Mardi 8 février 2022

Comment passer une soirée entre jeunes sans boire ? Boire c’est faire comme tout le monde, c’est faire partie du groupe.

Globalement, la consommation d'alcool baisse régulièrement en France.
Globalement, la consommation d’alcool baisse régulièrement en France. © Getty – gilaxia

Il y a ces jeunes qui ne boivent pas tous les jours, qui ne se définissent pas du tout comme dépendants et qui pourtant cherchent l’ivresse lors de soirées. Mais est-ce que toutes les générations n’ont pas ce passage alcoolisé dans leur vie ?

La consommation d’alcool chez les jeunes

Depuis les années 60, la consommation d’alcool a baissé de moitié en France. 10% de la population consomme plus de la moitié de l’alcool consommé. Globalement, les Français boivent moins de vin au repas du midi et réservent cette consommation à des moments de convivialité.
Nicolas Palierne, sociologue spécialisé dans l’étude de alcoolo-dépendance, précise que c’est d’ailleurs dans ce cadre familial que les jeunes font leur première expérience de l’alcool, soit par une initiation par une figure masculine le plus souvent, soit par des verres dérobés et des verres consommés entre amis.

Consommer de l’alcool est un marqueur du changement de statut, de l’enfant à l’adulte.

Une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies auprès de presque 2 000 jeunes montre que la consommation de tabac, d’alcool et de cannabis était en forte baisse en 2021 chez les élèves de 3ème. La vente d’alcool est interdite aux mineurs.

Ce que boire veut dire

L’alcool est une substance qui donne du plaisir et qui est en même temps dangereuse. C’est assez paradoxal. Dans le premier verre consommé par les jeunes lors de soirées, il y a une recherche d’effet psychotrope. Les consommateurs ont tendance à oublier qu’il n’y a pas de plaisir dans le premier verre. Boire dans une soirée entre jeunes, c’est un marqueur qui montre que l’on fait partie du groupe. L’alcool a une fonction sociale rappelle Nicolas Palierne. Etre dans une certaine ivresse modifie le registre de la communication.

Les jeunes ont une consommation centrée sur les effets de l’alcool.

Les jeunes boivent, dans l’ordre, des alcools forts, de la bière, du champagne. Les  prémix sont des boissons prisées des jeunes, composées d’alcool et de jus de fruit ou de soda, qui couvrent le goût de l’alcool. 

Les risques sur la santé

Le cerveau humain se développe et atteint sa maturité à 25 ans. Le cerveau des jeunes est particulièrement vulnérable aux substances psychoactives comme l’alcool.
Le « binge-drinking » (alcoolisation ponctuelle importante) est une tendance actuelle. Il s’agit de boire beaucoup en peu de temps, six verres en moins de deux heures. Cela augmente le seuil de tolérance à l’alcool. Le binge-drinking touche aussi les adultes.

Avec l’alcool, il n’y a pas de courbe ascendante d’euphorie.

L’alcool est classé par l’Organisation Mondiale de la Santé comme une molécule cancérigène avérée depuis 1988, y compris dans le cadre d’une faible consommation. La France reste d’ailleurs dans les pays plus gros consommateurs d’alcool.
L’alcoolisation peut avoir un impact sur la vie sociale et scolaire, avec par exemple des troubles de l’humeur. 

La dépendance à l’alcool

Le risque de cette alcoolisation massive jeune adulte, c’est d’installer une dépendance. A noter que cette alcoolisation concerne une minorité de jeunes. L’addiction consiste à être dans l’incapacité à sa passer de boire de l’alcool. Il est difficile de reconnaitre cette dépendance, car c’est une image stigmatisante.