Recherche

Mois

Mai 2021

Lettre ouverte aux députés promoteurs de la drogue de la crétinisation

Extrait de la lettre que le professeur Costentin, président du Centre National de Prévention, d’Etudes et de Recherches sur les Toxicomanies, vient d’adresser aux députés à l’origine d’un rapport sur le « cannabis récréatif ».

Cette appellation de « cannabis récréatif » qui vous est propre, s’agissant de cette sale drogue, illustre votre manipulation de l’opinion qui, dans les fonctions que vous occupez, s’apparente à une forfaiture.

Vos déclarations banalisant cette drogue et l’absence de prévention en milieu éducatif (que vous ne déplorez ni réclamez) expliquent le premier rang de sa consommation par les Français en Europe.

Votre « cannabis récréatif » est une addiction affectant 20 % de ceux qui l’ont expérimenté. Chez l’adolescent, son pouvoir addictif est supérieur à celui des morphiniques (étude récente de Nora Volkow). Malgré sa prohibition, il piège 1.500.000 « usagers réguliers » ; on est incapable de les en guérir. Ils y ajoutent souvent d’autres drogues, dans une escalade dont les mécanismes neurobiologiques sont maintenant précisés.

Sa toxicité physique est supérieure à celle du tabac, responsable de 75.000 décès annuels et de nombreux handicaps, en produisant sept fois plus de goudrons cancérigènes et d’oxyde de carbone : troisième cause de déclenchements d’infarctus du myocarde, responsable d’accidents vasculaires cérébraux, inducteur d’artérites.

Les femmes enceintes, souvent incapables d’arrêter sa consommation, ont des grossesses abrégées, des nourrissons hypotrophes, porteurs d’éventuelles malformations, avec un développement psychomoteur retardé ; une fréquence accrue d’hyperactivité avec déficit de l’attention ou des troubles du spectre de l’autisme. À l’adolescence, ils sont plus vulnérables aux toxicomanies, à la schizophrénie, avec des difficultés cognitives.

Drogue de la « crétinisation », elle fait stagner intellectuellement ses victimes, recrutant même des assistés à vie. Elle nous relègue au vingt-septième rang du classement PISA des performances éducatives internationales. Drogue du syndrome amotivationnel, elle sévit quand il faudrait être performant dans la compétition internationale pour éponger notre dette abyssale, aggravée par la Covid.

Elle tue sur la route ou au travail ; elle rend auto-agressif (suicide) ou hétéro-agressif (bouffées délirantes).

Elle induit des dépressions (avec leur risque de suicide) ; elle induit, décompense ou aggrave la schizophrénie (qui, dans 10 % des cas, conduit à une mort brutale).

Elle est une étape de l’escalade vers d’autres drogues, dont les morphiniques et leurs overdoses mortelles.

Quoi de récréatif dans tout cela ?

Où est l’attention que vous devriez porter à la santé de notre société et à celle de ses membres, en particulier des plus jeunes d’entre eux ?

La promesse du caractère « encadré » que revêtirait cette légalisation, à la lumière des précédents du tabac et de l’alcool, est une sinistre plaisanterie.

N’ayant pas été conviés à vos audits, des points essentiels manquent à votre rapport, tels les effets épigénétiques du THC, dont les méfaits affectent non seulement ceux qui le consomment, mais aussi leurs descendants. Ses consommateurs en âge de procréer, exposant au THC leurs spermatozoïdes ou leurs ovules, transmettent à l’enfant qu’ils viendraient à concevoir des marques épigénétiques, réduisant l’expression de certains de leurs gènes, à l’origine d’anomalies tératogènes, d’une vulnérabilité aux addictions à l’adolescence, et d’autres méfaits.

Votre « consultation citoyenne » sur ce « cannabis récréatif » interrogeait des citoyens désinformés, ayant encore l’idée fallacieuse d’une « drogue douce » ; elle était indécente. La pratiquer au cœur de la Covid-19, source de préoccupations vitales, détournant du cannabis l’attention des citoyens ; elle était inconvenante. Espérant l’appui des 1.500.000 consommateurs réguliers, seuls 250.000 citoyens vous ont répondu, dont 20 % pour dire leur opposition à la légalisation ; ce fut un « bide » retentissant. Pourtant, aussitôt, vous proposez un référendum. Dans le déclin national que cette légalisation aggraverait, n’y a-t-il pas sujets plus importants à soumettre à cet exceptionnel arbitrage démocratique ?

Si l’on ne sait à qui imputer les drames liés à l’alcool et au tabac, vos signatures au bas de ce rapport permettront de vous identifier comme les responsables des drames que recrutera le cannabis. Pour notre nation, pour votre réputation entamée, passez votre rapport dans le broyeur à papier et faites oublier ce très mauvais faux pas en vous investissant dans d’intenses actions de prévention.

Source : Boulevard Voltaire

Parler pour ne pas rechuter : dans le Val-d’Oise, une structure thérapeutique lutte contre l’addiction


Par Lorraine de Foucher

Depuis trente-trois ans, l’association EDVO aide les usagers dans leur bataille éprouvante et quotidienne contre la drogue.
Une boule antistress dans une main, une cigarette électronique dans l’autre, Anaïs fume sous la pluie de Montmagny (Val-d’Oise). Son large pull à capuche noir laisse découvrir un tatouage calligraphié sur son avant-bras : « C’est peut-être ça, être vivant : traquer des instants qui meurent. » Ses cheveux bruns sont courts et tressés, son accent
toulousain. A 23 ans, Anaïs se lance facilement dans ce « récit de vie » chiffré que font les anciens usagers de drogues, qui déroulent des CV de consommateurs où les traumatismes percutent les substances.

Cliquez pour lire la suite sur « Télécharger »

Consultation citoyenne sur le cannabis « récréatif »

Consommation de tabac, d’alcool et de cannabis à la fin de l’adolescence

Consommation de tabac, d’alcool et de cannabis à la fin de l’adolescence en fonction de la situation familiale et du niveau socio-économique – Impact du niveau éducatif sur les consommations à l’âge adulte – Recommandations

Pr Jean-Pierre Goullé

Une très intéressante étude1 a été menée, chez des adolescents de 17 ans, à partir des résultats de l’Enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense (ESCAPAD) conduite par l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT). Il s’agit de l’exploitation de la dernière enquête ESCAPAD réalisée en 2017, portant sur près de 40.000 adolescents des deux sexes dont l’objectif était d’apprécier l’impact du milieu familial (niveau socio-économique et situation familiale) sur leur consommation de tabac, d’alcool et de cannabis. La moitié vivaient dans une famille éclatée ou recomposée. Ils étaient élevés par une mère seule (15%), un parent et un beau-parent (10%), un père seul (3%), connaissaient une garde partagée (6%), ou une autre situation (9%).

Les critères de consommation utilisés ont été ceux de l’OFDT. La « beuverie express » ou binge drinking est définie par le fait d’avoir bu, au cours du mois précédent, en une occasion, au moins cinq unités alcooliques, correspondant à 50 g d’alcool pur. Le tabagisme quotidien consiste à fumer au moins une cigarette par jour pendant le mois écoulé. Quant à l’usage régulier du cannabis, il correspond à la consommation d’au moins 10 joints lors des 30 derniers jours. Globalement le tabagisme quotidien était le fait de 25% des adolescents de 17 ans, la « beuverie express » concernait 16% d’entre eux et la consommation régulière de cannabis 7%. Si la prévalence du tabagisme quotidien était pratiquement identique chez les garçons et chez les filles, la « beuverie express » et l’usage régulier du cannabis était deux fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles.

L’analyse des résultats de l’enquête montre que la prévalence estimée du tabagisme quotidien, comparativement au niveau socio-économique, a tendance à progresser légèrement lorsque le niveau socio-économique parental diminue (le ratio de prévalence augmente à 1,2 puis à 1,3 pour les plus modestes). Pour la « beuverie express », le phénomène inverse a été constaté. En ce qui concerne le cannabis, aucune différence notable n’a été trouvée quel que soit le niveau socio-économique familial.

Dans les familles éclatées ou recomposées, la situation familiale influe de manière notable sur la consommation des trois drogues. Ainsi le tabagisme quotidien est 1,5 à 1,8 fois plus fréquent chez les adolescents vivant avec une mère seule, un parent et un beau-parent, un père seul, ou en garde partagée. Chez ces mêmes adolescents, la « beuverie express » est également 1,3 à 1,4 fois plus fréquente que ceux vivant dans une famille non éclatée. Quant à l’usage régulier de cannabis il est 1,8 à 2,3 fois plus fréquent dans les familles éclatées ou recomposées.

Cette enquête confirme ce qui avait déjà été constaté, à savoir que les adolescents issus de ces familles sont plus enclins à expérimenter et à consommer régulièrement des substances psychoactives

Parvenus à l’âge adulte, l’usage de ces drogues est significativement influencé par le niveau éducatif. En effet, les enquêtes de prévalence réalisées montrent en ce qui concerne leur usage, que les ouvriers et les employés sont de plus gros consommateurs que les cadres, tandis que les professions intermédiaires occupent une position également intermédiaire2.

Afin de prévenir la consommation de ces drogues, l’Académie nationale de médecine a formulé des recommandations3 :

1) augmenter significativement les enseignements consacrés aux sciences de la vie et de la terre dans le système éducatif, afin d’intégrer dès l’école primaire et jusqu’à l’université, une information régulière sur les dangers encourus ;

2) promouvoir des actions collectives de sensibilisation, de prévention et d’information sur les risques de ces substances psychoactives ;

3) maintenir l’interdiction du cannabis, rendre dissuasif l’accès au tabac en poursuivant l’augmentation des prix, en faisant respecter l’interdiction de vente de l’alcool et du tabac aux mineurs, et en limitant leur publicité et promotion ;

4) donner explicitement mission aux médecins scolaires et universitaires, avec le concours des infirmières, d’assurer un repérage médical des sujets consommateurs de produits addictifs ; afin de les orienter vers une prise en charge médicale adaptée.

Article rédigé à la demande des Prs Michel, Debré et Parodi de l’Académie de médecine, suite à la dernière lettre du CNPERT

1 – Use of tobacco, alcohol and cannabis in late adolescence: roles of family living arrangement and socioeconomic group. Khlat et al. BMC Public Health,2020, 20:1356   

2 – Palle C. Synthèse de la revue de littérature sur les consommations de substances psychoactives en milieu professionnel. Observatoire français des drogues et toxicomanies, note 2015-05, 12pp.

3 – Goullé J.-P., Morel F. Consommation de drogues licites et illicites chez l’adolescent : une situation alarmante qui impose une prévention précoce. Bull Acad Natl Med, 2020, 204:4-15

Le gin sans alcool belge Botaniets bat les alcools en compète

Le fondateur Alexandre Hauben a puisé dans les archives familiales les idées pour produire un gin sans alcool différent. ©Botaniets

MICHEL LAUWERS 24 mai 2021 15:01

Le nectar produit par triple distillation a rapporté une médaille d’argent à la bruxelloise Niets Distillery au nez et à la barbe des fabricants de gin alcoolisé.

Premier succès peu banal pour la jeune Niets Distillery: cette entreprise bruxelloise, fondée il y a un an à peine, vient de décrocher une jolie médaille d’argent au Concours international des spiritueux de New York, une des trois plus prestigieuses compétitions internationales opposant les produits des fabricants d’alcool.« Notre produit goûte le gin, ce n’est pas un énième thé frelaté aux épices qu’on qualifierait de gin… »Partager surTwitterALEXANDRE HAUBENFONDATEUR DE NIETS DISTILLERY

Et plus fort encore, le prix qu’elle a obtenu dans la catégorie des gins de micro-distilleries couronne son gin sans alcool commercialisé sous la marque Botaniets alors que le concours était ouvert aux boissons alcoolisées… Les goûts et arômes dégagés par son nectar ont donc tenu la comparaison face aux qualités des « vrais » gins.

« C’est une grosse surprise pour nous, mais aussi une reconnaissance pour tout le travail effectué en amont », commente son fondateur Alexandre Hauben. « Notre produit goûte le gin, ce n’est pas un énième thé frelaté aux épices qu’on qualifierait de gin… »

Triple distillation

Déçu par les alternatives sans alcool proposées sur le marché, Alexandre Hauben s’est inspiré des recettes et méthodes de distillation de son arrière-arrière grand-père pour créer son gin.La distillerie a déjà séduit les organisateurs du Pavillon belge à l’Expo de Dubaï:, qui ont sélectionné son gin sans alcool comme « innovation culinaire ».Partager surTwitter

Il a repris une technique de triple distillation employée à la fin du XIXe, alors que ses concurrents recourent, pour la plupart, à une double distillation. Si la deuxième sert à ôter l’alcool du breuvage, la troisième, qui se fait à froid et dure cinq jours, va puiser dans la macération des arômes un surcroît de goût de genièvre, de romarin et de cardamome.

Avant même de décrocher l’award new-yorkais, la jeune pousse a déjà séduit les organisateurs du Pavillon belge à l’Expo de Dubaï: ils ont sélectionné son gin sans alcool comme « innovation culinaire » de sorte qu’il sera servi au bar et au restaurant du Pavillon dès le 1er octobre prochain.

Cinq nouveaux pays à conquérir

Lancée deux mois avant la pandémie, la start-up avait aussi convaincu 150 restaurants. À la réouverture, en juin 2020, ils étaient 250. Niets y a ajouté 160 épiceries, les 39 magasins de la chaîne Délitraiteur et 150 distributeurs de boissons.30.000BOUTEILLESLa Niets Distillery compte produire et écouler 30.000 bouteilles cette année.

L’entreprise fait distiller son gin aux Pays-Bas et l’embouteille chez un partenaire à Gand. Elle emploie 10 personnes, en engagera cinq autres d’ici à la fin de l’année. Elle exporte déjà dans cinq pays (Pays-Bas, Finlande, Dubaï, Abu Dhabi et la Turquie).

« On veut exporter dans 10 pays d’ici à la fin de l’année, annonce Alexandre Hauben. Suite à notre médaille d’argent, on a déjà reçu plusieurs demandes sur des marchés comme la Pologne ou certains États aux USA. » Elle compte produire 30.000 bouteilles cette année, puis 100.000 en 2022.

Source

Un verre d’alcool augmente le risque immédiat de fibrillation atriale

Source

L’alcool aurait un effet quasi immédiat sur le rythme cardiaque en multipliant par deux le risque de survenue d’un épisode de fibrillation atriale dans les quatre heures suivantes.

Un verre d’alcool augmente le risque immédiat de fibrillation atrialeOLEGEVSEEV/ISTOCK



L’ESSENTIEL

  • Chaque augmentation de 0,1% de la concentration d’alcool dans le sang est associée à une probabilité environ 40% plus importante d’épisode de fibrillation atriale.
  • Pour les personnes buvant deux verres d’alcool, le risque de fibrillation atriale est trois fois plus important.

La consommation d’alcool a depuis longtemps été liée à des problèmes cardiaques. Des études ont notamment montré que les arythmies cardiaques augmentent avec la quantité d’alcool consommée ou encore qu’une consommation régulière de petites quantités augmente le risque de fibrillation atriale, indiquant que de ce point de vue qu’il vaut mieux se souler une fois plutôt que de boire régulièrement. Dans cette nouvelle recherche, présentée à l’occasion de la 70ème session scientifique annuelle de l’American College of Cardiology, les scientifiques de l’université de Californie à San Francisco avancent que consommer de l’alcool augmente de manière quasi-immédiate le risque de survenue d’un épisode de fibrillation atriale (FA), qui se caractérise par un rythme cardiaque irrégulier, souvent accéléré, pouvant provoquer palpitations, fatigue ou encore essoufflement. Avec le temps, cela peut conduire à une insuffisance cardiaque et un accident vasculaire cérébral, voire une démence si elle n’est pas traitée.

Plus la consommation est importante, plus le risque de FA augmente

Les données révèlent qu’un seul verre d’alcool multiplie par deux les risques de FA dans les quatre heures suivantes. Pour les personnes buvant deux verres, ce risque est trois fois plus important. Ces résultats ont été obtenus à l’aide d’un capteur d’alcool placé sur les chevilles des participants qui a permis de surveiller en temps réel leur consommation d’alcool. Celui-ci a indiqué que chaque augmentation de 0,1% de la concentration d’alcool dans le sang est associée à une probabilité environ 40% plus importante d’épisode de fibrillation atriale. Ces capteurs ont également démontré que la concentration totale d’alcool au fil du temps permet de prédire le risque de survenue d’une FA.

L’alcool est la drogue la plus consommée dans le monde et il y a encore beaucoup de choses que nous ne comprenons pas sur ce qu’elle fait à notre corps et, en particulier, à notre cœur, a avancé Gregory Marcus, cardiologue, professeur de médecine à l’université de Californie à San Francisco et auteur principal de l’étude. Sur la base de nos données, nous avons constaté que l’alcool peut fortement influencer la probabilité qu’un épisode de fibrillation atriale survienne dans les quelques heures après sa consommation, et que plus celle-ci est élevée, plus le risque d’avoir un événement cardiaque augmente.”

Une étude en temps réel

Cette étude a réuni 100 participants atteints de fibrillation atriale paroxystique, ou occasionnelle, qui a tendance à disparaître dans un court laps de temps. Ils étaient tous âgés de 64 ans en moyenne. Chacun de ces volontaires était équipé d’un moniteur cardiaque portable qui suivait en permanence leur rythme cardiaque et d’un capteur placé sur la cheville que les volontaires devaient actionner à chaque boisson alcoolisée consommée. Des prélèvements sanguins ont également été réalisés pour mesurer précisément la consommation d’alcool. Plus de la moitié des participants (56) ont eu un épisode de fibrillation atriale au cours de l’étude de quatre semaines. “Il s’agit de la première étude à démontrer et à quantifier objectivement la relation en temps réel entre la consommation d’alcool et les épisodes de fibrillation atriale, s’est félicité Gregory Marcus. Bien que cette étude se soit limitée aux personnes atteintes de fibrillation atriale occasionnelle, il est raisonnable d’extrapoler le fait que chez de nombreuses personnes, l’alcool peut être le principal déclencheur d’un premier épisode.”

Les chercheurs indiquent que d’autres facteurs peuvent jouer un rôle dans cette corrélation. Ils notent par exemple que les consommateurs d’alcool sont plus habitués à manger des aliments riches en sodium tandis que d’autres boivent de l’alcool à cause d’un sentiment de stress.

Des études contradictoires

Ces travaux vont également à l’encontre d’autres études qui ont rapporté un rôle potentiellement protecteur de l’alcool sur la santé cardiaque lorsqu’il est consommé avec modération. Une étude, également présentée à l’occasion de la la 70ème session scientifique annuelle de l’American College of Cardiology a notamment indiqué que boire modérément apaiserait le rythme cardiaque. “Il est communément admis que l’alcool est ‘bon’ ou ‘sain’ pour le cœur, d’après des études d’observation, mais cela concerne les maladies coronariennes et les crises cardiaques. Ces nouvelles données présentent un autre point de vue, concernant les risques globaux par rapport aux avantages de l’alcool consommée avec modération, a déclaré le cardiologue. Mais toutes les données se rejoignent et sont très claires : ceux qui boivent plus ont un risque plus élevé de crise cardiaque et de décès.”

Pour les chercheurs, ces résultats sont un bon exemple des effets différenciés de l’alcool en fonction des consommateurs. Ceux qui ne sont pas à haut risque des effets nocifs de l’alcool pourraient bénéficier d’une consommation modérée alors que pour ceux à risque, comme les participants de cette étude, boire modérément est mauvais pour leur cœur. Les chercheurs ont prévu de mener d’autres études pour identifier d’autres facteurs susceptibles d’influencer la relation entre l’alcool et la fibrillation atriale.

Pourquoi la dangerosité de l’alcool (et autres substances) est-elle autant sous-estimée par ses consommateurs ?

Bien que sa comsommation soit perçue comme anodine, l’alcool fait partie des drogues les plus dangereuses (avec l’héroïne et la cocaïne)
Bien que sa consommation soit perçue comme anodine, l’alcool fait partie des drogues les plus dangereuses (avec l’héroïne et la cocaïne) — © Michael Discenza / Unsplash
  • L’alcool est généralement perçu comme une drogue « douce » aux côtés de la caféine ou du tabac, selon notre partenaire The Conversation.
  • Or cet usage d’un vocabulaire spécifique tend à minimiser la dangerosité et les répercussions de la consommation d’’alcool.
  • L’analyse de ce phénomène a été menée par Jessica Simon, docteur en sciences psychologiques, et Étienne Quertemont, doyen de la faculté de psychologie, logopédie et sciences de l’éducation (tous deux à l’Université de Liège – Belgique).

S’il vous était demandé de lister toutes les drogues connues, vous évoqueriez probablement la cocaïne, l’ héroïne, l’ ecstasy et peut-être même les champignons hallucinogènes ou la nicotine. Mais peu d’entre vous citeront l’ alcool. Or l’alcool est bel et bien une drogue très répandue dans nos sociétés occidentales !

Au sens courant, une drogue est une substance psychotrope qui a des effets sur le système nerveux et entraîne des modifications de la perception, du comportement, de l’humeur, de la conscience, de la motivation ou du jugement. Et malheureusement, les répercussions du trouble lié à l’usage de substances sont telles que la prévention et le traitement sont des axes majeurs identifiés par l’Organisation des Nations Unies dans son programme des objectifs de développement durable (cible 3.5).
Dès lors, il est légitime de se demander quels sont les facteurs qui impactent notre perception de la dangerosité d’une drogue : les dangers perçus par le public ont-ils un lien avec ceux mis en avant par les experts ?

Des perceptions sans fondement scientifique

L’opinion publique distingue généralement parmi les substances psychotropes des drogues « dures » et « douces ». Ces catégories sont censées refléter la dangerosité relative de leur consommation. En caricaturant un peu, on retrouve dans la première les substances illicites comme la cocaïne, l’héroïne et certains hallucinogènes, et dans la seconde les substances légales comme la caféine, le tabac, l’alcool. Enfin, certaines substances – à l’instar du cannabis ou de l’ecstasy – font l’objet de débats publics incessants et d’opinions contradictoires quant à leur classement.

Cachets d’ecstasy « Red monkey » © T. Ahmed, Wikipedia CC BY-SA 2.0

Dans les faits, cette distinction très populaire entre drogues douces et dures ne repose sur aucune étude et ne reflète en rien la dangerosité réelle de ces différentes substances. En réalité, c’est l’usage et le contexte qui rendent une drogue plus ou moins dangereuse ou dommageable, et il semble plus opportun de parler d’un usage « doux » ou « dur » d’une drogue. Il y a donc bien une représentation sociale des drogues.

Cette représentation est d’une part déterminée par les contextes culturel et historique. Mais elle est aussi influencée par des enjeux économiques, plutôt que fondée sur une évaluation rigoureuse de la dangerosité relative des différentes substances. Or en dépit de cette absence de fondements rationnels, la distinction populaire entre drogues dures et douces influence considérablement les comportements de consommation, et en conséquence la santé publique.

Un vocabulaire qui minimise la dangerosité

L’usage d’un vocabulaire spécifique tend à minimiser la dangerosité et les répercussions de la consommation des substances les plus communes comme l’alcool ou la nicotine. On ne dira pas de vous que vous êtes un toxicomane si quotidiennement, vous buvez une bouteille de vin ou fumez un paquet de cigarettes. Et vous n’aurez pas l’impression de vous être drogué après avoir bu quelques bières à la terrasse d’un café. Tout au plus, vous penserez être saoul ou en état d’ébriété…

Gravure ancienne représentant des marins avinés © Clker-F-V-I/Pixabay

Ce vocabulaire spécifique adopté pour la consommation d’alcool ou de tabac a pour conséquence de modifier notre perception de la dépendance et de sa prise en charge. Ainsi, la consommation de drogues illicites est souvent considérée par le public comme une question de traitement de patients par des experts. Alors que le tabagisme ou l’abus d’alcool est plutôt perçu comme une mauvaise habitude dont l’utilisateur est capable de se défaire par lui-même.

La culture populaire véhiculée par les médias, les livres, les films ou la télévision influence elle aussi la perception de la dangerosité des drogues. Par exemple, la place donnée dans les médias aux effets négatifs des opioïdes peut amener à penser qu’ils sont plus dommageables que l’alcool ou la nicotine, alors qu’il n’en est rien. Et ce, d’autant plus que la consommation régulière d’alcool est largement banalisée dans les films et les séries télévisées d’aujourd’hui – l’alcool ayant remplacé le tabac depuis une trentaine d’années pour évoquer les moments de détente et de convivialité.

L’impact de la législation

La perception de la dangerosité des drogues est également influencée par la législation en vigueur. Selon les pays, certaines drogues sont considérées comme légales, quand d’autres sont tolérées ou interdites par la loi.

En Europe, on peut ainsi consommer alcool et nicotine (bien que les législations soient plus ou moins restrictives selon les pays), alors que la consommation, la détention, la production et la vente de cocaïne, d’ecstasy ou d’héroïne sont strictement interdites et passibles de poursuites pénales. Ajoutons que la législation peut évoluer. Au cours des dix dernières années, le cannabis a ainsi été légalisé au Canada, en Afrique du Sud, en Uruguay et dans certains États des États-Unis, mais aussi dépénalisé dans beaucoup d’autres pays.

Législation du cannabis en Europe en 2012 © H. Salomé, Wikipedia CC BY-SA 3.0

Assez légitimement, tout un chacun tend à considérer que les drogues les plus dangereuses doivent être interdites, quand celles dont la dangerosité est limitée peuvent être autorisées (ou tolérées). Problème : on peut alors être porté à croire qu’une drogue autorisée n’est pas ou peu dangereuse. Or la réalité est toute autre…

Vers une évaluation objective

Plusieurs approches ont été développées pour mesurer et comparer la dangerosité réelle de différentes drogues.

Des chercheurs britanniques ont ainsi proposé à différents experts de la toxicomanie – des chimistes, des pharmacologues, des médecins, des psychiatres, des épidémiologistes, des policiers, etc. – d’évaluer la dangerosité de chaque drogue, en s’appuyant sur plusieurs critères (risque d’overdose, de dépendance physique, de blessures corporelles ou de troubles intrafamiliaux). Une équipe suédoise s’est quant à elle focalisée sur la toxicité des drogues pour établir ce classement. Enfin, des chercheurs allemands proposent d’établir un rapport entre le seuil toxicologique (la dose maximale estimée sans effet indésirable observé) et la quantité typiquement consommée par un utilisateur : plus ce ratio serait faible, plus le risque serait grand.

Estimation de la dangerosité de différentes drogues pour le consommateur lui-même et pour les autres © J. Simon & É. Quertemont d’après Nutt et Al. (2010)

Bien que différentes, ces approches sont assez unanimes sur le classement des substances les plus communes. L’alcool se range dans la catégorie des drogues les plus dangereuses, avec l’héroïne et la cocaïne. Le tabac se situe quant à lui à des niveaux intermédiaires, et le cannabis fait partie des drogues les moins dangereuses.

Le classement des experts, quel qu’il soit, n’est toutefois que très faiblement corrélé à la dangerosité perçue par l’opinion publique ou aux législations en vigueur dans les pays occidentaux. Alors même que l’opinion publique, comme nous l’avons déjà souligné, est largement influencée par les législations en vigueur. C’est le cas, notamment, pour des substances légales comme l’alcool, dont la dangerosité semble largement sous-estimée.

Enfin, il faut noter que la perception du danger tend à diminuer chez les consommateurs d’une substance et dépend de l’expérience qu’ils font du produit.

Faire changer les mentalités…

L’abus de substances est un problème mondial de santé publique. Et il n’est pas traité à la hauteur des coûts sanitaires et sociaux engendrés – pour information, en Belgique, ils ont été évalués à 1,19 % du produit intérieur brut.

En outre, il est frappant de constater le peu de réactions publiques et politiques face à la mortalité attribuée à la consommation d’alcool : d’après l’Organisation mondiale de la santé, elle est responsable chaque année de plus de 3 millions de décès.

Évolution du nombre total de décès pour les 3 causes directement liées à l’alcool de 1982 à 2015 © OFDT, INSERM/CépiDc

La mise en place d’une politique sanitaire à la hauteur des défis posés par l’abus de substances psychotropes passe néanmoins par une évolution des représentations sociales liées aux différentes drogues. Or changer des mentalités ancrées dans un contexte culturel et historique est loin d’être un objectif facile à atteindre.

Pour y parvenir, il faut naturellement miser sur des campagnes de prévention. De ce point de vue, il y aurait tout intérêt à s’appuyer sur des initiatives comme l’enquête mondiale sur les drogues. S’appuyant sur des questionnaires anonymes proposés en ligne à quelque 130.000 participants dans une quarantaine de pays, l’édition de 2018 est en effet parvenue à plusieurs constats.

Notant que bon nombre de personnes, en particulier les jeunes femmes de moins de 25 ans, ignoraient tout des liens entre consommation d’alcool et augmentation du risque de cancer, cette enquête montre que 40 % des participants boiraient moins si on leur indiquait que cela diminue le risque de cancers. Les messages portant sur les calories, la santé cardiaque et la violence s’avèrent également pertinents. Mais à l’inverse, l’argument selon lequel l’alcool même à faible dose ne présente aucun atout pour la santé n’inspire pas confiance. Comme l’affirment les rapporteurs de l’enquête, ceci témoigne non seulement de l’influence du lobbying de l’alcool, mais aussi de l’importance de sensibiliser les gens à une consommation responsable.

On le voit, pour faire évoluer la perception de la dangerosité des drogues, étape indispensable vers un changement des comportements, des modifications de la législation sont peut-être nécessaires. Mais une telle évolution passe surtout par la mise en œuvre d’une politique d’information et de prévention cohérente.

Avec, par exemple, des campagnes de prévention dans les écoles, des campagnes de sensibilisation auprès des automobilistes, des messages de sensibilisation sur les bouteilles d’alcool, etc. PLANÈTE Changement climatique : Un café « oublié » pourrait bientôt remplacer l’arabica et le robusta SANTÉ Cancer du poumon : Pourquoi l’hérédité peut (parfois) augmenter le risque de développer la maladie

Cette analyse a été rédigée par Jessica Simon, docteur en sciences psychologiques, et Étienne Quertemont, doyen de la faculté de psychologie, logopédie et sciences de l’éducation (tous deux à l’Université de Liège – Belgique), avec l’aimable contribution de Michelle Heck.
L’article original a été publié sur le site de The Conversation.

Paris : un parc pour toxicos

.. Photo AFP

Dans le nord-est de Paris, gangréné par le trafic de crack, la nouvelle volonté des autorités de concentrer dans un parc les toxicomanes accros à cette drogue suscite la colère des riverains et des associations.

Depuis lundi soir, les fumeurs de crack sont chassés par la police du quartier de Stalingrad, où ils avaient l’habitude de passer leurs nuits, et incités à se regrouper au jardin d’Eole. Un parc public clos à 600 mètres de là, que beaucoup fréquentaient déjà en journée et qui restera désormais ouvert jusqu’à 1 heure du matin pour eux.

Sur place, les riverains désespèrent face à cette décision « temporaire », prise en urgence pour soulager leurs voisins de « Stalincrack », après des tirs de mortiers d’artifice tirés début mai contre les toxicomanes. Entre balançoires et détritus, beaucoup redoutent la formation d’une « nouvelle Colline du crack ».

Source

L’alcool nocif pour le cerveau, quelle que soit la quantité, pointe une étude britannique

Des bouteilles de champagne, en décembre 2020 à Ay, dans la Marne.
Des bouteilles de champagne, en décembre 2020 à Ay, dans la Marne.  − BERTRAND GUAY / AFP

SOBRIÉTÉ – Une étude britannique, disponible en prépublication début mai, suggère qu’une consommation d’alcool, même limitée, pourrait avoir un effet négatif sur le cerveau.

La rédaction de LCI – 

« À consommer avec modération. » La mention, répétée d’étiquettes en spots publicitaires, perdrait de son sens à la lecture d’une étude britannique disponible en prépublication, dans l’attente d’une relecture par les pairs, et relayée par le journal The Guardian. Les auteurs, chercheurs à l’Université d’Oxford, pointent les effets négatifs sur le cerveau associés à la consommation d’alcool, quels qu’en soient le type et la quantité.

« Nos résultats suggèrent qu’il n’existe pas de niveau de consommation d’alcool sans danger pour la santé du cerveau« , exposent-ils, ajoutant même que « la consommation modérée est associée à des effets néfastes sur le cerveau plus étendus que ce qui était précédemment reconnu auparavant. » 

Pour parvenir à ces conclusions, l’étude s’appuie sur la UK Biobank, une vaste base qui permet aux chercheurs d’accéder aux données biomédicales d’un demi-million de patients, collectées entre 2006 et 2010. Elle leur a permis d’inclure 25.378 participants qui ont déclaré un certain nombre de caractéristiques tels que leur âge, leur sexe, les habitudes de consommation d’alcool et des examens d’imagerie cérébrale.

Matière grise

Principal résultat : « un volume plus élevé de consommation d’alcool par semaine était associé à une densité de matière grise plus faible presque partout« , écrivent les auteurs, qui estiment qu’il peut expliquer jusqu’à 0,8% des variations observées. Un chiffre certes faible, mais supérieur à tous les autres facteurs de risque modifiables étudiés, comme le tabagisme, avec lesquels il peut également se cumuler.

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑