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Date

18 février 2023

Le toxicomane, dangereux pour lui même, peut l’être pour autrui.

Professeur Costentin


Notre compassion pour ses victimes commande de l’empêcher de nuire.


Le drame provoqué par P. Palmade qui conduisait sous l’emprise de la cocaïne et d’un produit dit « de substitution de l’héroïne », défraie la chronique. La notoriété de l’humoriste contribue à cette révélation.

Ce n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg des drogues sur lequel se brisent chaque jour, comme autant de Titanics, les véhicules de conducteurs anonymes (700 morts par an, sans oublier de très nombreux handicapés, victimes de ces accidents dans lesquels se sont invités des stupéfiants).


Depuis plus de trente ans je m’applique à déceler les roueries, arguties, entourloupes, occultations de journalistes torturant la réalité pour disculper le cannabis et d’autres drogues de divers drames de la route. Soit qu’ils ne les évoquent pas, soit qu’ils soulignent les « très faibles » taux sanguins de tétrahydrocannabinol/THC (comme s’ils ignoraient que ses effets stupéfiants se manifestent pour des concentrations de l’ordre du μg / millionième de gramme de THC par litre de sang) ; soit qu’ils diluent sa
responsabilité dans une possible défaillance mécanique ou une route mouillée…

Avec un peu moins de pusillanimité ils invoquent le rôle de l’alcool. On sait désormais que le cannabis et l’alcool, qui sont souvent associés, multiplient par 27 le risque d’accidents mortels de la route.


Que de manœuvres dilatoires avant que soit votée la « loi Marilou ». Il a fallu le décès de la petite Marilou Poinsot, victime d’un chauffard sous l’emprise du cannabis, pour que ses parents, Philippe et Nadine, créent l’association « Marilou », et obtiennent des députés le vote de « la loi Marilou » (Janv. 2003), qui punit de deux ans d’emprisonnement (enfin sur le papier) la conduite sous l’emprise de stupéfiants.

Il faudra ensuite attendre 2008 pour qu’apparaissent les tests salivaires de détection. J’ai le souvenir, lors d’un audit à l’Assemblée Nationale, d’avoir bataillé contre le conseiller ministériel à la sécurité routière, trainant des pieds à recommander des dispositions anti-cannabiques car, selon lui, les chiffres connus ne les justifiaient pas…


S’agissant des produits de substitution de l’héroïne (buprénorphine à haut dosage ou méthadone) ils ne sont pas consommés
que par des héroïnomanes.

En effet, un nombre significatif d’entre eux se les font prescrire par plusieurs praticiens, délivrer par plusieurs pharmaciens et les revendent afin d’obtenir les moyens d’acquérir leur « chère » héroïne.

Ils ouvrent ainsi à leurs acheteurs l’accès aux morphiniques et bientôt à l’héroïne. Cette situation perdure depuis 20 ans, en raison de la passivité des « pouvoirs » publiques.

Notre éthique nous interdit d’appuyer sur la tête des toxicomanes qui se noient, même quand ils sont responsables de drames.

Notre compassion pour leurs victimes est intense et c’est pourquoi nous voulons empêcher ces toxicomanes de nuire.
Quand il est constaté que leur addiction est irrépressible, afin de prévenir ses effets potentiellement catastrophiques, il faudrait leur
interdire d’exercer certaines professions ainsi que la conduite des véhicules à moteur.


Les drames provoqués par les toxicomanes leur sont évidemment imputables. Cependant on ne doit pas disculper ceux qui, par leurs décisions, déclarations, actions, omissions, compromissions, collusions, ont contribué au développement des comportements toxicophiles et ont ainsi aggravé la détérioration de ces individus fragiles que sont les toxicomanes.


La liste de ces co-responsables doit enfin être établie afin de les incriminer et de les neutraliser

L’affaire Palmade, un fait divers utile ?

16 février 2023


La très forte médiatisation de l’affaire Palmade attise les passions et parfois les excès. Depuis près d’une semaine, la presse est accusée d’en faire « trop », d’être voyeuriste, de ne parler que de l’auteur présumé sans un mot pour les victimes…

Mais ce dramatique accident permet au moins d’évoquer des sujets qui dépassent le simple faits divers. En parler, c’est éveiller les consciences, rappeler les risques et leurs conséquences.

Ça n’est pas inutile.
En premier lieu, les risques liés à la consommation de drogues. Pas inutile à rappeler dans un pays leader de la consommation de stupéfiants et de médicaments. Un pays où on parle encore souvent de « drogues douces » ou « récréatives » en jetant un voile pudique sur les ravages de ces addictions.

La déchéance publique et médiatique de Pierre Palmade dure en réalité depuis longtemps, mais des milliers d’autres français anonymes vivent les mêmes déséquilibres et, finalement, les mêmes maladies.

En parler n’est pas inutile. Il est temps de poser la question de la place des victimes dans les procédures judiciaires
L’affaire Palmade pose aussi la question de l’insécurité routière qui décime la France chaque semaine.

Alcool, vitesse, stupéfiants, téléphone : les causes des accidents graves sont multiples et parfois cumulatives.

Cette insécurité détruit des familles, souvent dans l’anonymat le plus complet. En parler n’est pas inutile.
L’affaire Palmade pose aussi le sujet de la place des victimes dans les procédures judiciaires. Leur état de santé a parfois semblé moins commenté que celui de Pierre Palmade.

Cette impression est le reflet d’une vraie problématique française où les victimes sont souvent abandonnées, oubliées, délaissées, quand tout semble prévu dans le code pour encadrer les auteurs.

Parler de ce déséquilibre n’est pas inutile.

L’affaire Palmade permet enfin pour beaucoup de découvrir le « chemsex » et ses risques. Cette pratique, réservée un temps à la communauté homosexuelle, se développe dangereusement. Elle consiste en des fêtes sexuelles durant plusieurs heures, soutenues par la consommation de drogues qui désinhibent et permettent d’endurer ce « marathon sexuel extrême ».

Cette pratique a déjà provoqué des décès par overdose et s’accompagne de toutes les dérives possibles. En parler n’est pas inutile.

Par Damien Delseny Rédacteur en chef du service police-justice du Parisien

Source :Le Parisien 16/02/2023

Information fournie par Xavier de Beaurepaire

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