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29 décembre 2012

Drogue, alcool : les ravages de l’addiction en entreprise

Invités par des dirigeants, gendarmes et policiers font de la prévention contre les abus de drogue ou d’alcool.

Un pilote de Bateau-Mouche sous l’emprise du haschisch qui fait naufrager une vedette de plaisance sur la Seine, un chauffeur de camion du Doubs qui fauche deux enfants, un journaliste qui trouve la mort sur le périphérique parisien en revenant d’un pot de bouclage tardif, un grutier ivre qui trimbale des tonnes de béton sur la tête de son collègue…

La drogue et l’alcool font des ravages en entreprise. Les «joints» fumés en douce lors de la pause-café, le rail de coke sniffé dans les toilettes, le «pot» entre collègues qui s’éternise autour de quelques bouteilles sont à l’origine de 20 à 30 % des accidents du travail et de 13.000 journées d’absentéisme recensées chaque année en France.

Selon une récente étude de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), 16,6 % des professionnels de l’agriculture et de la pêche sont en proie à des problèmes récurrents de boisson et 13,4 % des employés du bâtiment tutoient l’ivresse au quotidien. Soit la même proportion que ceux qui consomment régulièrement du cannabis dans l’univers de l’hébergement et de la restauration. «Aucun secteur n’est plus épargné, s’alarme une étude de la documentation française consacrée aux risques à la consommation de drogues en milieu professionnel, qui considère que «le phénomène s’est étendu sur cinq ans et que l’on assiste à une augmentation de la consommation de drogues illicites autres que le cannabis». Les métiers de la mer, le journalisme, l’armée, les personnels dirigeants figurent désormais au nombre des secteurs les plus touchés.

90.000 salariés sensibilisés

Face au fléau qui guette, la gendarmerie fait monter en puissance un réseau de formateurs relais antidrogue (Frad) à travers le pays. Tissé dès les années 1990 pour intervenir dans les collèges et les lycées, le réseau compte plus de 500 gendarmes spécialisés qui se déplacent davantage dans le monde du travail. Les policiers, de leur côté, alignent quelque 550 fonctionnaires chargés des mêmes missions de prévention.

«Nos référents régionaux sont de plus en plus sollicités par des collectivités locales et des associations, des patrons, des responsables du personnel ou encore des comités d’entreprises, confie le capitaine Grégoire Méchin, en charge de la prévention de la délinquance. Nos conférences de prévention, entièrement gratuites, sont assez populaires et participent à la lutte contre la délinquance générale et routière…» Des petites structures de transports scolaires à la SNCF, en passant par les géants du BTP comme Vinci ou de l’agroalimentaire comme Yoplait, des dizaines de sociétés ont déjà fait appel aux «formateurs relais antidrogue» de la maréchaussée.

Leur démarche est limpide. «D’abord, je discute avec un responsable de l’entreprise pour recueillir ses confidences et déterminer la nature des problèmes auxquels il est confronté pour orienter notre discours, raconte l’adjudant-chef Patrick Perrier, formateur antidrogue depuis plus de dix ans. Puis, je vais à la rencontre des employés. Longtemps, le sujet des addictions est resté tabou et les gens ne participaient pas, mais la parole a commencé à se libérer, car la consommation de certains produits, comme le haschisch, s’est banalisée. En général, ils reconnaissent fumer de l’herbe, en pensant à tort qu’ils consomment un “produit naturel”. Désormais, nos interlocuteurs en parlent plus volontiers que l’alcool, un problème qui reste enfoui…»

Outre quelque 250.000 élèves constituant leur public traditionnel, les militaires ont sensibilisé l’année dernière plus de 90 000 salariés venus d’horizons très divers. Le fait d’avoir consommé du cannabis le matin avant de se rendre au travail concernerait 12 % des usagers actuels, soit environ 1 % des actifs.

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Code du travail et règlement intérieur

Si la drogue est prohibée, la consommation d’alcool dans l’entreprise est encadrée. Selon le Code du travail, il est «interdit de laisser entrer ou séjourner dans les lieux de travail des personnes en état d’ivresse. (…) Aucune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré n’est autorisée sur le lieu de travail.» La consommation d’alcool léger est donc possible, à condition d’être modérée. L’employeur, par règlement intérieur, peut limiter, voire interdire, l’introduction et la consommation de boissons alcoolisées dans l’entreprise. Des sanctions disciplinaires sont prévues en cas de violation des dispositions relatives à l’alcool. Et l’ivresse manifeste est souvent synonyme de «faute grave». Source

CANNABIS: A usage en hausse, perception des risques en baisse

Cette vague 2012 de l’étude américaine MFT (Monitoring the Future Survey) conduite par des chercheurs de l’université du Michigan pour les National Institute on Drug Abuse (NIDA/NIH) montre une stabilité voire une diminution de la consommation d’un grand nombre de drogues, mais pas du cannabis qui voit son usage toujours très élevé mais avec une moindre conscience des risques possibles pour la santé.

Un usage en hausse à compter de la classe de 4è : Des résultats constatés chez des élèves de 4è, seconde et terminale (équivalents américains : 8è, 10è et 12è grades) qui aboutissent à un taux global d’usage quotidien de 6,5% à la fin du cycle secondaire, vs 5,1%, il y a 5 ans. Près de 23% déclarent avoir fumé au cours du mois précédant l’enquête et plus de 36% déclarent avoir fumé dans l’année précédente. Chez les élèves de seconde 3,5% consomment de la marijuana tous les jours, 17% dans le mois et 28% dans l’année. L’utilisation s’intensifie dès la classe de 4è, avec 1,1% d’usagers quotidiens mais plus de 11% de consommateurs, dans l’année écoulée. En Europe, à titre de comparaison, la dernière vague de l’étude ESPAD de 2011, indique que 17% des étudiants âgés de 15 à 17 ans, ont déjà consommé du cannabis.

Une perception en baisse de la nocivité, qui suggère une tendance à l’augmentation. Ainsi, seulement 41,7% des élèves de 4è considèrent l’usage occasionnel de cannabis comme nuisible mais les 2 tiers sont convaincus des dangers d’un usage régulier. Ces deux taux sont au plus bas depuis le début de l’enquête, il y a 20 ans. Alors que les adolescents vieillissent, leur perception du risque diminue. Seulement 20,6% des élèves de terminale considèrent une consommation occasionnelle comme nuisible et c’est le taux le plus bas depuis 1983.

Cannabis, baisse de Q.I. et déficiences neurologiques : Le NIDA rappelle cette étude publiée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, PNAS, qui concluait que les personnes qui avaient consommé du cannabis massivement dans leur adolescence présentaient une baisse significative de 8 points de QI aux âges de 13 puis de 38 ans. Les usagers de cannabis, avant l’âge de 18 ans, alors que le cerveau est encore en développement montrent aussi une déficience des capacités mentales et même longtemps après avoir arrêté de fumer. Des résultats confirmés par d’autres études confirmant le lien entre consommation prolongée de cannabis et déficience cognitive ou neurologique.

Cannabis et moindre qualité de vie : Le directeur du NIDA, le Dr Nora D. Volkow se dit préoccupée par l’effet de l’usage régulier ou quotidien de cannabis sur la capacité de nombreux jeunes à profiter pleinement de leur scolarité et de nombreux autres aspects de la vie. L’explication, le THC (tétrahydrocannabinol) modifie la capacité de l’hippocampe, une région du cerveau liée à l’apprentissage et à la mémoire, à communiquer efficacement avec les autres régions du cerveau.

Avec la précocité de l’usage, le risque de dépendance: Ce risque touche environ 1 usager sur 11 sur l’ensemble des usagers,  mais environ 1 sur 6 pour les usagers qui ont commencé à fumer à l’adolescence. C’est plus que chez les usagers quotidiens, mais plus tardifs.

Alors qu’aux Etats-Unis, l’utilisation d’autres drogues chez les adolescents suit plutôt une baisse régulière modeste, prouvant qu’une évolution sociale positive est possible chez les jeunes, l’abus de médicaments, par les jeunes suit les mêmes évolutions que l’usage du cannabis. L’abus de médicaments (Vicodin…) augmente ou se stabilise à des niveaux élevés (7 à 10% en fin de cycle secondaire) avec, simultanément une diminution de la perception des dommages liés à leur consommation. Tabac et alcool sont également passés en revue par ce rapport, avec des tendances globales plutôt encourageantes. Source

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