Guillaume Roquette. Le Figaro
À chaque explosion de violence dans les banlieues, contre la police ou entre trafiquants de drogue, la proposition revient sur le tapis: et si on légalisait le cannabis? La question mérite en effet d’être posée, au vu de la barbarie qui règne dans ce que l’on appelle pudiquement «les zones de non-droit». Et pas seulement à Marseille, puisque toutes les métropoles sont désormais le théâtre des règlements de comptes et des batailles rangées avec la police. Cette semaine encore, les forces de l’ordre se faisaient tirer dessus aux abords d’un point de deal à Lyon.
À découvrir
- L’objectif de la légalisation est évidemment de faire baisser le niveau de la délinquance en normalisant le commerce du cannabis comme cela a été fait ailleurs, au Canada, en Uruguay ou dans plusieurs États américains. Le problème est que le résultat n’est pas vraiment probant: un marché noir demeure et les trafiquants se sont rabattus sur les drogues dures pour combler le manque à gagner.
- Comme le dit pertinemment le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin: «Pensez-vous que des voyous qui gagnent 100.000 euros par jour vont monter une petite échoppe et payer des cotisations?» Et il est à craindre que les petits dealers, souvent très jeunes, qui peuplent les territoires perdus de la République soient bien trop marginalisés pour pouvoir revenir vers une activité professionnelle licite mais payée au smic. Ils préféreraient sans doute les braquages ou le racket. À moins qu’ils ne continuent à dealer du cannabis: la vente de cigarettes a beau être parfaitement légale, un paquet sur quatre est vendu au noir dans notre pays.
Refus d’une vraie politique de répression
Et puis, on néglige la dimension transgressive d’une institutionnalisation des drogues «douces». Ceux qui affirment que «presque tous les adolescents en consomment» mentent: 70 % des jeunes Français de moins de 16 ans et plus de la moitié des 15/64 ans n’ont jamais touché un joint de leur vie. Sans doute parce que le respect de l’interdit signifie encore quelque chose pour eux.
Comment les parents pourraient-ils convaincre leurs enfants de la dangerosité du produit si celui-ci est en vente libre ?
L’argument de la légalisation sert trop souvent à masquer le refus d’une vraie politique de répression. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il est surtout brandi par des responsables politiques de gauche ou écologistes. Ils en usent comme ils prônaient autrefois la rénovation urbaine, supposée être le remède absolu à la délinquance dans les quartiers.
Or, on constate quotidiennement qu’il n’en est rien: le quartier de la Duchère à Lyon, où des policiers ont failli se faire tuer cette semaine, a bénéficié de plus de 700 millions d’euros d’argent public pour sa réhabilitation! Mais ni le gymnase, ni la bibliothèque municipale, ni les stades, ni la halle d’athlétisme, ni la piscine d’été, ni les centres sociaux n’ont fait reculer d’un centimètre le trafic de drogue. Contre ce fléau, il n’y a pas de solution miracle.
Ecrire un commentaire