Grâce aux progrès des neurosciences, on connaît mieux les mécanismes biologiques de l’addiction. Reste à pouvoir les combattre.
Pour que la recherche progresse dans le domaine de la lutte contre les addictions, la Fondation pour la recherche sur le cerveau consacre sa semaine de campagne 2012 (et sa quête de fonds) aux addictions et aux dépendances. Un problème de santé publique majeur, quand on sait que, en France, 9,7 millions de personnes âgées de 12 à 75 ans consomment régulièrement de l’alcool, que 14 % des 17-18 ans fument du cannabis seuls et/ou avant midi, que 250 000 personnes consomment de la cocaïne chaque année et que 15 % des 18-44 ans prennent de façon répétée et combinée de l’alcool, du tabac et du cannabis. Il faut y ajouter que notre pays est le plus gros consommateur européen de médicaments.
Contrairement aux idées reçues, l’addiction ne reflète pas une faiblesse ou un manque de volonté chez l’individu dépendant. Les substances psychoactives agissent sur le système cérébral, l’envahissent et modifient son fonctionnement. Le cerveau subit des perturbations complexes de ses mécanismes, entraînant une perte totale du comportement. Il s’agit donc d’une maladie neurologique qui doit être traitée comme telle.
Basculement
Le processus menant à l’addiction commence toujours par un usage dit « récréatif », c’est-à-dire par des consommations ponctuelles, parfois festives, pour goûter aux effets positifs d’une substance psychoactive ou d’un comportement donné. La prise d’alcool, par exemple, permet au timide de discuter avec les autres convives et de passer une bonne soirée. C’est pourquoi il aura envie de renouveler cette expérience agréable. D’où un risque d’abus, de recours fréquents à une substance qui le soulage, même s’il sait que c’est dangereux, puisque le risque de basculer vers la dépendance est réel, quelle que soit la volonté de s’en sortir.
Certaines personnes passent plus facilement que d’autres du stade de l’abus à celui de la dépendance. « La génétique peut l’expliquer », affirme le professeur Jean-Paul Tassin, neurobiologiste, directeur de recherche à l’Inserm et membre du conseil scientifique de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies. Les spécialistes savent aussi que l’histoire du patient et son développement psychoaffectif peuvent le rendre plus vulnérable à l’addiction. Ils estiment que 30 % des femmes toxicomanes auraient subi des abus sexuels familiaux dans leur jeune âge. Il existe également un lien entre addiction et stress.
Rechute
Grâce aux progrès des neurosciences, on connaît de mieux en mieux les mécanismes neurobiologiques de l’addiction. Ils sont étroitement liés au « système de récompense », un circuit cérébral responsable des sensations de plaisir ressenties après certaines actions. C’est grâce à lui que nous renouvelons les comportements indispensables à notre survie, comme manger, boire, procréer… Dans les troubles addictifs, ce mécanisme fondamental est perturbé. Les addictions comportementales, comme le jeu pathologique ou l’hypersexualité, font appel aux mêmes stimuli que la prise de substances psychoactives sur le cerveau de la personne dépendante : le plaisir et le soulagement. Dès que l’individu n’arrive pas à maîtriser la pratique de l’activité et souffre s’il fait autre chose, il est dans le cadre de la dépendance.
Pour éviter les pièges de l’addiction, le meilleur moyen est d’éviter de s’y exposer. Plus facile à dire qu’à faire pour certains… Même s’il existe des traitements potentiellement efficaces, le risque de rechute reste élevé. Toute personne qui a été « accro » à une substance ou à un comportement a donc tout intérêt à éviter de « retenter sa chance » pour limiter le risque de « plonger » de nouveau.
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