Désinformation, contournement de la loi, publicités déguisées, campagnes sur les réseaux sociaux… Dans un rapport au vitriol, l’Association nationale de prévention en alcoologie démonte, pièce par pièce, la stratégie des lobbies des vins et spiritueux.

L’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa) a publié, le 18 avril 2019, le deuxième rapport de son Observatoire sur les pratiques des lobbies de l’alcool.
Une par une, ce texte dévoile les stratégies déployées au cours de l’année 2018 par les producteurs de vin et d’alcools forts. Des stratégies « payantes » selon l’Anpaa puisqu’elles ont abouti à ce que les alcooliers soient associés à l’élaboration de la politique gouvernementale de prévention en matière de consommation d’alcool.
Ces lobbies alcooliers, qui se présentent comme « des acteurs de prévention », sont pourtant dans une situation de conflit d’intérêts évidente. « Confier une politique de réduction du risque alcool à des acteurs dont l’intérêt économique est de vendre le plus possible est nécessairement antinomique », souligne l’Anpaa.
Son rapport détaille les multiples manœuvres mises en œuvre pour minimiser les risques de l’alcool et du vin, en particulier « données statistiques incomplètes, vision biaisée de la réalité des dommages liés à la consommation d’alcool en France, mesures non contraignantes reposant uniquement sur la bonne volonté des acteurs… ». Alors que l’alcool est la deuxième cause de mortalité évitable dans notre pays.
L’Anpaa revient également sur les publicités en faveur de l’alcool largement diffusées pendant la Coupe du monde de football 2018, photos à l’appui. Des publicités qui contournent la loi Evin.
L’association dénonce aussi le recours à des influenceurs sur des réseaux sociaux comme Instagram, des jeunes pris en photo un verre à la main. Pour l’Anpaa, il s’agit tout simplement de publicités indirectes qui « ne sont pas en conformité avec la loi Evin, non seulement du fait de la présence de consommateurs mineurs, mais aussi de l’absence du message sanitaire obligatoire. »
Ce lobbying intense influe également les décisions politiques au niveau européen, puisqu’une tentative d’amélioration de l’étiquetage des bouteilles d’alcool (par exemple sur la teneur en sucre) a récemment échoué.
Au final, l’Anpaa conclut son rapport en espérant « que la campagne de prévention lancée en mars 2019 par Santé publique France permettra de déconstruire les idées reçues, malheureusement encore très présentes, et aidera les Français à réduire les risques liés à une consommation parmi les plus élevées au monde ».
Pour rappel, le message des autorités sanitaires sur l’alcool : « Maximum 2 verres par jour, pas tous les jours ».
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