Professeur Costentin
Notre compassion pour ses victimes commande de l’empêcher de nuire.

Le drame provoqué par P. Palmade qui conduisait sous l’emprise de la cocaïne et d’un produit dit « de substitution de l’héroïne », défraie la chronique. La notoriété de l’humoriste contribue à cette révélation.
Ce n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg des drogues sur lequel se brisent chaque jour, comme autant de Titanics, les véhicules de conducteurs anonymes (700 morts par an, sans oublier de très nombreux handicapés, victimes de ces accidents dans lesquels se sont invités des stupéfiants).
Depuis plus de trente ans je m’applique à déceler les roueries, arguties, entourloupes, occultations de journalistes torturant la réalité pour disculper le cannabis et d’autres drogues de divers drames de la route. Soit qu’ils ne les évoquent pas, soit qu’ils soulignent les « très faibles » taux sanguins de tétrahydrocannabinol/THC (comme s’ils ignoraient que ses effets stupéfiants se manifestent pour des concentrations de l’ordre du μg / millionième de gramme de THC par litre de sang) ; soit qu’ils diluent sa
responsabilité dans une possible défaillance mécanique ou une route mouillée…
Avec un peu moins de pusillanimité ils invoquent le rôle de l’alcool. On sait désormais que le cannabis et l’alcool, qui sont souvent associés, multiplient par 27 le risque d’accidents mortels de la route.
Que de manœuvres dilatoires avant que soit votée la « loi Marilou ». Il a fallu le décès de la petite Marilou Poinsot, victime d’un chauffard sous l’emprise du cannabis, pour que ses parents, Philippe et Nadine, créent l’association « Marilou », et obtiennent des députés le vote de « la loi Marilou » (Janv. 2003), qui punit de deux ans d’emprisonnement (enfin sur le papier) la conduite sous l’emprise de stupéfiants.
Il faudra ensuite attendre 2008 pour qu’apparaissent les tests salivaires de détection. J’ai le souvenir, lors d’un audit à l’Assemblée Nationale, d’avoir bataillé contre le conseiller ministériel à la sécurité routière, trainant des pieds à recommander des dispositions anti-cannabiques car, selon lui, les chiffres connus ne les justifiaient pas…
S’agissant des produits de substitution de l’héroïne (buprénorphine à haut dosage ou méthadone) ils ne sont pas consommés
que par des héroïnomanes.
En effet, un nombre significatif d’entre eux se les font prescrire par plusieurs praticiens, délivrer par plusieurs pharmaciens et les revendent afin d’obtenir les moyens d’acquérir leur « chère » héroïne.
Ils ouvrent ainsi à leurs acheteurs l’accès aux morphiniques et bientôt à l’héroïne. Cette situation perdure depuis 20 ans, en raison de la passivité des « pouvoirs » publiques.
Notre éthique nous interdit d’appuyer sur la tête des toxicomanes qui se noient, même quand ils sont responsables de drames.
Notre compassion pour leurs victimes est intense et c’est pourquoi nous voulons empêcher ces toxicomanes de nuire.
Quand il est constaté que leur addiction est irrépressible, afin de prévenir ses effets potentiellement catastrophiques, il faudrait leur
interdire d’exercer certaines professions ainsi que la conduite des véhicules à moteur.
Les drames provoqués par les toxicomanes leur sont évidemment imputables. Cependant on ne doit pas disculper ceux qui, par leurs décisions, déclarations, actions, omissions, compromissions, collusions, ont contribué au développement des comportements toxicophiles et ont ainsi aggravé la détérioration de ces individus fragiles que sont les toxicomanes.
La liste de ces co-responsables doit enfin être établie afin de les incriminer et de les neutraliser