Promulguée en décembre 1970, la loi prohibant le cannabis n’est en rien obsolète.
Elle interdit le commerce, la possession, l’usage du cannabis ; elle inflige aux contrevenants une peine (maximale) d’un an de prison ou de 3.500 euros d’amende, avec inscription au casier judiciaire.
Sa sévérité était alors justifiée par l’accroissement de la consommation du cannabis (on était après la féria de Mai 1968, son « jouir sans limite » et son « interdiction d‘interdire »), alors que déjà se précisaient différents méfaits de cette drogue et que d’autres étaient entrevus. Cette vision était anticipatoire
comme le montre la situation actuelle qui se caractérise :
- par l’explosion du nombre des usagers de cette drogue (1.500.000 usagers réguliers) ;
12% d’expérimentateurs parmi les 18-64 ans en 1992 – 46,1% en 2020 (18,5 millions)
alors que la moyenne européenne est à 27%; par l’âge de début de son usage, de plus en plus précoce (dès la classe de cinquième) ; - – par la confirmation de la plupart des méfaits alors pressentis, auxquels s’ajoutent
- désormais d’autres incriminations ;
- – par l’accroissement du nombre des produits en circulation à base de cannabis, au
- cours des 25 dernières années, ainsi que l’accroissement des taux de son principe
- psychotrope, toxicomanogène, le tétrahydrocannabinol/THC, d’un facteur 6,5 en
- moyenne ;
par le développement de nouveaux modes de consommation, permettant d’accroître la cession du THC à l’organisme ( « l’huile de cannabis » obtenue par extraction de la résine par des solvants apolaires, suivie de leur évaporation, dont le résidu obtenu, d’aspect huileux, a une très haute teneur en THC ; il peut être étiré sur des cigarettes communes ou être utilisé dans les recharges des e-cigarettes/cigarettes électroniques ; le « BHO » (‘butane hash oil’), résulte de l’extraction de la résine par le butane liquéfié qui, se volatilisant, laisse un résidu utilisé dans des nébuliseurs ; les pipes à eau qui centuplent le volume de fumée qui peut être inhalé dans les poumons distendus d’une façon maximale ; les nouveaux cannabinoïdes obtenus par synthèse chimique, beaucoup plus puissants que le THC).
par la hausse régulière des usagers de 17 ans souffrant d’un usage problématique de la drogue (18% en 2011, 22% en 2014, 25% en 2017) ; ce sont au total 7,4% des jeunes de 17 ans qui connaissent un usage problématique (CAST ≥7 ou cannabis abuse screening test)
Dans un tel contexte, la loi de prohibition de 1970 reste d’une complète pertinence.
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