À la fin de l’année 2020, l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies surveillait plus de 830 nouvelles drogues, parmi lesquelles 45 avaient été détectées cette année-là en Europe pour la première fois. Ces drogues couvrent une vaste gamme de produits, tels que des cannabinoïdes de synthèse, des stimulants variés, des opioïdes et des benzodiazépines. Ces nouvelles substances psychoactives, toxicomanogènes et utilisées comme drogues, sont le plus souvent obtenues par synthèse.
Elles sont produites en vrac, par des sociétés chimiques ou pharmaceutiques localisées en Chine ; puis expédiées vers l’Europe dans des laboratoires clandestins, qui les transforment en la drogue finale.
Elles sont conditionnées et commercialisées avec ingéniosité sous des appellations trompeuses (« sels de bain », « encens », « compléments alimentaires », « médicaments », « produits chimiques »..), n’hésitant pas, via Internet, à infiltrer les réseaux sociaux et à s’attaquer aux plus jeunes ; elles sont ainsi pour eux un véritable danger. Il convient donc de surveiller étroitement les importations et de démanteler les laboratoires clandestins situés en Europe.
La criminalité organisée est impliquée dans ce vaste trafic particulièrement lucratif. Une attention toute particulière doit également être portée au cybermarché noir ainsi qu’aux « cyber dealers » présents sur le marché français. Il faut trouver les moyens de neutraliser les commandes par internet des diverses drogues, avec leur livraison par le circuit postal.
La vente du protoxyde d’azote (N20) détourné de la fabrication domestique de la crème chantilly, pour un usage festif non dénué de risques, dont celui d’induire une dépendance, doit être interdite. Ce gaz doit, pour cet usage domestique, être remplacé par un autre, tel l’azote (N2).
H – Suggestions supplémentaires
Les toxicomanies sont un mal profond, qui s’ancre et s’amplifie. Il concerne, outre de nombreux sujets jeunes, de plus en plus d’adultes, qui sont devenus dépendants dans leur jeunesse et qui désormais pèsent politiquement sur les décisions législatives concernant les drogues. Les masses budgétaires énormes qu’elles mobilisent redoublent les appétits de sociétés capitalistes attentives à leurs seuls revenus, qui déploient un lobbying intense auprès des décideurs et des médias. On ne peut même exclure que quelques professionnels de la santé ou du secteur médico-social ne trouvent de rentes de situation dans la pérennisation de certaines addictions.
Une réflexion doit s’engager sur l’urbanisme et l’architecture, pour repenser la création des grandes « cités », en supprimant les goulots d’étranglement à l’entrée, pensés par des soixante-huitards qui souhaitaient empêcher l’entrée de la police dans les grands ensembles (théories de Roland Castro). Revoir les immeubles (caves, cages d’escalier, points d’entrée) pour éviter que des sas de contrôle ou de surveillance puissent aisément être mis en place par des trafiquants. Les espaces verts et aires de jeux sont à revoir pour éviter les emplacements « cachettes » et les haies trop protectrices. Ces règles devraient être imposées aux promoteurs immobiliers et aux sociétés de HLM en encourageant la démolition des grandes « barres » et leur remplacement par des habitations plus vivables.
Les produits utilisés se diversifient, tout comme leurs modalités d’utilisation qui sont au service d’une puissance accrue de leurs effets. Les Etats-Unis, qui ont subi avant nous ces évolutions, nous préviennent de ce qui nous menace si nous ne nous protégeons pas. Ils nous donnent à redouter la légalisation du cannabis, alors que ses méfaits de mieux en mieux connus sont de plus en plus inquiétants.
Les 100.000 décès par overdoses d’opioïdes, en 2021, aux Etats-Unis, constituent un autre avertissement très fort. Hélas, certains ne tiennent pour vrai que ce qui les arrange et pour faux ce qui les dérange. La prévention à mettre en œuvre doit être fondée sur les preuves, l’épidémiologie, les mécanismes neurobiologiques, et ne pas se limiter à des assertions sans justifications.
Les actions doivent porter prioritairement sur la prévention. L’instauration d’une éducation civique sanitaire constitue une nécessité. L’éducation nationale doit en assumer l’essentiel, en se faisant assister des compétences du monde médical, pour la formation de ses formateurs.
Outre les suggestions/propositions effectuées pour chaque drogue, plusieurs autres sont ajoutées ici.
Des livres de référence doivent être réalisés, les uns pour l’enseignement primaire, d’autres pour le Collège, d’autres pour le Lycée ; distinguant ceux à l’usage des élèves de ceux à l’usage des enseignants. Ces livres officiels devront avoir l’imprimatur de commissions constituées : d’enseignants (primaire, collège, lycée), de représentants des professions médicales (médecins généralistes, médecins scolaires, addictologues, infirmières scolaires, pharmaciens, toxicologues, pharmacologues, psychologues), de représentants de la Gendarmerie et de la Police nationale… Ces livres seront les supports des enseignements dispensés depuis l’école primaire jusqu’aux premières années de l’université. Ces enseignements seront conçus pour la prévention par l’information.
L’usage en public de drogues licites (tabac, alcool), en présence de sujets jeunes, doit être évitée par les enseignants et les autres personnes détentrices de l’autorité. Les sanctions doivent être redoublées pour ceux d’entre eux qui s’adonnent à des drogues illicites. Pour s’en assurer ils pourraient être soumis à des tests urinaires, effectués à la faveur de visites médicales qui devraient devenir annuelles et obligatoires.
Toutes les professions ou activités qui s’exercent au contact des jeunes (enseignants, responsables de club sportifs, moniteurs d’auto-école, ministres des cultes, entraineurs sportifs, personnels des colonies de vacances et de clubs pour la jeunesse, chauffeurs de cars scolaires..) devront avoir reçu une information sur les drogues et les toxicomanies.
Que des personnes appointées pour traiter, former, informer, éduquer, fassent l’apologie des drogues et toxicomanie devra être considéré comme une faute professionnelle et même comme un délit, poursuivi à ce titre.
L’ambition exprimée par le Président Emmanuel Macron d’avoir en 2030 une génération sans tabac, est extrêmement souhaitable et doit être applaudie. Pour être réalisable cela doit commencer dès maintenant, car il ne reste que 8 ans pour que les « minos » qui ont 4 ans aujourd’hui, soient dissuadés de consommer leur première cigarette à 12 ans. Parmi les moyens pour y parvenir il faut instantanément stopper la mission parlementaire des députés qui œuvre à marche forcée pour la légalisation du cannabis. Elle intensifie sa banalisation en le travestissant en « médicament » (l’Académie de médecine estime pourtant que ce cannabis est « un faux médicament et une vraie drogue »). Cette mission parlementaire déclenche déjà une filière de production nationale de cannabis, avant que soient obtenus les résultats de l’expérimentation bancale qu’elle a initiée, qui n’en est qu’à mi-parcours (expérimentation dénoncée tant par l’Académie nationale de médecine que par celle de pharmacie).
Il faut que la MILDECA, dont les yeux sont enfin dessillés, donne tout son sens à la lettre L (comme Lutte) de son acronyme ; elle devrait supprimer ses subventions aux associations qui militent pour la légalisation de toutes les drogues et pour la généralisation des salles de shoots. Il faudrait renforcer ses moyens humains, financiers et juridiques pour qu’elle puisse sensibiliser le public le plus large ; elle devrait être dotée de moyens d’intervention auprès des différents ministères, leur faisant remonter des signalements pour qu’ils soient suivis d’effets.Son activité devrait être effectivement en relation directe avec le Premier ministre. Elle devrait être dotée d’un conseil d’orientation élargi à des scientifiques, des criminologues, des médecins (dont des addictologues), des pharmacologues, des toxicologues, des anthropologues, des sociologues…
La lutte contre les toxicomanies doit être une des grandes causes nationales du quinquennat à venir.
Prochain Article : Apostille le 3 Juillet
Ecrire un commentaire