TRIBUNE
A l’issue de la première édition française du Défi de janvier, portée par des associations, trois personnalités du monde de l’addictologie s’interrogent sur le décalage entre la prise de conscience générale sur le sujet de l’alcool et celle des politiques.
Tribune. Pendant des décennies, les acteurs de santé publique ont semblé prêcher dans le désert lorsqu’ils détaillaient les conséquences, pourtant spectaculaires, de la consommation d’alcool dans notre pays.
Ni les dizaines de milliers de morts, ni les malades (bien plus nombreux encore), ni les handicaps, ni les violences ne semblaient en mesure de contrebalancer un discours sur l’alcool qui serait l’unique déclencheur de la fête, ou sur les traditions et l’art de vivre, dont seul le lobby alcoolier serait le détenteur et le gardien.
La mobilisation exceptionnelle, et inattendue à ce niveau, qui s’est produite autour du Défi de Janvier (Dry January à la française), est à cet égard révélatrice d’une bascule progressive de l’opinion. La consommation d’alcool, jusqu’alors naturelle, sinon obligatoire lors des rencontres amicales, amoureuses professionnelles ou autres, est désormais soumise à interrogation.
La prise de position du président de la République, dont l’opposition au Défi de janvier a été annoncée sur le site internet Vitisphere.com, a certainement attiré l’attention sur l’événement, mais ne saurait expliquer son retentissement.
Les médias, tous les médias, se sont d’ailleurs davantage intéressés à l’opération de mobilisation sociale qu’à sa péripétie politicienne. Les débats ont porté, à juste titre, sur l’intérêt pour chacun de faire le point sur sa consommation, sur la place que l’alcool prend dans sa vie, sur la capacité à maîtriser cette consommation et sur les bénéfices qu’on peut attendre d’une pause.
C’est d’ailleurs ici qu’est la révolution dans cette campagne de prévention : il s’agit d’expérimenter soi-même les bénéfices d’une pause et non simplement se voir rappeler les risques à consommer.
Source Le Monde
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