8 Juin 2024
Billet d’humeur :
Non, vaincre l’alcoolisme ne rend pas invivable !
Une récente polémique a révélé au grand public une question rarement posée assortie d’une mauvaise réponse. Un jeune acteur annonçant qu’il était sorti de l’alcoolisme, s’entend rétorquer que, de moins angoissé qu’il était, il est devenu…chiant !
Par-delà la boutade – on s’adressait aussi à un humoriste – c’est la double question de l’état mental au sortir d’une addiction, ici à l’alcool, qui est posée et celle de la sociabilité du « rescapé ». Le sevrage donnerait-il la gueule de bois ?
L’alcool serait-il donc utile pour mieux vivre en société ?
De-là à dire qu’une addiction serait la solution pour vaincre son mal-être, il n’y a qu’un pas. Un pas à ne pas franchir, bien évidemment. Le constat par des proches d’une forme d’épanouissement, d’une reconquête, au sortir d’une toxicomanie est en revanche souvent rapportée, et c’est un soulagement.
Néanmoins, peu d’études (à notre connaissance) ont mesuré l’impact mental et sociétal de la sortie de l’emprise d’une drogue. Le plus souvent, on se contente d’apprécier l’acte volontaire et courageux d’un malade guéri et c’est l’essentiel.
Cependant, il est utile de rappeler que la prise de drogue est une fuite de la réalité, une recherche qui conduit rapidement à une forme d’isolement (même dans les « rave parties ») où le toxicomane se réfugie et se complait.
Sevré, il s’ouvre à nouveau à son entourage et à une vie communautaire, le contraire de
ce que suggérait cette remarque. C’est vrai pour l’alcool ainsi que pour toutes les autres substances
addictives.
Alors, rappelons haut et fort qu’une désintoxication réussie est une victoire, non seulement pour celui qui y parvient, mais aussi pour ceux qui l’entourent. Non, quitter l’angoisse ne rend pas chiant !
Pas plus que l’angoisse n’aide à vivre !
Jean-Paul Tillement

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