Pr. Jean Costentin
Des malchances aussi peuvent voler en escadrille.
(Formule de J.C. (Jacques Chirac) détournée par J.C. (Jean Costentin))
On sait que les enfants vivant au foyer de parents consommant du cannabis (et souvent d’autres drogues) sont à l’adolescence plus fréquemment victimes d’addictions que leurs copains dont les parents ne sont pas consommateurs de drogue. Des explications ne manquaient pas et d’autres viennent s’y ajouter.
Mettons en exergue le mauvais exemple que donnent les parents toxicomanes à leur enfant. L’éducation se nourrit d’exemplarité, à défaut, comment interdire à autrui ce que l’on s’autorise ?
Les mises en garde effectuées par les parents sont des éléments majeurs de la prévention des toxicomanies, surtout quand l’Education nationale est totalement défaillante à cet égard et que, d’une façon désastreuse, des médias, des hommes et femmes politiques et même des addictologues prônent la légalisation des drogues.
Déplorons aussi les drogues qui traînent dans l’appartement et sont accessibles aux enfants. Dans une tribune du journal « Le Monde » (27/01/2023) madame Claudet, professeure, cheffe de service des urgences pédiatrique au CHU de Toulouse, s’émeut de l’augmentation des intoxications infantiles dues au cannabis.
En France elles ont été à l’origine, entre 2016 et 2019, de 1.500 admissions d’enfants de moins de 6 ans aux urgences; 30% d’entre eux étaient dans le coma ; 40-60% ont été admis en réanimation, les ¾ ayant moins de 2 ans. Cette négligence parentale s’inscrit hélas dans la psychologie commune des cannabinophiles.
Ces chiffres reflètent l’intoxication croissante de notre société par cette drogue, dont la consommation dépasse désormais la période de l’adolescence. Ils résultent aussi de la teneur élevée en THC des produits en circulation. Sous la pression des consommateurs, cette teneur a été multipliée par 3 en 15 ans (passant de 9% en 2004 à 28% en 2019).
La professeure de pédiatrie fait sienne une notion souvent évoquée selon laquelle le cannabis constituerait « un cofacteur, de la mort subite inattendue des nourrissons ».
A ces données s’ajoutent la connaissance, de plus en plus solide (mais curieusement très peu médiatisée) des effets épigénétiques du THC. Leurs conséquences (qui résultent de modifications de l’intensité d’expression de certains gènes) peuvent être transmises par les consommateurs de cannabis aux enfants qu’ils pourraient concevoir.
Parmi celles-ci, est rapportée une raréfaction des récepteurs D2 de la dopamine dans leur noyau accumbens ; ce qui constitue un facteur de vulnérabilité aux toxicomanies. Ce déficit en récepteurs D2 incite l’adolescent qui en est victime à abuser de toutes les drogues qu’il expérimente, lesquelles provoquent une libération accrue de dopamine, venant compenser la diminution du nombre des récepteurs D2 qu’elle stimule. Cette compensation redouble le caractère « appétitif » de ces drogues, incitant à en user et bientôt à en abuser.
Fumer du cannabis ou se reproduire il faut choisir, car non seulement les cannabinophiles sont de mauvais parents mais, en outre, par ses effets épigénétiques ils reproduisent chez leur progéniture les errements qui les affectent