Recherche

Date

5 septembre 2022

La consommation de cannabis chez les jeunes adultes altère le développement du cerveau

La consommation régulière de cannabis chez les jeunes âgés d’une vingtaine d’années peut causer des dommages permanents pour le cerveau. La légalisation de la drogue dans certaines régions du monde a pu contribuer, à tort, à présenter cette drogue comme inoffensive ou « douce », selon le Dr Nora Volkow, directrice du National Institute on Drug Abuse (NIDA).

Atlantico : Selon de nombreuses études, la consommation de cannabis, même après 20 ans, peut causer des dommages permanents au cerveau. Quels sont les risques et les conséquences concrètes d’une consommation de cannabis pour le développement du cerveau ? Les dommages sont-ils irréversibles ?

Dan Véléa : Cette problématique et cette consommation ont un impact sur le long terme. Les études viennent confirmer cette réalité comme celle de l’association Nord-Américaine « drogue addiction » sur les modifications neuronales à 20 ans. Jusqu’à présent les grandes études que l’on avait n’étaient même pas sérologiques pour le développement neuronal chez les adolescents. Cela soulève une grande question pour la légalisation du cannabis aux Etats-Unis et pour savoir si cela devait rester illégal.

Les études confirment donc que même à l’âge adulte, les risques de consommation de cannabis sont concrets. Cela peut avoir des modifications de type neurologique avec une atteinte au niveau du système nerveux central et du système nerveux périphérique.

Au niveau cérébral, il y a des modifications au niveau des synapses et des transmissions nerveuses. Des modifications sont constatées. Cela peut expliquer les deux grandes pathologies psychiatriques que l’on voit avec le cannabis et notamment le syndrome amotivationnel, une absence totale de motivation. Il s’agit de l’un des effets qui apparaît avec la consommation et sur la modification neuronale.

Le deuxième effet, qui est le plus grave, est l’apparition de tableaux psychiques très graves, des psychoses aiguës avec une installation pour certains d’entre eux de troubles bipolaires.

À LIRE AUSSI

Alcool, drogues, prises de risque… Comment convaincre ses ados de ne pas céder aux vrais dangers de l’été

Ces dommages sont-ils irréversibles ?

Malheureusement, lorsque l’on constate la baisse de motivation, cela entraîne des tableaux sur le très long terme avec des produits qui restent. Il est possible d’avoir des améliorations en se sevrant.   

Pour les cas extrêmes et avec la psychose, c’est encore plus inquiétant. Certaines personnes peuvent rester avec une psychose de manière chronique, entrer dans la paranoïa et rester dans la schizophrénie avec des troubles bipolaires avérés.   

Dès lors, il ne faut pas considérer le cannabis comme une drogue « douce », comme le disent certains ?

La distinction entre drogue douce et drogue dure est une fumisterie. Ce n’est pas le produit en soi qui peut présenter un danger. Ce n’est pas l’alcool, le cannabis, la cocaïne ou l’héroïne qui sont en cause mais il s’agit du type de rapport que l’individu entretient avec ces stupéfiants et le type de consommation qu’il a. Cela va avoir un impact sur le long terme. Le cannabis d’aujourd’hui est beaucoup plus concentré en THC que certaines drogues consommées dans les années 1960. Cela n’a donc plus du tout le même type d’effet. Le niveau de dépendance au cannabis est similaire à la dépendance à l’héroïne. La distinction entre drogue dure et drogue douce est factice. Cette conception peut être trompeuse.    

Selon le Dr Nora Volkow, directrice du National Institute on Drug Abuse, la légalisation du cannabis dans certains États américains a fait croire à tort à de nombreuses personnes qu’il était sans danger. Aux États-Unis, en 2021, un nombre record de jeunes de 19 à 30 ans consommaient du cannabis et un sur dix admet en consommer tous les jours. Comment expliquer que les consommateurs de cannabis sont toujours plus jeunes et nombreux ? La légalisation de cette drogue y est-elle pour quelque chose ?

À LIRE AUSSI

Le cannabis quasiment aussi addictif que les opioïdes chez les adolescents

Cette légalisation du cannabis n’intervient pas partout avec des raisons de type médico-sociales mais souvent pour des raisons économiques.  Le Maryland connaissait une situation économique un peu défaillante par exemple. Certains Etats américains ont pu profiter des taxes imposées sur le cannabis dans les coffee shop et les magasins spécialisés pour sauver leur économie. Il s’agissait d’un but strictement économique.

Maintenir le produit dans l’illégalité entretient néanmoins le flou sur les mélanges effectués et sur le taux de concentration en THC. Un encadrement « médical » et des mesures de prévention devraient accompagner les politiques de légalisation, notamment en fonction des âges.

Il y a bien un lien entre la légalisation du cannabis et sa consommation chez les jeunes.    

La majorité des gens ont un usage « récréatif » du cannabis mais il ne faut pas voir à travers cela le fait que ce produit soit « doux » ou minimiser les risques.

Tout va dépendre de l’usage qui va être fait du cannabis par la personne et quel type de concentration en THC sera consommé.

Ce sont des produits potentiellement très addictifs et dangereux. Il est important de savoir que les risques sont importants  

Si le cannabis récréatif était légalisé en France, faudrait il s’attendre à un phénomène similaire ?

Il faut s’attendre à un débordement. La société européenne est propice aux excès. Avec la levée de cette barrière, personne ne va se gêner, la tentation de se livrer à des excès sera grande.

Cela risque d’aboutir à la même situation, d’un point de vue de santé publique, qu’avec l’alcool.

À LIRE AUSSI

Cannabis : la France pourra-t-elle longtemps continuer à ignorer la politique radicalement opposée de ses voisins européens ?

Certaines personnes qui plaident pour la légalisation ont un usage « récréatif » du cannabis et sont capables de se sevrer et de ne pas consommer.  Il ne faut pas les écouter.

Dans 25 à 30 ans, pourrions-nous avoir de nouveaux individus dans le système de santé qui arriveraient avec de nouveaux traumatismes avec cette légalisation ?

Si le cannabis était légalisé demain, d’ici cinq ans nous aurions de graves problématiques liées au cannabis. Les produits stupéfiants font aussi des dégâts à long terme.   

Mais la légalisation du cannabis va entraîner des dégâts immédiats.

Si cette légalisation se fait de manière idéologique et politique, les jeunes seront les premières victimes et seront exposés à n’importe quoi.

Si l’on se penche sur le modèle hollandais, ils ont déployé des campagnes de prévention et ont eu recours à l’éducation, une législation très dure a aussi été instaurée, notamment sur les amendes. La consommation ne peut se faire que dans des endroits spécifiques. Ces décisions ont été appliquées après les dérives liées à la consommation de drogue dans les années 1970 sans mesures de précaution. Un cadre légal a donc été décidé avec l’organisation via les coffee shop.

Si l’on applique le même modèle en France, cela va entraîner des débordements dignes de la situation en Espagne. Il faut donc être extrêmement vigilant et encadrer un maximum ce processus avec un cadre très strict et des investissements, ainsi qu’un effort particulier sur l’éducation par rapport à la prévention.   

SOURCE

TÉMOIGNAGE. Ex-addict à l’alcool, aux drogues et aux médicaments, Sandra Pinel est devenue patiente experte pour aider les autre

« Mon père était alcoolique, je suis devenue infirmière pour le soigner », Sandra Pinel est sortie de l’enfer des addictions. Devenue patiente-experte, c’est désormais elle qui aide les autres à s’en sortir.

Sandra Pinel habite en Loire-Atlantique. Elle est présidente de l’association France Patient Expert Addictologie. Elle est aussi infirmière à Saint-Nazaire. Dépendante à l’alcool, au cannabis et aux médicaments, elle s’en est aujourd’hui sortie et aide les autres à lutter.

Son histoire avec la dépendance remonte loin. « Mon père était alcoolique donc je suis devenue infirmière pour le soigner ». À son décès, c’est elle qui tombe dans les addictions : « J’ai commencé très tôt, par le tabac à 11 ans, à 16 ans c’était le cannabis et puis plus tard l’alcool. »

Entre l’âge de 30 et 40 ans, Sandra est seule, totalement coupée de la vie, la vraie. Les produits l’isolent de tout et de tout le monde. « Il fallait être parfaite au travail. Quand je finissais ma journée d’infirmière, je consommais les produits et chaque produit avait une fonction ».

LIRE LA SUITE

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :