La “Global Drug Survey” (GDS) est la plus grande enquête internationale sur l’usage des drogues, légales et illégales. Elle est fondée sur les réponses des consommateurs et milite pour une réduction des risques.
La Global Drug Survey (GDS) est la plus grande enquête internationale sur l’usage des drogues. Dirigée par le Dr Adam Winstock, psychiatre addictologue, son projet est de “donner la parole à ceux qui connaissent le mieux les drogues : les consommateurs”.
La GDS 2014 a été conduite en novembre/décembre 2013 sur un échantillon de près de 80 000 usagers de drogues à travers 18 pays. C’est par une application disponible sur les plateformes de téléchargements qu’ont été recueillis les résultats (Drugs Meter & Drinks Meter). Pour la première fois cette année, la France a pris part à l’étude (2 051 personnes ont répondu aux deux questionnaires).
L’enquête porte sur toutes les addictions, des drogues dures (cocaïne, héroïne) et illégales (comme le cannabis) aux substances légales (tabac ou caféine). L’enquête ne permet pas d’établir un constat représentatif, l’échantillon questionné représente une population jeune, allant jusqu’aux trentenaires, plutôt éduquée et qui a fréquenté des boîtes de nuit durant les quatre dernières années. Elle permet toutefois de dégager quelques tendances commune aux 18 pays concernés par l’enquête.
L’alcool, tout en haut du podium
Le constat est sans équivoque, en France (94,3 % des sondés en ont consommé) et globalement dans l’étude mondiale, l’alcool demeure “le plus gros problème et de loin la plus grosse charge pour les services de santé” d’après le Dr Winstock. Plus inquiétant, de nombreux usagers ne mesurent pas les risques auxquels ils sont confrontés. En moyenne, plus de 40 % des consommateurs ne sont pas conscients de leur addiction (le pourcentage grimpe à 65 % pour l’Allemagne). Se basant sur le World Health Organization Alcohol Use Disorders (Audit), 25 % des personnes qui ont obtenu un score de 20 ou plus (ce qui les classe comme dépendants) pensent que leur consommation se situe dans la moyenne voire au-dessous.
Pour le Dr Winstock, un début de solution peut se trouver dans l’application Drinks Meter qui, d’après l’analyse de votre consommation d’alcool sur la semaine écoulée, détermine le total d’unités d’alcool ingéré et sa conversion en calories (convertissant ce chiffre en nombre de burgers) : “Un des moyens les plus efficaces pour réduire la consommation excessive d’alcool consiste à simplement montrer aux personnes combien elles boivent.”Limpide comme de l’eau.
Tabac et cannabis, médailles d’argent et de bronze
Le tabac (74,2 % des Français sondés) vient au deuxième rang du classement. Toutefois plus de la moitié de l’échantillon clame son “désir de fumer moins, voire d’arrêter”. L’étude coupe aussi court à l’idée selon laquelle la cigarette électronique tendrait à réduire la consommation de tabac “classique” des fumeurs. Seulement 10 à 20 % de ceux qui ont essayé la cigarette électronique, auraient remplacé leurs clopes pour une “vapoteuse”.
Troisième sur le podium (66,6 %) le cannabis (ainsi que ses dérivés) dont les amateurs ne diminuent pas. Toutefois les attentes des consommateurs apparaissent comme “paradoxaux”. Ils réclament un cannabis toujours pur pur (et donc plus fort en THC) mais en craignent les effets négatifs (troubles de la mémoire, hébétude, etc.)
Juste derrière ce tiercé gagnant, viennent MDMA, cocaïne, boissons cafféinées et cigarettes électroniques. Devant la cocaïne (24,4 %), jugée trop chère (en moyenne 100 euros le gramme en Europe, jusqu’à 250 euros en Nouvelle-Zélande) et de mauvaise qualité (une note moyenne de 3,4/10 pour le rapport qualité prix), la MDMA (23,1 %) – issue de la même molécule que l’ecstasy – qui connaît un regain d’intérêt ces dernières années et la cigarette électronique (22,8 %), on retrouve les boissons énergisantes à base de caféine (37,9 %) dans la liste des addictions, qu’elles soient “légales” ou non.
Pour un usage raisonné des drogues
Une autre tendance est mise en lumière par l’étude, celle de la gueule de bois au travail. Près d’un tiers de l’échantillon reconnaît s’être rendu sur son lieu de travail avec la gueule de bois. Toutefois moins de la moitié de cet échantillon extrait avoue avoir en plus consommé de la drogue avant d’aller au travail.
Pour conclure, selon le Dr Winstock, l’enquête de la GDS peut se transformer en un outil pour les politiques publiques. Car ces dernières ne s’adressent en général qu’“à une minorité d’usagers qui ont développé une dépendance”, tout en ignorant tous ceux qui “aiment boire et prendre des drogues” pour leur prétendu côté festif. “La plupart des consommateurs ne subissent pas de conséquences graves, affirme le Dr Winstock. Le moteur n’est pas la dépendance, mais le plaisir.” Il a ainsi mis au point le “High Way Code” (jeu de mots avec high, défoncé), lancé le 15 avril sur internet. Mis en place en collaboration avec des consommateurs, son but premier est de sauver des vies en promouvant une consommation “moins nocive des drogues”. Et ainsi accepter l’idée, selon Winstock, que la plupart des méfaits liés à la consommation de drogues peuvent être considérablement réduits par la façon dont vous les consommez.
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