Pr. Jean Costentin

Cette assertion répond à cette autre « le cannabis, lui, ne tue pas ». Cette dernière exprime, de façon péremptoire et sans nuances, qu’à la différence de l’héroïne, qui peut mettre en jeu le pronostic vital si elle est utilisée à de fortes doses (« overdose »), de très fortes doses de cannabis / THC, en aigu, n’attentent pas à la vie.

Reprise avec gourmandise par divers médias, cette formule a fait flores. Ceci a contribué à banaliser et à véhiculer la fausse bonne idée et en fait la vraie mauvaise idée que le cannabis est une drogue douce. En effet, il n’existe pas de drogue douce. Des doses même très élevées de cannabis n’induisent pas de paralysie respiratoire.

Le bulbe rachidien et son centre respiratoire ne comportent pas de récepteurs CB 1 dont la stimulation pourrait paralyser cette fonction. Par contre des récepteurs opioïdes de type mu / , qui sont la cible des
agents morphiniques ou apparentés (opiacés ou opioïdes) sont abondants dans cette région cérébrale où leur stimulation, si elle est intense, paralyse la respiration.

Il n’empêche que de nouveaux cannabinoïdes de synthèse, beaucoup plus puissants que le THC, ont en aigu des effets létaux. Qu’il n’y ait pas « d’overdoses » avec le cannabis, ne permet en rien de généraliser la notion de son innocuité et de la formuler « le cannabis, lui, ne tue pas » ; érigeant cette assertion tel un acte de foi, un mantra, le onzième commandement d’un décalogue devenu undécalogue.

C’est pourtant, comme on va le voir, manifestement faux. Le cannabis tue sur la route ; se situant presque au niveau de l’alcool, utilisé seul il est responsable de 731 morts en 2019 (23% des morts, contre 32% pour l’alcool).

Sa fréquente, pour ne pas dire très banale association à l’alcool, à d’autres drogues, et à certains médicaments psychotropes multiplie par 29 le risque d’accidents mortels de la route. Les consommateurs de cannabis ont souvent des troubles psychiques et même psychiatriques, qui leur fait utiliser d’autres drogues (escalade toxicomaniaque) ainsi que divers médicaments psychotropes.

Les effets désinhibiteurs du cannabis peuvent conduire : à des comportements auto- ou hétéro-agressifs : des défenestrations, des rodéos automobiles, des relations sexuelles non protégées par des préservatifs (le « monter à cru » des soirées homosexuelles amène à rappeler que si les traitements contre le SIDA ont fait d’énormes progrès, ils ne guérissent pas cette infection, qui peut encore tuer).

Le cannabis, par le jeu de l’escalade toxicomaniaque, incite à l’usage d’autres drogues, au nombre desquelles des opiacés et opioïdes, dont l’abus peut déboucher sur des overdoses mortelles.
Le cannabis peut induire de novo, ou décompenser, ou aggraver, la schizophrénie, affection dans laquelle l’espérance de vie est abrégée en moyenne d’une vingtaine d’années, 10% des schizophrènes meurent de mort violente.

La dépression que peut induire le cannabis peut être à l’origine de tentatives de suicide, dont certaines aboutissent à des couronnes mortuaires. La toxicité du cannabis est supérieure à celle du tabac (responsable de 75.000 morts chaque année en France).

Sa toxicité résulte d’une production 6 à 8 fois plus élevée de goudrons cancérigènes (pour la sphère ORL et broncho- pulmonaire) et de 6 à 8 fois plus d’oxyde de carbone / CO avec sa toxicité cardio pancréatites…).