Pr. Jean Costentin

Notre société est fragile et nombreux sont les maux qui l’accablent.

Concentrons nous sur quelques uns d’entre eux.

Un appauvrissement intellectuel global de plus en plus perceptible, que ne compensent ni les performances de l’informatique ni celles de l’intelligence artificielle ; cette dernière faisant même  croire qu’on pourrait se dispenser de développer sa propre intelligence.

Notre jeunesse est devenue ce que nous en avons fait ou délégué à d’autres le soin d’en faire. Ne lui reprochons pas ce qui nous est imputable. Un aggiornamento incombe aux adultes pour qu’ils corrigent les aberrations qui sont de leur fait, en commençant par l’abrogation des méthodes pédagogiques aux résultats lamentables: l’apprentissage non syllabique de la lecture qui génère nombre d’illettrés ;

– les « maths modernes » et leurs succédanés, amenant au constat « à quoi bon apprendre les quatre opérations puisqu’on a des calculettes» ;

– l’auto construction des savoirs par l’élève;

– la dévalorisation des « maîtres », devenus des « profs » qui, après une sélection peu attentive à leurs motivations profondes, ne reçoivent plus de formations spécifiques à l’enseignement ;

-un syndicalisme indifférent aux résultats des élèves, se préoccupant surtout de salaires et de temps de travail ;

– l’effacement de l’élitisme, étendant ses méfaits jusqu’à l’enseignement supérieur ;

– la suppression des notes, puis des lettres ; la farce d’un baccalauréat n’abusant plus ni ses récipiendaires, ni leurs parents ;

– l’attaque niveleuse régulière contre les établissements d’excellence encore préservés ;

– l’abréviation du temps consacré à l’étude ; au profit de celui accordé à l’oisiveté ou à des fariboles ;

– la diversification des enseignements infligés à ceux qui ne maitrisent même pas les matières fondamentales;

– le passage quasi systématique dans l’année supérieure, plongeant dans le grand bain des élèves qui déjà perdaient pied dans le pédiluve; avec une noyade prévisible qui les propulse dans la dépression, la rébellion, la délinquance ou les toxicomanies ;

-le quart-temps, voire davantage,  qu’on laisse passer aux jeunes devant les écrans et tablettes ; avec souvent un libre accès à des films pornographiques ou d’une violence débridée ; ceci joint à la grande indigence de la TV, d’autant plus irritante qu’elle pourrait être un outil pédagogique extraordinaire ;

-et de surcroit, l’extension considérable des toxicomanies faisant de notre Nation la  première consommatrice du cannabis en Europe ; conséquence d’une absence complète  de prévention (au point qu’elle semble délibérée.     

Ajoutons à ce cocktail  :

– les complaisances coupables des  médias qui masquent délibérément ces aberrations ;

– la démagogie et le suivisme des politiciens ;

– l’égoïsme de la génération formée dans les convulsions gauchistes de mai 1968, adepte de « l’interdiction d’interdire », du « jouir sans entrave » ; de l’indulgence qui a longtemps prévalue pour la pédophilie ; d’une sanctification du veau d’or ; du nihilisme ; de la culture de l’excuse ; du « wokisme ».. ;

 -la désagrégation de la cellule familiale, avec l’effacement ou la fuite paternelle ; la programmation d’enfants sans père ; ou d’enfants à deux pères ou à deux mères ;  un féminisme sans doute utile, mais qui se dénature en s’exacerbant ;

 -l’exaltation des déviations sexuelles ;

 -l’intrusion de questionnements sur le genre, à des enfants que n’effleuraient pas l’interrogation sur leur identité sexuelle ;

– l’immunité  et même l’appui accordés aux « déconstructeurs » ;

– la « ringardisation » des « valeurs » ;

– l’effondrement du sacré et des religions qui « d’opium du peuple », font place aux drogues pour tous ; le regard divin remplacé par les caméras de surveillance ;

 -les incitations à la progression des toxicomanies, avec une mission parlementaire qui, à marche forcée, travestit le cannabis en médicament, préalable à sa légalisation pour un usage « récréatif » (triste «récré»).

On est presque surpris que les dégâts engendrés par l’accumulation de tant d’agressions soient moindres que ce qu’ils pourraient être, avec des ilots de résistance et une bonne capacité de résilience d’un certain nombre de nos jeunes. Néanmoins un infléchissement de la trajectoire de ces folies s’impose pour la survie de notre société.

 Nos jeunes devront vider ses écuries d’Augias du fumier qui s’y est accumulé depuis 1968. Ils devront pour cela conserver ou recouvrer « un esprit sain dans un corps sain » ; à l’opposé de celui que les drogues leur font ou leur feraient subir.

Parents, éducateurs, décideurs, pour être absouts des sévices qu’ils ont infligés ou laissé infliger à nos jeunes, doivent les soustraire aux méfaits des drogues ; sinon, l’extension de leur intoxication conduira à l’anéantissement prévisible.

Comme l’exprime la devise du Centre National de Prévention, d’Etudes et de Recherches sur les Toxicomanies (CNPERT) :

«S’il est important de nous préoccuper de l’état de la planète que nous léguerons à nos enfants, il l’est plus encore de nous préoccuper de l’état des enfants que nous léguerons à cette planète».