Jean Stierlé Publié le 23/07/2025

Déjà condamnées pour avoir incendié la voiture d’une rivale (nos éditions de lundi), deux jeunes femmes ont comparu à nouveau devant le tribunal judiciaire de Grasse. Elles participaient à un trafic de stupéfiants mené depuis l’intérieur de la prison de Draguignan.

Le cerveau présumé de l’opération est Nidhal C., un Tunisien de 24 ans qui purge une peine de six ans de prison dans une autre affaire. Depuis sa cellule, il orchestrait un réseau de livraison de cannabis et de téléphones à destination d’autres détenus, à l’aide de drones.

Le stratagème était bien rôdé: deux femmes, Najla C., une Tunisienne de 20 ans et Laura P., une Grassoise de 27 ans, épaulées par Sarah O., 24 ans, une Tropézienne agissant pour son compagnon détenu, confectionnaient de petits colis surnommés « chaussettes », composés de téléphones « indétectables » et de barrettes de cannabis. Chaque paquet ne devait pas dépasser 350 grammes. Ils étaient ensuite déposés dans une maison isolée « qui fait peur » où un « droneur » inconnu qui agissait sur commande les récupérait.

Ce dernier, qui n’a pas été identifié, utilisait des drones commerciaux pour survoler la prison et larguer les colis de nuit. Jusqu’à dix rotations nocturnes pouvaient avoir lieu, avec un tarif oscillant entre 350 et 500 euros par vol. Plusieurs drones ont été d’ailleurs retrouvés, accidentés, sur les toits de la prison.

À la barre, Nidhal C., visiblement en manque et sans avocat, a reconnu les faits tout en cherchant à minimiser l’affaire: « C’était un petit trafic de confort, pour détendre un peu l’ambiance, pas plus de sept ou huit fois. » Najla C. a nié connaître le contenu des paquets. Laura P. a évoqué un moment d’égarement: « Je veux juste retrouver ma fille », et Sarah O. a confié avoir été dépassée: « On avait toutes nos instructions, avec un point GPS pour chaque livraison… Mais je n’arrivais plus à suivre. »

Le procureur a dénoncé un trafic qui « alimente la violence en détention » et a requis des peines lourdes: quatre ans pour le commanditaire et trois ans pour chacune des jeunes femmes.

Le tribunal a finalement condamné Nidhal C. à trois ans de prison ferme, Laura P. et Sarah O. à deux ans de prison, dont un avec sursis probatoire pendant deux ans, Najla C. à 30 mois de prison, dont 18 avec sursis probatoire pendant deux ans. Tous ont écopé d’amendes et restent incarcérés.

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