Malgré des politiques toujours plus sévères contre le trafic et l’usage de stupéfiants, la consommation est en constante augmentation en France, avec son lot de violences. Une proposition de loi portée par la sénatrice écologiste Anne Souyris propose d’en finir avec la prohibition pour mettre l’accent sur la prévention et l’accompagnement des usagers.
Un jeune racisé descend de son scooter immatriculé en banlieue et sort son portable. Il passe un bref coup de fil et retient le code de l’immeuble de centre-ville situé de l’autre côté de la rue, assez cossue. Il monte au deuxième étage. L’échange se fait sur le palier et il redescend par l’escalier en comptant une petite liasse de billets. Il s’éloigne vite sur son scooter, après avoir envoyé un SMS sur un réseau crypté : « C’est bon ! Je rentre. » La scène n’a duré qu’une poignée de minutes.
Le client n’est pas sorti sur le trottoir et inspecte le contenu du sachet dans son salon. Voici aujourd’hui le scénario classique d’une livraison « de détail » de stupéfiants. Le risque pour le client est quasi nul ; celui du livreur est très élevé, d’abord pour les infractions de détention, transport, offre, cession, etc. En espérant qu’il ne soit pas, en route, fouillé lors d’un contrôle d’identité.
Car il a, du fait de son origine présumée, selon les études du Défenseur des droits ou de l’Institut national d’études démographiques (Ined), « une probabilité 20 fois plus élevée d’être contrôlé que les autres personnes dans l’espace public ». Sachant qu’en cas d’interpellation il sera mis en garde à vue, déféré, poursuivi, souvent incarcéré en détention préventive, quand le client sortira en général quelques heures plus tard du fait de sa bonne intégration professionnelle et sociale, avec en général un simple rappel à la loi. La répression reflète donc souvent les discriminations sociales et raciales.
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