Tandis que le Canada fête la libéralisation du cannabis, le biologiste et toxicologue valaisan Nicolas Donzé estime cette évolution totalement irresponsable du point de vue de la lutte contre les addictions.

Pour le biologiste et toxicologue de l’Hôpital du Valais, que ce soit le tabac, l’alcool ou les divers drogues, on doit se focaliser sur le problème de l’addiction entre l’individu et la substance. Image: DR
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S’exprimant dans le cadre d’une réunion avec des patients lundi en Valais, Nicolas Donzé, biologiste en chef adjoint et toxicologue à l’Hôpital du Valais, a eu des mots lourds de sens pour critiquer la libéralisation du cannabis au Canada. Pour lui cette évolution n’est rien moins comparable à un «jeunocide» au pays de Justin Trudeau.
Ces mots ont heurté certaines personnes présentes, mais lui s’en défend: «J’aime utiliser des expressions fortes, le but est d’amener les gens à réfléchir. En libéralisant le cannabis, on favorise l’agression de toute une jeunesse. Le cannabis a des défauts et des qualités, mais pour moi, l’élément central c’est la relation entre l’individu et la substance.»
Menace sur les 18-25 ans
Nicolas Donzé n’est pas inconnu dans le monde des drogues en Suisse, où il a passablement publié sur la question. Pour lui la consommation «festive» de cette plante n’a pas de raison d’être, en particulier auprès des jeunes: «Du point de vue du développement du cerveau, l’adolescence ne s’arrête pas à 18 ans, mais à 25 ans.»
En tant que biologiste, il s’intéresse sur les interactions entre le produit et le corps, en particulier ses effets sur la dopamine dans l’addiction que crée le cannabis. «L’addiction, précise-t-il, est une maladie du comportement qui perturbe notre mémoire, notre envie d’apprendre, qui est essentiel à notre vie, surtout pendant cette période de notre vie, entre 15 et 25 ans, où la possibilité de devenir addicte est significative.»
La plante à cent molécules
Pour lui, le cannabis n’est pas une drogue douce: «On sous-estime sa puissance. On libéralise un produit qu’on ne connaît pas ou mal. Les deux cannabinoïdes les plus connus sont le THC et le CBD, mais quand on fume un joint, même légal, riche en CBD et contenant moins de 1% de THC, la présence de 100 autres phytocannabinoïdes ne peut être ignorée. Le cannabis n’est pas la plante d’une molécule, mais de plus d’une centaine de substances différentes.»
Des vertus thérapeutiques à développer
Si le biologiste dénonce son utilisation récréative, il regrette cependant que le cannabis ait été écarté de la pharmacologie: «Il présente des vertus thérapeutiques de plus en plus intéressantes. Il serait dommage de gaspiller un tel potentiel. De nombreuses études doivent être encore faites pour trouver la bonne dose, la bonne occasion pour la bonne maladie.» Mais pas pour la bonne rigolade… (Le Matin)