquant de drogue cultivant de manière professionnelle de grandes quantités de plantes et agissant dans le cadre d’une association ou organisation criminelle. Il risque apparemment les mêmes peines que celui qui a cultivé cinq ou six plantes pour sa consommation personnelle.»

«Aucune circonstance aggravante n’étant prévue, n’encourra-t-il qu’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement?», s’interroge le parquet de Luxembourg.

Les problèmes détectés dans le texte commencent néanmoins bien plus tôt. Le projet de loi resterait ainsi «muet quant à la question de savoir par quel moyen le consommateur devra se procurer les semences et les graines pour la culture de plantes».

Le parquet de Diekirch rappelle que «l’importation de graines de cannabis reste interdite et constitue dès lors une infraction pénale». Afin d’éviter de se retrouver dans l’illégalité avant même de lancer sa culture privée, le procureur Ernest Nilles suggère d’autoriser les boutiques de CBD à importer et vendre les graines.

Cannabis à domicile, (futur) mode d’emploi

PLANTS Un ménage ou une communauté de vie peuvent cultiver en toute légalité un maximum de 4 plants de cannabis. La plantation peut se situer à l’intérieur ou à l’extérieur, mais elle ne doit pas être visible depuis la voie publique.

CONSOMMATION L’herbe cultivée doit être consommée à domicile. Il restera interdit de fumer son joint en public. La culture et la consommation restent interdites aux mineurs.

POSSESSION Il est prévu de procéder à une «décorrectionalisation» de la consommation, de la possession et du transport en public. La limite est fixée à 3 grammes. Un simple avertissement taxé de 145 euros sera dressé. Le cannabis sera saisi et détruit. L’amende est haussée à 300 euros, voire à 500 euros, en cas de refus de payer l’amende.

POURSUITES Toute possession de plus de 3 grammes va faire l’objet d’une procédure pénale. Un procès-verbal sera dressé et une comparution devant un juge d’instruction restera de mise.

MOBILITÉ La tolérance zéro prévaudra pour la conduite sous l’influence du cannabis.

La justice fait en outre remarquer que le texte semble prévoir la culture de cannabis uniquement dans un jardin privatif, mais pas dans une résidence comptant des dizaines d’appartements. «Il est évident que les propriétaires qui sont opposés à la culture (…) de cannabis peuvent être incommodés par l’odeur dégagée par les plantes (…) cultivées par d’autres copropriétaires», avance le parquet général.

Un règlement de copropriété interdisant la culture n’est pas forcément possible «au vu de la teneur du projet de loi». De plus, la police, qui serait certainement appelée à «d’innombrables reprises», ne pourrait que difficilement intervenir. «Même les réclamations (…) d’un voisin ayant des enfants en bas âge, importuné par les fumées de cannabis et ayant une vue directe sur la plantation seraient insuffisantes pour justifier un contrôle policier (…)», développe le premier avocat général.

D’une manière plus globale, les autorités judiciaires mettent en lumière toute une série de questions pratiques, notamment en ce qui concerne les contrôles sur la voie publique. «L’agent devra être en possession d’une balance électronique pour peser la substance (avec ou sans emballage ?) et d’un test rapide pouvant déterminer s’il s’agit effectivement de cannabis ou au contraire de CBD légal ou d’une autre substance légale», énumère Ernest Nilles.

«Les tests rapides étant cependant peu fiables pour déterminer le taux de THC, l’agent sera dans l’embarras pour déterminer l’illégalité du produit entre ses mains (…)», poursuit le haut magistrat. Le projet de loi serait aussi trop flou en ce qui concerne la saisie et la destruction des substances illégales trouvées sur un suspect.

La justice privée de moyens

D’autres points d’interrogation concernent la définition de la visibilité des plants depuis la voie publique. «On peut (…) s’imaginer qu’une personne pensant respecter la législation, alors que ses plantes ne sont pas visibles immédiatement depuis la voie publique, puisse néanmoins être pénalement poursuivie parce que ses plantes peuvent être aperçues à partir d’un point plus éloigné (…)», fait remarquer le tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Enfin, la justice regrette le fait que le projet de loi la privera des moyens dont elle dispose pour lutter contre la toxicomanie. «La décorrectionnalisation souhaitée (…) entraînera nécessairement la perte pour les forces de l’ordre des pouvoirs d’investigation en matière de flagrant délit, à savoir entre autres la possibilité d’effectuer des perquisitions, saisies et fouilles corporelles. De même, aucune instruction ne pourra être ouverte, le juge d’instruction étant incompétent en matière de contraventions.»

L’État compte cultiver du cannabis

On sait depuis plusieurs mois déjà que le gouvernement voulait mettre en route avant la fin de la législature en cours un cadre légal pour la culture, sous contrôle étatique, du cannabis médical au Luxembourg.

La nouveauté, annoncée fin juillet, est qu’une fois cette étape achevée, le cap sera également mis sur un projet de loi visant à lancer une chaîne de production étatique de cannabis récréatif. Les deux textes doivent encore être soumis en 2023 à la Chambre des députés.

Le Luxembourg compte observer de près comment les choses vont évoluer aux Pays-Bas, où une chaîne de production doit être lancée au premier trimestre 2023. Dans un premier temps, le Grand-Duché va néanmoins se limiter à la culture de plants en privé.

Le projet de loi, remis aux mains des députés, suscite toutefois des critiques (lire ci-dessus). Suivront les deux textes qui permettront à l’État de cultiver du cannabis à grande échelle. Importante précision : il semble d’ores et déjà exclu que la consommation en public soit autorisée.

Les yeux rivés sur l’ONU et l’Allemagne

Le parquet de Luxembourg renvoie dans son avis aux obstacles qui se présentent à l’international pour légaliser le cannabis récréatif. En effet, une convention de l’ONU force les parties signataires à limiter «exclusivement à des fins médicales et scientifiques la production, la fabrication (…), la distribution, le commerce, (…) et la détention (de) stupéfiants».

Il existe aussi le risque de se heurter aux accords de Schengen. La présidente du tribunal de Diekirch plaide donc pour une «solution européenne» qui répondrait «aux craintes quant à un pèlerinage vers le Luxembourg pour l’acquisition de cannabis (…)».

Au moins, le gouvernement juge-t-il «utile» que les législations du Luxembourg et de l’Allemagne sur le cannabis «s’agencent autour des mêmes principes et objectifs».

Outre-Moselle, il est prévu d’autoriser la vente de cannabis dans les magasins spécialisés et éventuellement dans les pharmacies (20 à 30 grammes). La culture personnelle privée sera autorisée et limitée à trois plantes.

Source

Laurent Gay, ancien héroïnomane : « J’ai perdu mon enfant, ma femme. J’ai eu le sida. La drogue, je la prenais pour mourir »

Alcool, drogues, sexe, alimentation, jeux d’argent ou jeux vidéo… Pour « Addict.e.s », sur Yahoo, anonymes et célébrités ont accepté de briser le tabou de la dépendance. Ils racontent la spirale infernale de l’addiction, l’impact souvent destructeur sur l’ensemble des sphères de leur vie, et le chemin, souvent long et douloureux, vers la sobriété.

Arraché à l’enfer comme il l’explique dans l’un de ses ouvrages, Laurent Gay est un miraculé. Cet ancien toxicomane a réussi à se sortir de l’engrenage des drogues et espère, grâce à son témoignage, éloigner les jeunes de cette spirale infernale. Pour Yahoo, il a accepté de raconter son histoire.

Drogues, règlements de compte, prison, maladie : Laurent Gay a traversé le pire. Cet ancien toxicomane, dont la vie ne s’est jamais apparentée à un long fleuve tranquille, a réussi à s’en sortir alors qu’il pensait avoir touché le fond. Au cœur de sa détresse, une rencontre a complètement bouleversé le cours de son existence. Pour Yahoo, l’auteur de l’ouvrage « Arraché à l’enfer », s’est livré sans tabou sur ses dérives et son parcours de résurrection.

« Faire rentrer la drogue chez soi, c’est faire rentrer le malheur. Elle vous prend tout jusqu’à la vie »

Enfant introverti, Laurent grandit dans un quartier difficile de Paris, dans le XVIIe arrondissement. Il bascule dans l’univers de la drogue à l’âge de 12 ans après avoir intégré une bande de caïds, de très mauvaises fréquentations. Avec eux, il fume du shit et se sent devenir quelqu’un. Là, tout s’accélère. Deux ans plus tard, il passe à un stade supérieur en s’injectant pour la première fois de l’héroïne. « Faire rentrer la drogue chez soi, c’est faire rentrer le malheur. La drogue passe son temps à nous pourrir notre âme, c’est le pire des pièges. Elle vous prend tout jusqu’à la vie », explique-t-il avec regret.

C’est en garde à vue qu’il se rend compte de son addiction. Contraint d’y rester pendant 48 heures, il commence à ressentir les effets du manque. Il plonge, comme la plupart de ses amis. Certains ne s’en remettront d’ailleurs jamais. « En près de 20 ans, j’ai perdu une cinquantaine de potes. Mon premier ami est décédé à l’âge de 14 ans d’une overdose », explique-t-il précisant que l’espérance de vie dans son quartier était de 25 ans. Pour se sortir de cet engrenage, il tente donc les cures de désintoxication mais rien n’y fait. Sans grande motivation, il replonge à chaque nouvelle tentative.

Aujourd’hui, Laurent a passé un cap en mettant ce pan de sa vie derrière lui et souhaite désormais partager sa « révolte intérieure ». S’adressant directement aux dealers, il exprime sa colère. « Vous qui vendez de la mort à ces jeunes, êtes-vous bien conscients de briser une multitude de vies ? ».

« J’ai fait plusieurs tentatives de suicide par overdose »

Et la sienne en fait partie. À cause de la drogue, Laurent enchaîne les mauvais choix et les déboires. Il commence à squatter dans des quartiers malfamés de Paris avec sa compagne, à dormir dans des caves. Alors qu’elle est enceinte, il apprend qu’elle est atteinte du Sida. L’enfant qu’elle porte ne survit pas.

C’est le coup de grâce. « Je n’avais plus d’espoir en moi. Je prenais de la drogue pour mourir. J’ai fait plusieurs tentatives de suicide par overdose, les pompiers m’ont ramené à la vie plusieurs fois », confie-t-il, admettant avoir vécu une période « très sombre et très difficile ». À 24 ans, il se retrouve à Fresnes derrière les barreaux à cause d’un règlement de comptes.

En prison, il se fabrique une lame pour s’ouvrir les veines. Au bord du suicide, ce non-croyant crie sa détresse à Dieu, lui demande s’il peut lui ouvrir la porte de son paradis, puis se met à pleurer. Là, il croit voir le visage du Christ, une apparition qu’il interprète comme un signe. « Ça a été une révélation, j’ai commencé à croire qu’il y avait quelque chose au-dessus de moi. À partir de là, je me suis battu contre tous mes petits démons », explique-t-il précisant être sorti de prison au bout d’un an grâce à un non-lieu.

« On m’a attaché à un lit, j’avais les mains et les pieds liés »

L’enfer aurait pu se terminer là mais Laurent en a décidé autrement. À peine sorti, il ne résiste pas longtemps à la tentation et se remet à se droguer. Il se fait alors enfermer dans un hôpital psychiatrique en milieu isolé où il subit son quotidien. « Les murs de ma chambre étaient matelassés. On m’a attaché à un lit, j’avais les mains et les pieds liés », se rappelle-t-il, encore choqué de cette vision. Finalement, les personnels soignants lui administrent de fortes doses de calmants, « ce que l’on appelle la camisole chimique ». « J’étais un légume ».

Là-bas, il apprend sa séropositivité. Les médecins se montrent très clairs et lui apprennent qu’il lui reste peu de temps à vivre. « À ce moment, la seule chose que je voulais, c’était de demander pardon aux membres de ma famille, de m’excuser de leur avoir fait vivre 15 ans de malheur ». Et alors qu’il se voit déjà mort, il trouve une nouvelle fois la lumière au bout du chemin.

Son quotidien bascule lorsqu’un bénévole, présent dans l’hôpital, lui tend la main. « C’était la première fois qu’on me disait que j’étais quelqu’un de bien ». Rapidement, il l’intègre dans une communauté religieuse qui accueille des malades en fin de vie. Au total, il y restera neuf ans, une période pendant laquelle il testera des traitements contre le sida. Aujourd’hui marié et heureux, Laurent veut passer son temps à aider les autres, à délivrer un message, particulièrement au monde de la jeunesse.

« La tentation est forte »

Comme il le rappelle, beaucoup d’adolescents et de jeunes adultes sont aujourd’hui prêts à faire « n’importe quoi pour avoir l’impression d’être regardés, d’exister et ressentir un minimum d’amour » dans ce monde anxiogène. Expliquant que la drogue n’allait en rien combler ces manques, il les a invités à « rentrer pleinement » dans leur « destinée ». Il s’est d’ailleurs directement adressé à eux.

« Ce n’est pas la drogue qui va te rendre plus intelligent. Ce n’est pas la drogue qui va te permettre de t’élever dans ce bas monde. Tu ne pourras plus te projeter, tu ne pourras plus avoir de rêves. Tu vas tourner en rond et tu vas simplement descendre dans des profondeurs que je ne te souhaite pas, donc le mieux c’est de te servir de ton super pouvoir, celui de dire non à la drogue. La tentation est forte mais il y a autre chose. Tu as un avenir », conclut-il.

Source

Europol annonce le démantèlement d’un «super-cartel» de la cocaïne à Dubaï et en Europe

Le cartel contrôlait environ un tiers du commerce de cocaïne en Europe.

Des policiers ont démantelé un «super cartel» de la cocaïne et arrêté 49 suspects dans divers pays dont six «cibles de grande valeur» à Dubaï, a annoncé lundi Europol. Cette vaste opération internationale a permis la saisie de 30 tonnes de cocaïne, avec des arrestations en France, en Espagne, en Belgique et aux Pays-Bas, a ajouté dans un communiqué l’Office européen de police, dont le siège est aux Pays-Bas.

«Les barons de la drogue, considérés comme des cibles de grand intérêt par Europol, s’étaient alliés pour constituer ce qui était connu comme un super cartel qui contrôlait environ un tiers du commerce de la cocaïne en Europe», selon Europol. «L’ampleur de l’importation de cocaïne en Europe sous le contrôle et le commandement des suspects était massive. Et plus de 30 tonnes de drogues ont été saisies par les forces de l’ordre durant les investigations», précise l’agence européenne.

Dubaï a arrêté deux suspects offrant un «grand intérêt», liés aux Pays-Bas, deux autres liés à l’Espagne et deux liés à la France. «L’un des suspects néerlandais est un extrêmement gros poisson», a déclaré une source d’Europol sous condition de l’anonymat. Outre les six arrestations à Dubaï, treize personnes ont été arrêtées en Espagne, six en France et dix en Belgique. Parallèlement, quatorze personnes avaient été arrêtées en 2021 aux Pays-Bas dans le cadre de la même opération, selon cette source.

Le parquet néerlandais a indiqué qu’il comptait demander auprès des Émirats arabes unis l’extradition des deux suspects liés aux Pays-Bas arrêtés à Dubaï. L’un est un homme âgé de 37 ans avec la double nationalité néerlandaise et marocaine, accusé d’avoir importé des milliers de kilogrammes de cocaïne aux Pays-Bas en 2020 et 2021. L’autre est un homme âgé de 40 ans avec la double nationalité néerlandaise et bosniaque, selon le parquet. «Il s’agit d’infractions criminelles graves liées au trafic international de drogue, principalement depuis l’Amérique du Sud via les ports d’Anvers et Rotterdam», selon un communiqué du parquet néerlandais.

Source

« Je vais vendre de la drogue en France, puis je reviens, je construis des maisons » : « Complément d’enquête » remonte la filière du crack jusqu’au Sénégal

Publié le 24/11/2022

Pour voir la video cliquez ici

Alors qu’un insoluble trafic empoisonne la vie de certains quartiers du nord-est parisien, une équipe de « Complément d’enquête » s’est rendue à Louga, d’où viennent de nombreux trafiquants de la capitale française.

Louga, au nord du Sénégal, à 4 000 kilomètres de Paris. Ce qui saute aux yeux en arrivant dans cette ville de 100 000 habitants, ce sont les chantiers qui poussent à tous les coins de rue. Partout, des maisons en construction, au milieu d’autres habitations bien plus modestes.

Selon Mica, un jeune informaticien qui a grandi ici, ces demeures flambant neuves sont construites grâce à l’argent de la diaspora, des dizaines de millions d’euros envoyés chaque année, de France notamment. Une partie est gagnée légalement, une autre serait issue du trafic de drogue.

« Une partie des maisons ici, c’est de l’argent sale. Beaucoup d’entre elles, ça vient du crack. C’est connu, mais les gens ne le disent pas, c’est tabou. »Mica, informaticien originaire de Louga, Sénégal à « Complément d’enquête »

our l’instant, Junior, 25 ans, est encore à Louga. Mais il a déjà planifié son avenir. Il veut partir à Paris pour rejoindre ses grands frères qui y vendent du crack. C’est le seul moyen d’avoir de l’argent rapidement en France, explique-t-il. 

« Pendant cinq ans, je m’associe avec mes frères, après je reviens, et avec cet argent, je construirai des maisons, je ferai des investissements, j’ouvrirai une quincaillerie… »

Junior a déjà commencé à « apprendre le métier » à distance. Lors de leurs appels vidéo, ses frères lui ont montré comment fabriquer le crack, comment scotcher les pochons et les cacher dans la bouche…  Pour entrer en France illégalement, il prévoit d’utiliser une carte de séjour portugaise que doit lui faire parvenir un passeur. Il lui en coûtera 6 800 euros, une dette qu’il compte rembourser avec l’argent de la drogue.

Source France info

ENQUÊTE – L’inéluctable progression des nouvelles drogues de synthèse

Fabriquées avec des produits chimiques, les nouvelles drogues de synthèse s’achètent facilement sur internet. Leurs fabricants inventent chaque semaine de nouvelles molécules, ce qui leur permet parfois d’échapper à la législation sur les stupéfiants.

Les nouveaux produits de synthèse attirent de plus en plus de clients, enquête sur ces substances artificielles mal connues.
Les nouveaux produits de synthèse attirent de plus en plus de clients, enquête sur ces substances artificielles mal connues. © Radio France – Melissa Foust

Une enquête d’Anne-Laure Barral, de la cellule investigation de Radio France

Sur une table, Frédéric Barozzi étale un caleçon, des affiches, des timbres, des flacons de liquides… Certains portent des inscriptions comme “Spice” ou “Tribe”. D’autres sont à l’effigie du dessin animé des Simpsons. Tous ces objets ont cependant un point commun : ils ont servi à cacher de la drogue. Le responsable du domaine stupéfiants et médicaments au service commun des laboratoires d’Île-de-France (un service qui travaille notamment pour les douanes) n’est plus étonné par l’inventivité des dealers. “On a même vu un tapis entier dont les fibres étaient imprégnées de drogue”, explique-t-il. 

Ses équipes analysent les poudres, les végétaux, les cristaux mais aussi les liquides saisis par les douanes pour savoir de quelles substances il s’agit. Et elles ont constaté que sur les 10.000 échantillons testés en moyenne par an, 10 à 20% appartiennent désormais à la catégorie des nouveaux produits de synthèse, qu’on appelle des NPS. Dans ce cas, “on regarde dans notre base de données si cette molécule est connue. Si ce n’est pas le cas, il faut décortiquer sa structure et lui donner un nom”, précise l’ingénieur.

Objets perquisitionnés servant à dissimuler de la drogue et envoyés au service commun des laboratoires d’Île-de-France pour analyse.
Objets perquisitionnés servant à dissimuler de la drogue et envoyés au service commun des laboratoires d’Île-de-France pour analyse. © Radio France – Anne-Laure Barral

Des drogues qui se renouvellent en permanence

En juin 2022, le service commun des laboratoires a encore signalé un nouveau produit de synthèse à ses homologues européens. Selon le rapport de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT), une cinquantaine de nouvelles substances apparaissent sur le marché européen chaque année, soit près d’une par semaine. Il y en a aujourd’hui près de 900 identifiées, avec différentes familles et différentes formes. 

Nous avons observé récemment du cannabis sur lequel on a pulvérisé des poudres de cannabinoïdes synthétiques, ce qui peut provoquer un état délirant”, déclarait en juin dernier le directeur de l’Observatoire, Alexis Goosdeel. Ces nouvelles drogues sont surveillées de près en raison des effets plus puissants qu’elles peuvent avoir. “Nous sommes très vigilants en particulier sur les opioïdes de synthèse que l’on voit apparaître parfois dans nos saisies en toute petite proportion”, reconnaît Corinne Cléostate, sous-directrice des affaires juridiques des douanes françaises. Les opioïdes de synthèse, comme le fentanyl, sont considérés comme cent fois plus puissants que la morphine et beaucoup plus addictifs. Ils ont provoqué un très grand nombre d’overdoses aux États-Unis.

Mais la provenance de ces nouvelles drogues évolue également. “Il y a des ateliers de fabrication en Chine, mais désormais aussi sur le continent européen”, explique Rita Jorge, analyste scientifique à l’OEDT. En 2020, plus de 350 de ces ateliers ont été démantelés, principalement en Pologne et aux Pays-Bas. “En France, nous avons plutôt de petits laboratoires artisanaux, alors qu’aux Pays-Bas, un atelier fabrique jusqu’à 100 kg de drogues de synthèse par jour”, ajoute Corinne Cléostrate.

À Montpellier : un laboratoire à domicile

À la différence des drogues dites classiques comme la cocaïne ou l’héroïne, ces nouveaux produits de synthèse ne sont pas fabriqués à partir de plantes de coca ou de pavot, mais à partir de produits chimiques. Les fabricants utilisent des dérivés du pétrole comme le benzène ou le kérozène, mais aussi des acides ou de l’acétone. Au moins deux laboratoires ont été démantelés en France en 2021, dont un à Montpellier, à quelques centaines de mètres seulement du commissariat de police.

Matériel perquisitionné chez un fabriquant de diverses drogues de synthèse dans le Finistère en 2013.
Matériel perquisitionné chez un fabriquant de diverses drogues de synthèse dans le Finistère en 2013. © Maxppp – Yannick Guerin PhotoPQR Ouest France

Avec le confinement je me suis mis à consommer tous les jours des amphétamines”, explique à la cellule investigation de Radio France, Eddy (pseudonyme), un orthoptiste de 35 ans, qui vient de sortir de détention provisoire après avoir été interpellé il y a un an. “J’ai vu que cela me coûterait moins cher de fabriquer moi-même la drogue en commandant les produits chimiques sur des sites internet chinois ou polonais.” Il dit s’être senti grisé par la sensation de toute puissance que lui procurait la drogue. Ses amis de “défonce”, comme il les nomme aujourd’hui, le sollicitaient en permanence pour obtenir une substance qu’on appelle la 3-MMC. Mais alors qu’il s’apprêtait à augmenter sa production et à commander du phosphore rouge et de l’acide sulfurique, un fournisseur français, intrigué par ce type de commande, a signalé ses agissements à l’administration.

La 3-MMC : star des nouvelles drogues de synthèse

La drogue de synthèse pour laquelle Eddy a été sollicité, la 3-MMC, inquiète particulièrement les services de santé. Selon les chiffres de l’enquête dénommée “Drames” consacrée aux décès liés à des consommations abusives de psychotropes, les drogues de synthèse ont causé 15 morts en 2020. “C’est énorme, relève Anne Batisse, pharmacienne cheffe du centre d’addictovigilance de Paris. Certes, la cocaïne a fait 77 décès, mais ses usagers sont beaucoup plus nombreux.” Trois fois moins chère que la cocaïne, la 3-MMC et ses dérivés gagnent du terrain en France. Les autorités ont vu les saisies se multiplier par trois ces dernières années. Les douaniers ont même effectué une prise record en janvier 2022 sur une petite route de l’Aveyron : 613 kg pour un montant de 9 millions d’euros.

Aujourd’hui, la 3-MMC rejoint des réseaux classiques de revente dans la rue ou sur les applications de type Snapchat ou Telegram”, constate Nina Tissot, sociologue et coordinatrice du rapport sur les tendances de consommation en Auvergne Rhône-Alpes pour l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT). À l’origine, ce stimulant était surtout consommé dans le cadre du “chemsex”, c’est-à-dire la prise de drogues lors de rapports sexuels généralement à plusieurs partenaires. Le chemsex s’est surtout développé dans les milieux homosexuels masculins. 

Mais depuis le confinement, cette drogue a gagné d’autres publics, hétérosexuels, dans les milieux festifs, et au-delà. Cette consommation a conduit certains usagers à basculer dans l’addiction et à avoir recours à des pratiques à risque. “Souvent, ces usagers n’utilisaient pas de préservatifs. On a vu revenir des infections comme la syphilis”, constate l’infectiologue Charles Cazanave qui soigne des dizaines de patients au CHU de Bordeaux.

La cellule investigation de Radio France passe commande

Cette drogue se développe d’autant plus facilement qu’elle se commande très simplement par internet. Pas besoin d’aller sur le darkweb ou de faire appel à un dealer via Telegram ou WhatsApp. La cellule investigation de Radio France a pu le vérifier en surfant sur un site hollandais qui propose des “produits de recherche”. Pour une soixantaine d’euros, nous avons pu commander de la 3-MMC et de la 3-MMA, une autre drogue de synthèse similaire. Le paiement pouvait se faire par virement en euros ou en crypto-monnaie sur un compte en Espagne. Une fois effectué, nous avons pu suivre le parcours de notre colis de Rotterdam à Paris. Et nous avons reçu au bout de cinq jours un paquet contenant une serviette de plage dans laquelle étaient cachés deux sachets de cristaux et de poudre.

Deux sachets de drogue dissimulés dans une serviette de plage.
Deux sachets de drogue dissimulés dans une serviette de plage. © Radio France – Melissa Foust

Cette expérience, ils sont nombreux à l’avoir faite. Pour cacher la drogue, “j’ai à peu près tout vu”, raconte Pierre, qui commande deux à trois fois par an des drogues de synthèse par internet. “J’en ai reçu dans des cartes de Noël, des faux DVD, des faux échantillons de crème hydratante.” En cas de perte du colis, le site propose même de vous renvoyer la moitié de la commande gratuitement. Il existe aussi des systèmes de parrainage, des promotions avec des produits offerts à tester.

Une législation dépassée

Passer par un site n’est cependant pas une garantie de qualité. En faisant analyser nos achats par le réseau associatif “Analyse ton prod” d’Île-de-France, (un réseau qui regroupe des associations sur tout le territoire, et travaille sur la réduction des risques auprès des usagers), nous avons eu une mauvaise surprise. Notre paquet ne contenait pas de la 3-MMC mais de la 3-CMC, un produit proche mais avec un atome différent. Et la deuxième drogue commandée ne contenait pas qu’un seul stimulant dans sa formule, mais deux. Cette tromperie sur la marchandise peut être dangereuse. 

La 3-CMC est potentiellement plus neurotoxique”, nous explique une consommatrice régulière de 3-MMC. “C’est une arnaque assez fréquente”, précise Nina Tissot, de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) en Auvergne Rhône-Alpes. “Depuis que les Pays-Bas ont interdit la 3-MMC en fin d’année dernière, ils vendent de la 3-CMC qui reste légale chez eux.” Mais en renouvelant sans cesse la composition de leurs produits, les chimistes poursuivent un autre objectif. Ils brouillent les pistes afin de contourner les législations. “Les nouveaux produits de synthèse ont été spécifiquement créés pour cela”, affirme Pierre Chappard, président de l’association Psychoactif qui anime un site d’usagers. Toute nouvelle molécule non répertoriée dans la nomenclature des stupéfiants ou des psychotropes par l’agence du médicament, l’ANSM, tombe en effet dans un vide juridique qui rend toute poursuite inopérante

Après analyse, le laboratoire du réseau Analyse ton prod révèle que les substances reçues ne correspondent pas à la commande passée sur le site.
Après analyse, le laboratoire du réseau Analyse ton prod révèle que les substances reçues ne correspondent pas à la commande passée sur le site. © Radio France – Anne-Laure Barral

Des conséquences graves

Certains de ces produits peuvent pourtant entraîner de sévères troubles neurologiques. Une lycéenne de Tarbes (65) a dû être hospitalisée en avril 2022 pour avoir inhalé un cannabinoïde de synthèse. L’an dernier, 80 jeunes mineurs dans le Nord de la France et la région de Reims ont également fait des malaises après avoir consommé ce qu’on appelle du “Buddha Blue” ou du “Pète ton crane”. “Cette substance a une affinité pour les récepteurs dans le cerveau beaucoup plus forte que la plante de cannabis”, explique le professeur Nicolas Franchitto, chef du service d’addictologie de l’hôpital Purpan à Toulouse. 

Même pour des gens qui ont déjà consommé du cannabis, “le risque, c’est la crise convulsive, des troubles neurologiques, cardiaques ou des insuffisances rénales”. Selon une enquête réalisée lors de la journée de défense et de citoyenneté en 2017, près de 4% des adolescents interrogés reconnaissaient avoir consommé un NPS, principalement un cannabinoïde de synthèse.

Des drogues indétectables

Autre caractéristique de ces drogues : elles échappent aux tests de stupéfiants effectués lors des contrôles routiers. Dans une étude réalisée en 2016, Camille Richeval, ingénieure au laboratoire de toxicologie du CHU de Lille, a identifié à postériori la présence de drogues de synthèse dans des tests réalisés auprès de conducteurs français et belges, qui avaient pourtant été déclarés négatifs. “Ces tests ne sont pas faits pour détecter les NPS comme la 3-MMC. On passe donc à côté”, explique la chercheuse. Le monde des drogues change si rapidement que même si on mettait au point un test plus performant, il serait très vite dépassé par un nouveau produit.

Le milieu du sport lui aussi est confronté à cette indétectabilité des produits. L’agence mondiale anti-dopage (AMA) organise régulièrement des conférences internationales sur les NPS. “Il faut surveiller qu’ils ne deviennent pas les produits dopants de demain”, explique Olivier Rabin, le directeur scientifique de l’agence. Certains produits vendus comme des compléments alimentaires de façon tout à fait légale sont passés entre les mailles du filet. “Nous surveillons particulièrement les forums de discussion de culturisme où l’on parle souvent de ces produits innovants”, poursuit-il.

Le problème est d’autant plus inquiétant que tout porte à croire qu’il est sous-évalué. L’association Play Safe s’en est rendu compte en créant un faux site de commande de NPS. Il se présente un peu comme le site hollandais sur lequel nous avons commandé nos produits. Avec une différence de taille : au moment de payer, il affiche un message d’alerte sur les risques qu’il y a à consommer ces substances. Or depuis sa création en avril 2021, ce faux site a enregistré au moins 20.000 commandes. Il aurait pu potentiellement réaliser un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros en un an. Si les NPS restent moins consommées que le cannabis et la cocaïne en France selon les données de l’OFDT, ils sont donc clairement en train de se faire une place sur le marché de la drogue.

Source

3 MMC : moins chère et plus populaire que la cocaïne, la nouvelle drogue dure qui tue

Une nouvelle drogue de synthèse fait fureur dans les nuits parisiennes. Elle a tué sept personnes en 2021 sur les neuf personnes mortes d’overdose.

Par Stéphanie Bascou

Plus que jamais populaire dans les soirées parisiennes, et plus que jamais meurtrière : la drogue de synthèse 3 MMC aurait causé sept overdoses en 2021. Moins chère que la MDMA, l’amphétamine et la méthamphétamine et la cocaïne, ce dérivé de la plante de khat est particulièrement puissant, rapporte Le Parisien, lundi 21 novembre.

Sous forme de poudre blanche, de cristaux translucides ou encore de comprimés, ce psychotrope aurait des effets désinhibants et serait particulièrement addictif : il provoquerait « une intensification des sensations, un sentiment d’euphorie, avec une sensation d’énergie, une atténuation de la sensation de fatigue, un besoin incontrôlable de parler, et une sensation d’être plus proche des autres.

Il augmente la confiance en soi et procure une sensation de puissance », liste Drogues Info Service. On peut l’ingérer, le sniffer, l’injecter ou le plugger – l’insérer dans l’anus à l’aide d’une seringue sans aiguille, ajoute le site d’information.

Les effets secondaires, en plus de l’addiction, seraient particulièrement dévastateurs : des maux de tête, des nausées et des vomissements, des troubles de l’érection, des convulsions, des hallucinations, de la paranoïa, des crises d’angoisse, des complications somatiques cardiovasculaires et neuromusculaires, et parfois la mort.

Vingt-sept personnes en seraient mortes en Europe selon des chiffres de 2021 de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (l’OEDT). « L’overdose ce n’est pas une dose trop importante. C’est le corps qui ne supporte plus la perturbation », alerte un enquêteur spécialisé interrogé par Le Parisien. Une fois en sevrage, des troubles dépressifs peuvent durer pendant plusieurs semaines.

Cantonnée au « chemsex » avant de gagner le monde de la nuit

Existant depuis les années 2010 et apparue pendant le confinement, cette drogue se serait d’abord cantonnée à la communauté homosexuelle – prise pendant l’acte sexuel, une pratique désignée par le « chemsex » – avant de gagner le monde de la nuit parisienne.

Une des raisons de cet engouement est son prix, à moins de dix euros le gramme contre soixante-dix et quatre-vingts euros le gramme pour la cocaïne, note l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, l’OFDT.

« La 3 s’est complètement popularisée », déplore le spécialiste interrogé par nos confrères. Selon l’OEDT, la MMC « suscite (bel et bien) une inquiétude grandissante en Europe ».

Les équipes chargées d’enquêter sur ces réseaux de stupéfiants, si elles arrivent à démanteler les centrales d’achat, auraient du mal à s’attaquer aux sources d’approvisionnements en perpétuelle mutation. Car les trafiquants se fournissent non seulement directement aux Pays-Bas, mais aussi par simple commande sur Internet auprès de sites éphémères. Et ils n’hésiteraient pas à modifier la composition de la 3 MMC pour contourner la loi, rapporte le quotidien.

SOURCE

Eddy Mitchell : ses révélations cash sur sa santé et ses différentes addictions

Panoramic / Bestimage
  • Eddy MitchellChanteur, parolier, acteur et animateur de télévision français

L’alcool, la cigarette, la drogue… Eddy Mitchell se confie sur ses addictions. Le chanteur a accordé une interview à cœur ouvert dans le journal Le Monde, le 5 novembre 2022. Un article intitulé « Un apéro avec Eddy Mitchell », qui donne le ton d’une interview pleine de confidences.

Et pour trinquer, la star a choisi un verre d’eau minérale, comme l’a rapporté le quotidien. À 80 ans, l’interprète de Sur la route de Memphis dresse un bilan de sa vie. Les hauts, les bas et l’envie d’aller mieux. « Mes toubibs me harcèlent, a-t-il expliqué au Monde. Hier, j’étais à l’hôpital Necker pour des examens, demain je serai à l’hôpital américain.

Je dois faire gaffe. » Eddy Mitchell détaille son « régime drastique », à savoir « pas plus de dix cigarettes par jour ». « C’est chiant mais je n’ai pas le choix », se résigne l’octogénaire. En ce qui concerne la cocaïne, c’est « de l’histoire ancienne », assure-t-il, expliquant en avoir pris lors d’une tournée en 1976 pour : « payer des arriérés de divorce ».

« Je n’ai jamais eu d’accoutumance, a-t-il assuré. La coke, on n’est pas enrhumé quand on en prend. » Eddy Mitchell a également réduit sa consommation d’alcool : « J’y vais mollo ». Il y a toutefois une addiction dont il a réussi à se débarrasser : le jeu. 

C’est sa femme Muriel Bailleul qui lui a posé un ultimatum, le poussant ainsi à faire le grand saut. « J’ai arrêté, tout en me faisant interdire de casino, à ne plus pouvoir mettre un pied dans un établissement de jeu dans le monde entier », a-t-il détaillé. (…)

(…) Cliquez ici pour voir la suite

Tabac, cannabis, écrans, alcool : comment repérer l’addiction chez l’adolescent ?

Écrit par Hélène Joubert

L’addiction est un engrenage infernal : les substances psychoactives (drogues, tabac…) libèrent la dopamine (l’hormone du plaisir immédiat), qui active différentes zones du cerveau reliées entre elles (circuit de la récompense). Cette libération de dopamine procure un afflux de plaisir et, en contrepartie de cette satisfaction, la substance va demander au cerveau de continuer de consommer.

Un cerveau plus vulnérable chez l’adolescent

Chez l’ado, certaines régions frontales du cerveau encore immatures impliquées dans la planification et le contrôle du comportement sont peu activées. A l’inverse, la région de l’amygdale, qui gère les émotions et le stress, est suractivée, d’où une vulnérabilité exacerbée. « Chez l’adolescent, les conduites addictives ou d’usage à risque ont 4 fonctions : ressembler aux autres (mimétisme convivialité), jouir (transgresser, expérimenter, planer), assurer (s’adapter, contrôler, soulager, alerter) mais aussi fuir (disparaître, ne plus penser, délirer) » explique le Pr Catherine Laporte, médecin généraliste responsable du kit addictions du Collège de la médecine générale.

Les signes qui doivent inquiéter les parents

« Contrairement aux adultes, les adolescents n’ont pas les capacités de verbaliser leur mal-être« , précise Yara Bou Nassif, psychologue. Il voit moins ses amis, reste seul, se plaint de douleurs diffuses. Il dort mal, ne mange plus comme avant. « Un adolescent qui arrête les activités qu’il apprécie, dont les résultats scolaires déclinent brutalement…, tout cela doit alerter« , ajoute le Pr Laporte. La prévention est l’élément clé car plus la consommation s’installe tôt, plus le risque de développer une dépendance existe.

Les principales addictions chez l’adolescent

Le tabac

17,5 % des lycéens fument au quotidien, avec une augmentation continue entre la classe de seconde (14 %) et la terminale (21,5 %).

Ce qui doit alerter : une haleine et des vêtements qui changent d’odeur, les doigts jaunis, une certaine agressivité lorsque privé de cigarettes.

Les risques : des parcours scolaires plus difficiles et des abandons de scolarité plus nombreux. À l’âge adulte, des risques prouvés de cancers, en particulier des voies aérodigestives supérieures et des poumons, bronchites chroniques et pathologies cardiovasculaires. 75.000 décès annuels sont attribuables au tabac.

Comment l’aider : le médecin généraliste pourra éventuellement lui prescrire des substituts nicotiniques. La cigarette électronique peut être une option à condition qu’elle soit transitoire.

L’alcool

12 % des jeunes de 17 ans sont consommateurs réguliers (au moins 10 fois par mois). 41,5 % des lycéens ont déclaré une alcoolisation ponctuelle importante (API ou binge drinking). Elle consiste à boire au moins 5 verres d’alcool en une seule occasion dans le mois.

Ce qui doit alerter : les troubles de l’attention, le décrochage scolaire, l’isolement, et, dans des cas extrêmes, des tremblements.

Les risques : le binge drinking entraîne une destruction importante de neurones, affecte l’apparition de nouveaux neurones, provoque des accidents de la route, des chutes graves voire mortels, et, une fois à l’âge adulte, des maladies du foie et certains cancers : 49.000 décès par an lui sont attribuables.

Comment l’aider : « Nuancez vos propos en expliquant que prendre un verre peut faire partie de l’amusement mais que boire beaucoup entraîne la perte de maîtrise de soi, avec de nombreux risques à la clé« , conseille Yara Bou Nassif. Si la consommation problématique perdure et s’amplifie, des unités au sein des hôpitaux et des structures médico-sociales, les centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), peuvent prendre en charge l’adolescent.

Le cannabis

48 % des jeunes de 17 ans ont expérimenté le cannabis et 9 % sont des fumeurs réguliers. L’usage problématique ou la dépendance concerne 2 % des 18-64 ans et 8 % des 17 ans.

Ce qui doit alerter : « Des fringales inhabituelles, des yeux rouges, des sautes d’humeur ou un besoin d’isolement inhabituel » précise Maria Poblete, auteure de Cannabis : aider mon ado à s’en sortir ?Éditions L’Etudiant.

Les risques : le cannabis affecte le développement des neurones. « Plus il est consommé jeune, plus les perturbations de certaines fonctions (mémoire de travail et donc raisonnement, jugement ou compréhension du langage) sont importantes et irréversibles. Il compromet l’avenir scolaire et professionnel et le rend vulnérable vis-à-vis des troubles psychotiques, en particulier schizophréniques » indique le Dr Laporte.

Comment l’aider : proposez-lui d’en parler à un psy, ou encore de contacter un service spécialisé.

Les réseaux sociaux

A 15 ans, 5 % des garçons et 15 % des filles sont accros aux plateformes (Facebook, Instagram, TikTok….).

Ce qui doit alerter : il a les yeux rivés en permanence sur son smartphone. Il ne supporte pas de rater une info et répond à toutes les sollicitations ou aux personnes qui postent des infos. Il se met beaucoup en scène sur ses comptes.

Les risques : « Plus de 3 heures sur les réseaux sociaux par jour peut créer des troubles psychiques« , précise le Dr Laporte. « L’excès d’usage perturbe l’attention, le sommeil et les relations sociales« .

Comment l’aider : en mesurant avec lui le temps passé sur les réseaux et en lui proposant une aide psychologique et/ou les thérapies cognitivo-comportementales.

Les jeux vidéo

La proportion de joueurs « problématiques » est passée de 11 % en 2014 à 34,8 % des jeunes aujourd’hui, dont 21,9 % de joueurs « excessifs« , pratiquant des jeux, légaux comme illégaux, avec argent ou pas.

Ce qui doit alerter : des débits inhabituels sur son compte en banque ou sur votre carte de crédit, des sautes d’humeur avec des accès d’agressivité, une grande fatigue (il perd la notion de temps), un isolement (il voit moins ses copains)…

Les risques : la durée inadaptée consacrée à cette activité et le fait de perdre ou de gagner de l’argent risquent de détruire son avenir professionnel et social.

Comment l’aider : en étant disponible, en conservant des activités communes de loisirs et en prenant rendez-vous avec un spécialiste des addictions ou un psychothérapeute, si cela s’avère nécessaire.

Le rôle de la génétique dans l’addiction

Les adolescents, comme les adultes, ne sont pas tous égaux devant l’addiction. Les facteurs biologiques entrent en jeu, comme le terrain génétique et les antécédents familiaux : si l’un des parents ou l’un des membres de la famille présente une addiction, l’ado aura un risque plus élevé d’en développer une

Source.

Fumer du cannabis pourrait être plus nocif pour les poumons que le tabac

[EN VIDÉO] Interview : le cannabis, une substance anticancérigène ? En France, la question du cannabis reste sensible puisque, selon les estimations, plus de 4 millions de personnes âgées de 12 à 75 ans en auraient déjà consommé. Ce stupéfiant fait l’objet de nombreuses études aux conclusions contradictoires. Futura est parti à la rencontre de Paul Hofman, directeur du laboratoire de pathologie de Nice et chercheur pionnier dans la détection du cancer du poumon, pour en savoir plus sur cette substance.

Les effets néfastes de la cigarette sur les poumons sont bien connus. Le tabac est responsable de 80 à 90 % des cas de cancer du poumon et de 85 % des cas de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Les conséquences du cannabis sur les poumons sont moins connues. Serait-il encore plus nocif que le tabac ? Une étude publiée récemment s’est penchée sur la question.

Le cannabis est le produit illicite le plus consommé en France. Presque un adulte sur deux en a déjà consommé. Il jouit d’une image positive, surtout auprès des jeunes. Il serait moins toxique que la cigarette car « plus naturel », dénué de produits chimiques et de goudrons. Pourtant, il est fumé sans filtre contrairement aux cigarettes. De plus, certains modes de consommation du cannabis incitent à inspirer très profondément et à garder très longtemps la fumée dans les poumons. Qu’en est-il vraiment ? Une équipe s’est penchée sur les effets du cannabis sur l’appareil respiratoire, en les comparant aux effets du tabac. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Radiology.

Des emphysèmes plus fréquents chez les fumeurs de cannabis

Cent-quarante-six personnes ont été incluses dans l’étude :

  • 56 fumeurs de cannabis : 34 hommes et 22 femmes, moyenne d’âge 49 ans ;
  • 57 non-fumeurs : 32 hommes et 25 femmes, moyenne d’âge 49 ans ;
  • 33 fumeurs de tabac : 18 hommes et 15 femmes, moyenne d’âge 60 ans.

Des radiographies pulmonaires de chacun des participants ont pu être analysées. La fréquence des emphysèmes a été comparée entre les différents groupes. L’emphysème est une des complications de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Lors de la BPCO, les alvéoles pulmonaires sont progressivement détruites. Dans l’emphysème, ces zones mortes se détendent en augmentant de volume, comprimant la cage thoracique.

Les emphysèmes étaient plus fréquents chez les fumeurs de cannabis que chez les non-fumeurs mais pas plus fréquents que chez les fumeurs de tabac. En revanche, dans une analyse en sous-groupes restreints appariés selon l’âge (n=92), les emphysèmes étaient plus fréquents chez les fumeurs de cannabis que chez les fumeurs de tabac du même âge et que chez les non-fumeurs du même âge.

Il existe de nombreuses façons de consommer du cannabis. © Thought catalogue, Unsplash

IL EXISTE DE NOMBREUSES FAÇONS DE CONSOMMER DU CANNABIS. © THOUGHT CATALOGUE, UNSPLASH

Des taux d’inflammation plus élevés chez les fumeurs de cannabis

D’autres indicateurs de l’inflammation des voies respiratoires ont pu être étudiés grâce aux radiographies pulmonaires : taux d’épaississement bronchique, bronchectasie, impaction mucoïde. Ils étaient tous plus élevés chez les fumeurs de cannabis que chez les fumeurs de tabac ou que chez les non-fumeurs, quel que soit le type d’analyse (au total ou en sous-groupe).

Une des limites de cette étude est que certains fumeurs de cannabis étaient aussi fumeurs de tabac. Par ailleurs, le cannabis se consomme souvent mélangé à du tabac. Enfin, il n’a pas été fait de différence entre les différents types de consommation de cannabis. Des recherches plus approfondies sont nécessaires sur le sujet. Néanmoins, elles sont difficiles à mener du fait que le cannabis est illégal dans de très nombreux pays.

Source

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑