Mercredi 20 septembre 2023

France Inter relaie ce matin l’inquiétude d’addictologues autour des mélanges d’héroïne et de cannabinoïdes de synthèse : le professeur Amine Benyamina, psychiatre-addictologue, président de la Fédération Française d’Addictologie (FFA), est l’invité de 6h20

Les spécialistes ont été alertés notamment par les ARS d’Île-de-France et de la Réunion, où l’on a recensé trois décès et six hospitalisations cet été, liés à une nouvelle substance. « C’est un mélange entre deux produits, qui entraîne ce qu’on appelle une potentialisation, c’est-à-dire une majoration des effets », explique le Pr Amine Benyamina. « L’alerte qu’on a reçue à Paris, c’est un mélange d’héroïne et de cannabinoïdes de synthèse, du cannabis fabriqué en laboratoire. Lorsque vous injectez ces deux éléments, vous créez un effet extrêmement élevé, avec un risque d’overdose. C’est la raison pour laquelle, lorsqu’on reçoit des patients détenant ce type de produits ou ayant des effets qui ressemblent à leur association, on a l’obligation de les signaler. »

« On retrouve des effets comme les vomissements, la paranoïa, des phénomènes de dépersonnalisation (les gens ne savent plus où ils sont, quelle heure il est, etc.), parfois une perte de conscience et des convulsions », précise le spécialiste.

« Des comprimés aux couleurs attirantes, qui ciblent les jeunes »

Ces drogues de synthèse sont-elles plus dangereuses ? « Disons qu’elle sont beaucoup plus pernicieuses. Elles se présentent sous la forme de comprimés, on ne sait pas clairement ce que l’on consomme, et elles sont vendues par les trafiquants comme des ‘pills’ pour s’exciter, ou lutter contre la fatigue, ou faire la fête…

Ce sont des comprimés aux couleurs attirantes, qui ciblent les jeunes dans les milieux festifs. L’addiction et la dangerosité dépend du terrain où ces drogues interviennent. »

« Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que dans ce type de drogues, contrairement aux drogues naturelles, vous pouvez multiplier sans limite la puissance du produit », alerte le Pr Benyamina. 

« Et c’est la classe de drogues qui a le plus multiplié sa prévalence, sa présence dans les lieux de consommation ces dernières années. Il y a une certaine forme de facilité d’accès, parce qu’on a le sentiment que c’est plus discret. »

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