De plus en plus d’événements festifs proposent un bar sans alcool. Minoritaires, ils révèlent un désir d’être davantage dans le contrôle de soi.
Au bar du festival « L’Arbre qui marche », fin août à Saint-Martin-du-Bois (49), on pouvait siroter du thé aux épices, des jus ou des cocktails de fruits. Le festival s’affiche sans alcool.
« Les festivaliers apprécient : il y a une ambiance sereine, davantage de familles, de communication et de confiance entre les gens », assure Simon Goudeau, membre coordinateur de l’événement. Auparavant, la trop grande consommation de bière, y compris par les artistes invités, « alourdissait l’ambiance », poursuit-il. Les organisateurs ne sont pas anti-alcool : « on montre juste qu’on n’a pas besoin d’alcool comme lien social ».
En général, la fête s’associe à la modification d’un état de conscience, en s’aidant ou pas de produit. « En France, l’alcool reste très associé à la fête, d’autant plus qu’il a été par ailleurs restreint dans la vie quotidienne : au travail ou pour les conducteurs », rappelle Ludovic Gaussot, enseignant chercheur sur le sujet, à Poitiers. Rester sobre en soirée sans raison médicale ou religieuse reste rare. « C’est encore mal vu, ajoute le sociologue. Car trinquer à l’alcool scelle une certaine forme de prise de risque en commun. »
Contrôle de soi
Pourtant, L’Arbre qui marche n’est pas le seul à opter pour le sans alcool. À Stockholm, plusieurs clubs sobres ont ouvert, pour proposer une alternative au « binge drinking ». À Paris sont organisées des raves sans alcool, comme les « Daybreaker ». Leurs organisateurs revendiquent : « On n’a pas besoin de faire semblant d’être quelqu’un d’autre. En dansant sans alcool, on développe des bonnes hormones pour notre cerveau. »
Pour Ludovic Gaussot, cette idée de fête « bonne pour la santé », qui peut sembler paradoxale, se développe : « La santé est devenue la norme. Les excès ont moins bonne presse, car la société encourage le contrôle de soi et la clairvoyance. Nous sommes censés gérer nos vies, comme un capital qu’il faut faire fructifier. »
Après la première édition de « Good Morning Rennes », fête matinale sans alcool inspirée des fiestas « Morning Gloryville » londoniennes, la présidente de l’association, Anne-Claire Loaec, a reçu ce message d’une participante : « Merci, j’avais oublié que je pouvais m’amuser sans alcool ». « Sans alcool, les gens s’amusent de manière plus enfantine, en se souciant moins de séduction ou d’apparence, remarque-t-elle. C’est aussi une question de rapport au temps. Les gens veulent se dérider, mais ils n’ont plus le temps d’avoir la gueule de bois. Leur planning du lendemain est trop chargé. »
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