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Paris, le vendredi 27 août 2021 –

Le gouvernement a lancé dimanche dernier une campagne de sensibilisation sur les conséquences indirectes de la consommation de cannabis, mais qui vise également à mettre en avant sa politique de lutte contre la drogue.
Le cannabis est la drogue illicite la plus consommée de France.

Près de 900 000 Français en consommeraient tous les jours et 45 % des adultes disent en avoir consommés au moins une fois. Parmi les jeunes de 17 ans, ils sont 39 % à l’avoir expérimenté et 7 % à en consommer régulièrement. Le cannabis étant souvent présenté comme une « drogue douce », aux conséquences sanitaires et sociales peu importantes par rapport à d’autres substances, le gouvernement a décidé de tenter de casser cette image à travers une nouvelle campagne de communication.


Intitulée « Derrière la fumée », cette nouvelle opération de sensibilisation, lancée ce dimanche, vise à informer les Français sur les conséquences indirectes de la consommation de cannabis. Diffusée à la télévision et sur les réseaux sociaux, mais également via des affiches et une campagne dans la presse locale et nationale, l’opération se concentre sur trois effets négatifs de la consommation de cannabis : le décrochage scolaire, les accidents domestiques (et plus particulièrement l’ingestion accidentelle de cannabis par des enfants) et enfin l’insécurité. Un sujet malheureusement d’actualité alors que les règlements de compte sanglants liés aux trafics de stupéfiants se multiplient ces derniers jours, notamment à Marseille.

Santé publique et politique

Si l’objectif de la campagne est louable, les associations de lutte contre l’addiction dénoncent un mélange des genres. En effet, les spots et les affiches de campagne ne se contentent pas d’informer sur les risques de la consommation de cannabis mais également de mettre en avant l’action des autorités dans cette guerre contre la drogue, en nous donnant par exemple le nombre de condamnations prononcés ou la quantité de drogue saisie. La campagne de sensibilisation sanitaire se doublerait donc d’une opération de communication politique.
À huit mois d’une élection présidentielle où le thème de la sécurité devrait être omniprésent, cette nouvelle campagne serait donc loin d’être neutre politiquement. Depuis quelques mois, le gouvernement affiche en effet un discours musclé et une tolérance zéro vis-à-vis du cannabis, par la voix de son ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin.

Interrogé ce mardi sur les antennes de France info, l’ancien maire de Tourcoing a qualifié le cannabis de « poison » et a déclaré que sa légalisation serait « une défaite morale ».

Il n’a pas non plus hésité à affirmer que plusieurs pays ayant légalisé le cannabis souhaitent désormais l’interdire de nouveau, une affirmation inexacte selon les spécialistes de la question.
La campagne actuelle devrait être suivie à l’automne prochain d’autres opérations de communication sur les dangers du cannabis au volant et sur le « décrochage du cannabis ».

Des campagnes qui seront sans doute l’occasion pour le gouvernement de mettre de nouveau en avant sa politique de lutte contre la drogue, alors que la course à la présidentielle s’intensifiera.

Nicolas Barbet

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