Par François Benito -28 octobre 2020,

Le risque d’overdose est plus important lors d’utilisation de drogues de synthèse. (Photo DR)

Une semaine de prévention des addictions chez les jeunes se tient jusqu’au 31 octobre. Elle cible un public particulièrement vulnérable aux conduites addictives et qui est désormais exposé à l’irruption des drogues de synthèse sur l’île.

« Si on fait de la prévention à l’adolescence, c’est déjà tard. Plus on commence les drogues tôt, plus il y a de chances que les addictions s’installent. » L’addictologue David Mete pose un constat lucide sur la nécessité de prévenir précocement les comportements à risque en matière d’addictions. Une nécessité qui va s’incarner jusqu’au 31 octobre via la tenue d’une semaine de prévention en direction du jeune public, organisée par la FRAR (Fédération Régionale Addictologie Réunion) et les Maillons de l’espoir, dont le mot d’ordre est « Choisis ta voie ! «

Loin d’être un phénomène mineur, l’addiction concerne un nombre croissant d’adolescents et préadolescents réunionnais. D’après l’Observatoire Régional de la Santé (ORS), 8 jeunes sur 10 ont déjà essayé l’alcool à 17 ans et 1 sur 3 a consommé une forte quantité d’alcool. « Il y a trois types de public, détaille David Mete. Ceux qui n’ont jamais consommé, ceux qui ont déjà testé et ceux qui ont une addiction. Ce qui nous inquiète actuellement, c’est que la société est de plus en plus addictogène. »

Une situation qui se manifeste tant dans la dépendance accrue aux écrans que dans l’irruption de nouvelles drogues de synthèse désormais disponibles pour le grand public. Autrefois cantonnées à des consommateurs initiés et rares, la MDMA, l’ecstasy et même l’héroïne sont de plus en plus présentes sur l’île. « La fréquence de consommation des produits augmente sur l’île. Il y a des passeurs et des mules qui sont régulièrement arrêtés. Il faut une mobilisation pour éviter que des réseaux mafieux ne s’implantent sur l’île et que ces nouvelles drogues ne s’implantent durablement. »

Un enjeu de santé publique

Cet enjeu est de taille tant les conséquences d’addictions à ces drogues de synthèse pourraient avoir des conséquences néfastes. Si jusqu’à présent les overdoses mortelles sont relativement rares à La Réunion, elles pourraient se multiplier au vu de la dangerosité et de l’imprévisibilité de ces substances chimiques. Au vu du contexte anxiogène qui règne actuellement à cause du covid, et d’un environnement socio-économique réunionnais marqué par un chômage persistant et endémique, ces risques ne sont pas à sous-estimer.

Pour parvenir à les endiguer, l’une des solutions reste une prévention plus active. Une prévention dans le domaine de la santé publique autour de laquelle les moyens doivent être accentués pour la rendre bien plus efficace. « La prévention a toujours été le parent pauvre de la médecine en France.Le dispositif de santé se concentre sur le soin. Il faut déployer bien plus de moyens pour rendre cette prévention aux addictions visible à l’ensemble de la population. »

En attendant que ces moyens se débloquent, la semaine de prévention des addictions chez les jeunes Réunionnais va mener plusieurs actions de sensibilisation tant sur les réseaux sociaux qu’aux abords des établissements scolaires aux quatre coins de l’île. Des actions qui semblent indispensables tant les conduites addictives sont lourdes de conséquences si elles s’installent durablement.

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