media 

Le vin est bel et bien un alcool comme un autre, à consommer avec modération.Pixabay

Retrouvez la chronique nutrition de Stéphane Besançon, nutritionniste et directeur de l’ONG Santé Diabète à Bamako au Mali. Cette semaine, il parle de la consommation de vin, un alcool comme les autres.

Pourquoi la polémique autour de la consommation de vin et de son impact sur la santé est-elle si vive depuis des années en France ?

Car, en France, depuis des décennies, le lobby du vin tente de convaincre que le vin ne doit pas être considéré comme un alcool comme les autres en insistant sur le fait que le vin fait partie de notre patrimoine et que, par conséquent, sa consommation fait partie de notre culture nationale. Ce lobby est arrivé à convaincre de nombreuses personnalités qui multiplient les déclarations souvent dramatiques pour la santé publique dans les médias. La dernière polémique sur le sujet est liée à une prise de parole du Ministre de l’Agriculture Français, Didier Guillaume, qui, invité par une chaine de télévision, a déclaré « Le vin n’est pas un alcool comme les autres. Je n’ai jamais vu un jeune sortir de boîte de nuit saoul car il a bu du côté du Rhône ».

Ceci est bien sûr totalement faux car même si le vin fait bien partie intégrante du patrimoine français, la molécule d’alcool contenue dans le vin est exactement la même que celle contenue dans n’importe quelle boisson alcoolisée. La consommation de cette alcool présentera donc les mêmes risques pour la santé.

Quels sont ces risques pour la santé ?

L’éthanol, qui est l’alcool présent dans toutes les boissons alcoolisées, est produit par la fermentation des sucres de différentes matières végétales. La consommation d’alcool en excès présente de très nombreux effets négatifs pour la santé.

En premier lieu, l’alcool étant très calorique, lorsqu’il est consommé en excès, il peut entraîner un risque de poids important qui pourra conduire à l’obésité. Ensuite, il y a tous les effets toxiques dramatiques d’une consommation en excès d’alcool qui va augmenter les risques de cirrhoses du foie, de cancer, de maladies cardiovasculaires, de démences mais aussi aura des conséquences dramatiques sur le fœtus et le développement du bébé chez la femme enceinte. Enfin, une consommation en excès d’alcool aura aussi des conséquences sociales avec une augmentation des agressions mais aussi des accidents de la route.

Toutes ces conséquences ont un impact épidémiologique majeur. En effet, la consommation d’alcool et la 2ème cause de mortalité en France et responsable d’environ 3 millions de décès par an dans le monde.

Il est important de rappeler aussi, qu’en 2018, le journal scientifique The Lancet a publié une étude qui démontre que les effets toxiques de l’alcool démarrent dès la consommation du premier verre et augmentent avec l’augmentation de la consommation.

En dehors de la dangerosité de l’alcool, est ce que des bienfaits santé du vin n’ont pas été démontrés ?

De nombreuses études ont démontré que le vin contient des polyphénols en grande quantité comme par exemple le resvératrol. Ces polyphénols jouent deux rôles principaux : un rôle d’antioxydant et un rôle protecteur sur la dysfonction endothéliale c’est-à-dire sur les anomalies qui affectent l’endothélium. Ce sont les polyphénols qui vont prévenir la survenue de maladies cardio-vasculaires. Mais attention : cet effet positif potentiel pour la santé concerne principalement le vin rouge, car c’est lui qui contient la grande quantité de polyphénol, et à condition de consommer des quantités très faible. Autrement l’effet s’inverse et la toxicité de l’alcool va prendre le dessus.

En conclusion quelles sont vos recommandations pour nos auditeurs qui souhaitent adopter ce régime alimentaire ?

L’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS, recommande :

  • Pas plus de 21 verres par semaine pour l’usage régulier chez l’homme (3 verres/jour en moyenne)
  • Pas plus de 14 verres par semaine pour l’usage régulier chez la femme (2 verres/jour en moyenne)
  • Jamais plus de 4 verres par occasion pour l’usage ponctuel

L’OMS recommande également de s’abstenir au moins un jour par semaine de toute consommation d’alcool. Enfin, l’OMS recommande aucune consommation d’alcool durant la grossesse. Aujourd’hui, beaucoup de pays abaissent ces recommandations avec une consommation maximale d’un verre par jour pour les femmes et deux pour les hommes.

Source