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Date

3 mars 2023

Cannabiz’ness SUITE

Les effets trompeurs du cannabis

Avant d’aller plus loin, deux mots sur les répercussions du cannabis sur la santé physique et mentale.

Au niveau physique. Si l’effet immédiat du cannabis est la sensation d’un état de détente et de bien-être, provoquant fou rire, changements de perceptions et euphorie, des effets désagréables ne tardent pas à se manifester : palpitations, ralentissement des réflexes, stimulation de l’appétit, bouche sèche, yeux rouges accompagnés parfois de nausées. 

Parce qu’il est stocké dans les graisses, le principe actif du cannabis (THC) reste longtemps dans l’organisme sous forme de trace avec une activité moindre. Ainsi, il faut plus d’un mois pour éliminer complètement de l’organisme toute trace de THC après une seule utilisation. 

Fumer un joint équivaut à fumer entre 2,5 et 5 cigarettes de suite. Le risque de cancer pour un fumeur du cannabis serait environ 20 fois plus élevé que pour un fumeur de tabac (à dose égale) selon une étude néo-zélandaise publiée par le European Respiratory Journal (ERJ).

Au niveau mental. Le cannabis baisse la mémoire, diminue les capacités d’apprentissage, cause des difficultés de concentration, un désintérêt, une fatigue physique et intellectuelle. La rencontre du cannabis et de l’alcool multiplie par 27 le risque d’accident mortel. Le cannabis seul est à l’origine de 300 morts sur la route chaque année.

Plus la consommation de cannabis est importante, plus certaines régions du cerveau seraient réduites. Selon de nombreuses études, les consommateurs de cannabis auraient 41% plus de risques de développer une psychose, une schizophrénie. Le cannabis est générateur de dépression, dépression qui comporte le risque suicidaire. La relation entre cannabis et schizophrénie est irréfragable. Le cannabis peut rendre schizophrène s’il est consommé entre 12 et 24 ans.

Apparaissent également une diminution des performances cognitives et psychomotrices avec des difficultés scolaires chez les adolescents ainsi que des troubles urinaires. 50 % des adolescents âgés de 17 ans fumant du cannabis présenteraient des problèmes sociaux.

Pour développer son pouvoir créateur ou simplement prendre son pied, franchement, il y a mieux.

Source : Karel Vereycken

Présentation du Président Alexis Goosdeel

Le Président de l’Observatoire Européen des Drogues et Toxicomanies, monsieur Alexis Goosdeel, a été récemment auditionné par la sous commission « Addiction » de l’Académie nationale de médecine.

Le secrétaire de cette commission, le professeur Michel Hamon en a fait une remarquable synthèse, avec son autorisation et celle du président de la commission, le professeur Jean-Pierre Goullé, nous la reproduisons sur le blog, jugeant qu’elle comporte des informations très importantes


Présentation du Président Alexis Goosdeel : Psychologue clinicien de formation,

A. Goosdeel a rejoint l’EMCDDA (encore appelé Observatoire Européen des Drogues et Toxicomanies, OEDT) il y a 25 ans, et en est le président depuis janvier 2016.

Le message de sa première diapo : « DROGUES – LE RETOUR », le Pdt Goosdeel souligne d’emblée que la consommation de produits est en augmentation, et atteint aujourd’hui un niveau qui efface complètement la baisse relative qui est intervenue du fait de la pandémie du Covid (diminution de la consommation d’ecstasy et de cocaïne avec l’absence d’évènements festifs pendant le confinement, mais augmentation de celles de cannabis, d’alcool, de benzodiazépines liée au mal-être qui y est associé).

Le suivi des TENDANCES à l’OEDT le conduit à mettre en avant trois mots-clés :

PARTOUT, TOUT et TOUT LE MONDE :


1 – « PARTOUT », avec 213 tonnes de cocaïne (et 21 tonnes d’amphétamine) saisies et 350 laboratoires clandestins démantelés en 2020 dans l’ensemble de l’Union Européenne. En lien avec l’escalade dans la demande des usagers, les
produits saisis sont de plus en plus puissants.

Par exemple, alors que les pastilles d’ecstasy contenaient 60 mg de produit actif (MDMA) à l’époque du mouvement hippy, elles peuvent en contenir aujourd’hui 180-240 mg voire même jusqu’à 350 mg (et bien sûr causer des dommages sanitaires majeurs). De même, la teneur en THC de la résine de cannabis (haschich) est passée de 3-4% à 18-24% (et jusqu’à 90-
95% dans des e-liquides pour les cigarettes électroniques).


2 – « TOUT », les addictions peuvent concerner non seulement les drogues mais aussi toutes sortes d’activités comme les jeux en ligne, le sexe (chemsex avec la prise de méthamphétamine – crystalmeth -, de cathinones, l’injection i.v. de cocaïne,
etc). TOUT aussi parce qu’il y a de plus en plus de nouvelles substances, de plus en plus puissantes, notamment des cathinones de synthèse (en provenance du Yémen, d’Ethiopie), des cannabinoïdes de synthèse (en provenance des USA), etc.


3 – « TOUT LE MONDE » toutes les couches sociales sont confrontées à la problématique des addictions. Y compris les milieux sportifs et le monde du travail où la polyconsommation (psychostimulants, cannabinoïdes, benzodiazépines…)
s’installe pour booster la performance et résister à la pression qu’elle entraine. Face à la complexité de la situation et la diversité croissante de l’offre, comment PROTEGER vis-à-vis des risques addictifs ?


A cet égard, l’ONU a défini des objectifs (pour 2030) en matière d’offre de soins dans le respect des droits humains fondamentaux. Ces objectifs impliquent une large coopération internationale et des actions multiples (sanitaires, sociales, sociétales…) coordonnées au niveau des états. A l’heure actuelle, 4 pays sur 29 (les 27 de l’UE plus la Turquie et la Norvège) suivent ces recommandations pour ce qui concerne les opiacés.

En réalité, les difficultés sont énormes du fait de NOUVEAUX DEFIS liés à : (i) l’augmentation de la pression du marché des (nouvelles) drogues, (ii) la crise économique associée à la pandémie de COVID et la précarité qu’elle engendre, (iii) la guerre en Ukraine, (iv) le trafic de drogues qui constitue de plus en plus le revenu principal des réseaux du crime organisé, (v) le développement de la violence en lien avec ce trafic, etc.

Pour sa part, l’OEDT a mis en place, dans le cadre d’une coopération renforcée entre les états membres de l’UE, un système d’alerte européen sur le développement croissant de la consommation des drogues et ses corrélats logistiques comme, entre autres, le marché des précurseurs chimiques et leur transformation dans des laboratoires clandestins.

Au cours des 25 dernières années, 900 substances ont ainsi été identifiées (dont 27 ont été placées sous contrôle par l’OMS). Par ailleurs, l’OEDT a publié 168 avis d’alerte et effectué 38 évaluations des risques liés à divers produits.

Sous la direction de A. Goosdeel depuis 2016, l’OEDT a installé à Bruxelles un Centre de Prospective (dans la suite du Centre Commun de Recherche initié sous la présidence de Jacques Delors) destiné à identifier les « mégatendances » en matière d’addictions. Dans ce cadre, l’hyperconnexion internet, dont le développement s’accélère, constitue un nouveau défi avec la perspective de toujours plus de trafic et d’accès en ligne à de nouveaux produits.

Par ailleurs, les coupures budgétaires avec la fermeture des services d’urgence, l’accroissement des inégalités et de la précarité, le réchauffement climatique (qui pourrait générer de nouveaux conflits du fait de changements dans les lieux de culture du cannabis par exemple), la radicalisation de certains groupes sociaux, et plus globalement la gestion libérale

de la santé et de l’hôpital constituent autant de facteurs de dégradation sociétale susceptibles de promouvoir la consommation de drogues.

En contrepartie, le développement de la télémédecine et de la « e-health » combiné à l’accroissement des connaissances scientifiques (notamment dans le domaine des neurosciences) contribue à promouvoir de nouvelles approches pour le traitement des personnes « addictes ».

Ainsi, le « drogué » est de plus en plus considéré comme une personne malade (plutôt qu’un délinquant), et on observe une évolution dans le même sens du statut pénal de la consommation de drogues (en particulier au Portugal).

Les positions « idéologiques » qui conduisent au rejet systématique des produits classés comme « drogues » sont contrecarrées par les travaux de recherche en cours qui montrent l’intérêt thérapeutique potentiel de certaines drogues à de faibles doses ; comme par exemple la MDMA pour le traitement du syndrome de stress post-traumatique, des psychédéliques (LSD, psilocybine) pour la dépression.

Enfin, la personne malade ne devrait plus être un « patient » mais un « partenaire » pour sa prise en charge clinique, et la reconstruction du lien social devrait s’imposer comme un élément clé de son traitement tout particulièrement en cas d’addiction.

En d’autres termes, pour A. Goosdeel, le « vivre ensemble » et le « travailler ensemble » devraient être préconisés pour défragmenter les différentes approches sanitaires des addictions et associer de façon coordonnée toutes les parties prenantes pour une offre de soins optimisée à la personne addicte.

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