Le professeur Jean Costentin, pharmacologue, neurobiologiste, membre titulaire des Académies nationales de Médecine et de Pharmacie et président du Centre National de Prévention d’Etudes et de Recherches sur les Toxicomanies vient (23 février 2012) de publier un livre, « Pourquoi il ne faut pas dépénaliser l’usage du cannabis », aux Editions Odile Jacob.
A l’heure où se développe une sorte de pandémie cannabique, des mouvements d’inspiration idéologique, s’abritant parfois derrière des considérations économiques, requièrent la dépénalisation de cette drogue, afin d’en obtenir la légalisation puis, un peu plus tard, celle de toutes les drogues.
Ce livre, sans aucune concession à ces errements, détaille les multiples méfaits physiques et psychiques du cannabis, et de son principe actif majeur, le tétrahydrocannabinol (THC). Il s’ouvre sur l’énumération de 101 raisons qui plaident contre cette dépénalisation, et, dans les chapitres qui suivent sont détaillées et justifiées ces expressions lapidaires.
Il évoque l’accroissement de la teneur en THC des produits en circulation, les nouveaux modes d’administration (pipe à eau) qui en décuplent la cession à l’organisme.
La toxicité physique est soulignée au travers,
– des effets cancérogènes très supérieurs à ceux du tabac (pour la gorge et l’appareil respiratoire) ;
– de la nocivité cardiaque (infarctus) et vasculaire (artérites et accidents vasculaires cérébraux) ;
– des perturbations de la grossesse et de ses conséquences pour l’enfant à naître ;
– des perturbations endocriniennes masculines ;
– de l’immunodépression…
L’auteur tord le cou au subterfuge du « cannabis-médicament », argument du type « cheval de Troie », visant à faire pénétrer cette drogue dans la cité. La toxicité psychique du THC est détaillée, au travers de la pharmacodépendance, de l’addiction, avec leurs substrats psychique et physique :
des perturbations de la cognition ;
– du syndrome amotivationnel ;
– du développement de troubles anxieux ;
– de l’exacerbation de troubles dépressifs ;
– des relations, désormais très bien établies, avec les troubles psychotiques, dont la schizophrénie ;
– de l’induction d’autres toxicomanies, aboutissant à ces polytoxicomanies qui, se généralisant, abondent le vivier de l’héroïnomanie qui ne cesse de grossir (250.000 malades de l’héroïne en France).
L’auteur rappelle qu’en dépit de son caractère illicite ce cannabis est consommé de façon régulière dans notre nation par 1.700.000 personnes (faisant des Français les premiers consommateurs des 27 états membres de l’Europe), avec un rajeunissement des premiers usages. Or « plus tôt l’essayer c’est plus vite l’adopter et plus intensément se détériorer ».
La légalisation du cannabis ne manquerait pas, selon l’auteur, d’accroître sa consommation, la faisant tendre alors vers les chiffres de l’alcoolisme (3 millions d’alcoolo-dépendants) et pire, du tabagisme (13 millions de nicotino-dépendants). « Ce n’est pas quand tout brûle qu’il faut se débarrasser des extincteurs (la loi), même s’ils s’avèrent insuffisants ». Et l’auteur de conclure que « pire qu’une fausse bonne idée, la dépénalisation de l’usage du cannabis, serait une vraie mauvaise idée », criminelle même, car il traite dans un chapitre spécifique des diverses façons dont le cannabis peut tuer. Pour acheter ce livre
22 juin 2012 at 20:00
C’est avec plaisir et intérêt que je réponds à votre questionnement et à votre intervention, qui parait considérer l’alcool comme plus dangereux que le cannabis.
Je ne vais pas, rassurez-vous, faire l’apologie de l’alcool. Je sais les 20 – 25.000 morts qui lui sont imputés chaque année en France et, derrière eux, presque invisibles, les nombreux handicapés, les multiples drames personnels, familiaux et sociétaux (les milliers d’enfants victimes du syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF), les pertes d’emploi, les accidents de la route et du travail, les ruptures familiales, les femmes battues, les enfants violentés…). Rappeler tout cela c’est toucher du doigt les conséquences de la légalisation d’une drogue, dans laquelle plongent tous les mal-êtres. Si ces mal-êtres existent de toute éternité, notre société s’avère, à divers égards, assez pathogène pour en redoubler la fréquence. C’est pourquoi il faut lutter de toutes nos forces contre l’alcoolisme (je n’ai pas dit l’alcoolique qui est une victime, un malade, et à ces titres digne de notre compassion et de tous nos soins) et contre ce qui conduit à l’alcoolisme. On doit porter une attention toute spéciale à l’alcoolisme qui se développe chez les jeunes, avec la diffusion du « binge drinking », la « biture expresse » ou, mieux dit, l’alcoolisation aigüe ; il faut lutter contre les « Prémix », les « shooters » les « happy hours », les soirées arrosées, et tous les pièges tendus par les alcooliers aux jeunes et à leurs parents. Sans que cela invite à la démission, on doit savoir que, hélas, on ne pourra éradiquer l’alcool de notre pays, en tête des producteurs, où économiquement en vivraient près de 500.000 de nos concitoyens. A défaut de pouvoir faire disparaître ce prédateur, ce fauve, il faut le dompter.
J’en arrive au cannabis, dont vous croyez à l’innocuité, sous le prétexte que consommé en aigu, aux doses les plus fortes, il ne met pas en jeu le pronostic vital. Sachez que cette assertion n’est que très partiellement vraie. En effet, à des doses « raisonnables » il tue sur la route, sans être associé à d’autres choses ; plus de 300 morts annuelles lui sont imputées ; un certain nombre d’accidents du travail également. Sa rencontre (fréquente) avec l’alcool multiplie par 14 le risque d’accidents mortels de la route (« Etude SAM » : Stupéfiants et accidents mortels de la route); il fait, en matière de dangerosité, très mauvais ménage avec divers médicaments (benzodiazépines, antiallergiques-antihistaminiques, morphiniques dont les produits dits de substitution avec le trop fameux « Subu », les antihypertenseurs d’action centrales, etc…J’évoquerais aussi, en aigu, ses effets désinhibiteurs qui, joints au développement de comportements délirants et d’hallucinations, peuvent conduire à des exactions, des violences contre soi ou autrui, des rapports sexuels non consentis et / ou non protégés, à l’origine de méchantes hépatites C ainsi que du SIDA. Pour ce dernier, si l’espérance de survie s’est allongée, sachez qu’on n’en guérit toujours pas…
Le cannabis a partie liée avec le tabac, première cause de mort évitable, avec 73.000 morts l’an passé en France. Or l’ajout du shit au tabac multiplie par 7 la production de goudrons cancérigènes et rend quasiment impossible l’arrêt du tabac (dont on sait que lorsqu’il est fumé isolément l’arrêt est déjà si difficile). L’adjonction du cannabis au tabac rend plus fréquent et plus précoce le développement de cancers de la sphère O.R.L. et de l’appareil broncho-pulmonaire
Dans ses relations avec l’alcool, on assiste à une synergie potentialisatrice : Un peu d’alcool associé à un peu de cannabis aboutissent à des effets très supérieurs à la somme algébrique des deux drogues. Il faut noter encore que le cannabis empêche son consommateur d’arrêter sa consommation d’alcool là où on l’aurait stoppée s’il n’en avait consommé ; il faut noter enfin que l’imprégnation cannabique constitue un très grand incitateur à la consommation d’alcool.
Il y a beaucoup d’autres méfaits périphériques du cannabis, dont certaines peuvent être mortels : pancréatites, cancers du testicule (germinomes), infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, dépression de l’immunité….
Le cerveau n’est hélas pas protégé des effets du cannabis. Il attente à l’intellect, par une perturbation de la mémoire et ainsi de la capacité d’apprendre. Son consommateur sera toujours en deçà des performances intellectuelles qu’il aurait pu développer en son absence. Le jour où il le réalise, sa déconvenue peut être grande (chômage, perte d’emploi…). Le cannabis, utilisé de façon chronique, est un vrai pourvoyeur de dépressions avec, en embuscade, leurs risques suicidaires. Le cannabis a aussi des connivences étroites avec la schizophrénie (psychose). Il accroit singulièrement le risque de développer cette affection psychiatrique très grave ; il en aggrave l’évolution ; il crée une résistance à leur traitement ; il fait naître des comportements dangereux et/ou agressifs. Dix pour cent des schizophrènes meurent de mort violente, tandis que les autres ont une espérance de vie abrégée
(relativement aux personnes indemnes de cette affection). Le cannabis, par le jeu de l’escalade / des poly toxicomanies qui explosent actuellement, est un passage obligé vers des drogues encore plus détériorantes (buprénorphine, méthadone, héroïne….).
Notre société est sinistrée par les drogues : le tabac avec ses 14 millions d’accros ; l’alcool avec ses 4 millions d’individus incapables de s’en passer ; ce sont là des chiffres énormes, imputables au caractère licite de ces drogues. Au-dessus d’elles on a le cannabis avec ses 1.700.000 usagers réguliers et ses 600.000 usagers quotidiens, souvent même multi quotidiens. Cela fait des français, en dépit du caractère illicite du cannabis, ses premiers consommateurs européens. Vous conviendrez sans doute que dans un tel paysage l’urgence n’est pas de faciliter l’accès à des drogues supplémentaires. Nos concitoyens étant pour près d’un quart d’entre eux (25%) égarés dans la fumée du tabac et pour 6% d’entre eux macérant dans l’alcool, il serait criminel de leur infliger de surcroit le cannabis, dont je vous ai restitué plus haut les méfaits de l’association au tabac et à l’alcool. Toute l’attention doit être portée à faire reculer le tabac et l’alcool. Des pays ont déjà programmé, pour dans un quart de siècle, le bannissement du tabac ; pour cela ils s’appliquent à rendre impossible le recrutement des plus jeunes consommateurs et à en sevrer ceux qui s’y sont déjà laissé prendre. Des actions fortes doivent être menées contre l’alcoolisation de la jeunesse. Ce sont là des démarches aux antipodes de celle qui consisteraient à dépénaliser, puis bientôt légaliser, le cannabis. Cette légalisation déboucherait sur une mortalité accrue ; elle serait donc criminelle.
Professeur Jean Costentin
Président du Centre National de Prévention, d’Etudes et de Recherche sur les Toxicomanies (CNPERT)
J’aimeJ’aime
21 juin 2012 at 03:42
Bonjour, en tant que consommateur j’ai lu avec attention l’article ci dessus et les différentes réponses fournies aux questions des lecteurs. Vous êtes l’expert et je vous fais confiance sur les nombreux défauts et dangers que vous liez au cannabis, mais mon expérience personnelle m’oblige à réagir face à votre attitude concernant l’alcool. Pour ça je ne rentrerai pas dans un grand débat théorique mais prendrai simplement un exemple tout simple. Vous dites: « Si la transgression est nécessaire à certains ados pour accéder au stade adulte, c’est au niveau du tabac et de l’alcool qu’il faut l’organiser, ou du moins la situer ». Je vais essayer de rester objectif car ayant une certaine expérience dans la consommation de ces différentes drogues cette phrase me choque. En effet je pense que l’on peut s’accorder sur le fait que l’on a à ma connaissance jamais constaté de mort entraînée par une surconsommation de cannabis, alors que les comas éthylique eux peuvent mener, comme on le sait, à des fins tragiques. Sans compter les effets immédiats que peuvent avoir la surconsommation d’alcool comparés à ceux d’une forte consommation de cannabis qui mènera souvent à l’assoupissement du consommateur (pour peu qu’il ne soit pas au volant, c’est, me semble-t-il un moindre mal). Je n’ai malheureusement pas encore trouvé votre livre, et je ne sais donc pas si vous y aborder ce sujet mais j’aimerais beaucoup avoir votre opinion sur cette question.
J’aimeJ’aime
12 juin 2012 at 18:42
laissez tomber helene, ce professeur n’a absolument aucune crédibilité, il a annoncé dans un article du figaro qu’il y aurait 15 millions d’usagers de cannabis si il était dépénalisé, soit près de 25% de la population… C’est à des années lumières du taux relevé dans les pays qui ont dépénalisé…
Pour ce qui est de la théorie de l’escalade, c’est indigne d’un professeur de la citer. Il semblerait que 100% des usagers de cannabis ont commencé par le lait maternel. Interdisons le c’est la cause de tous nos maux
J’aimeJ’aime
22 mars 2012 at 11:16
Réponse du Pr. Jean Costentin au message d’Hélène
La littérature sur le cannabis est d’une très grande abondance, des milliers d’articles et d’études y ont été et continuent d’y être consacré.. L’abordant comme une auberge espagnole vous n’y trouvez, Hélène, que ce qui vous convient et vous sélectionnez les seuls auteurs que des médias épris de chichon ont mis en exergue, sans considérer leur apport scientifique réel au sujet. Je vous convie à aborder ce grave sujet en dehors du prisme de l’idéologique ou de la recherche personnelle de justifications d’attitude, ou d’une plus grande facilité d’accès à cette drogue; en ne vous préoccupant , comme je le fais, que des aspects sanitaires et de ce fait sociétaux. Est-ce bon ou mauvais pour la santé physique et psychique des consommateurs ? Quelles en sont les conséquences sociétales ?.
Je partage, en partie, avec vous l’idée qu’une majorité des consommateurs de cannabis n’en sont pas gravement affectés ; cependant j’affirme que tous en auront au moins « un petit coup »,( ce qui peut générer de grands coûts). Paraphrasant Lafontaine (dans les animaux malades de la peste, je crois) « Ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient (un peu) frappés »… La très grande rémanence de l’effet du THC, fait que sous l’influence très durable de cette drogue, le sujet n’est jamais dans l’état qui serait authentiquement le sien (moins attentif, moins disponible au monde, moins ambitieux, moins performant, moins motivé, toujours en deçà de ses capacités réelles.
La théorie de l’escalade vers des drogues encore plus détériorantes est désormais fondée de façon épidémiologique, mais également neurobiologiques. Beaucoup s’accordent à considérer le processus toxicomaniaque comme une entité. Ceux qui ont contesté cette escalade, pour ne pas se déjuger, changent le terme, et admettent celui de polytoxicomanies. Ce qui est plus grave, car ce n’est pas l’abandon d’une drogue pour accéder à une autre plus forte, mais c’est l’ajout à une drogue d’une autre drogue. La toxicomanie fait gravir l’un après l’autre les barreaux d’une échelle : caféine, puis tabac, puis alcool (connaissez vous beaucoup de fumeurs qui ne fument, ni ne boivent de café ?) et l’on continue, avec des chiffres moindres, en raison de la difficulté relative d’approvisionnement du fait du prix et du caractère illicite, avec le cannabis, puis la cocaïne, le Subutex® (produit de substitution à l’héroïne), pour accéder à l’héroïne. Dans cette échelle, le barreau de l’héroïne (250.000 individus pour l’occuper en France) ploie sous un afflux régulièrement croissant de nouveaux venus, conséquence de la poussée produite par la sur-occupation des barreaux du dessous ; ceux du cannabis et de la coke. Les services hospitaliers d’alcoologie d’autrefois ont tous dû s’ouvrir à la prise en charge des autres toxicomanies envahissantes. Il est impératif de briser les barreaux du bas de cette échelle, en s’attaquant au tabac, à l’alcool; il faut en effet différer, à tout le moins, à défaut de prévenir, l’usage de ces deux drogues chez nos mômes. Il faut recourir pour cela à une pédagogie intense, adaptée, dispensée par des enseignants motivés, non consommateurs de ces drogues et d’autres drogues encore, enseignants formés à cela (ce qu’ils n’ont pas été dans les IUFM). Je vous invite, Hélène, à lire le livre d’une homonyme (Hélène « J’ai commencé par un joint »Oh! Editions 2006), très triste illustration de l’escalade..
Dans la compétition économique internationale, » il n’est de richesse que d’Hommes », ni shootés, ni camés, ni paumés ; des hommes intellectuellement bien formés, physiquement et psychiquement en bonne santé, motivés, déterminés, ambitieux. Or « le chichon ça rend con »; bête et paresseux, avec des difficultés à apprendre (« pétard du matin poil dans la main, pétard du soir trou de mémoire »), c’est la drogue du rire bête, du j’men foutisme, de la résignation, de la mémoire en dentelle, de la croissance négative, de la régression…
Si la transgression est nécessaire à certains ados pour accéder au stade adulte, c’est au niveau du tabac et de l’alcool qu’il faut l’organiser, ou du moins la situer et non point au delà du cannabis (ce à quoi aboutirait sa légalisation). Il y a de tristes adultes qui, pour leur petit confort égoïste, sont prêts à exposer nos jeunes, nos « germes d’éternité », au feu du cannabis. Ils me rappellent ces salopards qui, pour réchauffer leur gamelle, parce qu’ils veulent manger chaud! prennent le risque, en allumant leur petit feu, d’embraser la forêt en période de sécheresse.
A l’heure où la Finlande et l’Islande (de mémoire) ont programmé pour dans 25 ans l’interdiction de la vente libre du tabac (25 ans c’est le temps nécessaire pour purger leur population des sujets actuellement tabaco-dépendants, ce qui consiste, dès maintenant, à instaurer l’impossibilité pour les jeunes de s’approcher du tabac), il y a, en France, des Hélènes (avec un seul l),qui militent pour la légalisation du cannabis. Ce sont souvent les mêmes qui critiquent les médicaments imparfaits prescrits à quelques uns, mais qui faciliteraient l’accès au plus grand nombre de cette drogue, de ce toxique; jetant aux orties le fameux rapport bénéfices / risques (avec des risques multiples et parfois très graves pour le consommateur, et des bénéfices juteux pour ceux qui, en toute indignité, en font commerce); et faisant fi du sacro- saint principe de précaution.
Quant à la solitude dans laquelle vous me situez, pour ma position ferme de ne pas dépénaliser l’usage du cannabis, sachez tout d’abord que relativement au grand public, j’appartiens aux 65% des citoyens français encore récemment interrogés sur ce sujet, qui, en dépit d’un matraquage médiatique contraire, sont contre cette dépénalisation. Cette solitude je ne la perçois pas du tout non plus, dans la grande majorité des cercles, clubs, académies, associations, auditoires que je fréquente assidument. Je ne souffre pas de distorsion de la pensée, aidé sans doute en cela par le fait de n’avoir jamais consommé cette drogue. Ma conviction est bâtie à partir de mes propres recherches, de mes observations, des débats auxquels je participe régulièrement et par une lecture attentive et le plus exhaustive possible de la littérature ; lecture qui ne se limite pas aux médias en vogue, les plus tonitruants, si prompts à concevoir des clichés si facilement admis et restitués.
Merci Hélène de m’avoir permis par cette réponse, un peu longue, de préciser quelques points de cet important sujet.
J’aimeJ’aime
16 mars 2012 at 15:01
A Monsieur Deker,
Je vois mal comment on pourrait à la fois faire de la prévention et lever l’interdiction du cannabis . Car faire de la prévention , c’est expliquer que cette drogue est un poison; comment alors justifierla suppression de l’interdiction; C’est l’un ou l’autre mais pas les deux
Jean-paul tillement
J’aimeJ’aime
15 mars 2012 at 15:19
Monsieur Costentin, le législateur (en France) a choisi de distinguer des drogues légales (tabac, alcool, médicaments antidépresseurs etc…) et illégales (cannabis, cocaïne, champignons hallucinogènes, héroïne etc…), ce classement (s’il répond à une logique) est aujourd’hui contesté et il est bon de rappeler, au milieu de toute cette rhétorique anti cannabis, la parole de vos collègues scientifiques français et étrangers: la classification de l’OMS (1971), le rapport Pelletier (1978), le rapport Roques (1998), Professor David Nutt (2007), Professor Colin Blakemore (2007)… cette liste n’est pas exhaustive naturellement il manque nombres de scientifiques américains. Ces scientifiques, vos collègues, s’accordent pour dire que la dangerosité du cannabis (sur l’homme, sa santé et sur la société) est faible par rapport aux autres drogues. Certes le cannabis n’est pas anodin, il peut révéler la schizophrénie et d’autres pathologies (cancer, dépression etc que vous citez dans votre livre), mais la question qui est posé est: A quelle échelle? En d’autres termes sur les millions de consommateurs combien vont sombrer dans la dépression, la schizophrénie ou autre. Pour moi c’est cela qui dé-crédibilise profondément votre discours; il y a des dangers des problèmes mais cela représente une part tellement faible de consommateurs que vos arguments ne les touchent pas. J’ai 28 ans cela me rappelle au début du lycée, la théorie de l’escalade en vigueur à l’époque ( la consommation de cannabis peut entraîner le passage aux drogues dures) c’était assez effrayant pour un expérimentateur du cannabis. Cependant sur les millions de consommateurs réguliers combien consomment de l’héroïne, ont sauté le pas? Le message n’est pas crédible. Et pourquoi se focaliser sur le cannabis, 100% des héroïnomane ont déjà consommé de l’alcool, ou fumé des cigarettes dans ce cas n’y a t’il pas une escalade due à ces drogues légales. Ce n’est pas le cannabis qui entraîne une consommation de drogue dure mais bien une prédisposition à la « défonce » que ce soit chocolat, café, cigarette ou alcool ou cannabis… deplus le marché illégal met en contact le consommateur avec les drogues dures. Vous êtes en 2012 un des seul à défendre cette hypothèse qui selon moi dessert votre cause car elle n’est pas vérifiée scientifiquement.
Pour conclure je reconnais la dangerosité du cannabis et je m’interroge sur son interdiction, comment peut on la justifier si ses effets négatifs ne concernent qu’un très faible pourcentage de consommateurs alors que pour des drogues légales (alcool, tabac) les morts et malades se comptent par millions dans le monde, sans compter les effets nuisibles sur la société. Tant qu’il existera des drogues légales si puissantes l’interdiction du cannabis ne pourra pas se justifier. C’est bien pour ça que beaucoup défendent sa légalisation, ils ne nient pas ses effets négatifs mais rapportés au nombre de consommateurs cela n’est pas grand chose (j’espère ne pas vous choquer)
Une légalisation permettrait de cadrer la consommation et de mieux soigner les malades tout en laissant les amateurs qui n’ont aucun problème avec, libres de leurs choix. C’est une vision qui peut vous paraître égoïste mais qui est pragmatique en phase avec le XXIème siècle et le contrôle des risques.
Pour finir je dirai que la guerre contre le cannabis fait plus de dégâts que le cannabis lui-même.
J’aimeJ’aime
9 mars 2012 at 15:32
Le professeur Jean Costentin répond à monsieur Paul Deker
Monsieur Deker, mise (parie) sur la pédagogie et sur le respect de la loi qui baliserait la légalisation du cannabis pour empêcher les débordements que me fait redouter une telle légalisation.
La pédagogie et la loi s’échinent depuis des décennies à gérer le caractère licite du tabac et de l’alcool, avec les résultats épouvantables que l’on constate. Notre pays compte plus de 12 millions de sujets dépendants au tabac ; qui sont incapables de s’en détacher ; ce tabac qui fait 70.0000 morts chaque année, ce tabac qui fait qu’un fumeur sur deux mourra d’une cause en relation avec cette consommation. En dépit de la loi interdisant la vente et la consommation de tabac aux mineurs, ceux-ci n’ont jamais été aussi nombreux à en consommer, avec un rajeunissement régulier des premiers usages, et une addiction d’autant plus forte qu’elle s’est plus tôt installée. Ils y ajoutent désormais, de plus en plus souvent, du cannabis. S’il est très difficile de s’abstraire de la seule addiction au tabac, qui pourtant n’altère pas la volonté, il devient parfaitement impossible de se détacher d’une double addiction tabac-cannabis, d’autant que ce dernier amoindrit considérablement la volonté. Même échec de la loi et de la pédagogie s’agissant de l’alcool, qui revient en force chez les jeunes : alcools forts, « Premix », « shooters » , pratique de la « biture expresse », de l’alcoolisation aigue, de la « défonce »….
Quant à exciper des vertus médicamenteuses du cannabis, il s’agit là d’une « manipe » qui devrait être éventée, en raison d’un rapport bénéfice sur risque dont on sait désormais qu’il ne pourrait être plus déplorable.
Ce n’est pas quand tout brule qu’il faut élargir l’offre ; et se débarrasser des extincteurs de la loi même si l’on constate sa faible efficacité.
J’invite monsieur Deker à lire attentivement ce livre, où les points qu’il soulève ont été spécifiquement traités.
J’aimeJ’aime
9 mars 2012 at 15:27
Le professeur Jean Costentin, auteur du livre « Pourquoi il ne faut pas dépénaliser l’usage du cannabis » répond à Luc
Première remarque à Luc – « De la discussion peut jaillir la lumière » ; aussi je vous convie, pour susciter cette discussion, à éviter, d’entrée de jeu, les formules agressives et les jugements blessants vis-à-vis de celui que vous voulez contredire.
Passant outre (exceptionnellement) à cette attitude je vais m’appliquer à vous répondre.
1-Vous vous réjouissez de l’augmentation du taux de THC dans les marijuanas et les haschischs en circulation, qui serait, selon vous, la conséquence d’un moindre coupage par des produits toxiques. Votre interprétation est très largement fausse. D’abord parce que la toxicité principale de la toxicomanie au cannabis est liée au THC (et donc à son taux) ; ensuite parce que cette augmentation des taux ne résulte pas d’un moindre coupage mais de l’obtention de variétés de chanvre indien beaucoup plus riches en ce principe actif. Cela résulte d’une reproduction dirigée, de sélections génétiques de plantes, de la castration des fleurs mâles pour prévenir la fécondation des fleurs femelles qui, évoluant sans former de graines (« sinsemilla »), comportent des taux extravagants de THC (> à 25%), de manipulations génétiques, de mise au point d’engrais, du recours à des lampes sélectionnant des longueurs d’onde optimales, d’une hygrométrie régulée, de cycles jour/nuit les mieux adaptés à une production maximale de THC.
2-Vous faites l’apologie de la vaporisation du THC et présumez que l’auteur du livre, forcément inepte puisqu’il trouble vos certitudes et déranges vos convictions, n’en a jamais entendu parler. Je vous réponds :
a) que ce mode de consommation est encore tout à fait marginal (ce qui n’exclue pas qu’il se développe).
b) qu’il s’inspire de la « E-cigarette », qui vaporise la nicotine pure (associée à des polyols, dont l’innocuité n’est pas encore assurée). Si cette modalité de consommation élimine très opportunément les goudrons cancérigènes et l’oxyde de carbone (poison de l’hémoglobine), cela ne porte que sur l’aspect cancérogène pour la sphère O.R.L. et broncho-pulmonaire ; laissant persister les autres méfaits multiples et parfois très graves du THC.
c) C’est le lieu de rappeler, pêle- mêle, l’anxiété, la dépression avec ses risques suicidaires, la schizophrénie avec ses 10% de morts violentes et ses vies « foutues », la désinhibition avec ses conduites sexuelles à risques (SIDA, hépatites), l’ivresse et ses multiples accidents routiers et professionnels, l’escalade vers des drogues encore plus détériorantes (telle l’héroïne), les perturbations des grossesses et des bambins qui en naitront, et, à l’âge de l’éducation, de la formation, l’installation d’une incapacité majeure d’en bénéficier, ce qui peut « plomber » littéralement toute l’existence qui suivra….
Je vous souhaite, Luc, une bonne et sereine lecture de ces réponses et je vous invite à lire le livre tout entier, puisqu’il traite d’un sujet qui parait vous passionner.
J’aimeJ’aime
6 mars 2012 at 21:10
Jean Costentin, ne semble pas connaître le sujet:
« Il évoque l’accroissement de la teneur en THC des produits en circulation »,
C’est une bonne chose car cela veux dire que le produit que consomme l’utilisateur est moins coupé et donc qu’il fume moins de produit nocifs qu’utilise les dealeurs
» les nouveaux modes d’administration (pipe à eau) qui en décuplent la cession à l’organisme »
Les nouveaux modes de consommation c’est la vaporisation,
« des effets cancérogènes très supérieurs à ceux du tabac (pour la gorge et l’appareil respiratoire) »
Ce qui n’est pas le cas avec la vaporisation car il n’y a pas de fumée.
Je ne suis pas un professeur pharmacologue, neurobiologiste…. pourtant il semble que je sois mieux informé que lui.
J’aimeJ’aime
6 mars 2012 at 11:14
Il importe plus de prévenir et surtout de convaincre, la prohibition devrait-être limitée à titre de protection aux seules personnes incapables de se protéger contre les drogues (toxicomanes etc ) et/ou d’en comprendre le danger (mineurs, incapables majeurs etc)..
La vente devrait être contrôlée et la distribution, sur ordonnance médicale le cas échéant, surveillée. En cas de débit non autorisé l’infraction ne devrait être sanctionné que dans la personne de celui ayant enfreint l’interdiction.
Paul DECKER
J’aimeJ’aime