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Date

14 avril 2024

« Cette drogue atteint le cerveau en 8 secondes »

 A Nantes, la consommation de crack explose

Au Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues de Nantes, on a vu la consommation de crack monter en flèche. « L’extrême addiction de ce produit et le prix bas de la cocaïne en sont la raison », avancent les intervenants, qui observent quotidiennement les effets de cette drogue.

Kevin GRETHEN. Publié le 14/04/2024

Dans le local du boulevard de Launay, à Nantes, les fumeurs de crack ont pris la place de ceux qui s’injectent de l’héroïne dans le sang (les seringues étant désormais fournies en pharmacie).

C’est une tendance très nette, constatée par les intervenants du Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud). Ici, les « crackeux » peuvent récupérer des pipes pour s’enivrer de cette drogue aux puissants effets.

Le Caarud, un lieu d’incitation à la consommation ? « Non, c’est un centre de réduction des risques, précise Gurvan Le Bourhis, chargé de projets. Sans nous, ces personnes auraient quand même consommé leur drogue.

Autant qu’ils le fassent dans de meilleures conditions sanitaires. Par exemple, on fournit du bicarbonate de soude pour réaliser le crack, plutôt que de l’ammoniaque. Ça nous semble moins dangereux. Ça coûte moins cher à la société de donner du matériel propre que de soigner des gens malades d’hépatites. »

Les intervenants du Caarud livrent aussi des conseils aux toxicomanes : « On leur explique comment préparer une consommation. En mangeant avant, en s’hydratant, en fumant en présence d’autres personnes en cas de souci. »

50 € le gramme

Le prix en baisse de la cocaïne et sa profusion sont les premières explications de cette explosion de la consommation. « À Nantes, le gramme s’achète 50 €, note Gurvan Le Bourhis. Vingt ans plus tôt, le prix grimpait jusqu’à 120, voire 150 €. »

Les équipes du Caarud reçoivent les personnes les plus abîmées, « mais il ne faut pas se leurrer, cette drogue intéresse toutes les strates de la société ».

Effets indésirables et risques cardiaques

Stéphane, un intervenant qui a passé quarante-six ans dans les stupéfiants avant de s’en sortir, abonde : « Le crack provoque un effet de montée très recherché, beaucoup plus fort que la cocaïne. Je ne voulais pas le croire, mais il suffit d’une fois pour tomber totalement accroc. »

« C’est beaucoup plus intense par la façon de consommer cette drogue. Ça atteint le cerveau en huit secondes », ajoute Gurvan Le Bourhis. Le corollaire est sanitaire : « Cela fait de gros dégâts, observe le chargé de projets. On se désocialise plus rapidement qu’avec la cocaïne. »

Au Caarud, les toxicomanes trouvent aussi des conseils : « On leur explique comment préparer une consommation. En mangeant avant, en s’hydratant, en fumant en présence d’autres personnes en cas de souci. Parce qu’il y a des effets indésirables, et des risques cardiaques. » Mais, l’intervenant social le confesse : « Ces personnes recherchent cet effet boost. Alors ils ne sont pas tous sensibles à ce qu’on leur dit. »

Source

Des voeux qui deviennent réalités ?

Source : Le Figaro 29 Mars 2024

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