Ernest Ginot 

Une bonne gueule de bois environnementale est à prévoir après avoir bu ces lignes.

Tout ou presque a un coût environnemental et l'alcool n'y échappe (malheureusement) pas. | Wil Stewart via Unsplash
Tout ou presque a un coût environnemental et l’alcool n’y échappe (malheureusement) pas. | Wil Stewart via Unsplash

Pourquoi envions-nous l’orgasme des cochons? Les gauchers sont-ils davantage intelligents? Quand il pleut, est-ce que les insectes meurent ou résistent? Vous vous êtes sans doute déjà posé ce genre de questions sans queue ni tête au détour d’une balade, sous la douche ou au cours d’une nuit sans sommeil. Chaque semaine, L’Explication répond à vos interrogations, des plus existentielles aux plus farfelues. Une question? Écrivez à explication@slate.fr.

L’alcool est un véritable danger pour la santé. Jusqu’ici, rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous. Ce que l’on sait moins, c’est que les boissons alcoolisées sont aussi dangereuses pour notre planète.

Pas d’ivresse, de chanson paillarde avec la Lune ou de coma éthylique en perspective pour la Terre, mais plutôt une dégradation de l’environnement importante, causée par la production de ces breuvages.

Certes, la question écologique n’est pas forcément la première chose à laquelle on pense quand on boit sa bière, tranquille, à la terrasse d’un troquet. Pourtant, le problème pourrait bien s’inviter à table un jour, vu l’impact sur la planète que peut avoir la production d’alcool en tous genres (vin compris, hélas). Attention: la gueule de bois risque d’être rude après la lecture, pour toutes celles et ceux qui se soucient de l’environnement, mais qui ne refusent jamais un petit godet.

L’alcool, c’est de l’eau (beaucoup d’eau)

Ce n’est pas l’alcool en soi qui a une empreinte écologique importante. L’alcool ne dégage pas directement de gaz à effet de serre et ne roule pas au diesel. Non, c’est plutôt sa production et sa distribution qui posent problème.

La forte pollution liée aux boissons alcoolisées est d’abord due à leur transport. D’une bouteille de tequila partant du Mexique à un shooter dans un bar parisien, il y a une trotte. Les divers emballages du produit sont aussi pointés du doigt. Bouteilles en verre ou en plastique, canettes: tout a un coût environnemental, et pas des moindres.

La forte consommation d’eau nécessaire à la production des ingrédients pour fabriquer ces liquides, sans oublier l’utilisation à outrance des pesticides, est aussi à prendre en compte. Cette même production d’alcool rejette également souvent des déchets toxiques, qui ravagent les sols. Prenons notre fameuse tequila du Mexique. Pour chaque litre produit, cinq kilos de pulpe et onze litres de déchets acides sont déversés dans les sols et l’eau environnante du pays de production, rapporte The Independent. Sacrée gueule de bois environnementale.

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Un chiffre particulièrement marquant montre bien l’ampleur de ce phénomène: au total, on estime que 0,7% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde seraient dues à l’alcool. Soit presque autant que la part de… la France: 0,9% des émissions mondiales de CO2 (un chiffre qui ne concerne que les émissions territoriales).

Vin, bière, alcools forts…

Alcools: tous coupables? Pas vraiment. Face à ce problème, toutes les boissons n’ont pas le même bilan.

Le vin, par exemple, pose un vrai problème: sa production nécessite beaucoup (beaucoup) d’eau. Un simple verre de vin de 125 ml requiert l’utilisation de 109 litres d’eau! Une quantité conséquente, alors que la France –et une grande partie du monde– fait face à une pénurie d’eau de plus en plus menaçante.

Si l’on ne souhaite pas lâcher la bibine, mieux vaudrait notamment se tourner vers du vin en cubi. Au moins, son emballage en carton n’est pas aussi polluant que son cousin commercialisé en bouteilles en verre.

Et la bière dans tout ça? Elle n’y échappe malheureusement pas non plus. La production d’une bouteille de bière de 500 ml consommerait jusqu’à 148 litres d’eau. C’est légèrement mieux, mais loin d’être satisfaisant. Sans compter qu’une bouteille de bière importée et achetée dans le commerce, que l’on sirote tranquillement chez soi, serait responsable de la libération de 900 grammes de CO2.

Ce chiffre tombe drastiquement à 300 grammes de CO2 si on boit une mousse brassée localement, transportée en fûts et directement dans un pub, ajoute le Guardian.

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La taille du verre a-t-elle une influence sur le goût du vin?

Ouf, vous dites-vous, les alcools forts sont sauvés! Pas de culpabilité à avoir en engloutissant un verre de whisky, voire de pastis bien corsé… Malheureusement, le bilan n’est pas plus reluisant pour ces derniers. Plus la teneur en alcool d’une boisson est élevée, plus son empreinte carbone est conséquente.

À y regarder de plus près, seul le cidre biologique local aurait les faveurs de la planète. Bien souvent produit à partir de fruits qui n’auraient pas été vendus autrement, il permet de réduire le gaspillage, tout en présentant un mode de production relativement facile.

Si la sobriété éternelle vous déprime déjà, n’allez pas pour autant noyer votre chagrin dans certaines boissons sans alcool. Thé, café, sodas: ce trio-là, c’est la cata. La production de café participe fortement à la déforestation, sans parler de l’empreinte carbone due à son importation.

Un problème qu’on retrouve pour le thé, qui, hormis les versions bio, est en plus aspergé de pesticides à tout-va. Quant aux sodas, les quantités astronomiques d’eau employées pour leur fabrication en font de véritables bombes environnementales.

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