Copie au Directeur de la chaine Arte

Monsieur

Je viens de regarder l’émission, sur Arte, que vous venez de commettre sur le cannabis, à une heure de grande écoute,.

Pour vous inciter à lire mon message jusqu’au bout je m’abstiendrais au début de mon propos de tout qualificatif.

Après une telle émission, qui fait suite à un certain nombre d’autres de la même tonalité, ne vous étonnez surtout pas du nombre extraordinairement élevé des consommateurs de shit dans notre pays. Il eut été intéressant que vous analysiez l’âge de ceux qui s’y adonnent, et que vous fassiez référence au rajeunissement régulier de ses utilisateurs. Trois cent mille de nos gamins, entre la 5ième et la 3ième, au  collège, s’en sont déjà approchés. Cette si préoccupante contamination de notre jeunesse a été complètement occultée. Or la jeunesse correspond à une période d’une extrême vulnérabilité cérébrale à la toxicité de cette drogue. Les empreintes précoces sont des empreintes profondes, laissant des cicatrices bourgeonnantes pour les unes ou rétractiles pour les autres. Outre les troubles cognitifs à l’âge des apprentissages ; l’anxiété ; la dépression avec, en embuscade, les tentatives de suicide ; le développement de troubles psychotiques aigus ou chroniques (schizophrénie) ; l’accidentalité dans la conduite d’engins à moteur ; la désinhibition avec des rapports sexuels non consentis, ou non protégés (hépatites, SIDA…. tout cela a été passé par pertes et profits. Le confort des cannabinophiles adultes ne se préoccupe pas du sort de nos plus jeunes.

Mettre en exergue le « cannabis médicament » est une vieille ficelle (en chanvre) qui n’est plus guère utilisée que par de rares malades toxicomanes. On n’utilise plus à cet effet les sidéens ; ils étaient, il y a quelques années encore, le « gold standard » pour ce type de manipulation, mais à l‘époque des coûteuses trithérapies, on sait enfin qu’il est aberrant d’associer à des médicaments destinés à lutter contre le syndrome d’immunodépression acquise, une drogue elle même immunodépressive ! Parler du cannabis médicament à l’heure où la Californie ferme par centaine les dispensaires de cette drogue, après avoir enfin réalisé qu’il s’agissait d’une énorme malversation, la prescription étant pratiquée, à prix d’or, par un nombre très restreint de médecins véreux, et pour un certain nombre d’entre eux toxicomanes. On s’est beaucoup servi en France de ce faux semblant, mais c’est au moment où le piège est démonté que vous ressortez ce lapin empaillé du chapeau de votre émission.

Le club des haschischins, auquel vous fîtes une brève allusion, vous a fait citer Baudelaire, en omettant de rappeler tout le mal qu’il a dit de cette drogue, ce qui confine de votre part à une malversation car, puisque vous en parliez, il eut été honnête de le citer : « S’il existait un gouvernement qui eut intérêt à corrompre ses gouvernés, il n’aurait qu’à encourager l’usage du haschisch… Jamais un état raisonnable ne pourrait subsister avec l’usage du haschisch, cela ne fait ni des guerriers ni des citoyens »…. Toujours à propos du club des haschischins, que n’avez-vous cité le célèbre aliéniste de l’époque, qui a fréquenté ce club, Jacques Joseph Moreau (dit Moreau de Tours) ? Il percevait de l’intérieur, en consommant le cannabis (par voie orale, la « confiture verte ») les troubles qu’il étudiait chez les patients psychotiques qui lui étaient confiés ; ce fut la substance de son livre : « Du Haschisch et de l’aliénation mentale » (1845, Masson Editeur). Vous savez sans doute, mais alors pourquoi ne pas l’avoir évoquée, la relation désormais bien établie entre l’usage précoce du cannabis et la survenue de la schizophrénie ; l’énorme sur représentation des fumeurs de cannabis chez les schizophrènes ; l’aggravation par le cannabis des troubles schizophréniques déclarés, la résistance aux traitements antipsychotiques provoquée par l’usage du cannabis, le développement de comportements agressifs chez les schizophrènes, surtout sous l’empire du cannabis.

Pourquoi, alors qu’il s’agissait sans doute d’informer, ce qui fut particulièrement loupé, avoir perdu du temps avec le diagnostic de l’image figurant au dos de la veste de madame R. Dati : Erable du Japon ou cannabis ? Ce fut mis érable.

Vos seuls témoins furent : C Roudaut, B. Lebeau et A. Copel., des prosélytes de cette drogue, mais pas de médecins, pas de détracteurs du cannabis, pas un pharmacologue, pas un toxicologue, pas un psychiatre ; bref, ce furent de petites vocalises entre amis, pour entonner un hymne à cette très sale drogue.

Cette scandaleuse émission intervient à l’issue d’un mois qui a  vu paraître, dans deux grandes revues scientifiques mondiales : « Cancer »  et les « Proceedings of the National Academy of Sciences – New York » (P.N.A.S.), un article établissant un doublement du risque de développer un cancer du testicule chez des consommateurs plutôt erratiques de cannabis, et un autre prouvant pour la première fois la neurotoxicité du cannabis et quantifiant même la baisse du quotient intellectuel (-8 points) chez des consommateurs de cannabis suivis pendant 35 ans de leur existence . Ca c’était du dur, du solide, il y avait matière à dissertation, à réflexion ! Mais hélas cela ne servait pas la mauvaise foi éclatante qui transpirait de tous vos propos et de ceux que vous aviez choisis pour les appuyer. A l’heure où la Hollande ferme à tout va ses  « coffee shops » et s’applique à étrangler économiquement celles qui survivent, vous faites l’apologie des coopératives de production du cannabis. Enfin, votre leçon, récitée au prompteur, se termine en apothéose, par l’apologie des toutes les drogues : « Les drogues provoquent surtout des délires chez ceux qui n’en consomment pas ». Rideau ! Le mal est fait et vous pouvez aller tranquillement vous coucher

Je suis identifié comme un de ceux qui n’ont aucune complaisance pour le cannabis, et aussi comme un de ceux qui, dans notre pays, le méconnaissent le moins ; à ces titres je reçois de nombreuses lettres, qui émanent essentiellement de mamans. Elles me relatent d’une façon parfois déchirante, mais toujours très touchante, les drames familiaux qu’ont déclenchés la rencontre de leur fils ou de leur fille avec le cannabis. Si vous connaissiez vraiment cette drogue et si vous aviez approché ces tragédies vous auriez très honte de l’émission que vous venez de commettre. Plus grave encore qu’un refus d’assistance à une société en danger, c’est une incitation caractérisée à la consommation de cette drogue que vous venez d’accomplir. Puissiez-vous faire amende honorable ou vous taire à jamais.

Je vous exprime Monsieur mes salutations révoltées.

Pr. J. Costentin